27 octobre 2018

L’histoire ne se répète pas, elle continue

Extrêmement triste et troublant de voir les populations de tant de pays, sur tous les continents, à la merci de dictatures et d’oligarchies. Les inégalités grandissantes sont l’œuvre d’une élite mondiale qui s’oppose à tout ce qui risque de mettre ses intérêts en jeu. Quand les milliardaires s’inquiètent des inégalités et de la pauvreté, c’est qu’ils craignent pour eux-mêmes.

«La force et la puissance du despotisme résultent entièrement de la peur de la résistance.» ~ Thomas Paine (1737-1809)

«Il faut prendre l'argent là où il est : chez les pauvres. Ils n'ont pas beaucoup d'argent, mais il y a beaucoup de pauvres.» ~ Alphonse Allais (1854-1905)

Le paradis, si ça existe, ce doit être de ne plus voir ce qui se passe sur terre! 

Je n’ose imaginer à quoi ressemblera le Brésil dans les jours qui viennent.

Jair Bolsonaro.


Jair Messias Bolsonaro, né le 21 mars 1955 à Glicério (São Paulo), est un militaire de réserve et homme politique brésilien.
   Après s’être élevé au grade de capitaine, il quitte l’armée en 1988 en raison de conflits avec sa hiérarchie.
   Se lançant en politique, il est élu en 1990 député fédéral à Rio de Janeiro, sous l’étiquette du Parti démocrate chrétien. Il est constamment réélu depuis, sous les étiquettes du Parti progressiste réformateur et du Parti progressiste, tout en changeant parfois d'étiquette en cours de législature.
   Ses prises de position controversées, notamment à l'égard des femmes, des homosexuels, des Noirs et des peuples indigènes, ainsi que sa nostalgie pour la dictature militaire de 1964-1985, lui valent d'être classé à l'extrême droite de l'échiquier politique brésilien.
   Candidat du Parti social-libéral (PSL) à l'élection présidentielle de 2018, il est victime pendant la campagne d'une tentative d’assassinat de la part d’un militant d'extrême gauche qui le blesse grièvement. Il arrive largement en tête du premier tour.

– Il appartient au courant conservateur dit de la «Bancada B.B.B» (pour «balle, Bible, bœuf»), qui regroupe les parlementaires liés aux intérêts de la police militaire, des églises évangélistes et de l’agro-industrie.
– Il s’affiche comme un défenseur du libre marché et appelle à la privatisation de plusieurs compagnies publiques. Il a condamné les aides sociales apportées aux plus pauvres sous la présidence de Lula, estimant que celles-ci «nourrissent une population de bandits et de fainéants».
– Mettant l’accent sur l’importance de la sécurité publique, il se montre partisan de la majorité pénale à 16 ans, du port d'armes, de la peine de mort (abolie depuis 1979 pour les crimes de droits communs) et de l'utilisation de la torture contre les trafiquants de drogue. En 2008, pour réduire la criminalité et la pauvreté, il se prononce pour un contrôle des naissances au moyen de la stérilisation forcée des individus pauvres n’ayant pas reçu éducation, et des criminels. Il déclare dans un entretien radiophonique que l'«erreur de la dictature a été de torturer au lieu de tuer».
– Religieux et hostile à la laïcité, il est opposé à l’avortement. Il déclare tolérer les violences corporelles contre les enfants présentant des tendances homosexuelles et laisse entendre en 2011 qu’il souhaiterait voir son fils tué dans un accident s’il était homosexuel. Il s’oppose à l'union civile entre deux personnes de même sexe. En 2013, il affirme qu'il est «très fièrement homophobe».
– À plusieurs reprises, il tient des propos misogynes.
– À propos des peuples indigènes et des Noirs, il est accusé de propager des préjugés racistes. Au sujet des peuples autochtones, il ne veut pas «un centimètre de plus pour les Indiens ni pour ces bons à rien de quilombolas». Il est également très hostile aux revendications des paysans sans-terres, voyant en eux des «voyous», et le «bras armé du PT» : «nous allons donner des fusils aux producteurs ruraux, ce sera leur carte de visite pour les envahisseurs».
– Il est favorable au renforcement des liens entre le Brésil et les États-Unis. Il exprime son admiration pour le président américain Donald Trump.
– Pro-Israël, Jair Bolsonaro appelle au transfert à Jérusalem de l’ambassade brésilienne en Israël, et à la fermeture de l'ambassade de Palestine au Brésil.
Climatosceptique, il se prononce pour le retrait du Brésil de l'accord de Paris sur le climat et pour la suppression du ministère de l'Environnement, qui fusionnerait avec celui de l'Agriculture. Il entend également construire une autoroute traversant la forêt amazonienne, répondre au lobby agroalimentaire en ouvrant des droits à la culture du soja et à l'élevage, ouvrir les territoires des communautés indigènes aux entreprises minières, assouplir les lois relatives à la protection de l'environnement et interdire des ONG écologistes.
– Jair Bolsonaro a été marié trois fois et a cinq enfants. En 2016, lors d'un voyage en Israël, il se fait baptiser dans le Jourdain selon le rite évangélique. Jair Bolsonaro dévoile alors publiquement sa foi en Jésus-Christ.

