Des écrits qui apaisent l’esprit quand l’hystérie collective
tend à prendre le dessus sur toute forme de sagesse et de raison…
Extraits de Contes
Zen*
La cabane de sel
Un jour, une petite cabane située sur la plage, brûla. Dans
cette cabane, autrefois, on rapportait le sel, on le faisait sécher et on le
préparait à la vente. On ne sait pas si Ryôkan l’avait habitée mais voici ce
qui arriva :
Dès que les
villageois apprirent que la cabane à sel avait disparu dans les flammes, ils
cherchèrent le responsable. Avisant le moine à l’aspect mystérieux, ils
l’attrapèrent et décidèrent de le punir. Ils creusèrent un trou dans le sable,
y jetèrent Ryôkan puis commencèrent à l’ensevelir. Ryôkan avait presque disparu
sous le sable quand, bienheureusement, passa juste à ce moment-là, monsieur
Ogoshi Chumin, le médecin des villageois, le médecin s’interposa en faveur de
l’enseveli et pour les calmer leur offrit du saké et du poisson. Puis il vint en aide à Ryôkan qui se dégageait comme si rien ne s’était passé, et le ramena chez lui pour le réconforter. Monsieur Ogoshi Chumin regardait silencieusement et respectueusement Ryôkan en se demandant : « Pourquoi n’a-t-il pas protesté? Pourquoi s’est-il laissé faire sans rien dire? »
Ryôkan dit :
-- Quand les gens sont persuadés d’avoir raison il est inutile d’essayer de les convaincre, même des arguments logiques sont inutiles. Ils n’écoutent pas. C’est pourquoi j’ai laissé faire.
-- Oui, reconnut le médecin; Peut-être que Ryôkan, en suivant le cours des choses tel qu’il se présente, montre ici une grande sagesse, un véritable détachement. Parfois dans ce monde, plus on se débat, plus se produisent des faits contraires alors que si l’on laisse les évènements aller selon leur courant, une meilleure direction apparait.
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Tableau : Ryôkan |
Lecture
On ne peut pas dire
Que je ne souhaite pas
Rencontrer les gens du monde
Mais être seul
Pour me détendre
Est mon plus grand plaisir.
Go goan
À l’ombre des arbres
De la montagne Kugami
Dans cette cabane
Je voudrais atteindre le grand âge.
Les oiseaux, les animaux sauvages
et les insectes, tous, par leurs chants,
rendent grâce et moi,
je peux écouter leurs prières.
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Quand tout près du temple
Dans la forêt printanière
Je joue à la balle avec les enfants
Je souhaiterais
Que jamais de ce jour
Ne survienne la nuit.
~ Daigu Ryokan (1758-1831)
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* Contes Zen
Ryôkan Le moine au cœur d’enfant
Traduction du japonais et composition par Claire S. Fontaine
Le Courrier du livre; 2001
Ryôkan n’a pas laissé de notes précises sur les évènements de sa vie mais a légué, à travers des textes poétiques et son admirable calligraphie, un trésor de sagesse infinie.
Sur le ton du conte, le lecteur trouvera dans ces pages des anecdotes qui lui permettront de rencontrer ce personnage exception inscrit dans la mémoire du peuple japonais comme « le moine qui jouait à la balle avec les enfants ».
Extrait de l’avant-propos :
Ryôkan n’a pas choisi la solitude, ni la pauvreté comme un renoncement aux choses du monde. Ryôkan n’a renoncé à rien, il s’est mis en position d’accueillir et de recueillir la totalité de l’univers. (…) Peut-être ce moine « pauvre et solitaire » fut l’être le plus riche et le plus entouré qui soit. Riche et entouré des myriades de cellules vivantes de toutes les galaxies… Et tous ceux qu’il rencontrait, ses amis, les paysans, les villageois, les enfants, étaient comme contaminés par cet espace infini que Ryôkan portait en lui et qui rayonnait sous forme de douceur. ~ Claire S. Fontaine
Complémentaire : Les préceptes de Ryôkan
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