13 octobre 2018

Commode la charia pour saucissonner des dissidents

«Les hommes sont monstrueux dans leurs outrances. Mais comment peut-on être une toute petite planète de rien du tout, 40 000 kilomètres – 40 000 kilomètres, c’est rien – on peut en faire le tour à vélo dans une vie, largement.
   Eh bien, comment se fait-il que les gens se torturent? Je pense à tous les massacres qu’on voit en Afrique du Nord, tout ça partout, au Bangladesh, tous ces gens qui se torturent, qui s’arrachent les tripes et tout, mais pourquoi?! Pour quelle finalité?
   Toutes ces guerres qui finissent par s’oublier, entre guillemets, un jour. Les gars s’entendent après, et il ne reste que les connards. Les autres y ont laissé leur viande quoi! Dans cette aventure, ils ont été torturés, ils ont été hachés pour rien.
   Et comment peut-on être aussi con, comment l’homme peut-il avoir cette connerie mauvaise de continuer cette espèce de massacre? Comme si la mort ne suffisait pas. On a déjà assez de la fatalité de la mort qui nous échappe. Eh bien, en plus, ils ont besoin de pousser le mouvement. Ils ont besoin d’aller plus vite qu’elle. C’est effroyable! Non?»  

~ Frédéric Dard alias San-Antonio, 1921-2000 (Documentaire biographique – Cette Mort Dont Je Parlais, Youtube)

Le droit basé sur la charia

En Arabie Saoudite C’est à partir de la charia que des érudits musulmans émettent des opinions et des interprétations qui façonnent le droit saoudien et guident les juges. Les lois sont aussi subordonnées à la charia. Tout ce cadre juridique s’applique autant aux Saoudiens qu’aux étrangers installés dans le pays ou en visite.
   L’islam est la religion obligatoire, et tout autre culte non musulman est interdit. Donc, officiellement, tous les Saoudiens sont musulmans, en grande majorité des sunnites. Renoncer à l’islam est d’ailleurs un crime passible de la peine de mort.
   L’Arabie saoudite possède une police religieuse, la muttawa, dont le mandat est de s’assurer que la charia est respectée notamment pour arrêter ceux qui se livrent à des activités homosexuelles ou pour s’assurer que les interdictions de manger du porc et de boire de l’alcool sont respectées. En 2012, le Comité pour le commandement de la vertu et la répression du vice, dont dépend cette police religieuse, est intervenu pour 314 122 infractions. La plupart des contrevenants se sont engagés à ne plus avoir de comportements illicites, mais 8 % des cas ont été transférés à la police ou aux tribunaux. Selon Amnistie internationale, les châtiments corporels, surtout la flagellation, mais aussi l'amputation, sont souvent infligés par les tribunaux.
   La muttawa peut d’ailleurs «harceler, poursuivre ou même agresser» les étrangers qui ne respectent pas les règles de conduite et le code vestimentaire du pays, souligne le gouvernement canadien dans son avis aux voyageurs.
   Certaines infractions, dont celles à caractère sexuel, sont automatiquement sanctionnées de peines de flagellation, et dans d'autres cas, comme celui du blogueur Raïf Badawi; ces châtiments sont à la discrétion des juges, qui peuvent imposer de plusieurs dizaines à des milliers de coups de fouet.
   Dans quels cas la peine de mort peut être appliquée? La peine capitale est imposée dans plusieurs cas, entre autres : meurtre; viol; trafic de drogue; terrorisme; adultère; homosexualité. Les condamnés sont le plus souvent soumis à la décapitation au sabre en public. Le droit saoudien prévoit aussi la lapidation dans des cas d'adultère notamment. Parmi les châtiments corporels s’ajoutent aussi la bastonnade et l’énucléation oculaire (loi du Talion – oeil pour oeil).


Photo : Heri Juanda / SIPA. Flagellation publique, Indonésie, 09/06/11  

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Quand même incroyable, ils ont du front tout l’tour de la tête comme on dit en québécois (l’expression désigne une personne effrontée, qui a du culot, du toupet) :

Un parti veut intégrer la charia à la constitution nationale en Belgique

L’heure du monde
ICI Radio-Canada Première | Le 12 octobre 2018

Le programme du parti Islam en Belgique contient plusieurs éléments non controversés comme la réglementation du prix de l'eau ou l'instauration d'un revenu minimal, mais certains points de la plateforme proposée choquent les Belges, comme la légalisation de la polygamie ou l'intégration de la loi islamique à la constitution nationale.
   «C'est simplement le fait que nous voulons officialiser cette polygamie qui s'appelle ‘avoir des maîtresses‘, tout simplement. Les femmes qui se prêtent au jeu de maîtresses, si elles y réfléchissent, elles se diront qu'au moins elles auront un statut pour hériter de leur mari, comme la première épouse.» (Ali Bakkali Tahiri, président du parti Islam)  
   Le parti veut également offrir des espaces dédiés aux femmes aux heures de pointe dans les transports en commun, afin de diminuer les risques d'attouchements. Ali Bakkali Tahiri croit que ces idées ne devraient pas créer de polémique, mais certains conseillers municipaux réclament l’interdiction du parti Islam. Le parti Islam présente deux candidats aux élections municipales en Belgique.

