31 octobre 2018

“Cut, burn, dig, drill & kill” ~ God

Mise garde : mis à part la vidéo Something Beautiful, passez outre si vous avez le moral à plat.

Dès qu’un système politique se déclare investi d’un pouvoir divin, le despote s’inspire de la Bible et impose ses principes «moraux», n’hésitant pas à persécuter, torturer, emprisonner et assassiner tout opposant. L’homme n’est pourtant qu’un simple humain qui se déresponsabilise de ses actes en prétendant être guidé par Dieu.

Le tsunami chrétien hardcore – catholique, protestant, évangéliste born again – prend de l’expansion à travers les Amériques, du Sud jusqu’au Nord.
   Aux États-Unis, nous voyons une sorte de djihad chrétien orchestré en coulisses par Mike Pence en vue d’établir un gouvernement chrétien radical. Il se déclare, dans cet ordre d’importance : ‘chrétien, conservateur et républicain’. «Le réchauffement climatique est un mythe. L’accord de Paris est un désastre», dit-il. «L’ennemi est la laïcité. Nous voulons un gouvernement dirigé par Dieu. C'est le seul gouvernement légitime. Nous voulons un capitalisme biblique, fondé sur l'idée que notre système économique est organisé par Dieu.» Pence affirme que c’est Dieu qui commande et guide les décisions de l’administration Trump.  
   Nous avons quelques copies carbones au Canada. Entre autres, le chef du Parti conservateur du Canada, Andrew Scheer (dauphin de Stephen Harper et admirateur de Ted Cruz et Marco Rubio) – un créationniste, climato-négationniste, pro-pétrole, pro-armes, anti-avortement, homophobe, etc.

«Je me méfie de ces gens qui savent si bien ce que Dieu veut qu’ils fassent, parce que j’ai remarqué que cela coïncide toujours avec leurs propres désirs.» ~ Susan B. Anthony 

Si les religions rendaient les gens meilleurs, on ne s’en plaindrait pas...

Something Beautiful Seth Andrews

Why are we so quick to see the ugly... when we stand before the beautiful?
Thanks to Nathan Phelps for lending his voice to this short video, and thanks to our patrons, who have made its production possible: http://www.patreon.com/sethandrews


«Ce n'est pas un Dieu, juste et bon que décrit la Bible, mais un diable portant le nom de Dieu. C'est dans la Bible que l'homme a appris la cruauté, le viol et le meurtre. Croire en un Dieu cruel rend l’homme cruel. Et la Bible est une histoire de méchanceté qui a servi à corrompre et à brutaliser l'humanité. Il y a des choses dans la Bible qu’on prétend tenir expressément de Dieu qui choquent et vont à l’encontre de tous les concepts que nous avons de la justice morale.
   Toutes les institutions nationales religieuses, qu'elles soient juives, chrétiennes ou turques, sont pour moi des inventions humaines implantées pour terrifier et asservir l'humanité, et monopoliser le pouvoir et le profit. Discuter avec un homme qui a renoncé à l'usage de la raison, et dont la philosophie consiste à mépriser les humains, c’est comme administrer des médicaments à un mort, ou tenter de convertir un athée par les Écritures.
   La persécution n'est pas une caractéristique inhérente aux religions, mais elle l’est toujours dans les religions établies par la loi. De toutes les tyrannies qui frappent l'humanité, la tyrannie religieuse est la pire.»
~ Thomas Paine (1737-1809)

Divine cruauté dévotement légitimée : charia chrétienne ou charia coranique, du pareil au même. Dieu, tout bon Dieu qu'il est censé être, devrait prendre des leçons d'humanisme car il semble toujours apprécier les bains de sang en son honneur.

«Parfois, la vérité doit être mise à l’envers pour être vue à l’endroit. Il n’y a ni fossé ni champ de mines dans le monde de la réflexion. Les tyrans et les dictateurs le savent bien. Ils redoutent la liberté que représente la faculté de penser chez leurs concitoyens. Est-ce un rêve outrancier que d’imaginer une civilisation à l’échelle mondiale qui ne soit pas fondée sur l’oppression? Outrancier ou non, c’est un rêve nécessaire. Il est clair que la prochaine génération ne sera sans doute pas beaucoup plus avancée que la nôtre. Mais il est possible que ceux qui viendront plus tard soient moins stupides que nous.»
~ Henning Mankell (Sable mouvant, Fragments de ma vie; Éditions du Seuil, 2015)

L’élection de Bolsonaro est certes une catastrophe pour les Brésiliens, mais aussi planétaire en matière d’environnement. Membre du clan conservateur dit de la «Bancada BBB» (pour «Bible, Bœuf, Balle») qui regroupe des parlementaires liés aux intérêts de la police militaire, des églises évangélistes et de l’agro-industrie, Bolsonaro entend construire une autoroute traversant la forêt amazonienne, répondre au lobby agroalimentaire en ouvrant des droits à la culture du soja et à l'élevage bovin, ouvrir les territoires des communautés indigènes aux entreprises minières, assouplir les lois relatives à la protection de l'environnement et interdire des ONG écologistes.

