1 mai 2019

«Le propre du travail, c’est d’être forcé.» ~ Alain

Travail qui par ailleurs n’est pas nécessairement propre. Et puis, on sait que les gens qui ont du fric confient toujours le sale boulot aux «classes inférieures» de la hiérarchie socioéconomique.

Au sens économique usuel, le travail est l'activité rémunérée ou non qui permet la production de biens et services. Avec le capital, c'est un facteur de production de l'économie. Il est essentiellement fourni par des employés en échange d'un salaire et contribue à l'activité économique. Le processus d'entrée et de sortie de l'emploi se fait par le marché du travail. Il est fêté en certains pays le 1er mai. (Wikipedia)

Tableau : empilage de chemises de travail vintage.

Le terme de «travailleur» a presque complètement disparu du vocabulaire. Il a longtemps été remplacé par celui d’employé, qui illustrait déjà une dérive utilitariste. Employer ou utiliser une personne, c’est du pareil au même. Peut-être parce qu’il a cette connotation négative, on n’utilise à peu près plus ce terme, qui a fait place à celui de ressources humaines. Depuis belle lurette, les grandes entreprises ont leur département des ressources humaines comme elles en ont un des ressources matérielles. Les travailleurs sont considérés de la même manière que les stylos, les ordinateurs et les pupitres. Que fait-on d’une ressource, d’une ressource naturelle, par exemple? On l’exploite. ... Ce procédé rhétorique constitue un projet déshumanisant.
   D’ailleurs, que fait-on d’une ressource naturelle, une mine par exemple, lorsqu’on l’a épuisée? On l’abandonne. On peut filer la métaphore, puisque l’épuisement professionnel serait le «fléau de l’heure» pour les entreprises... Lorsqu’un ordinateur ne fonctionne plus, on appelle le service des ressources informatiques, pour le réparer. Lorsqu’un travailleur ne fonctionne plus dans son emploi, on appelle le service des ressources humaines. Le burn-out représente un défaut de fonctionnement du travailleur, qu’on doit corriger. On est donc en «arrêt de travail» pendant un moment, comme l’ordinateur repose entre les mains des techniciens, le temps de le rafistoler. Lorsque le travailleur ne fonctionne plus, on le répare à coup de petites pilules. On évacue la noblesse et la souveraineté du travail humain, qu’on remplace par l’idéal du consommateur, moteur de l’économie contemporaine, et l’efficacité instrumentale de la «ressource humaine».
   Henry Mintzberg, sommité mondiale du management, dénonce ce vocabulaire en affirmant qu’il n’est pas une ressource humaine, mais bien un être humain, ce qui estompe sa nature multidimensionnelle. Cette déshumanisation atteint de nouveaux sommets depuis quelques années. Les entreprises ne recrutent plus des travailleurs ni même des employés, mais plutôt des talents. Cette mode provient, notamment, des travaux du géographe Richard Florida, qui a soutenu que la présence de ce qu’il nomme la classe créative permettrait l’attraction des investissements économiques. Cette «classe» se caractérise par les «3T du développement économique» : le talent, la technologie et la tolérance. Nous ne sommes plus des personnes, mais un amalgame de caractéristiques et de compétences au service de l’entreprise. Non seulement on recrute ces talents, mais cela étant réalisé, on les active au même titre qu’on met en marche un logiciel sur son ordinateur après l’avoir acheté. Le processus de la déshumanisation est complet. Il n’y a plus d’humains : ne subsistent que leurs attributs professionnels. (p. 77 / 79)

Source : Les passagers clandestins / Métaphores et trompe-l’oeil de l’économie, Ianik Marcil; Éditions Somme toute 2016

Le mythe de la méritocratie

Si la richesse est le résultat inévitable du travail acharné et de l’esprit d’initiative, chaque femme en Afrique serait millionnaire. ~ George Monbiot (The Self-Ambition Fallacy)