 Comme disait Napoléon :  
«La religion est là pour empêcher les pauvres de tuer les riches.» 

«C'est à travers la Bible que l'homme a appris la cruauté, le viol et le meurtre. Croire en un Dieu cruel rend l’homme cruel. Et la Bible est une histoire de méchanceté qui a servi à corrompre et à brutaliser l'humanité.» ~ Thomas Paine 

Dans le nouveau Brésil de Jair Bolsonaro, l'empire médiatique du milliardaire évangélique d'extrême droite Edir Macedo est exploité pour enquêter sur les journalistes, dont The Intercept.

L'accès très probable au pouvoir de l'extrémiste d'extrême droite Jair Bolsonaro déclenche déjà un climat dans lequel les journalistes qui le critiquent et ainsi que son mouvement – y compris plusieurs écrits pour The Intercept – sont soumis à une campagne agressive d'enquêtes personnelles, de tentatives d'intimidation et d’examen minutieux des membres des familles.
   Ces attaques sont orchestrées par les médias appartenant à un pasteur milliardaire évangélique d'extrême droite aux prises avec des scandales, Edir Macedo (universellement connu comme l'évêque et le fondateur de la tentaculaire Église universelle du Royaume de Dieu), qui est maintenant un partisan explicite de Bolsonaro. Le vaste empire médiatique de Macedo – qui comprend le deuxième plus grand réseau de télévision du pays (Record), des portails en ligne (R7) et diverses autres agences de presse – est maintenant utilisé de façon flagrante pour imposer des sanctions et des représailles contre les journalistes dont le crime est d’avoir critiqué Bolsonaro, son mouvement et les sociétés de Macedo.
   Qui est Edir Macedo, et comment est-il devenu si riche et puissant? C'est une histoire simple : aujourd'hui milliardaire sur la liste de Forbes, il s'est enrichi personnellement d'un grand nombre de paroissiens brésiliens pauvres en fondant la plus grande église évangélique du Brésil, l'Église universelle du Royaume de Dieu, qui, selon Forbes, «suit la théologie de la prospérité», affirmant que la foi et l'engagement envers une église sont récompensés par la richesse.
   «Le bureau du procureur de l'État de Sao Paulo a allégué dans une déclaration que Macedo et les autres avaient reçu plus de deux milliards de dollars en dons de 2003 à 2008 seulement, mais que le stratagème remontait à plus de 10 ans», et «les procureurs ont déclaré que l'Église universelle du Royaume de Dieu reçoit près de 800 millions de dollars en dons chaque année de la part des membres de l'Église à travers le Brésil». Les autorités ont allégué que l'église utilisait de fausses compagnies pour blanchir l'argent.
   Le milliardaire des médias est aussi accusé d'être impliqué dans un réseau d'adoption illégale qui aurait «volé des dizaines d'enfants portugais».
   En septembre dernier, Macedo a confirmé publiquement ce que tout le monde savait depuis longtemps, à savoir qu'il soutenait Bolsonaro à la présidence.


Jair Bolsonaro serait-il un copié/collé brésilien d’Augusto Pinochet? 

Dessin : Pinochet par Girerd, 1986. L'illustrateur et peintre a été principalement connu pour ses caricatures éditoriales dans le quotidien montréalais La Presse, où il a travaillé de 1968 à 1995. Jean-Pierre Girerd est décédé la semaine dernière (1931-2018).


