Victoria Day
Je comprends mal qu’on célèbre encore l’anniversaire de naissance de la reine Victoria. Les anglo-canadiens conservateurs sont sans doute très attachés à ce symbole de domination colonialiste. L’ex premier-ministre conservateur Stephen Harper a toujours affiché sa dévotion inconditionnelle envers la monarchie britannique. À l’occasion du jubilé de diamant d’Elizabeth II, Harper a commandé un portrait proportionnel à son admiration, mesurant trois mètres de haut sur deux mètres de large, qui aurait coûté 100 000 $ (peut-être plus) aux contribuables – une dépense que les partis de l'opposition trouvèrent «indécente».
Je comprends mal qu’on célèbre encore l’anniversaire de naissance de la reine Victoria. Les anglo-canadiens conservateurs sont sans doute très attachés à ce symbole de domination colonialiste. L’ex premier-ministre conservateur Stephen Harper a toujours affiché sa dévotion inconditionnelle envers la monarchie britannique. À l’occasion du jubilé de diamant d’Elizabeth II, Harper a commandé un portrait proportionnel à son admiration, mesurant trois mètres de haut sur deux mètres de large, qui aurait coûté 100 000 $ (peut-être plus) aux contribuables – une dépense que les partis de l'opposition trouvèrent «indécente».
Photo : La Presse canadienne/Sean Kilpatrick, juin
2012. De gauche à droite : le peintre Phil Richards, le premier ministre
Stephen Harper, la reine Elizabeth II et le gouverneur général David Johnston, lors
de la cérémonie de dévoilement.
Je pense que beaucoup d’anglo-canadiens, qui ne
boudent certes pas le congé férié, trouvent néanmoins l’objet de la célébration
plutôt ridicule.
Let's get rid of Victoria Day – Why, in this country that champions itself as a
world leader in multiculturalism and diversity, do we continue to set aside a
national holiday to honour a foreign monarch who died 107 years ago and who was
once the head of the Anglican Church? Why Canada, which claims to be
independent, keeps marking the birth of a long dead British queen who never set
foot on this soil, yet doesn't have a single national holiday to honour a
Canadian? Indeed, Canada is virtually the last country to mark Victoria Day. ~ Bob Hepburn (Star Columnist May 15,
2008)
Photo : William James Topley. Archives Canada,
PA-013007. Cette souveraine «psychopâte» haute comme trois pommes aurait dit : «Il vaut mieux être
cruel que faible.»
Victoria,
une femme détestable à plusieurs égards, était en outre férocement contre le «dangereux,
antichrétien et antinaturel mouvement des
droits de la femme» – elle ne voulait pas de compétition...
«... Elle s’éleva énergiquement contre l’ingérence
du sexe féminin dans la politique et contre l’activité professionnelle des
femmes. C’est ce qui ressort d’une lettre adressée au député libéral William
Ewart Gladstone. … En 1869, au Royaume-Uni, les femmes avaient recouvré, pour
les élections municipales, un droit de vote partiel aboli plus de trente ans
auparavant. L’année suivante, une nouvelle loi accordait aux femmes une forme
de droit à la propriété même en cas de dissolution du mariage. En 1870, un autre
projet de loi, qui prévoyait d’accorder aux femmes un droit de vote illimité,
fut rejeté par Gladstone. … Un débat passionné se déchaîna dans l’opinion
publique sur la question de savoir quelle était finalement la véritable sphère
naturelle de la femme. L’idée d’une stricte séparation entre vertus privées et
publiques fut de plus en plus attaquée. La reine elle-même n’était-elle pas
l’illustration de la capacité des femmes à jouer le rôle d’un homme dans le
règlement des affaires politiques et sociales? Toutefois Victoria s’éleva
énergiquement contre toutes les tentatives d’étendre le champ d’activité de ses
consœurs au-delà des œuvres de bienfaisance.»
