Photo via ICI Radio-Canada Première
Jean Lemire a sillonné les mers pendant près de 25 ans, d'abord comme scientifique et, à partir de 1987, comme cinéaste. Son dernier ouvrage, L'odyssée des illusions, retrace ses années d'explorations aux quatre coins de la planète.
Un ouvrage de collection à prix plus qu’abordable à offrir en héritage à vos enfants. Il n’y a pas de mots assez forts pour qualifier ses photos. J’avoue que ça m’arrache le cœur de voir cette splendeur vouée à l’extinction (1).
«Notre planète est composée de millions de créatures exquises. Nous sommes l'une d'entre elles. Même si nous sommes responsables d’une part de cette beauté, nous sommes aussi responsables de terribles destructions. Aucun autre animal ne détruit son environnement tel que nous le faisons. En fait, dans son habitat naturel, chaque créature contribue à l'ensemble de l'écosystème, participe à maintenir l'équilibre de la planète. Une espèce détruit son environnement uniquement quand une espèce étrangère s’introduit et crée un déséquilibre. La vraie question est : allons-nous continuer de participer à la destruction? Ou devons-nous commencer à agir comme les autres animaux et créer un équilibre? Nous pensons souvent que les animaux sont dangereux. Mais si vous regardez les animaux les plus dangereux de la planète, ceux que nous craignons le plus, les requins, les loups et les ours, ils ne sont pas en haut de la liste – l’espèce humaine est la plus dangereuse.»
~ Emma Seppälä, PhD http://www.awaken.com/
Cet «océan d’indifférence et d’insouciance» que mentionne Jean Lemire dans sa conclusion est le facteur le plus préoccupant et décourageant de la question environnementale. Tous les dirigeants de la planète et leurs lobbyistes industriels devraient recevoir un exemplaire!
Visitez «1000 jours pour la planète» et jugez vous-même l’ampleur des défis
http://sedna.radio-canada.ca/fr/aventure/photos-videos
Voyez quelques photos (Éditions La Presse)
http://editions.lapresse.ca/nos-livres/categorie/biographies-recits-et-recueils/livre/lodyssee-des-illusions/
Extrait de La simple beauté du monde / Communiquer la science
J’ai passé une bonne partie de ma vie en mer, à étudier les baleines. Fasciné devant si grand et si imposant, j’ai sillonné les eaux du golfe et de l’estuaire du Saint-Laurent pour apprendre le métier de chercheur, sous la supervision d’un vieux loup de mer, Richard Sears, qui m’a tout montré. [...]
En ces temps, les villages riverains ressemblaient encore à des havres de paix où l’on «jiggait» la morue en famille, ramassait les milliers de capelans qui roulaient sur les plages de cette mer d’abondance. [...] Les traditions maritimes et le savoir-faire se perpétuaient ainsi, de génération en génération [...]
Puis les stocks de poissons ont diminué, victimes d’une surpêche causée par un appât du gain démesuré et des moyens technologiques de plus en plus performants. Notre désir d’accumuler toujours davantage, sans nous inquiéter de la pérennité des ressources, est venu piller le précieux héritage de nos prédécesseurs. Les grands géniteurs des espèces phares, celles sur lesquelles reposaient les bases de toute notre économie régionale, avaient été tellement exploitées qu’elles n’allaient plus jamais se remettre d’une pareille surpêche, fauchant du même coup des siècles de traditions. Sans métier à exercer, les jeunes ont été contraints d’abandonner les régions pour rejoindre les grands centres. [...]
Cette catastrophe aurait pu être évitée, je le pense sincèrement. La science a failli à son devoir de préservation, et les grands décideurs n’ont jamais osé affronter les lobbyistes de l’industrie des pêches, qui faisaient pression sur les gouvernements pour conserver les emplois de cette industrie en perte de vitesse. Ce laxisme et cette pression insoutenable sur les stocks ont vidé les océans : 90 % des grands poissons ont ainsi disparu au cours des dernières décennies et le carnage se poursuit, loin au large, loin des regards.
Le syndrome de la surexploitation des ressources venait de faire une première victime, la mer, et je savais que les mêmes menaces planaient au-dessus des autres écosystèmes de la planète. Le désir de tout mettre en œuvre pour sensibiliser les populations aux dangers de l’exaction abusive des ressources allait donc naître d’un crime inconnu, d’un génocide planifié et assumé contre l’équilibre naturel précaire qui constituait les fondements mêmes de notre relation avec la nature. Dès lors, ma destinée était devenue évidente.
