20 décembre 2012

Elle était bleue… SEDNA

Il n'y a pas si longtemps. Nous n'avons pas besoin de comètes pour détruire le vivant - nous sommes capables de le faire tu-seuls.


Ce matin j’écoutais une entrevue avec Jean Lemire. Jusqu’à maintenant j'avais l’impression qu’en dépit de tout ce qu’il a filmé, il gardait espoir. Mais là, je pense qu’il voit le mur

SEDNA IV
Un premier bilan
Par Jean Lemire
10 décembre 2012
1000 jours pour la planète : http://sedna.radio-canada.ca/fr/accueil

Le Sedna IV est arrivé aux îles Galápagos. Oui, un vieux rêve pour moi. Mais je n’y suis pas, embourbé dans des centaines d’heures de tournage qui deviendront les films en ondes en février. Le rêve devra attendre, triste constat personnel, mais inévitable décision, compte tenu du calendrier de livraison des films.

Le montage permet de revisiter cette première année de tournage et de dresser un premier bilan. Un bilan relativement simple, mais tragique : la situation environnementale mondiale est plus catastrophique que je ne le pensais! J’essaie d’être un éternel optimiste, de trouver dans les situations les plus alarmantes le côté positif des choses. Cette fois, j’ai de la difficulté. Il y a bien le travail formidable de conservation de certains scientifiques isolés qui, nombreux, dédient leur vie pour sauver une espèce en déclin ou un habitat ravagé par la bêtise humaine. Mais ce n’est pas assez!

Il faut entendre le silence régner dans les forêts tropicales; voir la blancheur de certains récifs coralliens pour comprendre toute la portée de la crise climatique sur la planète; essayer de comprendre comment on tue quelque 75 millions de requins par année pour nourrir une industrie de la soupe aux ailerons, une atrocité que nous tolérons au nom d’une certaine culture; constater comment les espèces envahissantes font des dommages irréversibles aux habitats de la planète, par nos exportations de libre marché; voir l’indifférence, l’insouciance et le gel alarmant du « je-m’en-foutisme » de certains de nos dirigeants, qui voient la sauvegarde de notre planète comme un frein à la sacro-sainte croissance économique.

Le bilan est simple : nous manquerons de temps – et de moyens – pour sauver la vie, sous toutes ses formes. Et pendant ce temps, nous hésitons à réaliser une entente pour faire suite au protocole de Kyoto… Avec 9 milliards d’humains à la fin du prochain siècle et une température moyenne en hausse de 4 à 5°C, on peut prédire sans se tromper que les décennies à venir seront celles de la lutte pour notre propre survie.

Sans doute initiée par cette crise climatique mondiale, nos enfants verront peut-être la fin de l’ère économique, un modèle basé sur une économie qui dépend de la consommation toujours grandissante des humains pour supporter ce système. Un dogme qui suppose l’extraction et le marchandage des ressources naturelles, au-delà des règles élémentaires de régénération, sans soucis réels pour demain et les générations à venir. Un modèle insoutenable!

Il ne reste qu’à espérer que l’héritage de ces temps difficiles engendrera un nouvel équilibre entre l’humanité et la nature, où le développement durable dressera les nouvelles règles de croissance et d’évolution. Mais il faudra sans doute toucher le fond du baril pour espérer le changement vital de nos façons de faire. La fin inévitablement tragique de l’ère économique pourrait bien initier une nouvelle ère de responsabilisation universelle, basée sur le respect de la vie et sur ce qui la supporte. Une ère nouvelle, où l’évaluation de la croissance d’un peuple serait mesurée en « qualité » plutôt qu’en « quantité ».


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Quant aux espoirs d’Yves Paccalet, voici ce qu’il a répondu à un commentaire sur son blog :
       Je l’ai dit plusieurs fois : je suis bipolaire. 90 % de désespoir, 10 % d’espoir…
       J’écris pour clamer ce que je vois poindre au XXIe siècle : d’immenses peines pour nos enfants et petits-enfants. Des désastres difficiles à imaginer, mais qu’il nous faut quand même tenter de décrire d’avance – si nous voulons nous donner une chance de les éviter…
       J’écris par plaisir aussi. Parce que j’aime ça. En hommage aux penseurs et aux écrivains qui m’ont enchanté et nourri : Diogène et Lucrèce, Laozi et Basho, Swift et Voltaire…
       J’espère qu’en composant quelques beaux textes, et en y ajoutant l’ironie nécessaire, je suis un peu plus utile et efficace qu’en m’en tenant à des dossiers de technocrate...

Plastique, 1 & 2
Par Yves Paccalet
1er décembre 2012
Le blog d’Yves Paccalet : http://www.yves-paccalet.fr/blog/

Plastique (1)
(Extrait du Journal de l’auteur.)

Un matin comme un autre. J’ouvre un œil. Je me retourne dans mes draps cinquante pour cent polyester (plastique). J’éteins mon radioréveil en styrène (plastique). Je gagne à tâtons les dalles en vinyle (plastique) de ma salle de bains. Pommeau de douche en plastique. Shampooing dans un flacon de plastique. Porte-serviette en plastique, serviette en fibres synthétiques : plastiques, vous dis-je!

Je m’habille : 50 pour 100 polyester (plastique). Je me chausse : mes semelles sont en polyéthylène (plastique). Petit déjeuner : cafetière électrique en plastique et gâteau emballé dans du plastique. Par bonheur, le café est bio… Je bois un jus de fruit que contenait une bouteille en polychlorure de vinyle (plastique). Je me passe un DVD de musique, support en mylar (plastique). Je sors ma poubelle en plastique.

Je suis plastifié jusqu’à l’os… Notre civilisation se drogue aux plastiques. Elle est emballée dedans comme la mouche dans la toile d’araignée. Elle en use et en abuse, de toutes les textures et de toutes les couleurs. Elle ne peut plus s’en passer. Non seulement elle emballe et s’emballe, mais elle suremballe!

Or, les plastiques sont préparés, synthétisés, polymérisés à partir du pétrole. Ils recèlent du chlore et cent composés polluants qui provoquent des allergies, des stérilités, des cancers, des naissances anormales. Nous en fabriquons des dizaines de millions de tonnes par an, que nous jetons à peine employées ; qui encombrent nos décharges ; ou que nous brûlons en commettant des crimes à la dioxine ou aux PCB…

Je suis anéanti. Je pense me recoucher pour oublier. J’entends pleurer dans la chambre voisine. Mon petit-fils se réveille. Je crois que je vais aller lui voler sa tétine (en plastique), me la planter entre les lèvres et la sucer une heure ou deux pour me rassurer.

Plastique (2)

Nos déchets de plastique se retrouvent en grande quantité partout, notamment dans la mer. Ils y flottent, en surface ou entre deux eaux. Ils sont là pour des siècles… Ils tournent avec les grands courants océaniques. On en a découvert deux concentrations hallucinantes, l’une dans le Pacifique Nord, l’autre dans l’Atlantique Nord, qu’on appelle les « grands gyres » ou les « grands maelströms ». Dans ces zones, les océanographes ne pêchent pas moins de 5 kilogrammes de ces déchets par kilomètre carré, soit six fois plus que de plancton ! Bon appétit aux tortues marines, aux grands poissons, aux dauphins qui gobent ces débris de toutes tailles, par inadvertance ou par erreur, en les confondant avec des proies…

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