19 octobre 2018

Pourquoi légaliser le cannabis?

Beaucoup de gens se sont demandé pourquoi Justin Trudeau avait tassé des dossiers extrêmement urgents pour réaliser cette promesse électorale.

Mais voyons, c’est simple! Ottawa veut sauver l’Alberta, notre état pétrolier canadien. Pour y arriver, nos émissions de GES augmenteront dramatiquement. Conséquemment, les Canadiens seront de plus en plus malades à cause de la pollution. Et c’est là que la grande sagesse de Trudeau se manifeste : nous pourrons nous doper légalement avec du cannabis de qualité pour apaiser nos souffrances. Génial quand même, il fallait y penser. Comme on dit au Québec, il va falloir en «fumer du bon» en effet...

Caricature : Serge Chapleau; La Presse 13 oct. 2018

La logique économique verte de Rachel Notley

Le 13 octobre dernier, Rachel Notley a livré un discours poignant en faveur de la construction de nouveaux pipelines. Elle a, entre autres, soulevé un point qu'elle considère négligé par les militants anti-pipelines. Selon sa perception, la construction d'un nouvel oléoduc sur la côte Ouest n'augmentera pas les émissions de GES (non textuel) : «Je dirais à ceux qui s'opposent à notre volonté de construire ce pipeline qu'ils sont extrêmement stupides car c’est avec les retombées économiques des sables bitumineux, investies dans les énergies vertes, que nous pourrons réduire nos GES. La construction d'un pipeline nous permettra d'obtenir une juste valeur pour nos ressources et c’est essentiel pour bâtir un avenir plus diversifié et plus sûr. L’action des activistes anti-pipelines n’est pas seulement un désastre pour les travailleurs mais aussi pour le changement climatique. Regardez ma vidéo dans laquelle je défends les intérêts de l'Alberta et de notre industrie contre la désinformation, et pour connaître toute l'histoire.»

“Building a new pipeline to the West Coast will not increase emissions from our oil sands. A new pipeline will simply increase the return we all get for the resources we as Albertans all own. ... I have very little time for any conversation that seeks to shut down or significantly limit our oil sands. The oil sands are massive job and wealth creators here in Alberta and quite frankly across and throughout Canada, and we need to protect the good jobs they create.” ~ Rachel Notley, NDP Premier of Alberta

Photo : Melanie Walsh. "Working to make life better" -- une meilleure vie pour qui?! 

En mai 2018, Rachel Notley s'était rendue à Fort McMurray pour parler aux travailleurs du Oil Sands Discovery Centre, à Fort McMurray.
   Dans son discours, elle a parlé de l'importance de faire construire des pipelines et de ce que pourrait signifier pour la ville l'achat récent du pipeline Trans Mountain par Ottawa. «L'une des choses dont je suis très fière, c'est la façon dont nous avons pu montrer aux gens l'immense valeur du travail qui se fait ici à Fort McMurray», a dit Mme Notley. «Votre travail profite à tous les Canadiens.»
   Selon elle, les opposants sont prêts à sacrifier les milliers de travailleurs de l’industrie (et leurs familles) pour réduire les GES.
   Hum... Nous savons que la majorité des emplois de l’industrie pétrolière albertaine sont temporaires, que les travailleurs viennent d’autres provinces ou de l’étranger et vivent dans des camps de travail provisoires. Leur but est de faire un coup d’argent rapidement, non pas de résider à vie en Alberta. Alors, on ne va pas s’apitoyer sur le sort de «pauvres petites familles» qui n’existent pas. Les emplois à temps plein à Fort McMurray sont liés à l'hébergement, la restauration et les bars, le divertissement et la prostitution que les compagnies pétrolières incluent parmi les bénéfices collatéraux...  

En outre, les lobbies ont réussi à gagner l’approbation de plusieurs communautés autochtones pour le projet de GNL en Colombie-Britannique :
   Près de 90 pour cent des 32 Premières Nations dont le territoire traditionnel est touché par le projet de pipeline ont manifesté leur appui, par l’entremise d’une ou plusieurs ententes sur les retombées économiques du pipeline (Source: Gouvernement de la Colombie-Britannique).
   Un groupe de Premières Nations, First Nations LNG Alliance, se réjouit de la réalisation du projet. «Cela signifie d’importantes retombées économiques, de la formation spécialisée, une gérance de l’environnement, des emplois, de l’éducation et des possibilités pour des entreprises de Premières Nations», mentionnait la PDG de l’Alliance, Karen Ogen-Toews, dans un communiqué.
   La réalisation du projet devrait nécessiter l'embauche de 10 000 personnes pour la construction et par la suite créer 950 emplois à temps plein.
   Toutefois, le chef du Parti vert de la Colombie-Britannique, Andrew Weaver, s'oppose au projet. Il estime qu'il empêchera la province d'atteindre ses cibles de réduction de gaz à effet de serre. M. Weaver, dont le parti détient la balance du pouvoir, a indiqué dans une déclaration qu'il n'appuierait pas les lois requises pour que le projet se réalise.
   «C’est irresponsable pour les gouvernements provincial et fédéral de continuer à permettre à de nouveaux projets d'exploitation de combustibles fossiles», indique de son côté la militante pour la forêt et le climat du groupe Sierra Club, Jens Wieting.
Article intégral :

CBC Alberta – Dès la fin du printemps 2017, les camps ont commencé à se remplir avec une quantité de travailleurs que Rocky Mountain House n’avait pas vus depuis la chute des prix du pétrole, en 2014.
   À la fin de l’été, la municipalité affichait complet dans les hôtels, les commerces et tous les stationnements, affirme Prab Lashar, de la Chambre de commerce de Rocky Mountain House. Ce regain d’activité provient de la formation géologique de Duvernay, riche en hydrocarbures, qui s’étend du centre-ouest de la province jusqu’au nord-est de la Colombie-Britannique.
   D’après l’évaluation de l’Office national de l’énergie, sous le sol de cette région, on trouve plus de 3,4 milliards de barils de pétrole brut, 2,17 milliards de mètres cubes de gaz naturel et 995 millions de mètres cubes de gaz naturel liquéfié (GNL).

