23 novembre 2016

Violence envers les tout-petits

Je me souviens qu’à la petite école, on voyait des enfants arriver le matin avec des marques de violence physique. Ce n’était pas en milieu défavorisé, je tiens à le préciser car on croit que c’est uniquement là que ça arrive. J’ai connu deux fillettes qui se faisaient battre par leur père – un médecin de famille. Hé oui!

Quel malaise, nous ne savions pas comment réagir. Tout le monde savait, mais personne ne parlait – c’était tabou. Il n’y avait pas de DPJ et la psychologie était taboue aussi. Dans les années 1950/60, les sévices corporels et l’agression psychologique faisaient partie des stratégies «d’éducation» approuvées par le clergé catholique qui en usait lui-même dans ses institutions! On se demande ensuite pourquoi il y tant de gens psychologiquement perturbés.

Ces comportements se perpétuent car on enseigne très peu à traiter tous les êtres vivants avec respect et dignité... La quantité de procès corrélés à la maltraitance d’enfants, allant des sévices corporels et psychologiques jusqu’aux meurtres qualifiés, montre que beaucoup de parents souffrent d’un manque de maturité tel, que leur confier la garde de leurs propres enfants devient une entreprise à haut risque.

Voyez «Les enfants comme enjeu dans la violence familiale» :
https://situationplanetaire.blogspot.ca/2015/09/les-enfants-comme-enjeu-dans-la.html


La moitié des enfants du Québec victimes de violence

Les conditions dans lesquelles vivent les petits Québécois de 0 à 5 ans se sont globalement améliorées depuis une dizaine d'années, selon un rapport de l'Observatoire des tout-petits. Toutefois, certaines données montrent que l'insécurité alimentaire, l'accès au logement et la violence commise par les parents sont encore source de préoccupation.

Pressions économiques et conduites parentales violentes toujours présentes

(...) Le portrait met également en lumière les conduites parentales à caractère violent. Entre 2004 et 2012, le pourcentage de tout-petits ayant fait l’objet de violence physique mineure, au moins une fois durant l'année, comme brasser un enfant ou lui donner une tape sur la main ou le bras, a diminué, passant de 56,2 % à 47,8 %. Durant ces mêmes années, la proportion d’enfants âgés de six mois à 5 ans exposés à des agressions psychologiques répétées, comme crier après un enfant ou menacer de le frapper, est toutefois demeurée stable aux environs de 44 %, ce qui représente plus de 200 000 tout-petits. On estime par ailleurs que 4,3 % des enfants québécois âgés de 6 mois à 5 ans ont été victimes de violence physique sévère par un adulte de la maison, comme donner un coup de poing ou serrer la gorge de l’enfant au moins une fois au cours de l’année. Cette proportion n’a pas non plus changé de façon significative depuis 1999.

Selon les données scientifiques les plus récentes, les conduites à caractère violent des adultes ne sont pas sans risque pour le développement des enfants. Les enfants affectés par ces conduites sont plus nombreux à vivre des problèmes d’anxiété, d’agressivité ou liés à des dépressions. Les risques d’escalade entre la violence mineure et sévère sont aussi élevés.

À propos de l’Observatoire des tout-petits

L’Observatoire des tout-petits, un projet de la Fondation Lucie et André Chagnon, a pour mission de contribuer à placer le développement et le bien-être des tout-petits au cœur des priorités de la société québécoise. Pour y parvenir, l’Observatoire regroupe les données les plus rigoureuses concernant les 0-5 ans, produit des dossiers thématiques et suscite le dialogue autour des actions collectives nécessaires dans ce domaine. Pour obtenir de plus amples renseignements au sujet de l’Observatoire des tout-petits : http://tout-petits.org/


L’effort humain
Jacques Prévert

L’effort humain
n’est pas ce beau jeune homme souriant
debout sur sa jambe de plâtre
ou de pierre
et donnant grâce aux puérils artifices du statuaire
l’imbécile illusion
de la joie de la danse et de la jubilation
évoquant avec l’autre jambe en l’air
la douceur du retour à la maison

Non
l’effort humain ne porte pas un petit enfant sur l’épaule droite
un autre sur la tête
et un troisième sur l’épaule gauche
avec les outils en bandoulière
et la jeune femme heureuse accrochée à son bras

L’effort humain porte un bandage herniaire
et les cicatrices des combats
livrés par la classe ouvrière
contre un monde absurde et sans lois

L’effort humain n’a pas de vraie maison
il sent l’odeur de son travail
et il est touché aux poumons
son salaire est maigre
ses enfants aussi
il travaille comme un nègre
et le nègre travaille comme lui

L’effort humain n’a pas de savoir-vivre
l’effort humain n’a pas l’âge de raison
l’effort humain a l’âge des casernes
l’âge des bagnes et des prisons
l’âge des églises et des usines
l’âge des canons
et lui qui a planté partout toutes les vignes
et accordé tous les violons
il se nourrit de mauvais rêves
et il se saoule avec le mauvais vin de la résignation
et comme un grand écureuil ivre
sans arrêt il tourne en rond
dans un univers hostile
poussiéreux et bas de plafond
et il forge sans cesse la chaîne
la terrifiante chaîne où tout s’enchaîne
la misère le profit le travail la tuerie
la tristesse le malheur l’insomnie et l’ennui
la terrifiante chaîne d’or
de charbon de fer et d’acier
de mâchefer et de poussier
passée autour du cou
d’un monde désemparé
la misérable chaîne
où viennent s’accrocher
les breloques divines
les reliques sacrées
les croix d’honneur les croix gammées
les ouistitis porte-bonheur
les médailles des vieux serviteurs
les colifichets du malheur
et la grande pièce de musée
le grand portrait équestre
le grand portrait en pied
le grand portrait de face de profil à cloche-pied
le grand portrait doré
le grand portrait du grand divinateur
le grand portrait du grand empereur
le grand portrait du grand penseur
du grand sauteur
du grand moralisateur
du digne et triste farceur
la tête du grand emmerdeur
la tête de l’agressif pacificateur
la tête policière du grand libérateur
la tête d’Adolf Hitler
la tête de monsieur Thiers
la tête du dictateur
la tête du fusilleur
de n’importe quel pays
de n’importe quelle couleur
la tête odieuse
la tête malheureuse
la tête à claques
la tête à massacre
la tête de la peur

Paroles (Gallimard, 1946)

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