Ouverture à la modernité : les femmes ont maintenant le droit de conduire!  

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L'Arabie saoudite, État de m*rde  

Patrick Lagacé | Débats | La Presse 13 octobre 2018  

(Extrait)

Les Saoudiens jouent les innocents, ils ont affirmé publiquement que Khashoggi était sorti par une porte dérobée, mais, manque de pot, les services de renseignement turcs ont des caméras qui encerclent l'immeuble : Khashoggi, a fait savoir la Turquie, n'est jamais sorti du consulat. [...]  
   Pour emprunter un cliché cher aux rédacteurs de manchettes diplomatiques, l'affaire Khashoggi «met à l'épreuve la relation américano-saoudienne». En effet, les États-Unis se sont déclarés «préoccupés» par la disparition d'un commentateur qui écrivait dans les pages d'un des plus grands journaux américains, un journal ayant pignon sur rue dans la capitale, Washington.
   C'est évidemment de la bullshit, la relation américano-saoudienne va rester solide comme de l'or, parce que la dictature d'Arabie saoudite est une pompiste de pétrole fiable en plus d'être la rivale de l'ennemi désigné des États-Unis dans la région du golfe Persique, l'Iran.
   Ça fait des décennies que l'Arabie saoudite emprisonne et martyrise ses dissidents (bonjour Raif Badawi). Ça fait des décennies que l'Arabie saoudite traite les femmes en citoyennes de seconde zone. Et ça fait des décennies que l'Arabie saoudite tolère la propagation des versions les plus obscurantistes de l'islam partout dans le monde, propagation qui a joué un rôle dans les attaques de 2001. [...]
Ce n'est pas parce qu'on rit que c'est drôle, mais il y a quelque chose de tristement comique à voir le concert d'indignation qui se fait entendre depuis qu'on soupçonne fortement que Jamal Khashoggi a été torturé et tué dans le consulat d'Arabie saoudite à Istanbul.
   Voyez plutôt : le régime sanguinaire de Mohammed ben Salmane organise dans deux semaines à Riyad la Future Investment Initiative, où sont conviés penseurs et financiers du monde entier. Une sorte de Sommet de Davos du désert où des investisseurs et brasseurs de fric de partout vont tenter de se téter des miettes du gigantesque fonds d'investissement souverain de la dictature de sable, le PIF, sous le noble vernis de discussions sur la transformation de l'économie saoudienne. [...]  
   Devinez par ailleurs qui était un des commanditaires de la super conférence saoudienne? Le New York Times! [...]
   Avant la disparition du commentateur Khashoggi, il n'y avait pas d'élections libres en Arabie saoudite. On n'y trouvait pas de presse libre, pas de vie politique digne de ce nom et pas de trace de cette pierre angulaire de tout État véritablement démocratique que sont des tribunaux indépendants qui appliquent la règle de droit. Non, on n'y trouvait que des tribunaux inféodés au pouvoir et qui interprètent la loi selon le Coran, comme au XIVe siècle.


Il faut parfois user de cynisme pour dénoncer le mensonge outrancier : 

Les Saoudiens insistent : le journalise disparu était déjà démembré lorsqu’il a quitté le consulat

The Onion * | America’s Finest News Source http://www.theonion.com/

RIYAD, ARABIE SAOUDITE – Le prince héritier Mohammad ben Salman a fait une déclaration lundi, affirmant que le journaliste en exil Jamal Khashoggi, porté disparu la semaine dernière, avait déjà été démembré avant son départ du consulat saoudien à Istanbul, affirmant qu'ils n'avaient pas pu jouer un rôle dans cette disparition. «Selon toutes les sources fiables disponibles à l'ambassade, le torse sans bras et sans jambes de Khashoggi a été vu en train de quitter le consulat jeudi», peut-on lire dans le communiqué, ajoutant que cette affirmation pourrait être étayée par des images de caméras de sécurité montrant le bras droit coupé du journaliste en train de quitter un ascenseur au premier étage le même jour, ainsi que plusieurs témoins ayant vu des morceaux de corps hachés en train d'appeler un taxi devant le consulat dans l'après-midi. «Bien que Khashoggi ait souvent critiqué notre régime, nous pouvons attester que son assassinat et son démembrement n'ont pas pu être le fait du gouvernement saoudien. La chronologie ne correspond tout simplement pas. Tout ce que nous savons, c'est que le journaliste était couvert de sang et qu'il lui manquait plusieurs membres lorsqu'il est arrivé au consulat mardi et qu'il est reparti jeudi – ce qui lui est arrivé après cela reste un mystère pour nous. Vraiment, on était coincés à nettoyer après. C'était impoli d'entrer et de laisser un gros bordel partout.» Au moment d’aller sous presse, les journalistes qui rendaient compte de ce reportage avaient été démembrés.

* La publication satirique The Onion (publiée depuis 1988) met le doigt sur nos paradoxes et notre crédulité sans ménagement.

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