CQFD – Le mot de méritocratie est employé pour la première fois par Michael Young en 1958 dans son ouvrage The rise of the meritocraty (L'ascension de la méritocratie). L'auteur de cette «sociologie-fiction» l'utilise «pour dénoncer les effets pervers du système d’éducation anglais» et développe l'idée que loin d'être un idéal, ce modèle poussé à ses limites engendrerait «des situations invivables pour les «non-méritants», responsables alors de leur propre sort». Michael Young décrit une société dans laquelle le modèle rend les individus situés au bas de la pyramide sociale incapables de se protéger contre les abus d'une élite autocratique. L'application intégrale du modèle méritocratique ayant créé «une société cauchemardesque pour la population et nuisible pour le lien social». (Wikipédia)

Humour noir : Les gens ne comprennent pas le principe de la méritocratie. Voilà pourquoi les hausses de salaire des médecins spécialistes soulèvent tant d’indignation. Aussi bien que les primes et les salaires mirobolants des PDG et des cadres de grandes entreprises – qu’ils méritent! Pourquoi? Parce que faire travailler des esclaves (sans travailler soi-même) requiert des compétences et des qualités de leadership exceptionnelles. Le jour où les classes inférieures comprendront cela, eh bien, elles cesseront de se plaindre inutilement...

TRAVAIL


Rien ne tue plus sûrement la pensée, la créativité, le rêve, la lucidité ou le délire que le travail intensif, l’efficience, l’amour frénétique du gain, la course au profit et aux boulots profitables. ~ Jacques Sternberg

L’emploi qu’un homme finit par obtenir est rarement celui pour lequel il se croyait préparé et dans lequel il pensait pouvoir être utile. ~ Marguerite Yourcenar

Je suis d’avis que si le travail était une chose vraiment merveilleuse, les riches en auraient gardé pour eux. ~ Bruce Grocott

Extreme danger! Photo: Margaret Bourke-White.

Quand vous voyez les hommes que certaines femmes épousent, vous pouvez mesurer leur horreur du travail. ~ Helen Rowland

Si l’on veut gagner sa vie, il suffit de travailler. Si l’on veut devenir riche, il faut trouver autre chose. ~ Alphonse Karr

C’est au moment de payer ses impôts qu’on s’aperçoit qu’on n’a pas les moyens de s’offrir l’argent que l’on gagne. ~ Frédéric Dard (alias San Antonio)

À celui qui vous dira qu’il s’est enrichi par le travail, demandez : ‘De qui?’ ~ Don Marquis

Pay-day on the levee, 1900-1906 (USA) https://www.shorpy.com/

Si pour gagner deux fois plus, il faut travailler deux fois plus, je ne vois pas où est le bénéfice. ~ Raymond Castans

En napolitain, le mot «travailler» n’existe pas. On dit «fatigare». ~ Roberto Rossellini

J’ai toujours détesté le labeur et si je travaille, c’est dans le but unique de subvenir à mes débauches. ~ Alphonse Allais

Henri Jeanson :

• Le capitalisme, c’est l’exploitation de l’homme par l’homme. Le communisme? C’est le contraire…

• Travailler! C’est bon pour ceux qui n’ont rien à faire.

Coluche :

• Gagner sa vie ne vaut pas le coup, attendu qu’on l’a déjà. Le boulot y en a pas beaucoup, faut le laisser à ceux qui aiment ça.

• À la télé ils disent tous les jours : «Y a trois millions de personnes qui veulent du travail». C’est pas vrai : de l’argent leur suffirait.

Chaque minute compte. August 1942. Republic Drill and Tool Co., Chicago. Office of War Information. https://www.shorpy.com/

Auteurs inconnus :

• Il y a vingt ans, la stabilité était la règle et le changement l’exception; aujourd’hui, le changement est devenu la règle et la stabilité l’exception.

• Si le travail c’est la santé, donnez donc le mien à quelqu’un de malade.

• Le seul travail que l’on puisse commencer par le haut, c’est creuser un trou.

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