13 mai 2018

Les fleurs sauvages au secours des grandes cultures

Voilà une nouvelle réjouissante car les tests semblent obtenir des résultats positifs. Puisque nos décideurs politiques à la solde des lobbies agroindustriels ne comprennent rien et refusent de bannir les semences, pesticides et insecticides de Monsanto, peut-être que nos agriculteurs autonomes pourraient s’inspirer de ces recherches et changer la donne... Monsanto n’empoisonne pas seulement les agriculteurs qui pulvérisent ses produits, il empoisonne toute la chaine du vivant, et conséquemment vous et moi (1).


Comment les insecticides peuvent contaminer l’environnement. Les néonicotinoïdes sont les insecticides les plus utilisés dans le monde. Insérés dans les graines, les neurotoxines apparaissent dans toutes les parties de la plante.  
La chaine de propagation :
1. Le pesticide est intégré dans la semence.
2. Les oiseaux peuvent manger les semences traitées.
3. La contamination se propage dans l’air par la poussière soulevée durant l’ensemencement.
4. Le pollen et le nectar ingérés par les abeilles sont contaminés.
5. L’insecticide se répand dans les champs, les ruisseaux, les rivières, les océans.
6. Année après année le contaminant s’accumule dans les sols. 

La vinaigrette qui tue...  


Les pesticides «tueurs d'abeilles» menacent l'ensemble de la biodiversité
Publié le mardi 19 septembre 2017

Ce sont les apiculteurs qui ont tiré les premiers la sonnette d'alarme quant aux dangers des néonicotinoïdes [neonics], en rapportant des morts massives d'abeilles. Ces dernières s'abreuvaient du pollen contaminé par les pesticides, en plus de voler à travers les nuages de poussière dans les champs où le sol et les semences sont gorgés de produits chimiques. L'extermination des abeilles entraînée par ces pesticides n'était donc que la pointe de l'iceberg, selon les chercheurs.
   «Tous les autres pollinisateurs qui ne font pas du miel – les bourdons, les abeilles sauvages, les coccinelles – tous ces insectes qui ont la fonction de polliniser sont également exposés et donc ressentent les mêmes effets, la disparition se produit à la même échelle pour ces insectes sauvages dont personne ne s'occupe, mais qui ont un rôle fondamental dans les écosystèmes, parce que sans pollinisateurs, il n'y a pas de fruits, pas de légumes et pas d'agriculture.» Une des conclusions, c’est que les objectifs de l’utilisation des néonicotinoïdes – se débarrasser des ravageurs sans toucher les insectes bénéfiques comme les pollinisateurs – ces objectifs ne sont pas du tout atteints, et c’est même le contraire. Les ravageurs se mettent à résister, donc, il va y en avoir de plus en plus, et les insectes utiles, eux, sont les victimes collatérales de ses insecticides. Par ailleurs, l'expert Jean-Marc Bonmatin, chercheur au Centre national de la recherche scientifique en France, a souligné qu'en Europe, aucune baisse substantielle des récoltes n'a été observée depuis que les néonicotinoïdes ont été bannis, il y a quatre ans.
   Or, tous ne sont pas de cet avis. Le président du Conseil des entrepreneurs agricoles du Québec, Jacques Cartier, utilise lui-même des néonicotinoïdes sur ses terres agricoles. Il soutient que ces pesticides lui donnent une forme d'assurance pour ses récoltes de maïs et de haricots, particulièrement vulnérables aux insectes.
   Pas de décision au Canada avant 2018. La chercheuse à la Fondation David Suzuki, Lisa Gue, qui a aussi participé à la publication de la mise à jour du rapport, estime que le Canada doit emboîter le pas aux Européens et interdire ces pesticides. «J'ai espoir que les décideurs politiques et que les autorités gouvernementales du Canada vont voir ce rapport comme un signal d'alarme pour agir», a-t-elle commenté. Depuis 2013, l'Union européenne interdit l'utilisation des trois «neonics» les plus répandus et prévoit élargir l'interdiction à d'autres cultures. La France se prépare quant à elle à bannir complètement la substance dès l'an prochain.
Article intégral :

