Ça fait du monde à messe!
Photo :
Sébastien St-Jean, Agence QMI. Le mercredi 3 octobre à Boucherville, les deux délégués
de la CAQ, ont eu de la difficulté à répondre aux questions des journalistes. M. Jolin-Barrette s'est soudainement esquivé sans s'excuser ni expliqué son départ. Le 18 octobre 2018, Geneviève
Guilbault a été nommée vice-première ministre et ministre de la Sécurité
publique, et Simon Jolin-Barrette nommé leader parlementaire et ministre de l’Immigration,
de la Diversité et de l’Inclusion.
Si ces deux députés avaient sonné chez moi pendant
la campagne électorale, j’aurais claqué la porte en pensant que c’était des
Témoins de Jéhovah.
Parmi les choses qui me rebutent dans la formation ADQ / CAQ c’est leur côté catholique pro-vie, anti-avortement, pro-reproduction-familles tout azimut, à principes moraux proches de l’idéologie de Duplessis. Je parie qu’ils vont proposer un deal pour régler le port du voile au sein de la fonction publique (incluant les établissements scolaires) : nous enlevons le crucifix du Salon bleu et en échange les musulmanes ne portent pas de voile dans nos institutions. Paradoxal? Pas du tout, on ne veut simplement pas de conflit ouvert entre catholiques fondamentalistes et musulmans fondamentalistes.
L’ADQ
/ CAQ a toujours défendu des politiques de centre droit : réduction de la
taille de l'État, ménage des finances publiques, abolition de certaines
institutions, grande ouverture au secteur privé, création d’une économie de
propriétaires, augmentation du salaire des profs en retour d'une évaluation des
résultats de leur travail, etc. Des relations houleuses avec les syndicats en
perspective. Bref, un système genre Thatcher/Reagan, ou Donald Trump, ou Institut
Fraser : le développement économique passe par la privatisation et le démantèlement
des services publics. Les électeurs qui ont voté pour la CAQ ont dû croire qu’un
gouvernement constitué d’économistes et de spéculateurs les aideraient à
devenir riches du jour au lendemain. Bonne chance, ce système fonctionne au mérite. Quant à la protection de l’environnement,
la CAQ ouvre les portes à l’exploitation minière, gazière et pétrolière à la
grandeur de la province, et prévoit même un retour à Anticosti. Incroyable.
Pourquoi
héritons-nous de tels dirigeants? «L’une des raisons est la manière dont
les multinationales squattent depuis des décennies le système éducatif
canadien. Les universités forment les cerveaux dont l’économie capitaliste a
besoin. Comment espérer voir surgir des dirigeants pleins de sagesse dans un
pays où les écoles enseignent ce que le pouvoir politique leur enjoint d’enseigner?»
(Nancy Huston; BRUT, Lux Éditeur, 2015)
Photo :
La Presse. La famille CAQ. Découvrez les têtes en gros plan; si vous avez
des notions de morphologie, amusez-vous, c'est passionnant :
Exactement
un mois avant la formation du cabinet ministériel caquiste, Léo-Paul Lauzon a
pris le soin de mettre en garde les électeurs tentés de faire élire un
gouvernement caquiste. Peine perdue. Voici donc ce qui nous attend pendant les
quatre prochaines années. J’ai ajouté aux noms des députés mentionnés (en gras)
le ministère dont ils ont hérité.
La CAQ: un vrai danger public
Léo-Paul
Lauzon *
Journal de Montréal | Mardi, 18 septembre 2018
Avec la CAQ, c’est le patronat au
pouvoir
Sérieusement,
dites-moi que ce n’est pas vrai que vous allez voter pour la CAQ, un parti
politique pire que le PLQ? Ce n’est pas peu dire, vous n’avez qu’à les regarder
aller en campagne électorale. En vrais ignorants qu’ils sont, comme François
Legault nous en a fait la démonstration cette fin de semaine sur le dossier de
l’immigration, ils font déferler de grands principes flous, ils promettent des
choses absolument impossibles à atteindre (comme les «plusses» belles écoles du
monde), de baisser les impôts et de réduire la taille de l’État tout en
assurant plus de services publics. Ils affichent de la méconnaissance en
matière de protection de l’environnement, subjuguée au développement économique
à tout crin. Une croissance économique qui n’est qu’une chimère pour eux.
