14 octobre 2018

Longue vie à la pollution industrielle!

Après l’achat du pipeline Trans Mountain, le projet d’usine de gaz naturel liquéfié (GNL) à Kitimat (Colombie-Britannique) pour fournir les gros méthaniers asiatiques, j’avais écrit ironiquement «pourquoi pas une couple de centrales nucléaires avec ça?».
   Eh bien nous y sommes! Le gouvernement fédéral finance la recherche et la construction de nouveaux réacteurs nucléaires. Totalement à contre-courant (1). Le Canada bitumineux est le plus grand émetteur de GES au monde, et le Canada atomique pourrait devenir la plus grande déchetterie nucléaire du monde. N’arrêtons surtout pas la descente vers l’abîme qu’on appelle croissance économique.

À voir – une imitation de Trudeau parfaitement réussie (à la fois drôle et déprimant) :

L'heure est grave
Justin Trudeau le jongleur

Justin Trudeau (alias Jean-François Nadeau) prouve qu'il est possible de jongler avec l'environnement, le pétrole et l'espèce humaine. 
Pourquoi pollue-t-on autant au Canada?

Émission Moteur de recherche
ICI Radio-Canada Première | Le 12 octobre 2018

À 24,4 tonnes de CO2 générés par habitant, les Canadiens sont les terriens qui polluent le plus l'atmosphère, selon des chiffres du World Resources Institute. Comment notre pays en est-il arrivé à atteindre cette première marche d'un podium peu enviable? Annie Chaloux, professeure au département de politiques appliquées de l'Université de Sherbrooke, nous explique que les sables bitumineux sont en grande partie responsables.
   Mme Chaloux souligne que si la moyenne canadienne de production de CO2 par habitant est de 24,4 tonnes, celle de l’Alberta et de la Saskatchewan se situe plutôt aux alentours de 64 à 65 tonnes par personne.
   Pour cette spécialiste, il ne fait pas de doute que les sables bitumineux sont à montrer du doigt pour expliquer ce déséquilibre. «La production des sables bitumineux est pratiquement un non-sens d’une perspective environnementale, affirme-t-elle. Je regardais les chiffres encore tout récemment et on a besoin d’un demi baril de pétrole pour produire en produire un. C’est intenable au plan environnemental et même économique.»
   Outre les sables bitumineux, l’attitude insouciante d’une partie de la population canadienne est aussi problématique, estime Annie Chaloux. Comme les effets tangibles et dévastateurs des changements climatiques tardent à se faire sentir ici, plusieurs ont tendance à ignorer les conséquences mondiales de la pollution.
   «J’entends parfois même des citoyens dire qu’ils sont heureux d’avoir une hausse des températures au Québec, puisqu’on a des automnes plus cléments. On a vraiment une inconscience par rapport à ça et ça fait qu’on va probablement attendre qu’il soit trop tard [pour agir].»
   L’une des solutions à envisager pour inverser la vapeur au Canada serait de se tourner vers la décroissance, croit Mme Chaloux. Ce mouvement politique, économique et social appelle à revoir l’idée selon laquelle la société doit produire toujours davantage dans une logique de croissance.
   À une échelle individuelle, cela pourrait par exemple passer par le fait de manger moins de viande, explique Annie Chaloux.

Audiofil :

Ottawa pourrait relancer le nucléaire

Fannie Olivier
ICI Radio-Canada Nouvelles | Le 8 octobre 2018

Au moment où plusieurs pays ont choisi d'abandonner progressivement l'énergie nucléaire, le Canada espère quant à lui devenir chef de file mondial dans la production de nouveaux types de réacteurs : les petits réacteurs modulaires. L'initiative du gouvernement de Justin Trudeau suscite des espoirs – l'énergie nucléaire ne générant pas de gaz à effets de serre –, mais elle soulève aussi de nombreuses craintes.
   Les petits réacteurs modulaires (PRM) n'existent encore nulle part en Occident, mais Ottawa les considère comme prometteurs. «Le rôle de mon ministère et du gouvernement fédéral est d'explorer le potentiel de ces nouvelles technologies», explique le ministre des Ressources naturelles, Amarjeet Sohi, en entrevue à Radio-Canada.
   Les intervenants de l’industrie nucléaire planchent depuis cet hiver sur une «feuille de route» pour faire du Canada un leader dans le marché naissant d’une nouvelle sorte de réacteur nucléaire. Ils dévoileront début novembre cette stratégie, commandée par le gouvernement fédéral.

Énergie propre?
L'énergie nucléaire est considérée par le gouvernement de Justin Trudeau comme partie intégrante du «panier d'énergies propres» du Canada.
   «Nous voyons le potentiel de cette technologie pour réduire les impacts environnementaux», note le ministre Sohi. Il affirme que son rôle est de rapprocher l’industrie, les intervenants du secteur et les provinces pour «voir comment les PRM peuvent jouer un rôle dans l’éventail énergétique du Canada».[...]
   Mais s'ils ne génèrent pas de gaz à effet de serre, les nouveaux réacteurs produiront toutefois des déchets nucléaires.
   On ignore pour l’instant où seront entreposés ces déchets, qui resteront radioactifs pendant des milliers d’années. Ce sont les développeurs, notamment des entreprises privées, qui devront proposer un plan de gestion des déchets. [...]  

