Dans une ébauche d’article sur la déforestation, je me demandais si notre ministre de l’Environnement, Catherine McKenna, n’allait pas sacrifier sur l’autel de la croissance économique les forêts primaires de la Colombie-Britannique en les vendant au marché mondial du bois d’œuvre, comme on fait en Malaisie et en Indonésie. Après une coupe à blanc en bonne et due forme, vu le réchauffement climatique, il serait peut-être possible d’instaurer une monoculture de palmiers à huile – un business très lucratif. Cette intro se voulait sarcastique. Malheureusement, la réalité dépasse souvent la fiction :
La société
forestière INTERFOR fournit du bois pour la construction résidentielle,
commerciale et industrielle à l’échelle internationale. Elle récolte plusieurs
espèces d’arbres incluant le sapin de Douglas, la pruche occidentale, le thuya rouge
occidental, le pin Ponderosa, le pin tordu et le pin jaune. Elle commercialise
l'épinette européenne et le pin rouge selon un accord de vente avec Ilim Timber
(une compagnie russe de transformation des sciages résineux en panneaux de
contreplaqué et panneaux durs. INTERFOR possède des scieries en
Colombie-Britannique (C.-B.) et dans divers états américains – Washington,
Oregon, Géorgie, Caroline du Sud, Arkansas. En C.-B., elle compte deux scieries
(Acorn et Hammond) sur la côte, deux scieries dans la région de Kootenay (Grand
Forks et Castlegar), et une scierie près de Kamloops (Adams Lake).
De lien en lien, j’ai croisé le site Common Sense Canadian. Prenez 20
minutes de votre précieux temps pour regarder le documentaire. Cette forêt, au
cœur des montagnes Selkirk de la Colombie-Britannique, est unique au monde, on
dit que c’est «la dernière» du genre à être encore intacte. On y trouve des
arbres et des lichens dont certains datent de l’empire romain (1800 ans). Les
recherches démontrent que les forêts boréales très matures absorbent plus de
carbone que n’importe quel autre type de végétation. On estime que le tiers de
l’eau potable de l’Amérique du Nord est fournie par la forêt boréale. Or cette
forêt parcourue par la rivière Incomappleux risque la coupte à blanc car elle n’est pas officiellement protégée. Depuis quelques
décennies la plupart des vallées autour ont été déboisées, et l’on bouche les
trous avec une monoculture de conifères à croissance rapide.
Primeval: Enter the Incomappleux
Valhalla
Wilderness
Ajoutée
le 15 avr. 2018
From
award-winning documentary filmmaker Damien Gillis (Fractured Land) and Valhalla
Wilderness Society comes a film of breathtaking beauty, Primeval: Enter the Incomappleux. Filmed on location deep in the
heart of BC's Selkirk Mountains, this 20-minute documentary is the story of the
majesty, magic and endurance of one of the world's last truly intact temperate
rainforests – the incomparable Incomappleux. Following an expedition of
conservationists, biologists and wilderness explorers, Gillis documents the
nature and history of this unique place – replete with 2,000-year-old trees
and rare lichens – along with a plan to preserve it through a new Provincial or National
park, the Selkirk Mountain Caribou Park Proposal.
Valhalla’s online petition to preserve the area as a provincial park has garnered over 36 thousand signatures.
Or
visit Valhalla Wilderness Society
May
2, 2018 by Common Sense Canadian in BC
J'ai vu le
scandale de l'huile de palme
La folie de l’huile de palme en Indonésie : la
récolte de bois précieux peut facilement représenter 50 milliards de dollars de
profits pour l’industrie forestière. On remplace ces magnifiques forêts par des
monocultures de palmier à huile. Une fois la forêt rasée, on vaporise un poison
qui tue toute forme de vie. Ce faisant, on détruit le supermarché (nourriture) et la pharmacie
(plantes médicinales) des peuples autochtones.
Cette
vidéo à été produite par la Radio Télévision Suisse (RTS). Bernard était déjà
venu, il y a 17 ans. Aujourd'hui, il est de retour avec moi pour comparer et
constater comment la situation à évolué.