Chaque jour la CAQ s’enfonce
À
lire les incongruités déballées par la CAQ au quotidien par son chef et ses
supposés gros canons, toute personne dotée d’un minimum d’intelligence et de
lucidité peut facilement constater que ce parti politique se ridiculise chaque
fois qu’il ouvre la bouche. C’est du n’importe quoi, et de ce fait, ce parti
est dangereux. Mes amis, aux prochaines élections, si vous êtes le moindrement
conscientisés aux grands enjeux de société, ne votez pas CAQ ou PLQ. À la
place, pensez Québec solidaire ou Parti québécois. Vous ne pourrez pas dire que
je ne vous ai pas avertis.
À bas la blague du réchauffement
climatique
Un
enfant de dix ans est capable de faire preuve de plus de connaissances sur
l’environnement que François Legault. Mais quelles méconnaissances
environnementales chez celui qui veut être premier ministre! L’avez-vous
entendu parler d’environnement? Et puis, comment le trouvez-vous?
Pour une poignée de redevances très minimes,
avec la CAQ, au diable les émissions de gaz à effet de serre et la protection
du milieu. Déjà que le PLQ était loin d’être un modèle, la CAQ sera pire. Oui,
c’est possible d’être pire. Il ne faut pas sous-estimer les capacités de la CAQ
comme celles de Trump l’ont été. Les libéraux, malgré leur déni hypocrite, vont
permettre les forages dans les cours d’eau du Québec : «Des forages permis dans
les lacs et rivières» (Le Devoir, 3 août 2018). Cours d’eau, réserves fauniques
et terres agricoles | «Les réserves fauniques ouvertes à l’exploration
pétrolière», et «Exploration pétrolière et gazière | Québec refuse de mettre
les terres agricoles à l’abri» (Le Devoir, 18 août et 17 novembre 2016).
Prix de consolation, le PLQ avait au moins
mis fin en 2018 à l’exploration pétrolière et gazière à l’île d’Anticosti, ce à
quoi la CAQ s’oppose : «Anticosti | Legault reste ouvert à l’exploration
pétrolière» (Le Devoir, 12 septembre 2018). Qu’en pensez-vous? Si la CAQ est
prête à «driller» à Anticosti, elle va forer partout. Elle va nous présenter ça
au nom fallacieux du développement durable et responsable. Développement
durable, un leitmotiv formulé par des démagogues qui rime avec croissance
économique à n’importe quel prix. C’est ainsi que l’illustre Jean Charest avait
largué cette autre perle : «Selon Jean Charest | La motoneige serait compatible
avec le développement durable» (Le Journal de Montréal, 18 décembre 2004). Dans
la même lignée que Charest, mais en plus petit : «Environnement | La CAQ veut
rouvrir le parc national du Mont-Tremblant aux motoneiges» (Le Devoir, 17
septembre 2018). Et on va recommencer à avoir de vrais gros sentiers de
motoneige et de quatre roues au nom de l’«essor économique» et du soutien aux
commerçants, comme l’a dit la candidate caquiste «écolo» Nadine Girault [ministre des Relations internationales et de la Francophonie].
Tiens, pourquoi pas ouvrir nos parcs nationaux aux forestières au nom du
progrès? Je vous le redis, voulez-vous vraiment céder les rênes de l’État à des
gens comme la dame Girault? Ou encore au candidat de la CAQ dans
Lac-Saint-Jean, Éric Girard [ministre
des Finances], qui pose la question suivante : «Changements climatiques | “On
se base sur quoi?” demande Éric Girard, un candidat de la CAQ» (Huffington
Post, 17 septembre 2018). Dans l’article on apprend qu’il est «sceptique face
aux phénomènes météorologiques extrêmes qui confirment l’impact des changements
climatiques sur la planète». Il me semble qu’on doit se baser davantage sur la
science que sur son avis personnel.
La sauvegarde des terres agricoles
Au
nom de la sécurité nationale et du bien-être collectif, il faut, comme ailleurs
en Occident, empêcher à tout prix la cession des terres agricoles à des
spéculateurs et à de grosses firmes qui vont alors dicter à leur guise les prix
de produits agricoles et, rendement oblige, ne faire aucun cas de la pollution
en utilisant plein de pesticides, en détruisant beaucoup de milieux humides et
en embauchant beaucoup de travailleurs «temporaires» de l’étranger afin de
réduire les coûts de main-d’œuvre.