Mouvement antinucléaire
La démarche des libéraux en faveur du nucléaire ne plaît toutefois pas à tous. «Ils n’ont pas de mandat de la population. Il n’y a eu ni consultations ni débat parlementaire. Ils ne devraient pas aller de l’avant», plaide Gordon Edwards, fondateur du Regroupement pour la surveillance du nucléaire.
   Par le passé, Gordon Edwards est monté aux barricades contre un projet d'entreposage de déchets à Chalk River, redoutant que l'eau potable s'en trouve contaminée.
   À l'instar de M. Edwards, Gilles Provost, porte-parole du Ralliement contre la pollution radioactive, estime que la question de la gestion des déchets est au coeur de l'enjeu du nucléaire.
   «L’énergie propre, c’est une question de vocabulaire, signale M.  Provost. Si on veut dire que ce n’est pas dangereux ou que ça ne crée aucune contamination environnementale, alors les PRM ne constituent pas une énergie propre.» Il craint que le Canada devienne parsemé de lieux radioactifs et mal surveillés. [...]

Article intégral :

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En tout cas, ce n’est pas la sagesse qui nous mènera à l’extinction, c’est clair.

Quand les gens ne comprennent ni de la tête ni du cœur ni d’ailleurs, en dernier recours, on utilise l’humour et le cynisme :

Les climatologues confirment qu'il est encore temps de faire sauter la terre

The Onion* | 5 octobre 2018

Groupe d'experts intergouvernemental. Photomontage : The Onion 

GENÈVE, SUISSE – Avertissant que des millions de personnes mourront de faim dans les rues si les dirigeants mondiaux ne prennent pas des mesures décisives, les scientifiques du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat ont confirmé lundi qu'il était encore temps de faire sauter la terre avant que le réchauffement climatique irréversible ne condamne l'humanité à une lente extinction. «En détruisant notre planète dans un maelstrom nucléaire maintenant, nous pouvons éviter les souffrances indues qui caractériseront autrement le siècle prochain», a déclaré le président du GIEC, M. Hoesung Lee, ajoutant qu'un millier d'armes nucléaires stratégiquement placées sur des sites géothermiques actifs cruciaux dans le monde pourrait être suffisant pour inonder la planète de magma blanc et chaud, mettant un terme miséricordieux à cette expérience ratée qu'est l'homme. «Nous avons la technologie pour ce faire; mais ce ne sera pas facile et nous devons agir immédiatement. Nous avions cru qu'il nous resterait au moins un siècle de plus pour faire exploser la terre, mais si l'on veut que l'espèce humaine évite une catastrophe écologique, nous devons commencer hier. Pour ma part, je ne veux pas avoir à regarder mes petits-enfants dans les yeux un jour, et à leur dire que j'aurais pu faire exploser le monde infernal où ils sont forcés de vivre, mais que je ne l’ai pas fait. Ce serait le comble de l'égoïsme.» Lee a ensuite présenté une série de maquettes terrifiantes d'images satellitaires illustrant à quoi pourrait ressembler une terre tragiquement intacte en 2040 et au-delà.

Le PDG d'ExxonMobil, déprimé d'apprendre que le déclin de la terre pourrait survenir avant qu'ils n'aient fini d'extraire tout le pétrole

The Onion* | 10 octobre 2018

Darren Woods. Source photo : The Onion 
IRVING – TX À la suite d'un rapport des scientifiques du Groupe d'experts intergouvernemental sur l’évolution du climat qui suggère que la planète ne disposerait que d'une décennie pour éviter un réchauffement climatique catastrophique, Darren Woods, le PDG d'ExxonMobil, se serait senti déprimé mercredi après avoir réalisé que le déclin de la terre pourrait survenir avant qu'ils n’aient terminé d'extraire tout le pétrole. «Quand j'ai lu le rapport, ça m’a frappé comme une tonne de briques – nous pourrions tous mourir et laisser des milliards de barils de pétrole piégés dans le sol pour toujours», a déclaré Woods, essuyant une larme et ajoutant que l'ensemble de l'industrie pétrolière avait le cœur brisé à l’idée qu'elle pourrait ne pas avoir les décennies nécessaires pour extraire tout le pétrole de la planète comme elle l'avait initialement pensé. «Nous avons déjà établi des plans pour la production de gaz par les futures générations d'employés d'ExxonMobil, c'est donc très traumatisant pour moi de penser qu'ils n’auront peut-être jamais la chance de profiter des mêmes bénéfices que nous avons maintenant. Pensez-y, un jour bientôt, nous serons tous partis et le pétrole restera toujours là sous terre, sans jamais être extrait. C'est une parodie.» Au moment d’aller sous presse, Woods a annoncé qu’ExxonMobil allait quadrupler sa production de pétrole pour tenter de tout l’extraire pendant qu'il est encore temps. 