Conclusion
J’aime la vie et rien ne me touche autant que la nature, dans toute sa splendeur, son équilibre et sa force silencieuse. D’un tempérament optimiste, j’aurais voulu un livre à la conclusion belle et porteuse d’espoir. Je désirais tellement être un prophète de bonheur, une preuve tangible que tout est en voie de s’améliorer. Mais j’ai un devoir de vérité. La mienne, qui, je le souhaite, sera balayée par un vent de changement.
Si la simple beauté du monde et l’engagement des jeunes pour demain constituent de formidables baumes d’espoir, le grand bilan de cette odyssée demeure parfois sombre et pessimiste. Je tiens à m’en excuser, sincèrement. Car après toutes ces années, après avoir pu constater l’ampleur de la tâche à accomplir et comparé les niveaux de réformes des différents pays, je sais aujourd’hui que le rêve fou de changer le monde ne se produira pas. Que la terre nouvelle convoitée, améliorée, nourrie par le désir réel de l’humanité de faire le grand ménage de sa maison, n’arrivera pas avant le crépuscule de mes jours. Que les efforts de sensibilisation de tous les artisans du changement n’auront pas réussi à percer la forteresse économique et politique des dirigeants de la planète. Que nos petites victoires pour préserver la simple beauté du monde ne sont que minuscules diachylons appliqués sur une nature meurtrie, blessée, mutilée, estropiée, battue et écorchée par nos mauvais traitements.
L’espoir est un ingrédient de bonheur, mais il se fait rare dans les recettes pour garantir l’avenir de cette nature qui souffre en silence.
Il y aura nos mots et nos images, une goutte d’eau dans un océan d’indifférence et d’insouciance. Puissent-ils toucher les générations futures, pour qu’un réel vent de changement souffle sur demain, et que l’espoir renaisse enfin dans le cœur et les âmes de ceux et celles qui y croient encore.
Présentation de l’éditeur
L’odyssée des illusions
25 ans à parcourir la planète
Sensibiliser les gens à la beauté et à la fragilité de la planète, voilà le défi que s’est lancé il y a 25 ans le biologiste, cinéaste, photographe et auteur Jean Lemire.
À bord du voilier SEDNA IV, il a sillonné les mers du monde et a pu constater les grands enjeux environnementaux. Il a cherché des réponses devant l’inexplicable et parfois même l’inconcevable.
À travers ce livre, illustré de plus de 150 photos, il nous fait revivre les grandes escales de ce périple autour de la planète. Il partage avec nous ses réflexions, ses moments de bonheur, mais aussi ses déceptions et ses désillusions.
Témoigner, encore et encore, en espérant que les mots et les images sauront insuffler un vent de changement sur les générations futures.
Jean Lemire
Biologiste de formation, Jean Lemire parcourt les mers depuis plus de 25 ans. D’abord comme scientifique, puis comme cinéaste. À bord du voilier SEDNA IV, il entreprend diverses missions : Mission Arctique en 2002 ; Mission Baleines en 2003 ; Mission Antarctique en 2005 et finalement 1 000 jours pour la planète en 2012. Jean Lemire est également récipiendaire de nombreux prix et distinctions. Il a notamment été nommé Officier de l’Ordre du Canada et a reçu le prestigieux Prix Hommage des Prix canadiens de l’environnement. En 2010, l’Organisation des Nations unies lui a accordé le titre d’ambassadeur honorifique de la Vague verte, un vaste mouvement mondial de sensibilisation des jeunes à la biodiversité de la planète. Il est l’auteur des best-sellers Mission Antarctique, (2007) et Le dernier continent, 430 jours au cœur de l’Antarctique, (2009) publiés aux Éditions La Presse.
Entrevue (audiofil)
http://ici.radio-canada.ca/emissions/gravel_le_matin/2016-2017/chronique.asp?idChronique=421307
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(1) Rapacité humaine... Voilà le sort réservé aux cornes de rhinocéros – des objets et bijoux dont nous n'avons pas besoin! Si l’on se fie aux superstitions populaires asiatiques, on leur attribue sans doute des propriétés aphrodisiaques. Grrr.
Illegally traded rhino horn products recovered during investigations in Nhi Khe, Vietnam. Photograph: Wildlife Justice Commission Investigation/AFP/Getty Images
https://www.theguardian.com/environment/gallery/2016/nov/11/the-week-in-wildlife-in-pictures
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