29 mai 2018

Plastique Doc

Avant d’aborder le vif du sujet, je crois que la nouvelle du jour au sujet de Kinder Morgan / Trans Mountain mérite une attention spéciale. Non seulement Justin Trudeau a décidé d’indemniser la compagnie texane (privée) Kinder Morgan, mais aussi d’acheter le contrat d’expansion du pipeline Trans Mountain. Cet achat est une fausse nationalisation ou étatisation, puisque le tout sera offert aux enchères (à des intérêts privés). Retour à la case de départ, c’est-à-dire à la perte de notre souveraineté en gestion de nos ressources. De toute façon ce doublon d’un pipeline déjà existant ne servira qu’à satisfaire l’appétit insatiable du marché asiatique, pour ne pas dire chinois. (Voyez l’article du 28 mai Pétrole Doc, et surtout la série de documentaires; parfois je regrette de ne pas avoir un million+ de followers...) 


Pouvez-vous imaginer 34 cargos-pétroliers par mois (au lieu de 5 actuellement) à Burnaby, C.B.? Pouah, quelle horreur! Des amis qui habitent à Victoria depuis longtemps sont désemparés.


Ottawa rachète Trans Mountain pour 4,5 milliards de dollars 

Alexandre Shields | Le Devoir | 29 mai 2018

Le gouvernement de Justin Trudeau a non seulement décidé de racheter l’oléoduc Trans Mountain, mais aussi le projet d’expansion de ce même pipeline, afin de garantir sa réalisation. Ottawa offrira 4,5 milliards de dollars à la pétrolière texane Kinder Morgan et promet par la suite de revendre cette nouvelle infrastructure d’exportation de pétrole des sables bitumineux.
   Évoquant une mesure «exceptionnelle» prise pour «protéger» la réputation du Canada sur la scène internationale, le ministre des Finances, Bill Morneau, a fait savoir mardi que le gouvernement fédéral souhaite avant tout mettre un terme aux «inquiétudes» entourant la construction de cet oléoduc.
   Le gouvernement Trudeau s’est donc entendu avec la pétrolière Kinder Morgan pour racheter le pipeline Trans Mountain, en fonction depuis les années 1950, toutes les infrastructures connexes, mais aussi le projet d’expansion de ce même oléoduc. [...]  
   «Notre gouvernement estime que l’entente commerciale que nous avons conclue avec Kinder Morgan constitue la meilleure façon de protéger des milliers de bons emplois bien rémunérés tout en générant, pour les Canadiens, un bon rendement du capital investi. Il s’agit d’un investissement dans l’avenir du Canada», a fait valoir Bill Morneau.
   Le ministre n’a pas voulu s’avancer sur une éventuelle augmentation de la facture pour le gouvernement, au-delà des 4,5 milliards de dollars promis à Kinder Morgan. Selon Ottawa, ce montant serait le maximum à débourser. Le coût total de la construction a néanmoins été évalué à 7,4 milliards de dollars par la pétrolière.
   Les partisans du projet d’expansion de Trans Mountain ont immédiatement salué le geste du fédéral. [...]  
   «Peu importe qui construit ce pipeline, cela ne change rien aux risques qu’il pose pour le climat, l’environnement, l’économie et les droits des Autochtones, a insisté Steve Cornish, chef de la direction de la Fondation David Suzuki. [...] Ce n’est pas le moment d’investir des fonds publics dans les énergies fossiles justement quand le reste du monde se tourne massivement vers les énergies propres.»
   Avant d’être élus, en 2015, les libéraux de Justin Trudeau avaient promis de mettre un terme aux subventions au secteur des énergies fossiles.
   Avec l’expansion du pipeline Trans Mountain, quelque 325 millions de barils de pétrole des sables bitumineux seraient transportés chaque année de l’Alberta aux côtes de la Colombie-Britannique, en vue de l’exportation vers les marchés asiatiques.
   Le gouvernement de la Colombie-Britannique s’oppose toutefois au projet. Victoria a même demandé récemment à la Cour d’appel de la province de reconnaître son droit de légiférer pour protéger son territoire contre la «menace» d’un déversement de pétrole. Les démarches juridiques lancées par la Colombie-Britannique visent précisément à restreindre le transport de pétrole brut sur son territoire.
   Il faut dire que ce projet ferait passer la capacité quotidienne de transport de 300 000 barils à 890 000 barils. Pour exporter tout ce pétrole des sables bitumineux, jusqu’à 34 pétroliers quitteraient chaque mois un port situé à Burnaby, en banlieue de Vancouver, contre 5 pétroliers actuellement. Or, soutient Victoria, «un seul déversement menacerait des milliers d’emplois en Colombie-Britannique».


Et la NATURE?!

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Cela dit, l’autre jour, j’attendais ma voiture en consultation chez docteur Mécano. Je prends un magazine au hasard – Canadian Geographic. Une autre gifle! Non seulement le Canada est un parfait cancre en pétrologie, mais aussi en recyclologie.
   N’ayant pas trouvé de traduction sur le site ni ailleurs, je me suis mise à la tâche (l’article est très long). Je publierai donc dans les jours qui viennent une traduction-maison de «Canada's dirty secret – Canada leads the developed world in per capita production of garbage». Terrifiant de saccager un si beau pays de la sorte.

