Personne
et tout le monde.
Camus
disait : «Quand nous serons tous coupables, ce sera la démocratie.»
Je
salue l'initiative «Pacte pour la Transition» lancée jeudi dernier.
Je suis aussi d’accord avec l’idée que l’addition des actes individuels en
matière de consommation peut avoir des retombées positives à long terme. Et
l’engagement n’est pas contraignant, un peu comme la COP, chacun est libre de
se priver ou non de bœuf et de bacon et d’un tas de choses inutiles, dépendant de l’emprise
de ces dépendances. Néanmoins, si les gestes individuels ne sont pas soutenus
par des changements législatifs radicaux, c’est peine perdue sur le plan global. Par contre, la simplicité volontaire a l'avantage de nous rendre plus libres...
J’entendais des commentateurs parler de «crédits compensatoires», qui signifient en réalité «la Nature que l’on détruit à cet endroit sera récréée et sauvée à un autre». De sorte que «je vais payer pour continuer à vivre de la même façon et ainsi me sentir moins coupable ou responsable». Un autre évoquait les gobelets à café en amidon de maïs remplaçant les gobelets en plastique sur un plateau de tournage devenu «écolo». Comme disait George Monbiot : «On ne sauvera pas la terre avec un gobelet à café «écolo» jetable. Nous devons défier les entreprises qui cherchent des moyens «plus écologiques» de nous maintenir dans le système de consommation «acheter/jeter». Personne ne s’interroge sur la quantité de terres agricoles requises pour la monoculture du maïs, reconnue pour causer l’érosion des sols et nécessiter de fortes doses de pesticides et d’engrais. Le problème ne concerne pas uniquement le plastique, mais aussi la masse de choses jetables. Le plastique est certes un fléau environnemental majeur, et les campagnes pour limiter son utilisation sont bien intentionnées et parfois efficaces. Cependant, nous ne pouvons pas faire face à notre crise environnementale en troquant une ressource surutilisée par une autre. La vraie question est : comment devrions-nous vivre?»
À
voir : «Détruisons la planète dans
la joie et la bonne humeur» :
Les
folles dépenses en GES des G7-8-20... :
Des milliers de tonnes de gaz à effet
de serre causées par le G7
David
Rémillard | Le 10 novembre 2018
Les activités du G7 sous la présidence
du Canada ont généré plus de 8600 tonnes de gaz à effet de serre (GES) en 2018. Ottawa
promet d'en compenser la vaste majorité, voire la totalité.
Selon l'inventaire réalisé par la firme WSP
pour Affaires mondiales Canada, dont Radio-Canada a obtenu copie, au moins 8635
tonnes de GES ont été émises dans l’atmosphère.
Le rapport tient compte du sommet des 8 et 9
juin à La Malbaie, incluant les activités satellites tenues à Québec.
S'ajoutent les quatre rencontres ministérielles du G7 tenues cette année à Montréal,
Whistler, Toronto et Halifax, ainsi que quatre réunions préparatoires en vue du
Sommet.
Sans surprise, le sommet de La Malbaie a de
loin généré la plus importante quantité de GES. Plus des trois quarts (77 %)
des GES sont attribuables aux activités diplomatiques, et 23 % aux mesures de
sécurité. Le transport aérien a été le plus important générateur de GES, loin
devant tous les autres.
Et la facture des mesures de sécurité ont coûté une méchante beurrée. Je crois qu'ils se préparaient au déclenchement d'une troisième guerre mondiale.
Jessica
Séguin, porte-parole d'Affaires mondiales Canada, confirme que le fédéral
achètera des crédits compensatoires sur le marché du carbone pour les 8635
tonnes calculées. «Le processus est en cours afin d'effectuer l'achat de
crédits.»
Le fédéral s’est allié à la Coop de l’Arbre,
un organisme de Charlevoix, pour mettre en place un projet de plantation de 100
000 arbres à travers le réseau des réserves de biosphère au pays.
Ces arbres, affirme Mme Séguin, compenseront
15 000 tonnes de GES supplémentaires. «Les 16 plantations sont encadrées par
une entente de suivi sur un horizon minimal de 50 ans, pour laisser le temps à
l’arbre d’atteindre sa maturité et de jouer pleinement son rôle de
séquestration du carbone », avance-t-elle.
Ces 15 000 tonnes supplémentaires
permettront, dit-on, de compenser les émissions non répertoriées.
Article intégral :
Payer pour avoir le droit de polluer
plus
Dans
son ouvrage, Ce que l’argent ne saurait
acheter, Les limites morales du marché, le philosophe américain Michael
Sandel réfléchit sur notre société hyper mercantile. L’entreprise qui achète le
droit de polluer, se dédouane-t-elle d'une faute morale envers l'environnement?
