«Je ne comprends décidément pas pourquoi il
est plus glorieux de bombarder de projectiles une ville assiégée que
d’assassiner quelqu’un à coups de hache.» ~ Fiodor Dostoïevski (1821-1881)
Moi non
plus!
On peut
penser que la Première Guerre mondiale n’était qu’une avant-première de la Seconde, une sorte de test. Aujourd’hui, les guerres ne sont pas «mondiales» comme tel, car
la stratégie consiste à attaquer un peu partout, ouvertement ou sournoisement,
en vue de s’approprier les biens et les ressources d’autrui. Rien de nouveau, les
voleurs et les envahisseurs ont toujours procédé comme suit : «Donne-moi
ta femme, tes enfants, ta terre, ta maison, ton cheval, ta charrette, ton arme,
ou donne-moi ton pétrole, tes métaux rares, ton uranium, ton lithium, ton or,
tes diamants, sinon je te tue.»
Aide-mémoire
d’Ambrose Bierce (1842-1914). L’heureux
homme a eu la chance de mourir avant la 14-18; je me demande quel sommet aurait
atteint son cynisme s’il en avait été témoin.
Extraits
de son Dictionnaire du Diable (écrit
en 1881; trad. Bernard Sallé, Rivages/Étranger)
Frontières : En géographie politique, ligne imaginaire entre deux nations,
séparant les droits imaginaires de l'une des droits imaginaires de l'autre.
Occident : Partie du monde qui se trouve à l'ouest (ou à l'est) de
l'Orient. Elle est principalement habitée par les Chrétiens, puissante
sous-tribu des Hypocrites, dont les principales activités sont le meurtre et
l'escroquerie, qu'ils se complaisent à appeler «guerre» et «commerce».
Celles-ci étant également les principales activités de l'Orient.
Alliance : En politique internationale, union de deux voleurs qui ont leurs
mains si profondément enfoncées dans les poches l'un de l'autre qu'il leur est
difficile de s'en prendre séparément à un troisième.
Bataille : Manière de défaire avec les dents un noeud politique qui ne veut pas
céder avec la langue.
Paix : Dans les affaires internationales, période de duperie entre deux
périodes de combats.
Amnistie : Magnanimité d'un pays envers des coupables qu'il serait trop
onéreux de sanctionner.
Politique : Lutte d'intérêts déguisée en débat de grands principes. Conduite
des affaires publiques pour un avantage privé.
Sénat : Groupe de gentlemen d'un certain âge chargés de hautes
responsabilités et de sombres méfaits.
Vote : Instrument et symbole du pouvoir donné à un homme libre de se
conduire comme un sot et de conduire son pays au chaos.
Ministre : Personne qui agit avec un grand pouvoir et une faible
responsabilité.
Diplomatie : L'art patriotique de mentir pour son pays.
Consulter : Rechercher l'approbation d'autrui pour un projet déjà bien
arrêté.
Reconsidérer : Chercher une justification pour une
décision déjà prise.
Société : Un ingénieux dispositif pour l'obtention de profit sans la
responsabilité individuelle.
Histoire : Compte rendu hautement douteux d'événements historiques
hautement futiles, causés par des chefs d'une haute scélératesse et des soldats
particulièrement stupides.
Comment
faire la guerre sans jamais se mouiller... mise en scène réussie. Arrivent-ils
à dormir le soir? Bien sûr. Seuls le remord et la honte pourraient perturber leur
sommeil.
Soldats
britanniques victimes des gaz lacrymogènes pendant la bataille d'Estaires en
avril 1918. [British 55th West Lancashire Division troops blinded
by tear gas await treatment at an Advanced Dressing Station near Bethune during
the Battle of Estaires, 10 April 1918, part of the German offensive in
Flanders.] Photo: Thomas Keith Aitken (Second Lieutenant), from
the collections of the Imperial War Museums.
L'Empire
allemand, manquant cruellement de matières premières, utilise alors des
produits qu'il possède en abondance, dont le chlore, produit rejeté par les
industries chimiques, et disponible en grandes quantités. Les troupes
allemandes emploient donc le chlore en le présentant comme un gaz irritant et
non mortel, ne portant ainsi pas atteinte aux accords des conférences de la
Haye. Le premier emploi massif de gaz a lieu le 22 avril 1915 lors de la
deuxième bataille d'Ypres. 150 tonnes de (di138) chlore sont lâchées faisant 5
000 morts et 10 000 blessés. La guerre du gaz avait commencé.
