11 mai 2018

Réduire notre dépendance au pétrole, c’est possible

Le sevrage peut se référer à toute sorte de séparation, mais il est plus communément utilisé pour décrire le groupe de symptômes qui surviennent lors d'un arrêt progressif ou brutal d’une quelconque substance; ou entre deux prises pour les molécules à demi-vie courte. Il se produit alors une période de manque et un début de sevrage. Le sevrage peut aussi apparaitre lors de la substitution d'un traitement par un autre, que le nouveau traitement relève de la même classe ou d'une classe différente. L'intensité du syndrome de sevrage est généralement liée à la durée et au degré d'addiction. Plus l'arrêt est brutal (cold turkey), plus les symptômes de sevrage sont importants en sévérité et fréquence. (Wikipédia)

Évidemment, cela peut provoquer un état dépressif. Allons-y étape par étape car selon Matthieu Auzanneau il est utopique de vouloir se libérer totalement du pétrole. En effet, il y en a dans ma soupe...

Deux ouvrages de grand intérêt commentés à Plus on est de fous, plus on lit (lundi 7 mai 2018, 13h29), segment l’actualité vue par les livres avec Nicolas Tittley : le pétrole (à écouter si vous avez accès à la zone) 

Or noir, la grande histoire du pétrole
Par Philippe Gauthier | Magazine VOIR | 29 septembre 2015

Mathieu Auzanneau, à qui l’on doit déjà l’excellent blogue «Oil Man : Chroniques du début de la fin du pétrole», sur le site du journal Le Monde, a publié cette année un livre intitulé Or noir, la grande histoire du pétrole. Fruit d’un effort de recherche colossal, l’ouvrage de plus de 700 pages raconte la grande et la petite histoire du pétrole, des origines à nos jours.
   Bricoleurs de génie, entrepreneurs avides de pouvoir, aventuriers louches, souverains capricieux, tyrans mégalomanes, politiciens de connivence, diplomates serviles, espions sans scrupules... Le livre évoque sans fard la vie de toute une galerie de personnages pas toujours reluisants, de John D. Rockefeller, premier magnat du pétrole, à Ahmed Zaki Yamani, acteur clé de la crise pétrolière de 1973, en passant par des personnages comme Hitler, Churchill et les présidents Bush, père et fils.
   Le pétrole, arrivé sur le marché un peu par hasard pour remplacer l’huile de baleine qui se raréfiait, ne tarde pas à devenir le produit le plus rentable au monde, puis une ressource stratégique capable de faire et défaire les empires : les Allemands et les Japonais en feront l’amère expérience pendant la Seconde Guerre mondiale.
   Mais le pétrole, c’est aussi un monopole commercial anglo-saxon, autour duquel s’articule la rivalité, puis la coopération entre la Grande-Bretagne et les États-Unis. Un club fermé où des puissances comme la France, la Hollande ou l’Italie ne s’imposeront jamais totalement. Elles devront se contenter de miettes, pendant que les «sept sœurs» anglo-américaines se partageront le pétrole saoudien, «le plus grand trésor de l’histoire».


150 ans d’histoire vus du point de vue du pétrole

Sans jamais tomber dans des déterminismes simplistes qui feraient du pétrole le seul moteur de l’histoire, Matthieu Auzanneau explique l’importance de l’or noir dans l’émergence de l’industrie de l’automobile et dans l’issue des deux guerres mondiales. Le rôle clé joué par l’accès aux ressources pétrolières dans l’écrasement de l’Allemagne nazie explique en grande partie l’importance qu’accorderont les États-Unis aux réserves du Moyen-Orient après 1945.
   Or noir ne s’en tient pas à la domination américaine d’après-guerre sur l’industrie pétrolière. Il présente les acteurs de la création de l’OPEP et des chocs pétroliers de 1973 et 1979. Il raconte aussi comment la vague de nationalisations dans les pays producteurs a émoussé l’emprise des «sept sœurs», qui ne sont plus que quatre, et comment les politiques de Ronald Reagan ont fait oublier les précieuses leçons de sobriété des années 1970.
   Le livre s’achève sur un portrait de l’industrie pétrolière actuelle et de son avenir de plus en plus incertain depuis l’an 2000. Matthieu Auzanneau évoque la raréfaction de la ressource, prédite dès 1956 par Marion King Hubbert, et la réalité du pic pétrolier, dont l’imminence a été annoncée dès 1998 par Jean Laherrère et Colin Campbell.
   L’ouvrage contient également un certain nombre de statistiques fascinantes. On apprend ainsi qu’avant son démantèlement en 1911, la Standard Oil, qui avait établi un quasi-monopole mondial, produisait moins de pétrole que les deux raffineries québécoises de nos jours. On note aussi qu’en 1939, le Japon et tout son complexe militaro-industriel ne consommaient que le quart du pétrole actuellement nécessaire à l’industrie québécoise.
   Or noir est le récit passionnant d’une ressource unique. Solidement documenté, il fait la part des choses entre l’histoire et la légende, mais sait aussi dénoncer sans concessions toutes les atrocités qui ont marqué les rivalités pour le contrôle de sa production. Il fait aussi le pont entre le passé et le présent de cette industrie. Matthieu Auzanneau signe en somme un livre important, qui captivera autant les amateurs d’histoire que ceux qui s’intéressent aux enjeux énergétiques actuels.