Peut-on vendre un enfant à l'encan au plus offrant ou faire le commerce
d'organes humains? Selon lui, la vie, l'eau et l'air ne devraient jamais être
des valeurs marchandes.
«Avec le protocole de Tokyo sur le
changement climatique en particulier, les économistes ont trouvé dans le marché
une méthode encore plus éloignée de tout ce qui pourrait ressembler à une
mesure vexatoire. Chaque agent pollueur est tenu de rester dans les limites
d'un plafonnement décidé à priori mais il peut acheter le droit de dépasser ces
limites en payant un autre agent qui, lui, restera en deça de celles qui lui
ont été affectées. ... C'est précisément l'avantage que les économistes
attribuent au marché qui pose problème : il ne ferait pas de morale. En
réalité, il recouvre un mal qui devrait être perçu comme tel (la destruction de
l'environnement) par un bien (le droit de polluer) que l'on peut acheter.» ~
Jean-Pierre Dupuy (au sujet de la taxe de carbone)
Si tous les membres de la secte «Économie
marchande» et les politiciens lisaient cet ouvrage, peut-être que la manière de
gouverner pourrait s’améliorer.
Ce que l'argent ne saurait acheter; Les
limites morales du marché
Michael
J. Sandel Traduit par Christian Cler
Préface
de Jean-Pierre Dupuy
Sciences
humaines (H.C.) Seuil (02/10/2014)
Article
intégral :
J’ai découvert ce document crucial sur Le Partage. À lire, pour
mieux comprendre ce que signifie «payer pour polluer et détruire à volonté». http://partage-le.com/
Le commerce des écosystèmes : lorsque le «paiement pour services
environnementaux» équivaut à l’autorisation de détruire
Par
Jutta Kill
World Rainforest Movement 2014
Les
raisons de publier un document d’information sur le PSE, ou paiement pour
«services environnementaux»
Aujourd’hui,
les agences de l’ONU, l’industrie, les économistes de l’écologie, un nombre
croissant de consultants et d’ONG écologistes, profitent de cet espace pour
nous rappeler que le maintien de fonctions telles que la filtration d’eau que
remplissent les forêts et les sols, le stockage de carbone que font les sols et
la végétation, la biodiversité, la pollinisation des cultures agricultures par
les abeilles, etc., est crucial pour l’humanité et que ces fonctions doivent
donc être conservées. La démarche qu’ils proposent part de l’idée que le seul
moyen d’obtenir que la Nature soit appréciée et protégée est de rendre visible,
en termes économiques, la valeur de ces fonctions que la Nature assure gratuitement. Ils affirment
que lorsque les marchés de capital, les politiciens et les grandes entreprises
verront l’énorme valeur économique de ce qu’ils appellent les «services
écosystémiques», il sera plus facile d'exiger d'eux qu'ils protègent la Nature. Certains proposent aussi d’utiliser
cette valeur économique qui, apparemment, n’a pas été perçue par les gouvernements,
les transnationales et le
capital financier, comme moyen de financer la protection de la Nature, en payant
pour ces
«services écologiques» (PSE). Suivant
ce raisonnement, tout ce qu’il faut pour mettre fin à la destruction de
l’environnement est une nature que le capital puisse percevoir.
Cependant,
on peut regarder autrement le paiement
pour «services environnementaux» : le PSE fait partie d’un processus par lequel
le capital financier déterminera encore
plus comment la nature est utilisée et qui contrôle l’accès aux
territoires; ce processus est dénommé «financiérisation» de la nature. Dans cette
optique, plutôt que de diminuer la destruction, une nature que le capital
puisse percevoir est indispensable
pour maintenir un système
économique qui dépend de la nature pour survivre : d’abord on la réduit à des
unités de «services écosystémiques», puis ces services deviennent un nouvel
item que les marchés de capital peuvent commercialiser.
Le
présent bulletin vient s’ajouter aux numéros 175 [1] (février 2012)
et 181
[2]
(août 2012) sur La financiérisation de la nature et le paiement pour services écologiques.