Lettre de la
reine Victoria à William Ewart Gladstone
[Écrite à
la troisième personne, bien sûr]
Osborne, 6 mai 1870
«Les circonstances se rapportant à la loi qui
voudrait donner aux femmes l’égalité des droits pour les élections au parlement
conduisent la reine à faire remarquer qu’elle s’est efforcée depuis un certain
temps d’attirer l’attention de Mr Gladstone sur les actuels efforts
extravagants et complètement démoralisants qui entendent ménager aux femmes les
mêmes positions professionnelles qu’aux hommes, entre autres dans le domaine de
la médecine. [...] Elle attache beaucoup de prix à
faire savoir que non seulement elle réprouve, mais elle abhorre ces tentatives
qui mènent à la ruine de toute bienséance et de tout sentiment féminin – car
tel serait le résultat inévitable de ces propositions. La reine est femme
elle-même et sait combien sa propre position est anormale. Celle-ci peut
manifestement s’accorder avec la bienséance et la raison, encore que cela soit
terriblement pénible et pesant. Mais supprimer toutes les barrières et proposer
que des femmes étudient avec des hommes, et des choses qui ne peuvent même pas
être nommées en leur présence, et certainement pas dans une dans une assemblée
mixte, signifierait l’oubli de tout ce qui doit être considéré comme faisant
partie des lois et principes de la morale.
Les
sentiments de la reine face à ce cri de guerre dangereux, antichrétien et
antinaturel, et à ce mouvement des «droits de la femme» sont si violents [...] qu’il lui importe beaucoup que Mr Gladstone et d’autres
entreprennent quelque chose pour écarter ce danger alarmant, en se servant de
son nom autant qu’ils le voudront [...].»
Source : «Les plus belles lettres de femmes»; Laure
Adler & Stefan Bollmann;
Flammarion
2012
Journée nationale des Patriotes
Journée nationale des Patriotes
Les révolutions de cette époque (à travers le
monde), sous le règne de la reine Victoria, ont toutes été réprimées et les
rebelles sévèrement punis : pendaison, exil, torture, saisie des terres et des
biens... On reproche d'ailleurs encore à cette souveraine de n'avoir que si
peu réagi à toutes les révolutions et leurs fondements, se contentant de les
écraser et de réprimander le peuple (Rapport Durham).
Que
célèbre-t-on au Québec chaque lundi précédant le 25 mai de chaque année?
À part le Canada anglais (et peut-être l’Écosse?),
plus aucun pays, pas même la Grande-Bretagne, ne célèbre l’anniversaire de la reine Victoria. La vaste majorité des Québécois avaient convenu
depuis longtemps de la nécessité de revitaliser le sens d’un tel jour férié.
Le 22
novembre 2002, le gouvernement du Québec a finalement proclamé que le lundi
précédant le 25 mai serait désormais connu au Québec sous le nom de Journée nationale des Patriotes visant
à souligner «la lutte des Patriotes de 1837-1838 pour la reconnaissance nationale
de notre peuple, pour sa liberté politique et pour l`obtention d`un système de
gouvernement démocratique. [...] Nous avons choisi d'honorer de cette manière
la mémoire des hommes et des femmes qui, depuis l'implantation des institutions
parlementaires en 1791, ont milité pour les droits de la majorité, dont celui
du peuple à se gouverner lui-même».
Était-ce
une guerre entre francophones et anglophones?
Plusieurs ont vu dans les rébellions de 1837-1838
un affrontement strictement racial, opposant des francophones aux anglophones.
La vérité est plus complexe. La cause
patriote consiste d’abord à obtenir les réformes juridiques et politiques
nécessaires au bien de la majorité, des revendications semblables à celles
défendues à la même époque dans d'autres pays et où on mène des luttes
comparables, sans que la langue ou la race ne soient en cause. D’abord politique, le projet patriote revêt
aussi un volet social et économique consistant à faire en sorte que les
agriculteurs et les petits entrepreneurs puissent briser le monopole des riches
marchands et administrateurs coloniaux qui s’accaparaient des ressources de la
colonie. [Plus ça change,
plus c’est pareil...]
Que sont
devenus les Patriotes?
En attendant, la répression sera très dure envers
les Patriotes. Rien que pour 1838 on
emprisonne 850 hommes, 1 240 au total pour les deux soulèvements. Du nombre,
douze sont pendus et 58 exilés en Australie. Il faut aussi rappeler la
demi-douzaine de villages qui seront incendiés, les fermes détruites ou
pillées, les femmes et les enfants jetés sur les routes. Des milliers de
réfugiés sont aussi forcés de quitter le Québec.
