«L'Amérique ne sera jamais détruite de
l'extérieur. Si nous vacillons et perdons nos libertés, ce sera parce que nous
nous serons détruits.» ~ Abraham
Lincoln
Cette
citation de Lincoln est très appropriée compte tenu de ce qui se passe chez nos
voisins américains. Parfois je me demande si nous ne devrions pas ériger un mur
entre le Canada et les États-Unis pour nous protéger de cette population armée
jusqu’aux dents (1). Les pro-armes à feu semblent incapables de comprendre que
la finalité d’une arme, quelle qu’elle soit, est de tuer – des humains et des
animaux.
Parkland, un clou dans le cercueil de la NRA
Selon le
professeur d'histoire Francis Langlois, la tragédie de Parkland, aux
États-Unis, a ébranlé les puissantes fondations de la NRA, le lobby pro-armes
américain.
«Parkland est un tournant, soutient-il.
Plusieurs entreprises qui faisaient affaire avec la NRA ont décidé de retirer
leur partenariat. Beaucoup d’argent a cessé d’entrer dans les coffres de
l’association.»
Francis Langlois ajoute que la décision de plusieurs États américains
de rendre illégale l’assurance en cas de négligence ou d’accident vendue par la
NRA a elle aussi fait mal au lobby.
Preuve des problèmes financiers de
l'association : pour la première fois, le mouvement anti-armes a dépensé plus
d’argent que la NRA au cours des élections de mi-mandat. De nombreux candidats
ouvertement anti-armes se sont d’ailleurs fait élire.
Les médecins prennent d’assaut les réseaux
sociaux
Des
médecins américains ont publié, à la fin d'octobre, une étude dans laquelle ils
pressent le gouvernement de resserrer le contrôle des armes à feu. Ils estiment
avoir le devoir de faire de la prévention contre les armes, qu’ils voient comme
un problème de santé publique.
La NRA a répliqué sur Twitter en leur
demandant de «se mêler de leurs affaires» :
«Quelqu'un devrait dire aux médecins
anti-armes à feu de «se mêler de leurs affaires». La moitié des articles d’Annals of Internal Medicine préconisent
le contrôle des armes à feu. Le plus troublant, cependant, c'est que la
communauté médicale ne semble avoir consulté PERSONNE d'autre qu'elle-même.» https://t.co/oCR3uiLtS7
– NRA
(@NRA) 7 Novembre 2018
Les médecins ont alors riposté en publiant
diverses photos montrant des salles d’opération, des pansements tachés de sang,
accompagnées du mot-clic #StayInMyLane («Je me mêle de mes affaires») pour
illustrer les conséquences de l’utilisation d’armes à feu. «Ils ont décidé de
répondre avec ce qui frappe : la réalité», fait remarquer Francis Langlois.
Source :
Image: Gini Fischer; 10 nov. 2018, #ThisIsMyLane
Commentaire
d’une internaute : «Puisque les
médecins doivent ‘se mêler de leurs affaires’, on devrait peut-être soigner les
membres de la NRA victimes de blessures par balle avec des pensées et des
prières.»
Medscape
@Medscape 9 nov.
Les médecins parlent des séquelles physiques
des blessures par balle. http://ms.spr.ly/6015rCQJf #Docs4GunSense
Mahua Dey @Goru78
Une balle que j'ai prélevée dans le cerveau
d'un enfant de 6 mois. @NRA vous avez créé «je me mêle de mes affaires»! #stayinmylane #ThisISMyLane #GunControlNow
#Docs4GunSense
Arps
@paediatrix 10 nov.
Quand un tout-petit est hospitalisé à l'USI
avec la moitié du cerveau hors du crâne parce qu'il s'est «accidentellement»
tiré une balle – parler de la sécurité des armes à feu pour essayer d'éviter
cela dans l'avenir – c’est précisément me mêler de mes affaires. #ThisIsMyLane
Dr Howie Mell @DrHowieMell 10 nov
Des moments dont vous vous souviendrez
toujours. Les klaxons stridents dans le hangar des ambulances. Ramasser un
enfant de 12 ans sans vie sur le siège avant, et qui ne pèse rien. Le mettre
sur une civière... Tant de trous. Aucune respiration, thoracotomie digitale,
tellement de sang gicle sur mon bras. Il est mort. #ThisIsMyLane
Dr Howie Mell @DrHowieMell 10 nov.
Des moments dont vous vous souviendrez
toujours. Les médecins font furieusement de la réanimation cardio-pulmonaire
sur un enfant de 8 ans, juste un petit trou au-dessus de l'œil gauche. Le
meilleur ami montrait le pistolet de son père. Asystolie, aucun espoir. Un si
petit corps, un si petit trou. Il est mort. Vous n'avez aucune idée de ce qu'on
voit quand on ferme les yeux.
#ThisisMyLane
Source :
#ThisIsMyLane
La National Rifle Association, le lobby des
armes à feu le plus puissant du pays, est dans la mire des médecins pour un
Tweet que plusieurs qualifient d'insensible et insensé
Quelques
heures à peine avant qu'un homme armé n'entre dans un bar en Californie et ne
tue 12 personnes (307e tuerie
de masse en 2018), la NRA attaquait l'American College of Physicians sur
Twitter pour avoir proposé des politiques pouvant réduire le nombre de morts et
de blessés par balle. La veille, les Centers
for Disease Control and Prevention révélaient que le nombre de décès par
arme à feu augmente dans tout le pays à un rythme jamais vu depuis une
décennie. Le document appelait à une «approche globale et multidimensionnelle
pour réduire la violence par arme à feu qui soit compatible avec le deuxième
amendement».
