11 novembre 2017

L’HORREUR est humaine

Devoir de mémoire mon œil. On se souvient pour mieux récidiver avec des tactiques militaires plus efficaces pour éliminer l’ennemi. Les guerres ont toujours la même origine – rivalités politiques, économiques et colonialistes, et sont financées par ceux qui ne se battent jamais mais élaborent des stratégies sur des cartes géo maintenant modélisées. Les États tirent grand profit de la guerre pour accroître leurs pouvoirs et leurs domaines de compétences. À la tête des forces armées on trouve des hauts-gradés dont plusieurs semblent avoir des caractéristiques de psychopathe, les budgets alloués à l’industrie de la guerre ne cessent d’augmenter et les humains adorent tuer. Alors, l’espèce la plus sanguinaire (l’humain) perpétue les mêmes écoeurantes boucheries, à pied, à cheval, en chars d’assaut, en bombardiers, en sous-marins et à drones. Bien sûr, les militaires ne font pas que tuer des ennemis. Ils participent à des opérations de sauvetage en cas de catastrophes naturelles – incendies, inondations, famines, etc. Mais les pompiers, les membres de la Croix rouge et Médecins sans frontières le font aussi sans suivre de formation pour tuer du monde.

«Je ne comprends décidément pas pourquoi il est plus glorieux de bombarder de projectiles une ville assiégée que d’assassiner quelqu’un à coups de hache.» ~ Fiodor Dostoïevski (1821-1881)

Moi non plus!

On peut penser que la Première Guerre mondiale n’était qu’une avant-première de la Seconde, une sorte de test. Aujourd’hui, les guerres ne sont pas «mondiales» comme tel, car la stratégie consiste à attaquer un peu partout, ouvertement ou sournoisement, en vue de s’approprier les biens et les ressources d’autrui. Rien de nouveau, les voleurs et les envahisseurs ont toujours procédé comme suit : «Donne-moi ta femme, tes enfants, ta terre, ta maison, ton cheval, ta charrette, ton arme, ou donne-moi ton pétrole, tes métaux rares, ton uranium, ton lithium, ton or, tes diamants, sinon je te tue.»

Aide-mémoire d’Ambrose Bierce (1842-1914). L’heureux homme a eu la chance de mourir avant la 14-18; je me demande quel sommet aurait atteint son cynisme s’il en avait été témoin.

Extraits de son Dictionnaire du Diable (écrit en 1881; trad. Bernard Sallé, Rivages/Étranger) 

Frontières : En géographie politique, ligne imaginaire entre deux nations, séparant les droits imaginaires de l'une des droits imaginaires de l'autre.

Occident : Partie du monde qui se trouve à l'ouest (ou à l'est) de l'Orient. Elle est principalement habitée par les Chrétiens, puissante sous-tribu des Hypocrites, dont les principales activités sont le meurtre et l'escroquerie, qu'ils se complaisent à appeler «guerre» et «commerce». Celles-ci étant également les principales activités de l'Orient.

Alliance : En politique internationale, union de deux voleurs qui ont leurs mains si profondément enfoncées dans les poches l'un de l'autre qu'il leur est difficile de s'en prendre séparément à un troisième.

Bataille : Manière de défaire avec les dents un noeud politique qui ne veut pas céder avec la langue.

Paix : Dans les affaires internationales, période de duperie entre deux périodes de combats.

Amnistie : Magnanimité d'un pays envers des coupables qu'il serait trop onéreux de sanctionner.

Politique : Lutte d'intérêts déguisée en débat de grands principes. Conduite des affaires publiques pour un avantage privé.

Sénat : Groupe de gentlemen d'un certain âge chargés de hautes responsabilités et de sombres méfaits.

Vote : Instrument et symbole du pouvoir donné à un homme libre de se conduire comme un sot et de conduire son pays au chaos.

Ministre : Personne qui agit avec un grand pouvoir et une faible responsabilité.

Diplomatie : L'art patriotique de mentir pour son pays.

Consulter : Rechercher l'approbation d'autrui pour un projet déjà bien arrêté.

Reconsidérer : Chercher une justification pour une décision déjà prise.

Société : Un ingénieux dispositif pour l'obtention de profit sans la responsabilité individuelle.

Histoire : Compte rendu hautement douteux d'événements historiques hautement futiles, causés par des chefs d'une haute scélératesse et des soldats particulièrement stupides.

Comment faire la guerre sans jamais se mouiller... mise en scène réussie. Arrivent-ils à dormir le soir? Bien sûr. Seuls le remord et la honte pourraient perturber leur sommeil.
  