En passant : sur les 8,3 milliards de tonnes de plastique produites entre 1950 et 2015, 6,3 milliards sont devenues des déchets. La majeure partie de ce plastique (79 %) s’est retrouvée dans la nature ou dans les décharges, en particulier dans les océans. Seulement 9 % de ces déchets ont pu être recyclés. En 2015 plus de 8 millions de tonnes de plastique étaient déversées chaque année en mer. Après le ciment et l’acier, le plastique est à présent le troisième matériau le plus fabriqué et sa vitesse de production dépasse largement les autres matériaux. Elle a augmenté à une vitesse exponentielle, passant de deux millions de tonnes en 1950 à 400 millions de tonnes en 2015.

Les cétacés de la mer Méditerranée meurent, l’estomac empli de plastique

Alexandre Shields avec l’Agence France-Presse | Le Devoir 29 mai 2018

Getty Images. De plus en plus de cétacés meurent parce que leur estomac est rempli de ces déchets issus de l’activité humaine.  

Les scientifiques viennent d’apporter une preuve supplémentaire des impacts croissants de la pollution par le plastique dans la mer Méditerranée : de plus en plus de cétacés y meurent parce que leur estomac est rempli de ces déchets issus de l’activité humaine.
   La Commission européenne a d’ailleurs promis lundi de s’attaquer à cette menace pour les milieux marins.
   Des chercheurs de l’Institut de recherche sur les cétacés, basé en Grèce, ont analysé les données de nécropsies menées sur les dépouilles d’une dizaine de cachalots retrouvés morts sur les rives de la Méditerranée depuis 2001.
   Leurs constats sont on ne peut plus clair : ces grands cétacés à dents, qui se trouvent au sommet de la chaîne alimentaire, sont tous décédés parce que leur estomac était rempli de divers débris de plastique qui ont provoqué leur mort, notamment parce qu’ils empêchaient l’animal de s’alimenter.

Cachalot gavé de matière plastique

Dans un communiqué annonçant les résultats de leurs travaux, le biologiste Alexandros Frantzis cite en exemple le cas d’un jeune cachalot mâle échoué sur les côtes grecques et dont l’estomac contenait plus d’une centaine d’objets de plastique, dont des sacs d’emplettes.
   En février dernier, un autre animal retrouvé échoué en Espagne avait plus de 64 livres de déchets de plastique dans le système digestif, dont des sacs de plastique, des débris de filets de pêche et un bidon de carburant.

Article intégral :

Voyons  donc les effets de la pollution maritime sur la terre ferme (article de BBC News).  

À l’île de Rum en Écosse, on a photographié des cerfs dont les panaches étaient empêtrés d'engins de pêche abandonnés

Les photos ont été prises il y a un an, mais nous les publions maintenant en raison des préoccupations grandissantes concernant la pollution maritime.

Ces images ont été diffusées par le Scottish Natural Heritage (SNH) qui gère la Réserve naturelle nationale de Rum https://www.nature.scot/

Photo : Cerf rouge photographié avec une corde et une bouée orange enchevêtrées dans ses bois.

Photo : Ne pouvant pas se libérer de la corde qui nouait leurs panaches, ces deux jeunes cerfs sont morts.

Photo : Pollution maritime sur l’île de Rum.

Lesley Watts, gestionnaire de la réserve de Rum, a déclaré : «Les déchets maritimes sont un énorme problème international. Mais les petits gestes peuvent faire une grande différence, et tout le monde a un rôle à jouer. En collaboration avec de nombreuses organisations, SNH soutient la campagne de bannissement des pailles en plastique; et nous réduisons l’utilisation des plastiques à usage unique en offrant à notre personnel des tasses réutilisables. Si vous utilisez votre propre «sac pour la vie» (bag for life) pour vos achats, ou si vous ramenez vos déchets à la maison après une journée à la plage, vous pourriez aider à sauver la vie d’un animal.»
   La population de cerfs rouges de l’île a fait l'objet de recherches scientifiques depuis les années 1950. Les chercheurs étudient les comportements des chevreuils et les effets du changement climatique sur eux.
   Dr Richard Dixon, de Friends of the Earth Scotland, a déclaré que ces photographies de cerfs rouges sont devenues «un symbole fort du gaspillage en Écosse» en matière de ressources mondiales. «Nous sommes habitués à certaines images d'oiseaux, de mammifères marins et de tortues touchés par les déchets en plastique, mais ça, c'est beaucoup plus près de nous. Ces grands mammifères terrestres sont touchés par les choses que les gens jettent directement ou indirectement dans l'environnement maritime.»

Le plastique ingurgité

Les préoccupations concernant le niveau de pollution de la mer au large de l'Écosse, et le long de ses côtes, sont de plus en plus soulevées.
   Cette semaine, un groupe de bénévoles a réuni plus de 600kg de déchets sur le rivage de Red Point Beach, Gairloch, dans la région de Wester Ross.

Article intégral en anglais :

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Le cerf à la bouée orange me rappelle le concours de «panaches» du Royal Ascot de 2013 (Berkshire, Royaume-Uni). Ces ridicules symboles d’une monarchie décadente s’étaient peut-être baignés sur les plages de l’île de Rum... 

 

 

The winner is : 

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