Oui, la détention de terres agricoles au
Québec depuis quelques années par des fonds d’investissement inquiète avec
raison tous les partis politiques au Québec qui veulent légiférer, sauf la CAQ :
«L’accaparement des terres agricoles n’inquiète pas la CAQ» (Le Devoir, 7
septembre 2018). La CAQ va même l’encourager afin de faire plaisir au fonds d’investissement
privé Pangea, détenu par Charles Sirois,
qui détient plus de 6000 hectares de terres au Québec. Charles Sirois est cet
affairiste qui a cofondé la CAQ avec son très bon ami François Legault. Vous ne
me croyez pas? Alors, lisez le titre de cet article : «CAQ | Legault et Sirois
présentent leur plan» (La Presse, 2 juin 2011). Soyez assurés que Charles
Sirois va en mener très large au gouvernement si jamais la CAQ est portée au
pouvoir (ce qui voudrait aussi dire que vous aurez été assez idiots pour voter
pour la CAQ en octobre prochain).
Les trous de mémoire du candidat
vedette
L’ex-vice-président
de la Caisse de dépôt et placement du Québec, Christian Dubé [ministre de l’Administration gouvernementale et
président du Conseil du Trésor], celui qui est pressenti pour devenir ministre
des Finances dans un hypothétique gouvernement caquiste, n’est pas très porté
sur l’éthique, surtout quand vient le temps d’accommoder des proches et encore
plus sa douce moitié : «La Caisse investissait dans une entreprise dont sa
conjointe était actionnaire. Dubé ne se souvient plus s’il s’était retiré des
réunions» (Le Journal de Montréal, 13 septembre 2018). Pas encore élu, et déjà
il vous prend pour des valises. Et pour Christian Dubé, la Caisse de dépôt a
bien fait de vendre les actions qu’elle détenait dans Rona à l’américaine
Lowe’s : «La vente de Rona était justifiée, dit Christian Dubé» (Le Journal de
Montréal, 7 septembre 2018). Pis, commencez-vous à changer d’idée?
Des promesses qui ne se
concrétiseraient jamais
Vous
croyez vraiment à des promesses comme ça? «Un médecin de famille pour tous les
enfants» (Le Devoir, 13 septembre 2018). Et pour les parents des enfants,
qu’arrive-t-il? Et puis cette autre : «Un médecin ou une super infirmière en
moins de 36 heures promet la CAQ» (Le Journal de Montréal, 2 septembre 2018).
Beaucoup de promesses sans jamais rentrer dans les détails, mais c’est Québec
solidaire qui est accusé de vivre au pays des Bisounours?
Legault contre les paradis fiscaux
Eugénie
Bouchard est cette joueuse de tennis qui a décidé qu’elle ne voulait plus payer
d’impôt au Québec. Alors elle vient de s’installer aux Bahamas, un paradis
fiscal : «François Legault critique Eugénie Bouchard» (Le Journal de Montréal,
5 septembre 2018). Comme son candidat vedette Christian Dubé, Legault a souvent
des trous de mémoire. En 2016 : «Il affirme qu’Air Transat (compagnie dont il était
un important actionnaire) n’a jamais créé de filiales dans un paradis fiscal,
puis reconnaît ensuite que l’entreprise avait une antenne à la Barbade» (Le
Journal de Québec, 25 janvier 2016). L’arroseur arrosé!
Moins d’État et d’impôt, mais plus de
services publics
«La
CAQ vise l’abolition de 5000 postes dans la fonction publique» (Le Devoir, 29
août 2018). Et aussi le parti promet des baisses d’impôts pour tous, donc moins
d’État qui toutefois serait plus «performant» et livrerait plus de services
publics. Cela ne tient pas la route. Des maisons des aînés d’ici vingt ans et
«5000 classes additionnelles pour la CAQ» (Le Journal de Montréal, 12 septembre
2018). Moins d’argent, moins de fonctionnaires, moins d’État, mais plus de
services!
En vrac
«La
CAQ créerait deux classes d’université», dont certaines, avec des frais de
scolarité plus élevés dans les «grandes» universités (Le Devoir, 29 janvier
2018). Réservées à qui?
«La députée caquiste Geneviève Guilbault [vice-première ministre et ministre de la
sécurité publique] vante le modèle de garderies (commerciales privées non
subventionnées)» (Le Devoir, 17 octobre 2017). Faux : les garderies privées
commerciales sont «full» subventionnées. Surprise : «Garderies privées | Christian Lévesque (de la CAQ) devient
lobbyiste» (Le Journal de Montréal, 16 avril 2013). Malheureusement, les CPE
publics n’ont pas de lobbyiste.
