Dès
qu’un système politique se déclare investi d’un pouvoir divin, le despote s’inspire
de la Bible et impose ses principes «moraux», n’hésitant pas à persécuter,
torturer, emprisonner et assassiner tout opposant. L’homme n’est pourtant qu’un
simple humain qui se déresponsabilise de ses actes en prétendant être guidé par
Dieu.
Le
tsunami chrétien hardcore –
catholique, protestant, évangéliste born
again – prend de l’expansion à travers les Amériques, du Sud jusqu’au Nord.
Aux États-Unis, nous voyons une sorte de djihad
chrétien orchestré en coulisses par Mike Pence en vue d’établir un gouvernement
chrétien radical. Il se déclare, dans cet ordre d’importance : ‘chrétien,
conservateur et républicain’. «Le réchauffement climatique est un mythe.
L’accord de Paris est un désastre», dit-il. «L’ennemi est la laïcité. Nous
voulons un gouvernement dirigé par Dieu. C'est le seul gouvernement légitime.
Nous voulons un capitalisme biblique, fondé sur l'idée que notre système
économique est organisé par Dieu.» Pence affirme que c’est Dieu qui commande et
guide les décisions de l’administration Trump.
Nous avons quelques copies carbones au
Canada. Entre autres, le chef du Parti
conservateur du Canada, Andrew Scheer (dauphin de Stephen Harper et admirateur
de Ted Cruz et Marco Rubio) – un créationniste, climato-négationniste, pro-pétrole,
pro-armes, anti-avortement, homophobe, etc.
«Je
me méfie de ces gens qui savent si bien ce que Dieu veut qu’ils fassent, parce
que j’ai remarqué que cela coïncide toujours avec leurs propres désirs.» ~
Susan B. Anthony
Si
les religions rendaient les gens meilleurs, on ne s’en plaindrait pas...
Something
Beautiful – Seth
Andrews
Why are we so quick to see the ugly... when we stand
before the beautiful?
Thanks to Nathan Phelps for lending his voice to this
short video, and thanks to our patrons, who have made its production possible: http://www.patreon.com/sethandrews
«Ce n'est pas un Dieu, juste et bon que décrit la Bible, mais un diable portant le nom de Dieu. C'est dans la Bible que l'homme a appris la cruauté, le viol et le meurtre. Croire en un Dieu cruel rend l’homme cruel. Et la Bible est une histoire de méchanceté qui a servi à corrompre et à brutaliser l'humanité. Il y a des choses dans la Bible qu’on prétend tenir expressément de Dieu qui choquent et vont à l’encontre de tous les concepts que nous avons de la justice morale.
Toutes les institutions nationales
religieuses, qu'elles soient juives, chrétiennes ou turques, sont pour moi des
inventions humaines implantées pour terrifier et asservir l'humanité, et monopoliser
le pouvoir et le profit. Discuter avec un homme qui a renoncé à l'usage de la
raison, et dont la philosophie consiste à mépriser les humains, c’est comme
administrer des médicaments à un mort, ou tenter de convertir un athée par les
Écritures.
La persécution n'est pas une caractéristique
inhérente aux religions, mais elle l’est toujours dans les religions établies
par la loi. De toutes les tyrannies qui frappent l'humanité, la tyrannie religieuse
est la pire.»
~
Thomas Paine (1737-1809)
Divine
cruauté dévotement légitimée : charia chrétienne ou charia coranique, du
pareil au même. Dieu, tout bon Dieu
qu'il est censé être, devrait prendre des leçons d'humanisme car il semble toujours
apprécier les bains de sang en son honneur.
«Parfois,
la vérité doit être mise à l’envers pour être vue à l’endroit. Il n’y a ni
fossé ni champ de mines dans le monde de la réflexion. Les tyrans et les
dictateurs le savent bien. Ils redoutent la liberté que représente la faculté
de penser chez leurs concitoyens. Est-ce un rêve outrancier que d’imaginer une
civilisation à l’échelle mondiale qui ne soit pas fondée sur l’oppression?
Outrancier ou non, c’est un rêve nécessaire. Il est clair que la prochaine
génération ne sera sans doute pas beaucoup plus avancée que la nôtre. Mais il
est possible que ceux qui viendront plus tard soient moins stupides que nous.»
~
Henning Mankell (Sable mouvant, Fragments
de ma vie; Éditions du Seuil, 2015)
L’élection
de Bolsonaro est certes une catastrophe pour les Brésiliens, mais aussi planétaire
en matière d’environnement. Membre du clan conservateur dit de la «Bancada BBB»
(pour «Bible, Bœuf, Balle») qui regroupe des parlementaires liés aux intérêts
de la police militaire, des églises évangélistes et de l’agro-industrie, Bolsonaro
entend construire une autoroute traversant la forêt amazonienne, répondre au
lobby agroalimentaire en ouvrant des droits à la culture du soja et à l'élevage
bovin, ouvrir les territoires des communautés indigènes aux entreprises
minières, assouplir les lois relatives à la protection de l'environnement et
interdire des ONG écologistes.