Des bandes de fleurs sauvages à travers les champs agricoles pourraient réduire l'épandage de pesticides

Damian Carrington, Environment editor
The Guardian | Wed 31 Jan 2018

De longues bandes de fleurs aux couleurs vives ont été plantées dans les champs pour attirer les prédateurs naturels et potentiellement réduire l'épandage de pesticides. Dans le cadre d'un essai du Centre for Ecology and Hydrology (CEH), les chercheurs en ont planté dans 15 grandes exploitations en Europe centrale et en Angleterre à l'automne dernier, et ils suivront les résultats pendant cinq ans.  On espère aider les prédateurs naturels à s’attaquer aux insectes ravageurs qui endommagent les cultures céréalières.
   La préoccupation concernant les dommages environnementaux causés par les pesticides a augmenté rapidement au cours des dernières années. L'utilisation de fleurs sauvages pour aider des insectes utiles tels que les bombyles, les guêpes parasites et les coccinelles (carabes), a permis de réduire le nombre de parasites nuisibles dans les cultures et même d'augmenter leurs rendements.
   Jusqu'à récemment on plantait des bandes de fleurs sauvages seulement autour des champs, de sorte que les prédateurs naturels n’étaient pas en mesure d'atteindre le centre des grandes surfaces. «Quand vous pensez à la taille d'une coccinelle, c'est une longue marche sanglante pour se rendre au milieu du champ», disait le professeur Richard Pywell, du CEH.

Photo : Matthias Tschumi, Agroscope, Suisse *. Les bandes de fleurs permettent aux insectes utiles de s’attaquer aux insectes nuisibles dans l'ensemble du champ.

Guidés par GPS les fermiers peuvent récolter facilement entre les bandes de fleurs sauvages et les laisser tout au long de l'année comme refuges. Les premiers tests de Pywell montrent que planter les bandes à 100m les unes des autres permet aux prédateurs d'attaquer les pucerons et autres parasites sur l'ensemble du champ. Les fleurs utilisées incluent la grande marguerite, le trèfle rouge, la centaurée commune et la carotte sauvage.
   Dans les nouveaux essais sur le terrain, les bandes feront six mètres de large, et l’ensemble occupera jusqu'à 2 % de la zone de culture. On les surveillera durant un cycle de rotation complet du blé d'hiver, du colza oléagineux et de l'orge de printemps.
   «C'est un test décisif – nous, les scientifiques, devons trouver de vraies solutions pratiques», dit Pywell, qui a dirigé une importante étude publiée en 2017 montrant que les insecticides néonicotinoïdes endommageaient les populations d'abeilles, pas seulement des insectes nuisibles particuliers.
   Dans les nouveaux essais, les scientifiques surveilleront les signes qui pourraient  démontrer qu’attirer les insectes utiles au centre du champ, et donc plus près de l'endroit où les pesticides sont pulvérisés, peut causer plus de tort que de bien.
   Des essais similaires sont également en cours en Suisse *. Pywell espère que les prédateurs naturels pourront contrôler les parasites d'année en année, évitant ainsi les grands foyers d’insectes nuisibles : «Ce serait l'idéal – plus jamais besoin de pulvériser d’insecticides».
   En septembre dernier, le conseiller scientifique en chef du gouvernement britannique déclarait que les allégations des organismes de réglementation du monde entier prétendant qu’il est sécuritaire d’utiliser des pesticides à l'échelle industrielle dans les champs, les vergers et les jardins étaient fausses. Cela faisait suite à d'autres rapports très critiques sur les pesticides, y compris une recherche démontrant que la plupart des agriculteurs pourraient réduire leur utilisation de pesticides sans pertes, ainsi qu’à un rapport de l'ONU dénonçant le «mythe» que les pesticides sont nécessaires pour nourrir le monde.
   «Réduire l'utilisation des pesticides a indubitablement à notre portée – c'est un fait»,  disait Bill Parker, directeur de recherche à Agriculture and Horticulture Development Board. «Il faudra probablement plusieurs années avant que les parasites ne soient plus un problème et que l'utilisation des pesticides puisse être considérablement réduite. Il y aura encore des cas où un parasite particulier ou une maladie grave apparaitrait, mais ce seraient les seules occasions où nous aurions besoin de pesticides.»
   Parker ajoutait aussi qu'un «grand changement culturel» était nécessaire en agriculture, parce qu’en ce moment les pesticides sont généralement pulvérisés préventivement, que des  parasites aient été identifiés ou non. «La majorité des recommandations fournies par les agences de protection au Royaume-Uni viennent d'agronomes affiliés aux entreprises qui font leur argent avec la vente des pesticides», disait-il. «Il y a une forte détermination commerciale et ils auront tendance à adopter une approche prophylactique et proactive.»