«Ce que nous voyons résulte d’une multitude d’alliances et de conflits d’intérêts (passés et présents) entre plusieurs pays riches. L’évolution de la démocratie est en crise car les nations sont de moins en moins démocratiques, de plus en plus impérialistes et toujours menées par de grandes corporations qui chuchotent à l’oreille des rois, des présidents et des premiers ministres. C’est ainsi que dans le cadre de la mondialisation, des pays entiers sont vendus à des conglomérats d’entreprises privées qui s’opposent, entre autres, au sevrage des énergies fossiles. Dès qu’il y a des richesses quelque part, les requins arrivent par bandes et compétitionnent pour s’approprier le territoire. De sorte que les populations deviennent les esclaves de nouvelles «gouvernances». (Les passagers clandestins, Métaphores et trompe-l’oeil de l’économie, IANIK MARCIL, Éditions Somme toute, 2016; (p. 127-132)

Globalement, l’Amérique du Sud a connu plusieurs dictateurs chrétiens pervers dont Jair Bolsonaro n’est qu’un archétype supplémentaire. Son ménage «social» du pays pourrait être beaucoup plus brutal et sanglant qu’on ne l’imagine – on dirait que les purges staliniennes l’inspirent. Qu’une dictature soit chrétienne ou communiste, le dénominateur commun est le même : la haine. Le plus désolant est que ses futures victimes ont voté pour lui!

Jair Bolsonaro Wants Brazilian Cops to Kill More. So Why Are Victims of Police Violence Voting for Him?
Rosana Pinheiro-Machado; The Intercept October 18 2018 

Photo: Mario Tama / Getty Images. Brazilian soldiers search Rio de Janeiro favela residents as they attempt to enter and exit their community during a security operation on August 21, 2017.

Brésil : un fasciste au pouvoir

François Brousseau
Le Devoir | 29 octobre 2018 | Chronique

Jair Bolsonaro, encore pire que Trump? Le nouveau président du Brésil, élu par 56 % des électeurs, est un nostalgique déclaré de la dictature militaire qui a sévi de 1964 à 1985... un régime moins sanglant que ceux de l’Argentine et du Chili à la même époque, mais néanmoins brutal et fascisant.

Longtemps obscur député, essentiellement connu pour son art de l’insulte et de l’outrance verbale, Jair Bolsonaro est sorti de l’ombre le 17 avril 2016, à l’occasion d’un discours remarqué en faveur de l’impeachment de l’ancienne présidente Dilma Rousseff.
   Lors du freak show qui avait alors tenu lieu de vote pour accuser Mme Rousseff à la Chambre des députés, Bolsonaro avait dédié son vote à l’ancien colonel Brilhante Ustra, qui avait dirigé la torture sous la dictature. Rousseff ayant elle-même été torturée au début des années 1970 par l’armée brésilienne, l’allusion était transparente et terrifiante.
   Le catalogue des outrances de Jair Bolsonaro est long; il bat sans aucun doute celui de Donald Trump.
   «Si mon fils était homosexuel, je préférerais qu’il meure dans un accident de voiture», a-t-il déclaré à un magazine en 2011. À une assemblée de partisans, il a déclaré qu’il faudrait «fusiller» tous les militants du Parti des travailleurs, le PT de Lula da Silva, de Dilma Rousseff et du candidat malheureux Fernando Haddad.
   Dans les derniers jours de la campagne, il en a rajouté une couche : «Ces bons à rien de rouges seront bannis du pays. Ils auront le choix entre la prison ou l’exil. Ce sera un nettoyage comme on n’en a jamais vu dans toute l’histoire du Brésil.»
   Dans la bouche de Bolsonaro, le thème de «l’épuration» est obsessionnel. Il est d’abord de nature idéologique (en finir avec le socialisme, le gauchisme, l’anarchisme, le communisme). Mais le thème racial n’est jamais loin non plus... Bolsonaro a ainsi répondu à un journaliste qui lui demandait ce qu’il ferait si sa fille sortait avec un Noir : «Ça ne pourrait jamais arriver. Je n’ai pas élevé mes enfants comme ça.»
   On peut aligner les citations pour faire la preuve que Jair Bolsonaro, le personnage politique – moins dans son programme, fumeux et contradictoire, que dans ses déclarations réitérées – est un authentique fasciste.
   Qu’est-ce qui explique ce raz de marée de 56 % en faveur d’un candidat extrémiste? On citera certes la désinformation en ligne, la maîtrise des réseaux sociaux et des rumeurs («Si la gauche de Haddad gagne, ce sera le Venezuela; le gouvernement va vous confisquer vos enfants», etc.).
   Mais il n’y a pas que ça. Il y a au Brésil le sentiment – en partie fondé, en partie exagéré par une rhétorique catastrophiste – d’une débâcle après les années optimistes de l’ère Lula...
   Débâcle économique, avec une récession qui a été très forte en 2013, en 2014... même s’il y a reprise depuis 2017.
   Débâcle sécuritaire, avec les histoires d’homicides au quotidien… même si les chiffres, qui sont très élevés – 30 morts par année par tranche de 100 000 habitants – n’ont pas tellement bougé ces dernières années.
   Débâcle du système politique, avec une corruption réelle et endémique, mais pour laquelle le PT – avec la condamnation de Lula et son exclusion de la course, il y a deux mois – a trinqué plus que les autres, et de façon injuste... La condamnation de Lula, éminemment politique, était dénuée de preuves matérielles et basée uniquement sur la déclaration d’un délateur.
   Pour finir : la décadence de la société, la dévalorisation (selon Bolsonaro) de la morale traditionnelle et de la religion, la prétendue «guerre à la famille». Avec ce thème, Bolsonaro s’est assuré l’appui des Églises évangélistes et la mobilisation à son profit d’une partie des classes populaires.
   Ajoutons-y une gauche fatiguée, malgré la compétence, la modération et la probité (probables) de Fernando Haddad. On a réussi à imposer l’idée qu’il fallait, en toute priorité, chasser le PT... auquel on a réussi à coller tous les péchés du Brésil.
   Un authentique fasciste a conquis démocratiquement la présidence du Brésil. Cela signifie-t-il que le pays bascule lui-même dans le fascisme? C’est la grande inconnue du jour, au Brésil et ailleurs dans le monde...