Un médecin a demandé : «Où êtes-vous quand
je dois dire à toutes ces familles que leurs proches sont morts?»
Le docteur Cedric Dark a été l'un des
premiers à souligner le timing des commentaires de la NRA. «Ce tweet n'a même
pas survécu 12 heures avant qu’une autre fusillade de masse ne se produise»,
a-t-il écrit.
Annales
d'Int Med (@AnnalsofIM) 8 novembre 2018
Des
médecins comme Dena Grayson n'ont pas hésité à souligner que la violence armée était
«de leurs affaires» car ce sont eux qui «arrêtent le sang de couler» quand les
gens se font tirer dessus.
jjaylynny (@jjjaylynny) 8 novembre 2018
La gynécologue
Jen Gunter a dit : «Qui pensez-vous retire les balles logées dans la moelle
épinière...? La fée des dents? C'est littéralement l’affaire des médecins.»
Joseph
Sakran (@JosephSakran) 7 novembre 2018
La Dre
Mary Brandt a mentionné plusieurs études montrant un lien clair entre le
relâchement des règles sur les armes à feu et l'augmentation du nombre de décès
par arme à feu, et elle a lancé un hashtag : #ItIsOurLane.
Mary L. Brandt MD (@drmlb) 8 novembre 2018
L'American
Academy of Pediatrics s'est jointe au mouvement en déclarant sur Twitter : «Tant
que la violence armée demeurera une menace pour la santé publique des enfants
et des familles, les pédiatres ne ménageront pas leurs efforts pour assurer
leur sécurité.»
Amer Acad Pediatrics (@AmerAcadPeds) 8 novembre 2018
Malgré le
fait que la NRA représente moins de 20 % de tous les propriétaires d'armes à
feu aux États-Unis, le groupe de lobbying est extrêmement influent à
Washington. La NRA réclame des lois qui limitent la façon dont l'argent fédéral
peut être dépensé pour étudier la violence armée, ce qui fait qu'il est
difficile pour les législateurs de trouver des moyens de réduire le nombre de
décès par balle.
Les
États-Unis dépensent moins pour la recherche sur la violence armée que pour
toutes les autres causes majeures de décès aux États-Unis – et c'est
volontaire.
«Même une
réglementation fondée sur le bon sens constituerait une violation des droits
constitutionnels et empiéterait sur notre liberté, elle constituerait un pas vers
le socialisme et un contrôle gouvernemental de main de fer.»
~ Wayne LaPierre, directeur général de la National Rifle association.
[Oliver North, l’ancien officier américain impliqué dans le scandale des ventes d'armes à l'Iran pour financer les Contras au Nicaragua, est le président du premier lobby des armes à feu aux États-Unis depuis mai 2018.]
~ Wayne LaPierre, directeur général de la National Rifle association.
[Oliver North, l’ancien officier américain impliqué dans le scandale des ventes d'armes à l'Iran pour financer les Contras au Nicaragua, est le président du premier lobby des armes à feu aux États-Unis depuis mai 2018.]
(1) Selon
une étude du Pew Research :
30 % des Américains détiennent au moins une
arme à feu
Et parmi
cette dernière population, deux tiers en possède deux ou plus, et 30% cumulent...
au moins cinq armes. 27 % des 18-29 ans disent posséder une arme, un chiffre
quasiment équivalent aux 30-49 ans (28 %) et très légèrement au-dessous de la
moyenne pour tous les adultes possesseurs d’armes (30 %).
Les 50 ans et plus sont tout de même un peu
plus nombreux à posséder une arme (33 %). On observe ainsi un écart de 6 points
entre les jeunes adultes et leurs parents. Mais cet écart pourrait se resserrer
avec le temps puisque selon les chiffres du Pew Research Center, 16 % des 18-29
ans se voient bien avec une arme plus tard.
Une inclinaison qui n’est pas sans lien avec
le fait d’avoir vécu avec des armes dans son enfance. 67 % des possesseurs
d’armes ont en effet grandi avec un membre de leur famille possédant lui-même
des armes. Un chiffre qui tombe à 40 % pour ceux qui ont choisi de ne pas en
avoir.
Le possesseur d’armes type serait un homme
blanc proche des Républicains
L'institut
de recherche observe que les hommes sont presque deux fois plus nombreux que
les femmes à posséder une arme (39 % contre 22 %). Et plus particulièrement,
les hommes blancs : 39 % des hommes blancs possèdent une arme; contre 28 % des
hommes de couleur.
Cet écart ethnique se retrouve aussi chez
les femmes. 24 % des femmes blanches américaines sont armées, contre 16 % des
femmes de couleur.
Notre possesseur d’armes type aurait en
outre de fortes chances d’être proche du Grand Old Party (GOP). 41 % de ceux
qui se déclarent officiellement Républicains possèdent une arme contre 16 % des
Démocrates affirmés. Un décalage qui se retrouve auprès des simples
sympathisants du GOP, avec 44 % des «tendance-Républicains» détenant une arme.
C’est plus du double de ceux se disant proches des Démocrates.
L’arme chouchou des Américains, c’est le
revolver. Près de 72 % des possesseurs ont jeté leur dévolu sur cette machine
courte et portative. Parmi ceux qui ne possèdent qu’une arme, 62 % ont choisi
le pistolet au reste de l'offre. Autres grands favoris : le fusil (62 %) et la
carabine (54 %).
Échos
START, 26 février 2018
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