26 novembre 2018

La vicieuse influence d’Edward Bernays

«Les valeurs humaines universelles sont celles qu’on ne passe pas en contrebande de pays en pays, car elles ne rapportent rien.» 
~ Stanislaw Jerzy Lec, écrivain polonais (1909-1966) 

Notre civilisation est à la merci du capitalisme sauvage basé sur la surproduction, la surconsommation, le gaspillage et les énergies sales les plus polluantes.
   Le Black Friday (Vendredi fou) nous montre à quel point nous sommes toujours sous l’emprise des stratégies de manipulation du public d'edward Bernays dont le succès dépasse les plus grands rêves qu’aurait pu caresser le bonhomme. Selon lui, «tous les humains sont des imbéciles extrêmement faciles à manipuler et à contrôler». Et il l’a prouvé à maintes reprises. Ce psychopathe, conscient des conséquences sinistres de ses campagnes commerciales et politiques, n’a jamais éprouvé de remords, au contraire il s’en vantait.
                

Pourquoi avons-nous tant de décideurs politiques menteurs, corrompus et cupides? Pourquoi baisent-ils les pieds des tyrans financiers? Pourquoi se comportent-ils comme des criminels?

Des réponses dans ce documentaire :

Propaganda : la fabrique du consentement  

Comment influencer les foules? À travers la figure d’Edward Bernays (1891-1995), l'un des inventeurs du marketing et l'auteur de «Propaganda», un passionnant décryptage des méthodes de la «fabrique du consentement».
   Si les techniques de persuasion des masses apparaissent en Europe à la fin du XIXe siècle pour lutter contre les révoltes ouvrières, elles sont développées aux États-Unis pour convaincre les Américains de s’engager dans la Première Guerre mondiale. Peu connu du grand public, neveu de Sigmund Freud, l'auteur du livre de référence Propaganda et l'un des inventeurs du marketing, Edward Bernays (1891-1995) en fut l’un des principaux théoriciens. Inspirées des codes de la publicité et du divertissement, ces méthodes de «fabrique du consentement» des foules s’adressent aux désirs inconscients de celles-ci. Les industriels s’en emparent pour lutter contre les grèves avec l’objectif de faire adhérer la classe ouvrière au capitalisme et transformer ainsi le citoyen en consommateur. En 2001, le magazine Life classait Edward Bernays parmi les cent personnalités américaines les plus influentes du XXe siècle.
   Ce documentaire riche en archives retrace, à la lumière d’une analyse critique, le parcours de celui qui, entre autres, fit fumer les femmes, inspira le régime nazi, accompagna le New Deal et fut l'artisan du renversement du gouvernement du Guatemala en 1954.

À voir

Encore plus d’information sur les répercussions de la théorie de Bernays (quel titre formidable) :

Lobbytomie
Comment les lobbies empoisonnent nos vies et la démocratie

Stéphane HOREL *
Éditions La Découverte 2018

Lobby des pesticides. Lobby du tabac. Lobbies de la chimie, de l’amiante, du sucre ou du soda. On évoque souvent les «lobbies» de façon abstraite, créatures fantastiques venues du mystérieux pays du Marché, douées de superpouvoirs corrupteurs et capables de modifier la loi à leur avantage. Pourtant, les firmes qui constituent ces lobbies ne sont pas anonymes et leur influence n’a rien de magique. Leurs dirigeants prennent en toute conscience des décisions qui vont à l’encontre de la santé publique et de la sauvegarde de l’environnement.
   C’est cet univers méconnu que Stéphane Horel, grâce à des années d’enquête, nous fait découvrir dans ce livre complet et accessible. Depuis des décennies, Monsanto, Philip Morris, Exxon, Coca-Cola et des centaines d’autres firmes usent de stratégies pernicieuses afin de continuer à diffuser leurs produits nocifs, parfois mortels, et de bloquer toute réglementation. Leurs responsables mènent ainsi une entreprise de destruction de la connaissance et de l’intelligence collective, instrumentalisant la science, créant des conflits d’intérêts, entretenant le doute, disséminant leur propagande.
   Dans les cercles du pouvoir, on fait peu de cas de ce détournement des politiques publiques. Mais les citoyens n’ont pas choisi d’être soumis aux projets politiques et économiques de multinationales du pétrole, du désherbant ou du biscuit. Une enquête au long cours, à lire impérativement pour savoir comment les lobbies ont capturé la démocratie et ont fait basculer notre système en «lobbytomie».