* La publication satirique The Onion (publiée depuis 1988) met le doigt sur nos paradoxes et notre crédulité sans ménagement.
The Onion | America’s Finest News Source http://www.theonion.com/

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(1) Voyez ce documentaire terrifiant :
The Atomic States of America
By Don Argott, Kelly McMasters, Sheena Joyce ǀ 2012, 1:32

En résumé, le nucléaire ne peut pas être VERT. La confiance aveugle des gens est due à l’ignorance efficacement entretenue par la désinformation, les mensonges, le camouflage et le silence des entreprises industrielles et des institutions gouvernementales. Le pétrole est visible et puant, mais le nucléaire est hypocrite, sournois. Dans l’eau du robinet par exemple, il est invisible, inodore et incolore; c’est sans doute pourquoi on le qualifie «d’énergie propre». Ainsi, les gens ne se rendent compte de rien jusqu’à ce que des épidémies de cancers frappent les populations vivant à proximité des centrales – les fuites sont fréquentes, et personne n’est avisé.
   Le slow poisoning fait son chemin, et le Dr Helen Caldicott explique clairement l’extrême perméabilité du corps aux émissions radioactives invisibles (ce que nient les promoteurs bien sûr). Les compagnies «rassurent» les populations touchées, alléguant le faible taux de particules. Tout le monde croit le baratin et oublie : “mankind is so incredibly stupid”, dit Helen Caldicott. Ce n’est pas d’aujourd’hui qu’elle dénonce l’énergie nucléaire, et elle affirme qu’elle le fera jusqu’à sa mort. Toutefois, de plus en plus de citoyens se mobilisent pour réclamer la fermeture des centrales, des sites de fracturation hydraulique et des mines de charbon.
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Dans la veine de la radioactivité, voici une nouvelle stupéfiante qui n’est pas un canular ou une parodie. L’administration Trump essaye par tous les moyens possibles d'éliminer les restrictions en matière de pollution radioactive et pétrochimique, à renfort de recherches scientifiques falsifiées. 

Bientôt les travailleurs américains seront exposés à des rayonnements radioactifs bénéfiques et aider le boom économique!

Lloyd Alter | Le 3 octobre 2018

Des scientifiques et des sceptiques prétendent que l’exposition au rayonnement radioactif pourrait améliorer la santé des travailleurs. Le toxicologue Edward Calabrese et ses supporteurs répètent depuis des années qu'il y a en réalité un effet d’hormèse (stimulation des défenses biologiques) quand on expose les cellules à de faibles doses de rayonnement radioactif ou de substances cancérigènes car elles peuvent servir de stresseurs et activer les mécanismes de défense du corps; et par conséquemment rendre les gens en meilleure santé. Calabrese compare cela à l'exercice physique ou la lumière du soleil. Peut-on être contre la vertu?
    Avec cette nouvelle règlementation de l’EPA, les gens pourraient travailler de plus longues heures avec moins de protection, et améliorer leur état de santé. Calabrese dit à propos de cette règlementation : «Cela aurait un impact positif sur la santé humaine et sauverait des milliards et des milliards de dollars.»

Suppositoires au radium 

Depuis les années 50, le consensus scientifique a toujours été qu'il n'y avait aucun taux d’exposition sécuritaire au rayonnement radioactif, pas de seuil, et qu'il suit un trajet linéaire : plus on est exposé, plus le risque est grand. C'est ce qu'on appelle la dose linéaire sans seuil ou dose LNT. Des études portant sur des personnes exposées à des rayonnements ont démontré que même de faibles expositions causent une augmentation significative des taux de cancer.
   Calabrese qualifie ce modèle d’«historiquement corrompu et scientifiquement imparfait». Il affirme qu'il existe une «dose idéale» (sweet spot) où les bénéfices dépassent les risques, où les radiations réduisent en fait l'incidence des tumeurs. Les bénéfices pour la santé sont donc optimisés et les risques minimisés.

Produit de beauté au radium! 

À l'EPA, la thèse de Calabrese est soutenue par Steven Milloy qui affirme que la fumée de tabac est inoffensive, que le changement climatique est un canular, que se débarrasser du charbon est vain. Comme par hasard, la recherche de Calabrese a été financée par la Fondation ExxonMobil, qui doit faire face à de gênantes restrictions lors du forage pétrolier.
   D'autres scientifiques pensent que c'est de la folie. Le physicien Jan Beyea, cité par l’Associated Press, a déclaré que la proposition de l'EPA sur les radiations et autres matières dangereuses pour la santé représente des voix «généralement rejetées par la grande majorité des scientifiques». Cette règlementation entraînerait «une augmentation de l'exposition aux produits chimiques et aux rayonnements sur les lieux de travail, à la maison et à l'extérieur, y compris à proximité des sites d’enfouissement nucléaire (superfund)».
   Mais bon, comme avec règlementation allégée sur le mercure, vous devez d'abord penser à l'économie et à tout l'argent qui sera économisé. Et rappelez-vous que c'est bon pour vous!

Article intégral :

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