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* Bandes fleuries pour organismes utiles – La promotion des pollinisateurs, des organismes auxiliaires et des services écosystémiques pour une agriculture suisse durable

Les mélanges de semences sont testés et développés dans le cadre du projet «100 bandes fleuries pour organismes utiles dans la pratique».
   La production agricole doit relever de nombreux défis et, dans une perspective de durabilité, elle doit être efficiente tout en préservant les ressources naturelles et en garantissant un revenu décent aux agriculteurs. Un de ces nombreux défis consiste à disposer d’éléments écologiques qui encouragent et assurent les services écosystémiques (pollinisation, contrôle des ravageurs...) – garantissant une production agricole de qualité – tout en favorisant la biodiversité. C’est pour apporter leur contribution à ce défi qu’Agroscope, le FiBL, la HAFL et l’USP ont lancé la plate-forme «Habitats fleuris».
   Des bandes fleuries spécialement orientées sur les besoins des organismes utiles peuvent constituer un outil intéressant dans la pratique pour renforcer la lutte biologique contre les ravageurs sur le terrain. C’est ce qu’ont montré des essais avec des «bandes fleuries pour organismes utiles». Ces bandes ont été mises en place pour une année dans une grande culture et comprenaient 13 à 16 espèces sauvages et cultivées comme le bleuet, la coriandre, le sarrasin, le pavot et l’aneth.
   Les essais ont montré que les densités du ravageur appelé criocère des céréales dans les parcelles de blé d’automne voisines étaient de 40 à 53 % plus basses que lorsque qu’il n’y avait pas de bande fleurie en bordure de champ. Cette baisse de la pression des ravageurs a même permis de réduire les dommages de 61 % sur les plants de blé. Outre les antagonistes des criocères des céréales et des pucerons, d’autres espèces animales, mais aussi végétales bénéficient de ce type d’habitats fleuris. Pour que les bandes fleuries annuelles encourageant la présence des organismes utiles puissent produire pleinement les effets escomptés, deux points sont importants; premièrement, elles doivent être intégrées dans des biotopes pluriannuels interconnectés avec des haies, des prairies extensives et des jachères florales; et deuxièmement, elles doivent être combinées avec un mode d’exploitation qui ménage les organismes utiles.
   Depuis 2015, les agricultrices et les agriculteurs peuvent mettre en place des «bandes fleuries pour les pollinisateurs et les autres organismes utiles» à titre de surface de promotion de la biodiversité (SPB) pour la compensation écologique. Via la plateforme «Habitats fleuris», Agroscope coordonne le développement de biotopes fleuris dans le paysage agricole, en collaboration avec ses partenaires, le FiBL, la HAFL et l’USP. Le groupe de travail GTBGC (Groupe de Travail Biodiversité dans les Grandes Cultures) a pour but d’encourager la compensation écologique dans les régions de grandes cultures. Ses membres participent au développement de mélanges de semences.