Bruno Manser
Fonds http://bmf.ch/fr/news/ (1)
Les grandes compagnies de l’agrobusiness
continuent à varloper d’immenses forêts et écosystèmes, à exterminer des peuples
autochtones et une multitude d’espèces animales et végétales. Ces
multinationales commercialisent des produits alimentaires et cosmétiques
contenant de l'huile de palme dont la production est entachée de multiples
infractions en Indonésie. L’huile de palme est l’un des symboles du
«capitalisme agraire».
En
Indonésie, l'Écosystème Leuser de l'île de Sumatra agonise
Emma Rae Lierley | EcoWatch, 12 août 2017
Cette ancienne forêt tropicale luxuriante de 6,5 millions d'hectares, d’une biodiversité extrêmement riche, est l'une des plus importantes forêts tropicales encore debout aujourd'hui. Malgré sa forte population et ses régions densément peuplées, l'Indonésie comporte de vastes zones sauvages qui donnent au pays une grande biodiversité même si ce patrimoine régresse à cause d'activités humaines en forte augmentation.
Ses
rivières limpides fournissent de l'eau potable à des millions de personnes et
ses forêts tropicales sur la plaine et en montagne sont littéralement le
dernier endroit sur Terre où l'orang-outan de Sumatra, les éléphants, les
tigres, les rhinocéros et les ours maltais (chassés pour leurs organes aux supposées
vertus aphrodisiaques) coexistent encore à l'état sauvage.
Globalement, nous dépendons tous de cet immense puits d’absorption de carbone
qui contribue à réduire les effets du changement climatique.
Pourtant,
l'Écosystème Leuser est sauvagement et rapidement ravagé pour la production
d'huile de palme et d’autres produits industriels.
Le
dernier rapport de RAN indique que les grandes entreprises internationales
telles que PepsiCo, McDonald's, Nestlé, Unilever, Kellogg's, Mars et Procter
& Gamble, et plusieurs autres, sont responsables du déboisement
puisqu’elles s’approvisionnent en huile de palme auprès des traders de la
région. (...)
~~~
Graisse de
palme – Si vous lisez les
étiquettes des produits, vous constaterez l’omniprésence de l’huile de palme.
Par contre votre fournisseur de pizzas du coin ne vous dira pas si elles en
contiennent (probabilité de 99,9 %). Cherchez l’huile de palme vous la
trouverez, elle est comme «dieu» : tout partout.
Si notre cœur se sent loin de l’Indonésie et de la Malaisie, des tigres, des orangs-outangs et des forêts tropicales, nos artères sont très proches de notre pompe cardiaque.
L’huile
de palme est l’huile la moins chère mais aussi la plus toxique car c’est une
graisse dite «trans» génératrice de mauvais cholestérol : elle bouche les
artères, favorise l’obésité et peut par conséquent causer des maladies
cardiovasculaires. La cuisson accroît les effets néfastes.
Cette
huile est présente dans 40 à 60% des produits que nous achetons. L’industrie
agroalimentaire l’utilise dans la nourriture préfabriquée (chocolat, confiserie,
fromage à pizza; Nestlé en met dans tous ses produits, pas seulement dans le
Nutella), dans les produits de beauté, de soins corporels et d’entretien
ménager.
Alors, il
faut jouer au détective. Vivre sans huile
de palme – tout sur les dérivés :
~~~
(1) Le défenseur de la forêt tropicale et de la
tribu Penan à Bornéo, Bruno Manser, n’a pas réussi à faire reculer la grosse machine
à bouffer des arbres à Sarawak. À mon avis, l’écoguerrier pacifique a été
assassiné par les dirigeants des compagnies forestières de connivence avec le
gouvernement – une pratique courante qui n’épargne pas les journalistes enquêteurs. Son journal de bord, avec ses magnifiques dessins, constitue une véritable étude anthropologique à classer au patrimoine mondial.
Bruno Manser fut déclaré persona non grata en Malaisie et contraint à quitter le pays. Une récompense de 50 000 dollars américains fut offerte pour sa capture.