* Stéphane Horel, journaliste indépendante et collaboratrice du Monde, explore de longue date l’impact du lobbying et des conflits d’intérêts sur les décisions politiques. En 2017, son travail sur les perturbateurs endocriniens - qui a donné lieu au livre Intoxication, La Découverte, 2015 - a été récompensé par le prix Louise Weiss du journalisme européen. En 2018, elle a reçu, avec Stéphane Foucart, l’European Press Prize de l'investigation pour leur série sur les Monsanto Papers publiée dans Le Monde.


Vous pouvez lire le prologue :

Le livre de recettes du psychopathe :    
Propaganda / Comment manipuler l'opinion en démocratie
Edward Bernays
Traduit de l'anglais (États-Unis) par Oristelle Bonis
Préface de Normand Baillargeon
Zones (2007)

«La propagande consiste essentiellement à associer des images et des mots à forte charge émotive à une idée politique ou économique qui, en réalité, n'a rien à voir avec les images et les mots utilisés.
   Imaginez une publicité politique montrant des enfants adorables qui jouent sur une pelouse verdoyante [au ralenti, bien sûr, avec fond de musique douce] et un parent concerné disant : «Je veux que mes enfants aient un avenir sûr, une bonne éducation, et la chance d’avoir une vie heureuse [plus d'images d'enfants en train de jouer ou assis sur les genoux de leurs parents ou qui vont à l'école]. J’ai travaillé très fort pour assurer leur sécurité et j’ai peur qu'ils la perdent [notez l’émotion associée à ‘j’ai peur’].» À la fin, apparait le message : votez pour Untel.  
   Cette mini pièce de théâtre a évoqué l'enfance, la sécurité, le bonheur, l'éducation, et l'inquiétude. Rien d'essentiel n’a été dit, et les financiers derrière la pub se fichent très probablement de vos enfants, de leur éducation ou de leur sécurité. En fait, ils pourraient fort bien couper les budgets de l’éducation, couper l’aide aux enfants défavorisés, et siphonner votre argent durement gagné pour soutenir des guerres et l'exploitation. Mais peu importe – vos émotions ont déjà été subtilement biaisées de sorte que vous pensez que le bonheur de vos enfants et votre peur sont reliés à votre vote. La même annonce pourrait, bien entendu, vendre presque n’importe quoi.»
~ William Martin (Taoist Living, 2016)

 «À qui profite le crime? Aux pollueurs, évidemment! Moins les populations sont informées, moins elles se mobilisent; plus on peut polluer en paix, privatiser les profits et externaliser les coûts sociaux et environnementaux. Certains gouvernements aussi en bénéficient, il est plus facile de se faire élire sur des campagnes de peur ou des mensonges sans fondements que d’établir un programme cohérent. Et de s’y tenir!
   Le scepticisme en question ici découle peut-être d’un mécanisme de défense. Le doute est confortable, mais le confort se précarise à vue d’œil. Alors qu’il faudrait une mise en action massive et mondiale, on s’obstine encore sur la pertinence de la mobilisation. Si l’augmentation de la fréquence et de l’intensité des catastrophes naturelles à l’échelle planétaire ne peut convaincre les climatosceptiques; si les données scientifiques et les preuves empiriques ne suffisent pas à démontrer l’évidence, rien ne le pourra. Nous sommes foutus. Le règne de l’opinion creuse propulsera d’autres Donald au pouvoir. Le pétrole coulera à flots, la déforestation et la désertification suivront leurs cours, l’acidification des océans s’accélérera et les millions de morts liés à la pollution crèveront en vain. Mais nous consommerons en paix.»
~ David Goudreault, travailleur social, poète er romancier québécois  
(Chronique Le réchauffement du climatoscepticisme; La Tribune, le 4 novembre 2017)  