Commandant en chef de l'armée chilienne, le général Augusto Pinochet prend la tête du coup d'État du 11 septembre 1973 contre le gouvernement du président socialiste Salvador Allende, élu démocratiquement en 1970. À la suite de ce coup de force, la dictature militaire d'Augusto Pinochet se met en place : Pinochet dirige le pays pendant 17 ans, d'abord comme président de la junte de gouvernement (1973-1974), ensuite comme président de la République désigné par la junte (1974-1981) puis comme président de la République dans le cadre d'un nouveau régime constitutionnel mis en place à partir du 11 mars 1981.
   Dès le 12 septembre 1973, Augusto Pinochet prend l'ascendant sur la junte et met fin aux espérances de la droite chilienne, des conservateurs et des démocrates chrétiens qui s'attendaient à récupérer le pouvoir exécutif. Au contraire, le Parlement est dissous. Le communisme est interdit, les partis politiques liés à l'Unidad popular et ceux d'extrême-gauche sont interdits, puis toute activité politique à l'intérieur du pays est suspendue. La liberté de la presse est supprimée, des livres sont interdits et brûlés. Les responsables politiques locaux et l'ensemble des maires sont destitués, et leurs remplaçants sont nommés par la junte. Des étudiants sont arbitrairement exclus des universités, des professeurs sont arrêtés, expulsés, torturés ou fusillés. Des militaires sont nommés à la tête de toutes les universités. Les syndicats sont réprimés.
   Sa dictature est marquée par de multiples violations des droits de l'homme (plus de 3200 morts et disparus, plus de 38 000 torturés, des dizaines de milliers d'arrestations de dissidents), lesquelles ont fait l'objet de trois rapports et de quatre procédures judiciaires dans les années 1990 et 2000, et ont entraîné l'exil de plusieurs centaines de milliers de Chiliens. La présidence de Pinochet est dénoncée dans son ensemble comme une période de dictature militaire, par de nombreux médias et ONG ainsi que par ses opposants. Elle est décrite comme telle par les historiens ; la qualification de dictature est également reprise par le rapport Valech, publié au Chili en 2004. Ses partisans chiliens considèrent au contraire qu'il a sauvé le pays du communisme.
  Sur le plan économique, son régime est marqué par la libéralisation de l'économie, la liberté des échanges et l'ouverture du pays à la concurrence internationale, réformes inspirées par les «Chicago boys», rompant avec les précédentes politiques économiques interventionnistes. La situation de «stabilité économique» qui aurait été atteinte par le Chili sous le régime de Pinochet est louée par les partisans de ses réformes; Milton Friedman a lancé à ce sujet l'expression de «miracle chilien». L'ampleur, voire la réalité, de cette réussite économique donne lieu à de nombreux débats.
   Ses années de pouvoir lui permettent de s'enrichir considérablement à la faveur de dizaines de comptes bancaires détenus secrètement à l'étranger et d'une fortune en biens immobiliers. Il sera ultérieurement poursuivi en justice pour des détournements de fonds provenant des privatisations, fraudes fiscales et pour de possibles commissions prélevées sur des contrats de ventes d'armes. Le 18 octobre 1998, il est arrêté à Londres à la suite d'une plainte internationale déposée en Espagne pour «génocide, terrorisme et tortures». Il est libéré pour raisons de santé en mars 2000 et peut alors retourner au Chili. Personnalité très controversée au Chili, où il suscite l'admiration des uns et la haine des autres, il meurt en décembre 2006, avant que les procédures judiciaires engagées contre lui n'aient abouti.

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Selon le Trésor de la langue française, une dictature est un régime politique dans lequel une personne ou un groupe de personnes exercent tous les pouvoirs de façon absolue, sans qu'aucune loi ou institution ne les limite; il faut préciser que même un régime autoritaire peut avoir des lois, des institutions, voire un parlement avec des députés élus, mais pas librement et ne représentant donc pas des contre-pouvoirs. Ce régime politique a fréquemment été violemment critiqué; ainsi, Hannah Arendt affirme que les lois qu'il promulgue sont éthiquement illégitimes, et que les institutions y sont factices.

Le terme autoritarisme peut désigner aussi bien un comportement que le mode de fonctionnement d'une structure politique. L'autoritarisme consiste dans les deux cas en une prééminence, une hypertrophie de l'autorité érigée en valeur suprême. Si certains chercheurs et professeurs en science politique définissent l'autoritarisme comme un des trois grands types de systèmes politiques avec la démocratie et le totalitarisme, beaucoup d'autres considèrent cette classification comme trop formelle et ne correspondant pas à la réalité. Un régime politique autoritaire est un régime politique qui par divers moyens (propagande, encadrement de la population, répression) cherche la soumission et l'obéissance de la société.