Ces bulletins portaient sur le développement de la notion de «paiement pour
services de l’environnement» et sur le rôle et le contenu de certaines
études importantes souvent citées par
les défenseurs de cette idée, comme l’Évaluation des écosystèmes pour le millénaire
(EM) et l’Économie des écosystèmes et de la biodiversité (TEEB). Ces deux rapports
en particulier ont été essentiels à la diffusion du concept de PSE ces dernières
années, en contribuant à créer l’espace politique nécessaire pour le faire
avancer au plan international. Beaucoup de nouvelles tendances et de développements sont apparus depuis que
le WRM a publié ces deux bulletins, et une nouvelle forme du PSE se fait jour :
les gouvernements ont commencé à élaborer des «comptabilités du capital naturel»; le Brésil a changé son Code forestier pour
permettre le commerce de «crédits de restauration des forêts»; la
Commission européenne, le Royaume-Uni et plusieurs autres pays européens
étudient des modifications de leur législation environnementale pour créer un
marché de crédits de compensation de biodiversité;
l’État brésilien d’Acre a adopté toute une loi dénommée «Système d’incitations
pour services environnementaux» (SISA) et, avec le soutien financier du
gouvernement allemand, il est en train de créer des institutions, des
réglementations et des
commissions pour appliquer cette loi SISA, en commençant par l’infrastructure
nécessaire à la commercialisation de la capacité des forêts à
stocker du carbone, le programme ISA-Carbono.
Autrement dit, des gouvernements, de grandes entreprises et le secteur financier,
qui ne se sont jamais distingués par leur défense de la nature, ont l’air de
s’intéresser beaucoup au PSE.
Nous
avons donc pensé qu’il était temps de reprendre cette question, de regarder la notion
de «paiement pour
services environnementaux» telle
qu’elle se présente à l’heure actuelle, d’examiner les arguments de ceux qui affirment
que la seule manière de sauver la nature
est de lui apposer un prix, de montrer quels sont les protagonistes et ce qui les pousse à s’intéresser au PSE.
Surtout, ce document aspire à documenter comment cette nouvelle version de la
théorie du PSE se comporte sur le terrain, dans les territoires dont les
communautés forestières dépendent pour leurs moyens d’existence et leur mode de
vie.
Introduction
«Il
faut mettre fin à l’invisibilité économique de la nature», [3] écrit dans son blog
Pavan Sukhdev, auteur de l’étude TEEB.
Beaucoup d’économistes, d’entreprises et d’ONG de conservation se font l’écho
de cette déclaration. La valeur de la nature n’est pas visible, affirment-ils;
c’est pourquoi les fonctions que la nature accomplit – la filtration d’eau dans
les forêts et les sols, le stockage de carbone dans les sols et la végétation,
la biodiversité, la pollinisation des cultures par les abeilles, etc. – sont
sacrifiées sans cesse pour réaliser les bénéfices économiques visibles que l’on
peut obtenir en la détruisant. «[S]i au moins nous avions les
outils nécessaires pour
mesurer ces valeurs et les intégrer aux décisions des
entreprises», écrit le World Business Council for Sustainable Development, un groupe
industriel de pression très influent auprès de l’ONU, dans son Guide pour
l’évaluation des écosystèmes par les entreprises. [4] Des agences de l’ONU, des
transnationales, des ONG de conservation et des économistes de l’écologie
affirment que le seul moyen de faire en sorte que la nature soit appréciée et
protégée est de rendre visible, en termes économiques, la valeur de ce qu’ils appellent
«services écosystémiques», c’est-à-dire les fonctions et les processus que le nature
fournit à l’humanité. Ils affirment que lorsque les marchés de capitaux, les
politiciens et les transnationales verront l’énorme valeur économique de ces «services écosystémiques», il sera plus facile d’exiger
que la nature soit protégée. Les économistes
ont avancé quelques
estimations de la
valeur économique des «services
écosystémiques», et beaucoup d’initiatives, de programmes et de subventions
d’aide à la recherche et au développement sont mis en place pour se préparer à
la commercialisation future de ces «services».
Dès
que les premiers programmes de PSE ont été formulés, les défenseurs du paiement
pour «services écologiques» ont affirmé que les communautés tributaires des forêts
et les peuples des forêts en seraient les principaux bénéficiaires.
Mais le sont-ils vraiment? Même les premiers programmes ont eu tendance
à bénéficier surtout aux membres les plus fortunés de la communauté. Ils ont
montré aussi que la valeur intrinsèque de la Nature tend à être évaluée à la
baisse lorsque les valeurs financières des plans de PSE sont introduites. Des
exemples concrets suggèrent que ces tendances
se renforceront lorsque le PSE deviendra un marché de «services
écosystémiques». Certains Quand le «paiement pour services environnementaux »
équivaut à l’autorisation de détruire WRM 2014 proposent aussi d’utiliser cette
évaluation économique pour financer la conservation de la nature, en payant
pour ces services.
Le PSE devient de plus en plus un «paiement qui
autorise à détruire». Afin de mettre en place ces paiements qui donnent la
permission de détruire, la Nature, dans toute sa complexité, ses interconnexions, sa diversité
et son caractère unique, est présentée en unités de «services écosystémiques» à
un point tel que cela dépasse largement la marchandisation nécessaire aux
programmes PSE précédents. Des certificats (souvent dénommés «crédits de compensation»),
utilisés pour garantir que le «service» en question est protégé quelque part,
peuvent être achetés par des entreprises, en
échange du permis de détruire un morceau «équivalent» de Nature situé ailleurs.