La «taxe écologique» ou compensatoire – par exemple payer pour la plantation d’arbres afin de compenser ses émissions de GES – est une supercherie digne de Bernays, un ridicule marché de dupes.
   Comment compenser pour les espèces sauvages menacées d’extinction par la pollution et la déforestation? Avec des maternités pour éléphants, tigres, pangolins, lynx du Canada, caribou de la Toundra, lagopède des Saules, loup et sterne de l’Arctique, etc.?

Pour ajouter à l’horreur, nos municipalités vendent le moindre petit boisé à des promoteurs manufacturiers ou immobiliers, de sorte qu’on ne voit plus que des Wal-Mart, des Costco, des chaines de malbouffe comme McDonald’s, des parcs de résidences cossues pour les parvenus ou des condos bas de gamme pour la classe moyenne, et de plus en plus d’asphalte pour VUS, indispensables vu l’étalement urbain. Quant aux espaces privilégiés encore intacts, les plus beaux domaines et les meilleures terres agricoles, on les vend à des étrangers. Les pauvres? On les parquera dans des HLM construits avec des batteries de chars électriques hors d’usage – une façon de récupérer.



Le sort de 39 espèces sauvages en délibéré à Ottawa

La Presse, 29 novembre 2018; Espèces menacées

Le sort de 39 espèces sauvages canadiennes fera l'objet de délibérations cette semaine, à Ottawa, dans le cadre de la deuxième réunion annuelle du comité chargé de conseiller le gouvernement fédéral sur sa liste des espèces en péril.
   Le processus d'inscription à cette liste puis l'élaboration et la mise en oeuvre de programmes de rétablissement peuvent prendre jusqu'à dix ans, soit un délai deux fois plus long qu'initialement prévu.

Article intégral :

Par contre, quand vient le temps de saccager, on est dans l’urgence.  

Il y a 20 fois plus de déchets miniers que domestiques produits au Québec, avance une coalition

Hugo Prévost
Publié le mardi 20 novembre 2018

Une coalition de groupes environnementaux et d'acteurs politiques, dont l'organisation Pour que le Québec ait meilleure mine, pressent le gouvernement Legault d'agir rapidement pour réduire l'empreinte environnementale majeure de l'industrie minière. Selon eux, la pollution particulièrement importante générée par l'exploitation minière est méconnue du grand public.

Photo : Radio-Canada / Boualem Hadjouti. Mine à Malartic.

Plus de 100 millions de tonnes de déchets miniers seraient produits par année, soit au-delà de 20 fois ce que les citoyens et les autres entreprises d'ici rejetteraient dans les dépotoirs et autres décharges, avance le regroupement.
   La sortie publique de mardi matin survient alors que le ministère de l'Environnement du Québec, sous la direction de MarieChantal Chassé, est appelé à se prononcer sur un éventuel examen du BAPE dans le dossier de la minière australienne Sayona, qui souhaite installer une mine de lithium à proximité d'une source d'eau particulièrement pure dans la région d'Amos, en Abitibi.
   En campagne électorale, le futur premier ministre François Legault avait promis d'exiger «l'acceptabilité sociale» pour ce genre de projets, mais avait aussi souhaité que les projets miniers se réalisent plus rapidement pour accroître l'attrait économique du Québec.

Article intégral :

Damné double discours @&#$! Qu’ils se taisent plutôt que de nous mentir.

«Certains hommes ne sont absolument pas doués pour voir la vérité. Si vous saviez en revanche, comme les mensonges respirent la sincérité!» 
~ Stanislaw Jerzy Lec

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