Soldats britanniques victimes des gaz lacrymogènes pendant la bataille d'Estaires en avril 1918. [British 55th West Lancashire Division troops blinded by tear gas await treatment at an Advanced Dressing Station near Bethune during the Battle of Estaires, 10 April 1918, part of the German offensive in Flanders.] Photo: Thomas Keith Aitken (Second Lieutenant), from the collections of the Imperial War Museums.   

L'Empire allemand, manquant cruellement de matières premières, utilise alors des produits qu'il possède en abondance, dont le chlore, produit rejeté par les industries chimiques, et disponible en grandes quantités. Les troupes allemandes emploient donc le chlore en le présentant comme un gaz irritant et non mortel, ne portant ainsi pas atteinte aux accords des conférences de la Haye. Le premier emploi massif de gaz a lieu le 22 avril 1915 lors de la deuxième bataille d'Ypres. 150 tonnes de (di138) chlore sont lâchées faisant 5 000 morts et 10 000 blessés. La guerre du gaz avait commencé.
   Les armes chimiques sont contenues dans des bonbonnes, des obus, des bombes ou des grenades. Les gaz utilisés sont très volatils : dichlore, phosgène, «gaz moutarde», arsines ou encore chloropicrine. La détection de certaines de ces armes chimiques est à l'époque quasi impossible. En effet, les conséquences de leur inhalation sur le corps humain n'étant visibles que trois jours après, on ne peut savoir à temps s'il y a eu contamination ou pas. D'où la production de défenses préventives telles que les masques à gaz.
   Durant la Grande Guerre, près d'un milliard de munitions d'artillerie ont été utilisées sur l'ensemble des fronts, ce qui représente quatre millions de tonnes d'explosifs et 150 tonnes de produits chimiques encore actifs et toxiques139, notamment l'arsenic et le mercure dans l'enveloppe métallique des obus conventionnels et l'ypérite dans les obus chimiques, sources de pollution chimique car cette enveloppe se corrode ou provoque de graves accidents lorsqu'ils explosent. Les modalités d'élimination de ces restes explosifs de guerre sont différentes selon les États : déminage, immersion, mise en décharge sauvage, combustion à ciel ouvert ou décontamination dans des installations spécifiquement conçues et équipées.
   Le bilan humain de la Première Guerre mondiale s'élève à environ 10 millions de morts et environ 8 millions d’invalides, soit environ 6 000 morts par jour. Proportionnellement, en nombre de combattants tués, la France est le pays le plus touché avec 1,45 million de morts et de disparus, et 1,9 million de blessés, la plupart lourds (obus, tympans, gaz toxiques), soit 30% de la population active masculine (18-65 ans), la plupart des hommes jeunes de 17 à 45 ans, qui n'auront jamais d'enfants.
   En comptant les pertes civiles, la Serbie et la Roumanie, qui ont subi des occupations militaires et des famines, ont été encore plus durement touchées, perdant 6 à 10% de leur population totale. Les pertes anglaises (colonies comprises) s'élèvent à 1,2 million de tués. Cette saignée s’accompagne d’un déficit des naissances considérable. Le déficit allemand s'élève à 5 436 000, le déficit français à 3 074 000, le déficit russe est le plus élevé et atteint 26 millions. Ainsi, de 25% de la population mondiale en 1914, l'Europe tombe à 24% en 1919-1920 et surtout à environ 20% en 1939.

Bilan – Plus de 60 millions de soldats ont participé à la Grande guerre. Environ 9 millions de personnes sont mortes, et environ 20 millions ont été blessées. De nombreuses populations combattirent côte à côte durant la guerre : 140 000 Chinois; 20 500 Amérindiens – 3500 du Canada et 17 000 des États-Unis (dont seuls 14 000 auraient combattu en Europe).


Outre le bilan humain, les animaux de guerre mobilisés ont également payé un lourd tribut, notamment les huit millions de chevaux, dont un million trouve la mort durant le conflit.

Participation canadienne
Quand la Grande-Bretagne déclare la guerre éponyme à l'Allemagne le 4 août 1914, le Canada et tous les dominions de l'Empire britannique sont automatiquement impliqués, sans aucune consultation au préalable. Le 5 août, le gouverneur général du Canada déclare que le Canada entre en guerre contre l'Allemagne. L’ampleur de la participation militaire aux côtés de la Grande-Bretagne est une décision qui appartenait au gouvernement canadien, lequel demeurait responsable de définir sa contribution. Sir Wilfrid Laurier déclara : «Il est de notre devoir de faire savoir à la Grande-Bretagne, à ses alliés ainsi qu'à ses ennemis que les Canadiens sont animés par un seul et même sentiment et font bloc derrière la mère-patrie.»
   En 1918, 650 000 Canadiens participaient au conflit dont 426 000 sur le front occidental. Les victimes terre-neuviennes ne sont pas comptabilisées avec les victimes canadiennes.