«Ce
que nous voyons résulte d’une multitude d’alliances et de conflits d’intérêts
(passés et présents) entre plusieurs pays riches. L’évolution de la démocratie
est en crise car les nations sont de moins en moins démocratiques, de plus en
plus impérialistes et toujours menées par de grandes corporations qui
chuchotent à l’oreille des rois, des présidents et des premiers ministres.
C’est ainsi que dans le cadre de la mondialisation, des pays entiers sont
vendus à des conglomérats d’entreprises privées qui s’opposent, entre autres,
au sevrage des énergies fossiles. Dès qu’il y a des richesses quelque part, les
requins arrivent par bandes et compétitionnent pour s’approprier le territoire.
De sorte que les populations deviennent les esclaves de nouvelles
«gouvernances». (Les passagers
clandestins, Métaphores et trompe-l’oeil de l’économie, IANIK MARCIL,
Éditions Somme toute, 2016; (p. 127-132)
Globalement,
l’Amérique du Sud a connu plusieurs dictateurs chrétiens pervers dont Jair
Bolsonaro n’est qu’un archétype supplémentaire. Son ménage «social» du pays
pourrait être beaucoup plus brutal et sanglant qu’on ne l’imagine – on dirait
que les purges staliniennes l’inspirent. Qu’une dictature soit chrétienne ou
communiste, le dénominateur commun est le même : la haine. Le plus désolant est que ses futures victimes ont voté pour
lui!
Jair
Bolsonaro Wants Brazilian Cops to Kill More. So Why Are Victims of Police
Violence Voting for Him?
Rosana Pinheiro-Machado; The Intercept October 18 2018
Photo:
Mario Tama / Getty Images. Brazilian soldiers search Rio de Janeiro favela
residents as they attempt to enter and exit their community during a security
operation on August 21, 2017.
Brésil : un fasciste au pouvoir
François
Brousseau
Le
Devoir | 29 octobre 2018 | Chronique
Jair Bolsonaro, encore pire que Trump? Le nouveau président du Brésil, élu
par 56 % des électeurs, est un nostalgique déclaré de la dictature militaire
qui a sévi de 1964 à 1985... un régime moins sanglant que ceux de l’Argentine
et du Chili à la même époque, mais néanmoins brutal et fascisant.
Longtemps
obscur député, essentiellement connu pour son art de l’insulte et de l’outrance
verbale, Jair Bolsonaro est sorti de l’ombre le 17 avril 2016, à l’occasion
d’un discours remarqué en faveur de l’impeachment de l’ancienne présidente
Dilma Rousseff.
Lors du freak show qui avait alors tenu lieu
de vote pour accuser Mme Rousseff à la Chambre des députés, Bolsonaro avait
dédié son vote à l’ancien colonel Brilhante Ustra, qui avait dirigé la torture
sous la dictature. Rousseff ayant elle-même été torturée au début des années
1970 par l’armée brésilienne, l’allusion était transparente et terrifiante.
Le catalogue des outrances de Jair Bolsonaro
est long; il bat sans aucun doute celui de Donald Trump.
«Si
mon fils était homosexuel, je préférerais qu’il meure dans un accident de
voiture», a-t-il déclaré à un magazine en 2011. À une assemblée de
partisans, il a déclaré qu’il faudrait «fusiller» tous les militants du Parti
des travailleurs, le PT de Lula da Silva, de Dilma Rousseff et du candidat
malheureux Fernando Haddad.
Dans les derniers jours de la campagne, il
en a rajouté une couche : «Ces bons à
rien de rouges seront bannis du pays. Ils auront le choix entre la prison ou
l’exil. Ce sera un nettoyage comme on n’en a jamais vu dans toute l’histoire du
Brésil.»
Dans la bouche de Bolsonaro, le thème de
«l’épuration» est obsessionnel. Il est d’abord de nature idéologique (en finir
avec le socialisme, le gauchisme, l’anarchisme, le communisme). Mais le thème
racial n’est jamais loin non plus... Bolsonaro a ainsi répondu à un journaliste
qui lui demandait ce qu’il ferait si sa fille sortait avec un Noir : «Ça ne pourrait jamais arriver. Je n’ai pas
élevé mes enfants comme ça.»
On peut aligner les citations pour faire la
preuve que Jair Bolsonaro, le personnage politique – moins dans son programme,
fumeux et contradictoire, que dans ses déclarations réitérées – est un
authentique fasciste.
Qu’est-ce qui explique ce raz de marée de 56
% en faveur d’un candidat extrémiste? On citera certes la désinformation en
ligne, la maîtrise des réseaux sociaux et des rumeurs («Si la gauche de Haddad
gagne, ce sera le Venezuela; le gouvernement va vous confisquer vos enfants»,
etc.).