Enfin, la CAQ mise sur l’économiste de la
grosse droite Youri Chassin,
anciennement de l’Institut économique de Montréal, dans Saint-Jérôme, qui affirme
ne pas croire au bien commun. Pour finir : «La CAQ propose le bénévolat forcé chez
les jeunes» (Le Journal de Montréal, 8 novembre 2016). Et trop occupé,
«François Legault n’a jamais participé au défilé de la Fierté» (Le Journal de
Montréal, 21 août 2018). La CAQ et Legault ont des principes moraux très
élevés.
* Léo-Paul
Lauzon est professeur et homme politique. Lors de l'élection fédérale
canadienne de 2006, il était candidat néodémocrate dans la circonscription
d'Outremont. Il déclarait s'être lancé en politique dans le but de s'attaquer
aux inégalités socio-économiques. Il tient un blogue hébergé par Le Journal de
Montréal.
En
complément, quelques ministres qui risquent de gérer leurs ministères
comme des entreprises privées :
– Pierre Fitzgibbon, homme d'affaires, ministre de l’Économie et de l’Innovation. Il
était associé directeur de Partenaires Walter Capital depuis novembre 2015.
– Marie-Ève Proulx, gestionnaire, ministre déléguée au Développement économique
régional. En 2013, elle a démarré son entreprise de consultation et de coaching
de gestion.
– François Bonnardel, homme d'affaires, ministre des
Transports. Il a été élu une première fois comme député de l'Action
démocratique du Québec (ADQ) dans Shefford en 2007, puis il a été réélu en
2008. Il s’est ensuite joint à la CAQ, avec qui il a été réélu en 2012 et 2014.
(1)
– Jonathan Julien, gestionnaire, ministre de l’Énergie et des Ressources naturelles. Il
est l’ancien bras droit de l’actuel maire de Québec, Régis Labeaume.
– Marie-Chantal Chassé, entrepreneure, ministre de l’Environnement
et de la Lutte contre les changements climatiques. Elle était en résidence au
Centech, l’incubateur de l’École de technologie supérieure qui facilite le
démarrage d'entreprises technologiques.
– Jean Boulet, avocat, ministre du Travail, de l’Emploi et de la Solidarité
sociale. Il a œuvré au sein des cabinets Heenan Blaikie et Lavery. Il se
spécialise dans le droit du travail, la négociation de conventions collectives
et le droit de la santé et de la sécurité du travail.
– André Lamontagne, homme d'affaires, ministre de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation.
Député depuis 2014, il était auparavant propriétaire, partenaire et
administrateur de plusieurs entreprises privées.
– Pierre Dufour, homme d'affaires, ministre des Forêts, de la Faune et des Parcs. Il
est copropriétaire d'une agence de voyages à Amos. Il a aussi été directeur
général au sein du Centre local de développement de la Vallée-de-l’Or.
----
(1)
Bonnardel et Normandeau, un couple suspect – En avril 2009, la
vice-première ministre Nathalie Normandeau annonce qu’elle a une relation amoureuse
avec un membre de l’opposition, François Bonnardel, député adéquiste de
Shefford. Les analystes soupèsent les enjeux éthiques soulevés par cette liaison.
Comment assurer le secret des délibérations et des documents du Conseil des
ministres, tant au PLQ qu’à l’ADQ? Quel traitement le ministère des Affaires
municipales réserve-t-il aux dossiers touchant la circonscription du député de
l'opposition? Jean Charest refusera la démission de Normandeau.
Un beau petit couple quand même.
Après leur rupture, Normandeau aura une
liaison avec l'ancien directeur du Service de police de la ville de Montréal,
Yvan Delorme.
Le 17 mars 2016, elle fut arrêtée par
l'Unité permanente anticorruption (UPAC) en lien avec du financement illégal de
partis politiques. Elle fait face à sept chefs d'accusation qui pourraient lui
valoir jusqu'à 20 ans d'emprisonnement. Elle est accusée de complot, fraude,
abus de confiance, corruption de fonctionnaires et utilisation de la charge
publique pour obtenir des faveurs. D'autres personnalités politiques ont
également été arrêtées au même moment. Nathalie Normandeau n’a toujours pas subi de procès, et je doute que ce sera le
cas en raison de notre système de justice défaillant et inefficace, surtout depuis
l’adoption de l’arrêt Jordan par la Cour suprême – ce système plafonne la
durée des procédures judiciaires et du procès à 18 mois pour une
cour provinciale et à 30 moins pour les cours supérieures. Beaucoup d’accusés
ayant commis des crimes graves ont ainsi été libérés.
Aucun commentaire:
Publier un commentaire