Les armes chimiques sont contenues dans des
bonbonnes, des obus, des bombes ou des grenades. Les gaz utilisés sont très volatils
: dichlore, phosgène, «gaz moutarde», arsines ou encore chloropicrine. La
détection de certaines de ces armes chimiques est à l'époque quasi impossible.
En effet, les conséquences de leur inhalation sur le corps humain n'étant
visibles que trois jours après, on ne peut savoir à temps s'il y a eu
contamination ou pas. D'où la production de défenses préventives telles que les
masques à gaz.
Durant la Grande Guerre, près d'un milliard
de munitions d'artillerie ont été utilisées sur l'ensemble des fronts, ce qui
représente quatre millions de tonnes d'explosifs et 150 tonnes de produits
chimiques encore actifs et toxiques139, notamment l'arsenic et le mercure dans
l'enveloppe métallique des obus conventionnels et l'ypérite dans les obus
chimiques, sources de pollution chimique car cette enveloppe se corrode ou
provoque de graves accidents lorsqu'ils explosent. Les modalités d'élimination
de ces restes explosifs de guerre sont différentes selon les États : déminage,
immersion, mise en décharge sauvage, combustion à ciel ouvert ou
décontamination dans des installations spécifiquement conçues et équipées.
Le bilan humain de la Première Guerre
mondiale s'élève à environ 10 millions de morts et environ 8 millions
d’invalides, soit environ 6 000 morts par jour. Proportionnellement, en nombre
de combattants tués, la France est le pays le plus touché avec 1,45 million de
morts et de disparus, et 1,9 million de blessés, la plupart lourds (obus, tympans,
gaz toxiques), soit 30% de la population active masculine (18-65 ans), la
plupart des hommes jeunes de 17 à 45 ans, qui n'auront jamais d'enfants.
En comptant les pertes civiles, la Serbie et
la Roumanie, qui ont subi des occupations militaires et des famines, ont été
encore plus durement touchées, perdant 6 à 10% de leur population totale. Les
pertes anglaises (colonies comprises) s'élèvent à 1,2 million de tués. Cette
saignée s’accompagne d’un déficit des naissances considérable. Le déficit
allemand s'élève à 5 436 000, le déficit français à 3 074 000, le déficit russe
est le plus élevé et atteint 26 millions. Ainsi, de 25% de la population mondiale
en 1914, l'Europe tombe à 24% en 1919-1920 et surtout à environ 20% en 1939.
Bilan – Plus de 60 millions de soldats ont participé à la Grande guerre. Environ 9 millions de personnes sont mortes, et environ 20 millions ont été blessées. De nombreuses populations combattirent côte à côte durant la guerre : 140 000 Chinois; 20 500 Amérindiens – 3500 du Canada et 17 000 des États-Unis (dont seuls 14 000 auraient combattu en Europe).
Outre le bilan humain, les animaux de guerre mobilisés ont également payé un lourd tribut, notamment les
huit millions de chevaux, dont un million trouve
la mort durant le conflit.
Participation canadienne
Quand la
Grande-Bretagne déclare la guerre éponyme à l'Allemagne le 4 août 1914, le
Canada et tous les dominions de l'Empire britannique sont automatiquement
impliqués, sans aucune consultation au préalable. Le 5 août, le gouverneur
général du Canada déclare que le Canada entre en guerre contre l'Allemagne. L’ampleur
de la participation militaire aux côtés de la Grande-Bretagne est une décision
qui appartenait au gouvernement canadien, lequel demeurait responsable de
définir sa contribution. Sir Wilfrid Laurier déclara : «Il est de notre devoir
de faire savoir à la Grande-Bretagne, à ses alliés ainsi qu'à ses ennemis que
les Canadiens sont animés par un seul et même sentiment et font bloc derrière
la mère-patrie.»
En 1918, 650 000 Canadiens participaient au
conflit dont 426 000 sur le front occidental. Les victimes terre-neuviennes ne
sont pas comptabilisées avec les victimes canadiennes.