Source : Auzanneau, Matthieu. Or noir : la grande histoire du pétrole, Éditions La Découverte, Paris, 2015, 713 p.


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Matthieu Auzanneau, «Le pétrole : une histoire sans prix», Mars 2015, 2 de 2

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OIL MAN Chroniques du début de la fin du pétrole

Le moment de vérité (1/2) 16 novembre 2016, par Matthieu Auzanneau
[...] Tout est prêt pour le dernier acte : sommes-nous sur le point d’atteindre les limites physiques à la croissance? L’élection de Donald Trump pourrait accélérer le rendu du verdict.
   Une semaine après la victoire de Donald Trump, les investisseurs du monde entier fonçaient vers l’espoir d’un regain d’une croissance économique supposée intarissable, du même coup menaçant au contraire d’accélérer le processus susceptible de conduire à une plausible nouvelle crise financière d’une ampleur inouïe, une déflation par la dette fondamentalement induite par l’incapacité de l’humanité technique à maintenir la croissance du flux d’énergie jusqu’ici nécessaire à son essor. [...]

Le moment de vérité (2/2) 03 janvier 2017, par Matthieu Auzanneau
[...] Exxon d’abord. La croissance de la firme américaine est rongée de l’intérieur par les limites physiques de ses champs pétroliers.
   La production de pétrole d’Exxon décline lentement mais sûrement depuis dix ans, bien qu’entre-temps la première des majors occidentales ait multiplié par deux ses investissements productifs.  
   2011 est la date à laquelle Rex Tillerson a imposé à Exxon un changement de pied sensationnel et périlleux, en s’associant à Vladimir Poutine. Le but : développer – à coups de centaines de milliards d’investissements éventuels au cours des prochaines décennies – les deux ultimes cibles majeures sur Terre pour l’industrie pétrolière, dont le potentiel réel demeure inconnu : l’Arctique russe et les pétroles et gaz «de schiste» de Sibérie occidentale.
   Le rapprochement d’Exxon et du Kremlin est un vertigineux symptôme de l’approche du pic pétrolier. [...]


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Puisque nous ne pouvons pas compter sur les gouvernements, il faut agir en communauté à petite échelle.

Manuel de Transition
De la dépendance au pétrole à la résilience locale

Rob Hopkins | Guides pratiques | 216 pages
Préface de Serge Mongeau | Traduit de l'anglais par Michel Durand
Éditions Écosociété 2010

Que seraient nos sociétés sans pétrole? Brutalement métamorphosées... Plus d’ordinateurs, plus de nourriture des quatre coins du monde, plus de voitures ni d’avions, plus de plastique; nous devrions rapidement réapprendre à produire un nombre incalculable de choses pour assurer notre survie. Mais serions-nous capables d’une telle autonomie?


Ce scénario catastrophe est loin d’être paranoïaque. Il représente au contraire un avenir proche que nous devrons affronter tôt ou tard. Car allié aux changements climatiques, le pic pétrolier (la fin d’un pétrole abondant et peu cher) exige un changement draconien de nos habitudes de vie, une Transition énergétique qui mettrait fin à notre vulnérabilité collective. Comme nos gouvernements refusent de prendre les mesures qui s’imposent, il nous revient à nous, citoyen.ne.s, de prendre l’initiative et de nous préparer.
   C’est ce que propose ce Manuel de Transition, outil révolutionnaire et inspirant, entièrement consacré aux solutions pour construire dès maintenant des sociétés écologiques et résilientes, capables de s’adapter aux catastrophes que constituent le pic pétrolier et les changements climatiques. Enfin traduit et adapté en français, ce livre accessible, clair et convaincant expose tous les outils, les détails pratiques et les étapes nécessaires pour préparer l’avenir en diminuant radicalement les besoins énergétiques à l’échelle de sa communauté.
   Déjà, des milliers d’Initiatives locales ont démarré leur processus de Transition. Planter des arbres fruitiers, réapprendre à la population à cultiver un potager, développer la résilience, réorganiser la production énergétique, développer le transport actif, réapprendre les savoir-faire que nous avons oubliés, telles sont, entre autres, les nombreuses actions concrètes que les citoyenNEs peuvent réaliser au sein de leur village, leur ville, ou leur quartier.
   Vous tenez entre vos mains un outil de changement incroyable… Alors, on commence quand?