***
L'empreinte...

«Rachel Notley a un rôle clé en tant que porte-parole de l’industrie pétrolière, un rôle clé en tant que défenseure de cette industrie. C'est vraiment la seule à pouvoir transmettre ces messages à un public national et international.» (Hommage du président de l'Association des explorateurs et des producteurs du Canada)

Qu'a fait Notley pour mériter cet hommage? En voici un résumé :
– s'est engagée auprès des PDG de l'industrie pétrolière à veiller à ce que les oléoducs soient construits
– en tant que représentante des grandes sociétés pétrolières de l'Alberta et de l'élite financière du Canada, elle a déclaré qu'elle avait peu de temps à consacrer aux opposants à nos sables bitumineux.
– s'est dit confiante que M. Trudeau réaliserait le projet d'oléoduc Trans Mountain
– a interdit au personnel néodémocrate de l'Alberta de faire campagne pour le NPD de la Colombie-Britannique
– a accordé des rabais de taxes aux riches, des subventions aux pétrolières, et instauré des budgets d'austérité pour les travailleurs et travailleuses
– a préparé un faux «Plan d'Action Climat» qui permettra une augmentation de 42 % des émissions de carbone
– a reçu des éloges du porte-parole de l'élite financière, le Globe and Mail, pour sa visite à Washington pour discuter des plans de Keystone XL
– est devenue porte-parole et défenseure des grandes pétrolières
– a maillé son soi-disant «Groupe consultatif» aux élites de l'industrie pétrolière, produisant un rapport qui aide les compagnies pétrolières à éviter des pénalités.

(Source : Citizen Action Monitor)

Le quotient environnemental scientifique de Mme Notley semble à peu près nul. A-t-elle lu le dernier rapport du GIEC? Ou peut-être se fie-t-elle à l’approche scientifique présentée/financée par Syncrude :

Un don de Syncrude fournit 22 trousses scientifiques aux écoles de la FMPSD

Le Fort McMurray Public School District (FMPSD) a reçu vendredi de nouvelles ressources pédagogiques de la MindFuel Science Alberta Foundation grâce à un généreux don de Syncrude.
   Le district a reçu 22 Ignition Packs pour l’enseignement des sciences. Kerry Barwick, directeur de l'entretien chez Syncrude, a déclaré que l'entreprise a établi un partenariat avec MindFuel depuis plusieurs années.
   «Syncrude reconnaît que dans le monde technologique d'aujourd'hui, l'apprentissage des sciences et de la technologie est essentiel à la réussite des étudiants et qu'il est directement lié au travail que font de nombreux employés de Syncrude. C'est pourquoi tous les membres de Syncrude veulent faire leur part pour s'assurer que les élèves de notre région et leurs enseignants aient accès aux meilleurs outils d'apprentissage STEM disponibles.»
   Pour le maire Don Scott, ce don est un «investissement pour nos jeunes» et il espère voir des investissements similaires dans l'avenir.
   La directrice de l'éducation, Merrie-Rae Mitsopoulos, a déclaré que «les trousses, qui sont conçues pour les élèves de la quatrième à la neuvième année fournissent d'excellentes ressources qui sont alignées sur le programme d'études de l'Alberta et mettent l'accent sur l'Alberta.»

Wikipédia : L'exploitation des sables bitumineux consomme d'énormes quantités d'énergie, surtout pour chauffer les dépôts de sable afin de provoquer l'écoulement du bitume. En 2005, la compagnie Energy Alberta a été créée afin de construire une centrale nucléaire qui alimenterait en énergie certaines installations, mais le projet a été abandonné en 2011. Le recours à l'énergie nucléaire refait toutefois surface en 2013, avec un projet de mini-réacteurs construits par Toshiba et dont la mise en service est prévue pour 2020.
   En attendant, l'énergie utilisée provient du charbon, du gaz naturel et du diesel. Les gaz à effet de serre en provenance de cette industrie connaissent le taux d'augmentation le plus rapide au Canada, avec une production de 0,082 tonne de CO2 par baril de pétrole produit in situ et 0,073 tonne/baril de pétrole produit par extraction mécanique. Selon Environnement Canada, «l'augmentation de la production dans le secteur des sables bitumineux devrait conduire à une hausse générale des émissions provenant du secteur pétrolier et gazier de 44 Mt (28 %) entre 2005 et 2020», de telle sorte que l'objectif de réduction des émissions pour le Canada ne sera que de 3 % sur la période 2005-2020 au lieu de 17 %, comme promis par le gouvernement Harper à Copenhague en 2009.
   Un chercheur de la NASA estime que les sables bitumineux contiennent à eux seuls le double de la totalité du dioxyde de carbone émis par l'usage du pétrole dans le monde depuis le début de la civilisation.

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