Victimes de guerre canadiennes pendant la Première Guerre mondiale :
Soldats tués    Civils tués       Total tués      Soldats blessés          Total victimes
64 944             2 000               66 944           149 732                       216 676

(Source : Wikipédia)  

14-18, La Grande Guerre des Canadiens

22 août 2014 : Adoption de la Loi sur les mesures de guerre au Canada. Le gouvernement conservateur de Borden adopte la Loi sur les mesures de guerre qui stipule que n'importe quel citoyen peut être arrêté sans mandat et que l'État peut réquisitionner tout bien ou toute propriété s'il les juge utiles à l'effort de guerre. En 1914, la base de Valcartier est trop petite pour accueillir les 30 000 soldats à entraîner. Le ministre de la Défense a ainsi le droit d'exproprier 125 cultivateurs.

Du 11 juin au 17 octobre 1917 : Vers la conscription. Après avoir visité les tranchées des Alliés en Europe en mai 1917, le premier ministre Robert Borden répond à l'appel à l'aide de la Grande-Bretagne, menacée par ses pertes subies au front et les attaques des sous-marins allemands. Durant l'été, Borden dépose un projet de loi sur le service militaire obligatoire. La loi est promulguée le 28 août et appliquée dès la mi-octobre. La majorité des Canadiens français s'opposent à cette mesure, alors que l’opinion publique canadienne-anglaise lui est plutôt favorable.

Octobre 1917 : L’opposition à la conscription. La majorité des journaux canadiens-français prennent position contre le recrutement obligatoire, notamment La Presse, Le Devoir et la presse rurale. Des marches anticonscription réunissent des milliers de personnes. De nombreux conscrits choisissent de se cacher pour éviter le service militaire.

Automne 1917 : Mise en place des tribunaux d’exemption. Au Québec, 98 % des conscrits demandent une exemption. En Ontario, c’est à peine moins, soit 93 % des conscrits. Les hommes qui font appel au tribunal d’exemption de leur localité doivent avoir une raison valable : un motif religieux, un travail essentiel, comme l’agriculture, ou encore, un problème de santé handicapant. Près de 75% des demandes sont acceptées. (1)

Du 26 octobre au 10 novembre 1917 : La pénible bataille de Passchendaele. Les Canadiens viennent prêter main-forte aux armées britannique et française qui mènent une offensive depuis la fin juillet dans cette région du nord de la Belgique. Les pluies diluviennes et les tranchées marécageuses rendent la bataille extrêmement laborieuse parce que les hommes s'enlisent dans la boue glaciale. En deux semaines d'affrontements, plus de 15 600 combattants canadiens meurent ou sont blessés à Passchendaele.

Près d’un demi-million de victimes en 100 jours pour gagner 8 kilomètres de terrain! 

«Les Canadiens font partie des 275 000 victimes au sein des armées sous commandement britannique à Passchendaele. Du côté des Allemands, 220 000 soldats sont morts ou blessés. On en vient à se demander, en fin de compte, pourquoi tout ceci a eu lieu. En 1918, tout le terrain gagné par les Alliés est évacué devant la menace d'une attaque imminente des Allemands. Un siècle plus tard, on se souvient de la bataille de Passchendaele comme d'un symbole des pires horreurs de la Première Guerre mondiale, de la futilité de la plupart des batailles, et du mépris total de certains hauts gradés militaires pour la vie des hommes sous leur commandement

(1) Selon l’historien André Champagne : "Prétendre que seuls les Canadiens français étaient contre la conscription est un mythe. C’est simplement parce qu’ils le disaient ouvertement. Dans les autres provinces canadiennes, tous les jeunes qui recevront leurs papiers militaires pour s’enrôler demanderont des exemptions à 90%. En 2017, dans toutes les provinces, que ce soit l’Ontario, le Nouveau-Brunswick ou les provinces de l’ouest, il y a une réaction d’opposition. Pourquoi? Parce qu’on a besoin de bras sur les fermes, et aussi parce que les emplois dans les usines  de guerre sont très bien payés Et puis, on sait à quel point cette guerre-là est meurtrière. Donc c’est un grand mythe de prétendre que les Canadiens français étaient les seuls qui ne voulaient pas aller se battre." 
J'ajouterais se battre pour le roi et l'empire britannique.

Bêtisier scolaire :

– À la guerre de 14-18, les soldats mouraient plusieurs fois, d'abord à cause des bombes, et ensuite parce qu'on les forçait à manger de la boue.

– Tous les 11 novembre, le président décore les parents du soldat inconnu.

– La ligne Maginot a été construite pour empêcher l'invasion des touristes allemands.

Aucun commentaire:

Publier un commentaire