Une entreprise minière ne pourrait
obtenir un permis pour élargir sa mine dans
une zone protégée où l’extraction est
interdite par la loi qu’en achetant des «compensations de biodiversité», de manière
à sauver davantage de biodiversité à un autre endroit, pour compenser celle du parc national que le
nouvelle mine va détruire; un aménagement urbain ne peut avoir lieu dans la
ceinture verte d’une ville, où il est interdit, à moins que la société
immobilière n’achète des «compensations
de biodiversité»; un éleveur ou une entreprise forestière peuvent ne pas être
obligés de restaurer la forêt qu’ils ont éliminée s’ils achètent à la Bourse
des «crédits de restauration forestière». Une fois emballée en unités de «services
écosystémiques» comparables entre eux, la Nature peut aussi être commercialisée
comme un actif financier.
Ainsi, le «service écologique» est ouvert à la spéculation, et la Nature,
unique et interconnectée, est divisée en
unités de «services» séparés qui peuvent
être comparés entre eux, mélangés et différenciés, achetés et vendus, parce que
chacun est considéré comme un équivalent et un substitut approprié de l’autre.
Cette abstraction a transformé la Nature incontrôlable, toujours changeante et
interconnectée en unités linéaires, mesurables et comparables de «services
écosystémiques».
L’abstraction
permet aussi aux négociants en certificats de «services écosystémiques» de
faire semblant que les unités existent indépendamment de leur entourage, qu’il
n’y a aucune interaction entre elles et les cultures, les pratiques sociales et
l’utilisation de la terre qui ont évolué avec cette partie de la Nature devenue
un simple «service écosystémique» et qui dépendent d’elle. Par conséquent, le
concept de PSE et, en particulier, le commerce des «services écosystémiques»,
impliquent que la dimension environnementale de la destruction peut être
séparée de la dimension sociale. Les
plans de compensation qui incluent la permission de détruire pourvu que le «service
écologique» soit remplacé ailleurs acceptent volontiers la destruction non
compensée et impossible à compenser des rapports sociaux, de la culture et des
pratiques sociales liées à la Nature. En cours de route, les lois sont
modifiées de manière à remplacer l’obligation d’éviter toute perte de
biodiversité par l’obligation, bien plus faible, d’éviter toute «perte nette»
de biodiversité. Là où la règle était
d’éviter toute perte, les nouvelles lois
permettront la destruction à un endroit pourvu que le promoteur puisse montrer
qu’il n’y aura aucune perte nette parce que, apparemment, la Nature que l’on
détruit à cet endroit sera récréée et sauvée à un autre.
4 WBCSD Guide to Corporate Ecosystem Valuation. Page
12, en anglais.
Table des matières
Les
raisons de publier un document d’information sur le PSE, ou paiement pour «services
environnementaux»
Introduction
Du
«paiement pour services environnementaux» au «commerce des services écosystémiques
- Des
types différents du PSE
- ENCADRÉ
: Qu’est-ce qu’on échange dans les marchés des «services écosystémiques»?
- Du
simple échange à des transactions financières complexes
- ENCADRÉ
: Les projets de compensation et la prétention de savoir ce qui se serait
passé
- Pour
repérer les différences
Pourquoi ces différences sont
importantes
Les principaux promoteurs du PSE
- Les
institutions multilatérales
- Les
sociétés multinationales
- ENCADRÉ
: Des compagnies minières essaient des plans de PSE compensatoires
- Les
ONG écologistes
- Les
fonds d’investissement spécialisés, les créateurs de marchés et les systèmes de
certification
- Les
universités et les cabinets de consultants
Sur les traces des échecs du PSE
- Le
PSE compensatoire de biodiversité avance vite malgré la série d’échecs
constatés
- Pourquoi
le commerce des services environnementaux augmentera les injustices écologiques
et socio-économiques
- Les
droits des communautés au territoire – de l’accès à l’utilisation – deviennent
encore plus précaires
- Les
contrats de compensation mettent en grave danger le mode de vie traditionnel
des communautés
Les avantages de la destruction
- Le
commerce des services écosystémiques a besoin que la destruction continue parce
que, sans elle, il n’y aurait rien à «compenser».
- Droits
de la nature vs permis de destruction
- Le
PSE est un moyen de dépolitiser la lutte pour un modèle différent d’économie et
de développement
Se mobiliser pour dire NON au commerce
des services écologiques
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