26 novembre 2016

Telle est la vie...

Aucune crise économique n’empêche les gens de dépenser sans compter pendant les fêtes. En janvier prochain, comme à tous les ans, plusieurs seront épuisés, déçus, déprimés, endettés sinon ruinés. La foire mercantile avec ses promesses de bonheur pogne encore.

«Avoir les moyens de dépenser devrait vouloir dire ceci : être capable de couvrir l’ensemble des obligations de "l’adulte responsable". [...] La vie est ainsi faite que les besoins ne correspondent pas toujours aux liquidités disponibles. On a alors deux choix : être à court de liquidités ou planifier. [...] 
     En règle générale, "avoir les moyens" veut dire "avoir prévu le prévisible ET l’imprévisible". Ce n’est pas être prudent à l’extrême, mais bien être conscient que les obligations financières résultent en une finalité beaucoup plus grande que ce qu’on peut imaginer. 
     Par exemple, ai-je les moyens de ce voyage ou suis-je en train de manger les droits de scolarité de mes enfants? Ai-je les moyens de cette voiture sport ou suis-je en train de m’obliger à faire des heures supplémentaires pendant quatre ans et finir par en faire une dépression? Ai-je les moyens d’une douche en marbre ou suis-je en train de dépenser l’argent du compte urgence-toit-qui-coule? 
     Certains me diront : "Oui, mais on a juste une vie à vivre!" C’est vrai, mais c’est le cas pour tous les consommateurs, ce qui fait en sorte que les désirs ne pourront tous être comblés.» ~ Pierre-Yves McSween (Avoir les moyens, en as-tu vraiment besoin, in En as-tu vraiment besoin?; Guy Saint-Jean Éditeur 2016)  

Un livre à offrir en cadeau! Suggestion : insérez votre carte de crédit dans le porte-carte gracieusement fourni – ça aide à penser avant d’acheter. (Publicité gratuite de ma part, espérant qu'elle pourra aider les malheureux consommateurs subjugués à mettre le Père Noël à la rue plutôt qu’eux-mêmes...) 


[...] «Vivre dans la consommation, ce n’est pas la liberté. Personne ne va me faire croire que faire des paiements chaque mois et cumuler du stress et des dettes, c’est de la liberté. Non, la liberté, c’est d’avoir une marge de manœuvre, pas de porter les vêtements financés à 19,99 %.
     Je ne blâme personne. La société a voulu qu’on vive comme ça. La consommation, ça fait rouler l’économie. Au nom d’une hiérarchie des savoirs, on a décidé que la vie financière s’apprenait sur le tas, comme le vélo. Le problème, l’équilibre financier est beaucoup plus complexe que l’équilibre physique. L’équilibre financier, c’est comme rouler à vélo avec des obstacles partout et des gens qui tentent de vous faire tomber de votre scelle en vous poussant de tous les côtés.» [...]
Article intégral : https://voir.ca/pierre-yves-mcsween/2016/11/25/en-as-tu-vraiment-besoin/

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«On a peine à croire à quel point est insignifiante et vide, aux yeux du spectateur étranger, à quel point stupide et irréfléchie, chez l'acteur lui-même, l'existence que coulent la plupart des hommes : une agitation qui se traîne et se tourmente, une marche titubante et endormie, à travers les quatre âges de la vie, jusqu'à la mort, avec un cortège de pensées triviales. Ce sont des horloges qui, une fois montées, marchent sans savoir pourquoi. Chaque fois qu'un homme est conçu, l'horloge de la vie se remonte, et elle reprend sa petite ritournelle qu'elle a déjà jouée tant de fois, mesure par mesure, avec des variations insignifiantes. Chaque individu, chaque visage humain, chaque vie humaine, n'est qu'un rêve sans durée de l'esprit infini qui anime la nature, du vouloir vivre indestructible; c'est une image fugitive de plus, qu'il esquisse en se jouant sur sa toile immense, l'espace et le temps, une image qu'il laisse subsister un instant, et qu'il efface aussitôt, pour faire place à d'autres.» [Arthur Schopenhauer]
     Telle est la vie humaine, dans son apparition générale et commune. Toute fugitive qu'elle est, elle pourrait encore nous plaire, si du moins elle n'exigeait rien de nous. Mais il faut que nous la remplissions avec des actes. Chaque être est, pour son compte, une personnification du vouloir vivre universel. Or, vouloir vivre, c'est faire effort. Quand l'effort est contrarié, il se traduit par une souffrance. Quand il aboutit, il procure une satisfaction mais cette satisfaction dure peu, car elle est suivie aussitôt d'un nouvel effort; et cette continuité d'efforts, lors même qu'ils seraient tous heureux, cause un état d'inquiétude, qui est encore une souffrance.

La douleur et l’ennui (Extraits de Schopenhauer, l'homme et le philosophe, A. Bossert, Paris, 1904, pp. 219-223) http://www.schopenhauer.fr/index.html

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