Histoires de transition (blog de Rob Hopkins) :

Guide citoyen du droit québécois de l'environnement
Jean Baril
Éditions Écosociété, mai 2018

Un livre pour rendre le droit environnemental accessible aux citoyens
Jean Baril, professeur au Département des sciences juridiques de l'Université du Québec à Montréal, publie le Guide citoyen du droit québécois de l'environnement pour aider les Québécois à prendre en main la protection de l'environnement. Il n’est qu’un simple citoyen lorsqu’il décide de se battre contre un projet de barrage sur la rivière Bastican, en Mauricie. Après quatre années de démarches juridiques, la Cour d’appel du Québec lui donne finalement raison. [...


«La dernière chose à faire, c’est de laisser le droit de l’environnement aux seules mains des avocats et des juges, ou des élus.» (Jean Baril)
Audiofil entrevue, 8 mai 2018

En complément

Des multinationales ou des groupes de représentation paient des acteurs et des figurants pro-ci/pro-ça pour faire croire que leurs projets reçoivent l’approbation des citoyens. En voici un exemple :
   Nouvelle Orléans – En octobre dernier, environ 50 personnes en chemises orange se sont présentées à l'Hôtel de ville lors d’audiences publiques en octobre et février sur. Sur leur chemise on lisait : «Énergie propre. Bons emplois. Pouvoir fiable». Les audiences avaient pour but d'évaluer le soutien communautaire la demande d'Entergy de construire une centrale électrique au gaz de 210 millions de dollars dans l'est de la Nouvelle Orléans.


Néanmoins, pour plusieurs personnes de la foule, il s’agissait d’un rôle. Au moins quatre comédiens professionnels et des figurants de l'industrie cinématographique locale ont été reconnus. Certains ont été payés 60 $ pour porter les chemises orange et applaudir à chaque fois que quelqu’un parlait contre les éoliennes et l’énergie solaire. D’autres ont reçu 200 $ pour livrer des discours pré-écrits, comme on le voit dans les captures d'écran Facebook recueillies par The Lens. On leur a demandé de signer une entente de non-divulgation dans les médias, avec instruction de ne révéler à personne qu'ils avaient été rémunérés. (Actors were paid to support Entergy’s power plant at New Orleans City Council meetings; Michael Stein, May 4 2018)  https://thelensnola.org/  

En période électorale, les politiciens paient des gens pour qu’ils remplissent leurs salles et suscitent d’éventuels votes – et ça marche. Internet est un véhicule des plus intéressants pour manipuler les électeurs :
   Le Parti libéral de l'Ontario affirme que les progressistes-conservateurs utilisent des vidéos promotionnelles déguisées en reportages et que cette pratique enfreindrait la loi sur le financement des campagnes électorales. Les libéraux ont demandé à Élections Ontario d’enquêter. «La campagne de (Doug) Ford utilise peut-être sa fausse chaîne d'information pour contourner la Loi sur le financement des élections en faisant passer sa publicité comme du journalisme», ont déclaré les libéraux dans un communiqué diffusé dimanche. «En essayant de faire passer sa publicité politique pour de la couverture médiatique, la campagne des conservateurs ne ment pas seulement aux Ontariens, elle va peut-être à l'encontre des lois électorales», peut-on lire dans ce communiqué.
https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1099428/liberaux-enquete-elections-ontario-ford-nation-live    


Doug Ford looking into why actors were hired as PC supporters at Ontario leaders' debate



'We don't need to pay anyone,' Progressive Conservative leader told reporters.

CBC News · Posted: May 08, 2018

Ontario PC supporters rallied outside the first televised leaders' debate in Toronto on Monday. Some of those supporters were paid actors, a PC spokesperson confirmed. (Chris Young/Canadian Press)

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