Manser a
été accusé par le gouvernement d'organiser de nombreux barrages sur des routes
servant au transport du bois de coupe (en l'absence de preuves). Il a néanmoins
obtenu des effets positifs en protestant à Tokyo et en Europe contre le
caractère inhumain de l'industrie de coupe de bois tropical.
Son
dernier signe de vie est une lettre envoyée le 22 mai 2000 à sa compagne depuis
le village de Bario, dans les Monts Kelabit de la région du Sarawak.
Les
expéditions à sa recherche s'avérant infructueuses, la cour civile de Basel a
décrété le 10 mars 2005 que monsieur Manser devait être considéré comme décédé.
L'impopularité de Manser auprès du gouvernement de Sarawak et des compagnies
d'exploitation forestière commerciale telle que Samling Pliwood, connues pour
leur intimidations et la violence comme méthodes pour effrayer Manser, ont fait
naître des soupçons quant aux circonstances de sa possible mort, bien que rien
n'aie encore été prouvé.
Le documentaire biographique sur Manser nous apprend
que l’homme, déjà en bas âge, était fortement attiré par la vie sauvage, qu’il rêvait d’immersion en
milieux autochtones. Il y a des êtres qui semblent naître avec une mission bien déterminée.
«Il avait disparu dans la forêt tropicale de
Bornéo pendant six ans, renonçant au moindre contact avec le monde moderne pour
vivre en chasseur-cueilleur parmi le peuple nomade Penan. La vision d’un monde
sans avarice du berger suisse s’était effondrée face à la déforestation la plus
virulente du globe. Ce combattant réservé avait aidé les Penans à barrer les
routes des exploitants forestiers, électrifiant le mouvement écologiste
international et stupéfiant le gouvernement malais, qui offrit une récompense
pour sa capture et le pourchassa avec sa police et ses commandos militaires.
Deux fois arrêté et deux fois échappé, il avait été protégé par les Penans, qui
lui permirent d’éviter d’être capturé pendant trois ans. Dénigré en Malaisie
comme un vulgaire Tarzan des temps modernes, il devint un catalyseur pour
toutes les forces rassemblées dans le combat pour sauver la forêt tropicale la
plus menacée du monde. [...]
Hélas, à l’époque où Bruno Manser a disparu
dans des conditions non élucidées, en l’an 2000, les bruits de la forêt avaient
été remplacés par ceux des machines. Dans les années 1980, alors que le destin
de la forêt amazonienne monopolisait l’attention, le Brésil produisait moins de
3 % des exportations de bois tropicaux. La Malaisie, elle, en produisait
presque 60 %, en majorité à partir du Sarawak et du territoire des Penans.
En 1993, quelques trente compagnies forestières,
dont certaines équipées de mille deux cents bulldozers, opéraient sur le seul
bassin de drainage du fleuve Baram. Elles défrichaient plus de quatre cent
mille hectares de forêt appartenant traditionnellement aux Penans et à leurs
proches voisins. Le gouvernement avait officiellement autorisé l’abattage des
arbres sur 70 % des terres des Penans, et les activités illégales menaçaient
une grande partie du reste. [...]
En
l’espace d’une seule génération, le monde des Penans bascula. Des femmes qui
avaient été élevées dans la forêt se retrouvèrent domestiques ou prostituées
dans les camps forestiers qui encombraient les rivières de débris et de vase,
rendant la pêche impossible. Des enfants qui n’avaient jamais connu les
maladies de la civilisation succombèrent à la rougeole et à la grippe dans les
lotissements du gouvernement. Les Penans choisirent de résister en bloquant les
routes forestières avec des barricades de rotin. Sarbacanes contre bulldozers :
c’était un geste courageux, mais don-quichottesque, car ils n’avaient aucune
chance face au pouvoir malais. [...]
Bruno
Manser a exposé au grand jour comment les bases de l’existence d’une des
cultures nomades les plus extraordinaires au monde ont été détruites. Ces
nomades étaient ses amis. Il retourna à Bornéo en 2000 pour tourner un film.