Victimes de guerre canadiennes pendant la Première
Guerre mondiale :
Soldats
tués Civils tués Total tués Soldats blessés Total victimes
64 944 2 000 66 944 149 732 216 676
(Source :
Wikipédia)
14-18, La Grande Guerre des Canadiens
22 août 2014 : Adoption de la Loi sur
les mesures de guerre au Canada. Le gouvernement conservateur de Borden adopte la Loi sur les mesures
de guerre qui stipule que n'importe quel citoyen peut être arrêté sans mandat
et que l'État peut réquisitionner tout bien ou toute propriété s'il les juge
utiles à l'effort de guerre. En 1914, la base de Valcartier est trop petite
pour accueillir les 30 000 soldats à entraîner. Le ministre de la Défense
a ainsi le droit d'exproprier 125 cultivateurs.
Du 11 juin au 17 octobre 1917 : Vers la
conscription. Après avoir
visité les tranchées des Alliés en Europe en mai 1917, le premier ministre
Robert Borden répond à l'appel à l'aide de la Grande-Bretagne, menacée par ses
pertes subies au front et les attaques des sous-marins allemands. Durant l'été,
Borden dépose un projet de loi sur le service militaire obligatoire. La loi est
promulguée le 28 août et appliquée dès la mi-octobre. La majorité des Canadiens
français s'opposent à cette mesure, alors que l’opinion publique
canadienne-anglaise lui est plutôt favorable.
Octobre 1917 : L’opposition à la
conscription. La majorité
des journaux canadiens-français prennent position contre le recrutement
obligatoire, notamment La Presse, Le Devoir et la presse rurale. Des marches
anticonscription réunissent des milliers de personnes. De nombreux conscrits
choisissent de se cacher pour éviter le service militaire.
Automne 1917 : Mise en place des
tribunaux d’exemption. Au
Québec, 98 % des conscrits demandent une exemption. En Ontario, c’est à peine
moins, soit 93 % des conscrits. Les hommes qui font appel au tribunal
d’exemption de leur localité doivent avoir une raison valable : un motif
religieux, un travail essentiel, comme l’agriculture, ou encore, un problème de
santé handicapant. Près de 75% des demandes sont acceptées. (1)
Du 26 octobre au 10 novembre 1917 : La
pénible bataille de Passchendaele. Les Canadiens viennent prêter main-forte aux armées britannique et
française qui mènent une offensive depuis la fin juillet dans cette région du
nord de la Belgique. Les pluies diluviennes et les tranchées marécageuses
rendent la bataille extrêmement laborieuse parce que les hommes s'enlisent dans
la boue glaciale. En deux semaines d'affrontements, plus de 15 600 combattants
canadiens meurent ou sont blessés à Passchendaele.
Près d’un
demi-million de victimes en 100 jours pour gagner 8 kilomètres de terrain!
«Les
Canadiens font partie des 275 000 victimes au sein des armées sous commandement
britannique à Passchendaele. Du côté des Allemands, 220 000 soldats sont morts
ou blessés. On en vient à se demander,
en fin de compte, pourquoi tout ceci a eu lieu. En 1918, tout le terrain
gagné par les Alliés est évacué devant la menace d'une attaque imminente des
Allemands. Un siècle plus tard, on se souvient de la bataille de Passchendaele
comme d'un symbole des pires horreurs de la Première Guerre mondiale, de la futilité de la plupart des batailles,
et du mépris total de certains hauts
gradés militaires pour la vie des hommes sous leur commandement.»
(1) Selon
l’historien André Champagne : "Prétendre que seuls les Canadiens
français étaient contre la conscription est un mythe. C’est simplement parce qu’ils
le disaient ouvertement. Dans les autres provinces canadiennes, tous les jeunes
qui recevront leurs papiers militaires pour s’enrôler demanderont des
exemptions à 90%. En 2017, dans toutes les provinces, que ce soit l’Ontario, le
Nouveau-Brunswick ou les provinces de l’ouest, il y a une réaction
d’opposition. Pourquoi? Parce qu’on a besoin de bras sur les fermes, et aussi
parce que les emplois dans les usines de
guerre sont très bien payés Et puis, on sait à quel point cette guerre-là est
meurtrière. Donc c’est un grand mythe de prétendre que les Canadiens français
étaient les seuls qui ne voulaient pas aller se battre."
J'ajouterais se battre pour le roi et l'empire britannique.
J'ajouterais se battre pour le roi et l'empire britannique.
Bêtisier scolaire :
– À la
guerre de 14-18, les soldats mouraient plusieurs fois, d'abord à cause des
bombes, et ensuite parce qu'on les forçait à manger de la boue.
– Tous
les 11 novembre, le président décore les parents du soldat inconnu.
– La
ligne Maginot a été construite pour empêcher l'invasion des touristes
allemands.
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