Quelques citations supplémentaires :

“I am in favor of a dictatorship, a regime of exception.” (Open session of the Câmara dos Deputados, 1993)

Interviewer: If you were the president of the Republic today, would you close the National Congress?
“There’s no doubt about it. I’d do a coup on the same day! It [the Congress] doesn’t work! And I’m sure at least 90 percent of the population would throw a party, would applaud, because it does not work. Congress today is good for nothing, brother, it just votes for what the president wants. If he is the person who decides, who rules, who trumps the Congress, then let’s have a coup quickly, go straight to a dictatorship.” (Câmara Aberta TV program, May 23, 1999)

“The pau-de-arara [a torture technique] works. I’m in favor of torture, you know that. And the people are in favor as well.” (Câmara Aberta TV program, May 23, 1999)

“Through the vote, you will not change anything in this country, nothing, absolutely nothing! It will only change, unfortunately, when, one day, we start a civil war here and do the work that the military regime did not do. Killing some 30,000, starting with FHC [then-President Fernando Henrique Cardoso], not kicking them out, killing! If some innocent people are going to die, fine, in any war, innocents die.” (Câmara Aberta TV program, May 23, 1999)

“I will not fight nor discriminate, but if I see two men kissing in the street, I’ll hit them.” (Folha de São Paulo newspaper, May 19, 2002)

“I’m a rapist now. I would never rape you, because you do not deserve it ... slut!” (Rede TV, speaking to Congresswoman Maria do Rosário, November 11, 2003)  

[Carbon copy: "Women... you have to treat them like shit.” ~ Donald Trump]

“If a homosexual couple comes to live next to me, it will devalue my home! If they walk around holding hands and kissing, that devalues it.” (Playboy Magazine, June 7, 2011)

“I would not employ [a woman] with the same salary [of a man]. But there are many women who are competent.” (SuperPop, RedeTV!, February 15, 2016)

“Beyond Brazil above all, since we are a Christian country, God above everyone! It is not this story, this little story of secular state. It is a Christian state, and if a minority is against it, then move! Let’s make a Brazil for the majorities. Minorities have to bow to the majorities! The law must exist to defend the majorities. Minorities must fit in or simply disappear!” (Event in Campina Grande, Paraíba, February 8, 2017)

“I’ll give carte blanche for the police to kill.” (Event in Deerfield Beach, FL, October 8, 2017)

“This group, if they want to stay here, will have to put itself under the law of all of us. Leave or go to jail. These red marginals will be banished from our homeland.” (Live video address to a rally in São Paulo, October 21, 2018)

“You will not have any more NGOs to quench your leftist hunger. It will be a cleansing never before seen in the history of Brazil.” (Live video address to a rally in São Paulo, October 21, 2018)

“You will see a proud Armed Forces which will be collaborating with the future of Brazil. You, petralhada [a derogatory term for Workers’ Party supporters] will see a civilian and military police with a judicial rearguard to enforce the law on your backs.” (Live video address to a rally in São Paulo, October 21, 2018)

More: Jair Bolsonaro Is Elected President of Brazil. Read His Extremist, Far-Right Positions in His Own Words. Andrew Fishman | The Intercept | October 28 2018

Aucun commentaire:

Publier un commentaire