Pour plus
de sûreté, le gouvernement anglais abolit le parlement du Bas-Canada où
dominaient les Patriotes, suspend les droits de la personne et instaure une loi
martiale qui résume le gouvernement du Québec à une simple dictature. La mesure la plus dramatique consiste
cependant dans l’union forcée du Bas-Canada avec la colonie voisine du
Haut-Canada, afin que jamais plus les francophones ne puissent revendiquer un
État français au sein d`une Amérique britannique. Ce n’est qu’en 1841 que
d’ex-Patriotes sortent timidement de l’ombre. Parmi eux, un ancien lieutenant
de Papineau, Louis-Hyppolite La Fontaine, propose le pari risqué consistant à
coopérer avec les institutions de l’Union en échange de certaines garanties en
matière de coutumes et de droit. Le plan de La Fontaine connaît son apogée en
1848 quand le Canada-Uni obtient la responsabilité ministérielle. Le Canada
peut enfin se dire libre et indépendant, mais le Québec est désormais fondu
avec l’Ontario et, progressivement, avec huit autres provinces canadiennes. À
son retour d`exil en 1845, Louis-Joseph Papineau monte aux barricades, dénonce
La Fontaine et réclame en vain le rappel de l’Union de 1840.
Faut-il
être fiers des Patriotes?
Tous les peuples rendent hommage à des héros qui
leur donnent raison d’être fiers de ce qu’ils sont devenus. Les Patriotes de
1837-1838 sont les plus précieux héros du combat pour la liberté dont dispose
le peuple du Québec. Loin de se résumer à une poignée de paysans fanatisés, ils
furent d’authentiques idéalistes, épris de justice et qui luttèrent ensemble.
Leur défaite même devrait les grandir à nos yeux tant elle prouve ultimement
qu’ils n’hésitèrent jamais à engager une lutte inégale, au nom d’une cause
qu’ils jugeaient juste et dont nous sommes tous redevables encore aujourd’hui.
«Vaincus dans la lutte, ils ont triomphé dans l’histoire»
Source :
Une copie
du testament politique du patriote De Lorimier trouvée à Rimouski
ICI Radio-Canada nouvelles, le vendredi 18 mai
2018
Un texte d’Édith Drouin d’après une entrevue de
l’émission Le monde aujourd’hui
Photo : Gracieuseté BAnQ
La plus ancienne copie connue du testament
politique d'un des grands patriotes, François-Marie-Thomas Chevalier de
Lorimier, a été retrouvée dans les archives de la Bibliothèque et Archives
nationales du Québec (BAnQ) à Rimouski.
C’est en
cherchant dans une boîte de testaments léguée l’an dernier par le séminaire de
Rimouski que Guillaume Marsan, l’archiviste coordonnateur de BanQ Rimouski, est
tombé sur un document sur lequel il était inscrit «Prison de Montréal, 14
février 1839, 11 heures PM». Ce détail a piqué sa curiosité.
Il a par
la suite découvert qu’il s’agissait de la transcription exacte du testament
politique du patriote De Lorimier et d’une copie du discours de Charles
Hindelang, qui a été pendu en même temps que De Lorimier.
Le
testament politique trouvé par Guillaume Marsan serait la plus ancienne copie
du document rédigé par De Lorimier, en prison, quelques heures avant qu’il soit
pendu.
Des
copies du document ont circulé clandestinement à l’extérieur de la prison alors
que la loi martiale était en vigueur, mais la version originale rédigée par De
Lorimier lui-même n’a jamais été retrouvée.
Les
copies auraient pu être écrites par d’autres prisonniers ou par des membres de
sa famille, comme sa veuve qui s’était exilée au Vermont.
Une de
ces copies s’est retrouvée entre les mains de l’agriculteur Lambert Richard de
Saint-Pascal, au Kamouraska, en 1840. Le document a ensuite été légué, de père
en fils, et de père en fille. La petite-fille de Lambert Richard l’aurait
ensuite donné au curé David Alexandre Michaud de Saint-Octave de Métis en 1937.
Article intégral incluant une transcription du
testament :
Dossier BAnQ
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