Une fois le tournage terminé, Bruno s’est rendu seul dans la forêt, comme il
avait l’habitude de le faire lorsqu’il vivait avec les Penans. Il n’a plus
donné signe de vie depuis le 25 mai. Des recherches menées par les Penans n’ont
pas révélé la moindre trace, ni aucun indice de ce qui lui est arrivé. Il est
peut-être mort de causes naturelles, ou d’un accident, en se noyant dans une
rivière, en tombant d’un arbre, ou en chutant du haut d’une falaise. Bruno
adorait grimper. Certains pensent qu’il a été assassiné.
L’histoire de Bruno mérite d’être racontée, car dans une civilisation
gangrénée par l’avarice, dont l’économie mondialisée se fonde sur le viol de la
nature, sa vie et son message détonnent et apparaissent comme des symboles de
la géographie de l’espoir. Il a lutté pour un nouveau rêve de la Terre, et il
nous revient d’honorer sa mémoire en œuvrant pour que ce rêve devienne réalité.»
~ Wade
Davis, Vancouver, Canada, août 2015
(Extrait de l’introduction de l’anthropologue
canadien Wade Davis à la biographie Rainforest
Hero: The Life and Death of Bruno Manser par Ruedi Suter, publiée en 2015)
Documentaire Bruno
Manser – Laki Penan, réalisé par Christopher Kühn, 2007
«“Ils ne valaient pas mieux que des chiens“,
déclarait en 1835 le révérend Williams Yates, “et vous n’agissiez pas plus mal
en tirant sur eux qu’en abattant un chien qui aboie après vous“. Justifiant
l’utilisation du fouet, l’un des premiers colons dans l’ouest de l’Australie
notait pour sa part : “Rappelons-nous qu’un natif avait un cuir et non une peau
ordinaire comme les êtres humains ordinaires“. Les cadavres des Aborigènes
abattus étaient suspendus aux branches des arbres et servaient d’épouvantails.
“Leur destinée est d’être exterminés et le plus tôt sera le mieux“, écrivait en
1870 Anthony Trollope. En 1902 encore, un élu, King O’Mally, pouvait se lever
au Parlement et déclarer froidement : ”Il n’existe aucune preuve scientifique que
l’aborigène soit même un être humain”. » ~ Wade Davis, Pour ne pas
disparaître (Albin Michel, 2011)
Cette
description de la manière dont les Aborigènes d’Australie étaient considérés
jusqu’à il n’y pas si longtemps – et
sont encore considérés par certains – en
évoque bien d’autres. La plupart des peuples «sauvages» du continent africain
(Pygmées, Sans, etc.), de l’Amérique, de l’Asie et des autres continents du
globe, ont été perçus de la sorte par les dirigeants des nations dites
«civilisées». Leurs cultures étaient considérées comme des sous-cultures, des
arriérations.
«Le drame
de l’Afrique, c’est que l’homme africain n’est pas assez entré dans l’Histoire.
Le paysan africain qui, depuis des millénaires, vit avec les saisons, dont
l’idéal de vie est d’être en harmonie avec la nature, ne connaît que l’éternel
recommencement du temps rythmé par la répétition sans fin des mêmes gestes et
des mêmes paroles. Dans cet imaginaire où tout recommence toujours, il n’y a de
place ni pour l’aventure humaine, ni pour l’idée de progrès.» ~ Nicolas Sarkozy, 26 juillet 2007
Article source : Le mythe du progrès et la toxicité de la monoculture mondialisée,
par Nicolas Casaux http://partage-le.com/2018/03/9084/
«Quand un
cannibale mange avec une fourchette et un couteau, est-ce un progrès?» (Stanislaw Jerzy Lec) Le carnivore blanc
qui mange sa viande avec un couteau et une fourchette est aussi un cannibale.
La notion
de progrès du 1 % :
They found a way, finally, that the 1% can
actually eat money. And yes, it makes them look as soulless and
ridiculous, duh.
This restaurant The Ainsworth in NYC serves a $1,000 gold wings developed by a friend of the Kardashians https://www.youtube.com/watch?v=xSub4951k9g
Via: Josh Fox https://twitter.com/joshfoxfilm
Compléments :
Quand cesserons-nous de varloper la terre?!
Indice Dow Jones environnemental
Les droits des peuples autochtones
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