Mais il n’y a pas que ça. Il y a au Brésil
le sentiment – en partie fondé, en partie exagéré par une rhétorique
catastrophiste – d’une débâcle après les années optimistes de l’ère Lula...
Débâcle
économique, avec une récession qui a été très forte en 2013, en 2014...
même s’il y a reprise depuis 2017.
Débâcle
sécuritaire, avec les histoires d’homicides au quotidien… même si les
chiffres, qui sont très élevés – 30 morts par année par tranche de 100 000
habitants – n’ont pas tellement bougé ces dernières années.
Débâcle
du système politique, avec une corruption réelle et endémique, mais pour
laquelle le PT – avec la condamnation de Lula et son exclusion de la course, il
y a deux mois – a trinqué plus que les autres, et de façon injuste... La condamnation
de Lula, éminemment politique, était dénuée de preuves matérielles et basée
uniquement sur la déclaration d’un délateur.
Pour
finir : la décadence de la société, la dévalorisation (selon Bolsonaro) de
la morale traditionnelle et de la religion, la prétendue «guerre à la famille».
Avec ce thème, Bolsonaro s’est assuré l’appui des Églises évangélistes et la
mobilisation à son profit d’une partie des classes populaires.
Ajoutons-y une gauche fatiguée, malgré la
compétence, la modération et la probité (probables) de Fernando Haddad. On a
réussi à imposer l’idée qu’il fallait, en toute priorité, chasser le PT...
auquel on a réussi à coller tous les péchés du Brésil.
Un authentique fasciste a conquis
démocratiquement la présidence du Brésil. Cela signifie-t-il que le pays bascule
lui-même dans le fascisme? C’est la grande inconnue du jour, au Brésil et
ailleurs dans le monde...
Quelques
citations supplémentaires :
“I am
in favor of a dictatorship, a regime of exception.” (Open session
of the Câmara dos Deputados, 1993)
Interviewer: If you were the president of the Republic
today, would you close the National Congress?
“There’s
no doubt about it. I’d do a coup on the same day! It [the Congress] doesn’t
work! And I’m sure at least 90 percent of the population would throw a party,
would applaud, because it does not work. Congress today is good for nothing,
brother, it just votes for what the president wants. If he is the person who
decides, who rules, who trumps the Congress, then let’s have a coup quickly, go
straight to a dictatorship.” (Câmara Aberta TV program, May
23, 1999)
“The pau-de-arara
[a torture technique] works. I’m in
favor of torture, you know that. And the people are in favor as well.” (Câmara
Aberta TV program, May 23, 1999)
“Through the vote, you will not change anything in
this country, nothing, absolutely nothing! It will only change, unfortunately,
when, one day, we start a civil war here and do the work that the military
regime did not do. Killing some 30,000, starting with FHC [then-President
Fernando Henrique Cardoso], not kicking them out, killing! If some innocent
people are going to die, fine, in any war, innocents die.” (Câmara Aberta TV
program, May 23, 1999)
“I
will not fight nor discriminate, but if I see two men kissing in the street,
I’ll hit them.” (Folha de São Paulo newspaper, May 19, 2002)
“I’m
a rapist now. I would never rape you, because you do not deserve it ... slut!” (Rede
TV, speaking to Congresswoman Maria do Rosário, November 11, 2003)
[Carbon copy: "Women...
you have to treat them like shit.” ~ Donald Trump]
“If a homosexual couple comes to live next to me, it
will devalue my home! If they walk around holding hands and kissing, that
devalues it.” (Playboy Magazine, June 7, 2011)
“I would not employ [a woman] with the same salary [of
a man]. But there are many women who are competent.” (SuperPop, RedeTV!,
February 15, 2016)
“Beyond
Brazil above all, since we are a Christian country, God above everyone! It is
not this story, this little story of secular state. It is a Christian state,
and if a minority is against it, then move! Let’s make a Brazil for the
majorities. Minorities have to bow to the majorities! The law must exist to
defend the majorities. Minorities must fit in or simply disappear!” (Event
in Campina Grande, Paraíba, February 8, 2017)
“I’ll
give carte blanche for the police to kill.” (Event in
Deerfield Beach, FL, October 8, 2017)
“This group, if they want to stay here, will have to
put itself under the law of all of us. Leave or go to jail. These red marginals
will be banished from our homeland.” (Live video address to a rally in São
Paulo, October 21, 2018)
“You
will not have any more NGOs to quench your leftist hunger. It will be a
cleansing never before seen in the history of Brazil.” (Live
video address to a rally in São Paulo, October 21, 2018)
“You will see a proud Armed Forces which will be
collaborating with the future of Brazil. You, petralhada [a derogatory term for
Workers’ Party supporters] will see a civilian and military police with a
judicial rearguard to enforce the law on your backs.” (Live video address to a
rally in São Paulo, October 21, 2018)
More: Jair
Bolsonaro Is Elected President of Brazil. Read His Extremist, Far-Right
Positions in His Own Words. Andrew Fishman | The Intercept | October 28
2018