Le totalitarisme est l'un des principaux types de systèmes politiques avec la démocratie et l'autoritarisme. C'est un régime à parti unique, n'admettant aucune opposition organisée et dans lequel l'État tend à confisquer la totalité des activités de la société. C'est un concept forgé au XXe siècle, durant l'entre-deux-guerres, avec une apparition concomitante de régimes totalitaires en Allemagne et en URSS. Le totalitarisme signifie étymologiquement «système tendant à la totalité».
   L'expression vient du fait qu'il ne s'agit pas seulement de contrôler l'activité des personnes, comme le ferait une dictature classique. Le régime totalitaire va au-delà, en tentant de s'immiscer jusque dans la sphère intime de la pensée, en imposant à tous les citoyens l'adhésion à une idéologie obligatoire, hors de laquelle ils sont considérés comme ennemis de la communauté.
   Les caractéristiques habituellement retenues pour définir le totalitarisme sont : d'une part, un monopole idéologique, c'est-à-dire la conception d'une vérité qui ne supporte aucun doute, ne tolère aucune critique, est imposée à tous et se trouve orientée par la lutte contre les ennemis du régime, et d'autre part un parti unique qui contrôle la totalité de l'appareil étatique, c'est-à-dire dispose de l'ensemble des moyens de communication de masse utilisés comme des instruments de propagande, crée des structures d'embrigadement de chaque catégorie de la société et dispose d'une direction centrale de l'économie. Le parti unique est dirigé idéalement par un chef charismatique, autour duquel est formé un «culte du chef», faisant de lui plus qu'un simple dictateur, un guide pour son peuple, lui seul en connaissant les véritables aspirations. Un monopole de la force armée, un système à la fois policier qui a recours à la terreur avec par exemple un réseau omniprésent d'agents dormants et de surveillance des individus, basé sur la suspicion, la dénonciation et la délation; et également concentrationnaire afin de pouvoir se prémunir contre tout individu potentiellement suspect. Ainsi ces systèmes ont systématiquement recours à l'emprisonnement, la torture et l'élimination physique des opposants ou personnes soupçonnées de l'être, et à la déportation des groupes de citoyens jugés «suspects», «inutiles» ou «nuisibles»

(Source : Wikipédia) 

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Bernard-Henri Lévy, French philosopher:
I see and I understand Brazilians’ distress, their sadness and their anger. There is no doubt that there is a crisis there. And an expansion of corruption. And an increase in urban violence. But no solution can come from a populist who only promises new forms of violence and to tear the nation apart. Is it really necessary to recall the countless racist, misogynistic, homophobic, bellicose and occasionally criminal statements made by the candidate who is leading in the polls? And is it not obvious that statements of this nature, just like the political platform they go with, contradict everything that Brazil can be proud of: its multiethnicity, its tradition and its welcoming practices, its true liberalism and the social coexistence in immense, beautiful cities with multiple beliefs?

Noam Chomsky, linguist:
Electing Bolsonaro will be a tragedy for Brazil and for the region. For the entire world, in fact. Literally. One of his most scandalous plans involves opening up the Amazon area so his rich voters in agribusiness can exploit it, which will have devastating effects on the global environment, not to mention the indigenous population, which does not deserve a square inch of space, as he has declared in what amounts to a virtual call to genocide.
   Bolsonaro is not only one of those shameful far-right leaders who degrade contemporary politics. It goes far beyond that. Perhaps his vilest moment – and there are many of them – was during the right’s grotesque ‘soft coup,’ when a parliament formed by leading criminals ousted president Dilma Rousseff based on ludicrous motives. Bolsonaro dedicated his vote to the head of the dictatorship’s horrible torture unit in charge of tormenting Rousseff. But perhaps this is no surprise, coming from someone who only criticizes the dictatorship for having failed to assassinate 30,000 people, like the one in Argentina did. The list of horrific faux pas would fill many pages. His programs for the country, if applied, would be very profitable for investors and the super-rich at the expense of the population considered to be worthless – a broad category – while the country descends into a deplorable caricature.

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