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(1) En 2016, il s’est vendu plus de 800 000 tonnes de glyphosate, l’agent actif du pesticide Roundup de la multinationale Monsanto. L’année précédente, le Centre international de recherche sur le cancer l’avait pourtant déclaré «cancérigène probable» pour l’homme. Depuis plusieurs années, l’inquiétude ne cesse de croître quant aux dangers du pesticide le plus utilisé au monde dans les champs et les jardins : le glyphosate.

Auto-protection requise... Photo : ICI Radio-Canada. 

À VOIR : le documentaire de Marie-Monique ROBIN sur le procès contre MONSANTO pour le Roundup ainsi que pour les autres désherbants génériques utilisant du glyphosate.
Diffusé sur Arte le 17/10/2017 : http://www.dailymotion.com/video/x651lip

Le Roundup face à ses juges
Marie-Monique Robin | 256 pages
Préface de Louise Vandelac
Éditions La Découverte

«Glyphosate» : retenez ce mot. Il désigne l’agent actif du pesticide le plus utilisé au monde dans les champs et les jardins, commercialisé surtout sous la marque Roundup du géant de l’agroalimentaire Monsanto. Un pesticide qui devrait être banni urgemment, pour notre santé et celle de nos sols. Prolongeant son enquête sur les dangers des produits toxiques de la multinationale, Marie-Monique Robin révèle dans ce livre choc l’un des plus grands scandales sanitaires et environnementaux de l’histoire moderne.
   Le glyphosate rend malades ou tue sols, plantes, animaux et humains, car l’herbicide se retrouve partout : dans l’air, l’eau, la terre, les aliments... Ayant été reconnu comme étant «cancérigène probable» par le Centre international de recherche sur le cancer, le produit est aussi un perturbateur endocrinien, un puissant antibiotique et un chélateur de métaux, rendant plusieurs métaux lourds solubles dans l’eau. Il fait des victimes dans le monde entier, comme le montrent les entretiens réalisés par l’auteure aux États-Unis, en Argentine, en France et au Sri Lanka, notamment avec de nombreux scientifiques : asthme, diabète et cancers des populations vivant à proximité des champs de soja transgéniques en Argentine; maladie des reins chez les paysans des rizières au Sri Lanka (seul pays ayant banni le glyphosate de son territoire); malformation et stérilité des animaux nourris aux OGM, etc.
   Devant l’absence de volonté des agences et des gouvernements de mettre fin à cet empoisonnement silencieux, la société civile se mobilise: le Tribunal international Monsanto s’est tenu à La Haye en 2016, où juges et victimes ont instruit le procès du Roundup. Monsanto a refusé d’y participer. Donnant son fil conducteur à ce livre et au documentaire du même nom, le procès a conduit à un avis juridique pour faire reconnaître le crime d’«écocide» en droit international, ce qui permettrait de poursuivre les dirigeants des firmes responsables au niveau pénal.

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Des mauvaises herbes ultrarésistantes héritées des OGM
Publié le vendredi 15 janvier 2016

Il y a 20 ans, les premiers OGM
Le glyphosate a été breveté par la multinationale agroalimentaire Monsanto en 1974 sous la marque Roundup.
   C'est en 1996 que les scientifiques ont créé les premiers OGM. L'herbicide Roundup était auparavant utilisé, mais cette année-là, il a été jumelé avec succès à une semence dont l'ADN a été modifié pour tolérer l'application du Roundup.
   Résultat : l'herbicide tuait toutes les plantes sur son passage sauf celles qui avaient été modifiées pour résister à son application.
   Ces cultures Roundup Ready, le nom commercial des semences génétiquement modifiées, ont fait fureur aux États-Unis. Notre voisin américain produit désormais 40 % des cultures génétiquement modifiées dans le monde.
   Toutefois, l'engouement pour ces cultures a fait bondir la consommation de pesticides, et certaines mauvaises herbes comme l'amarante de Palmer sont devenues résistantes au glyphosate, l'agent actif de l'herbicide Roundup.
Article intégral :

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