8 mai 2019

Le Pastafarisme : la satire à la défense de la science et de la rationalité

The Church of the Flying Spaghetti Monster (l’Église du Monstre en spaghetti volant), créé par Bobby Hendersen en 2005, semble reprendre du galon.

Les satires produites par l’Église Pastafarienne invitent non pas à dénigrer les individus, mais plutôt à réfléchir sur les croyances religieuses irrationnelles auxquelles ils adhèrent sans les remettre en question. Malheureusement, les croyants ont la fâcheuse tendance à s’identifier aux symboles, rituels et objets de culte de leur religion. Ce problème d’identification est au cœur du débat actuel sur la Loi 21 relative au respect de la laïcité étatique au Québec.
   Quand un médecin ou un policier arrive au travail, il troque ses vêtements civils pour un uniforme pouvant facilement l’identifier en cas d’urgence; après son travail il remet ses habits civils. Même chose pour les avocats, etc. Pourquoi les enseignantes et infirmières musulmanes ne peuvent-elles pas adopter les codes vestimentaires de la fonction publique? C’est fou le pouvoir que peuvent avoir les religions sur certaines catégories de croyants. Sur les chantiers de construction montréalais le casque de protection est obligatoire, alors les sikhs troquent leur turban pour le casque. Si un croyant doit cesser de travailler cinq fois par jour pour prier, l’employeur doit-il chambouler sa production pour accommoder ce rituel? – je ne pense pas que le «dieu» du fidèle serait scandalisé s'il faisait ses prières en rafale le matin ou le soir, en dehors des heures de travail. 
   Dans un état laïc, il n’y a aucune raison valide d’adapter la fonction publique aux pratiques religieuses de tous ordres. Nous avons mis des décennies à nous défaire de l’emprise du clergé catholique, alors, euh... pas d’extra svp!

En tout cas, si quelqu’un en a ras le bol des diktats de sa religion et qu’il adore les pâtes (ou les nouilles ramen), eh bien il pourrait essayer le Pastafarisme pour faire la transition vers l’option «pas de religion du tout» (ce qui n'empêche nullement d'avoir la foi en une quelconque entité invisible, bien sûr).

Singh, du Daily Telegraph, décrivait le Monstre comme «un coup de génie qui soulignait l'absurdité du dessein intelligent», et il félicitait Henderson d’«avoir galvanisé la défense de la science et de la rationalité».

I, Pastafari (2019) is a documentary film about the world’s fastest growing religion:
The Church of The Flying Spaghetti Monster. RAmen.


Le droit de porter le couvre-chef religieux Pastafarien pour la photo du permis de conduire :
Pastafarian's fight to wear spaghetti strainer for ID photo


Théorie du Pastafarisme

Pas de bêtises insensées
Les Pastafariens rejettent les bêtises insensées.  Le non-sens démentiel comprend toutes les superstitions religieuses et culturelles qui ne maximisent pas le bien-être des individus et qui ne sont pas soutenues par la science. Parmi les exemples absurdes et insensés, mentionnons : l'ablation de parties anatomiques, les restrictions alimentaires, les normes vestimentaires requises, les prières, la participation ou la présence obligatoire à tout rituel, l'interdiction de l'amour entre personnes du même sexe, les mariages arrangés, les tabous concernant les fonctions corporelles naturelles, le refus de donner des organes après la mort, les exorcismes, la manipulation de serpents venimeux, la prosternation devant certains êtres ou symboles, etc.
   La passoire est notre couvre-chef officiel et la mode pirate notre tenue officielle – mais nous ne vous jugerons jamais pour avoir choisi de les porter ou de ne pas les porter. C'est à vous de choisir puisque toutes les autre religions ou cultures ont le privilège spécial de porter leurs symboles dans les mêmes circonstances.


Profitez de la vie
Il n'y a aucune promesse d'une vie après la mort – désolé, mais cela n'est étayé par aucune preuve. La bonne nouvelle, c'est qu'il n'y a pas d'enfer, de purgatoire, de limbes, de réincarnation ou de toute autre vie fantastique après la mort. FSM ne prétend pas ou ne promet pas un paradis invraisemblable – pas d'usines de strip-teaseuses, de volcans de bière, pas de vierges qui attendent d'être vos esclaves, pas de portes nacrées, pas de sorties avec votre super puissance préférée, pas d'anges. Ça n'arrivera pas.
   Choisissez votre propre but dans la vie – ne comptez pas sur des super pouvoirs ou une vie imaginaires après la mort pour donner un sens à votre seule et unique vie, la présente.
   Soyez bienveillant envers vous-même et envers tous les êtres sensibles. La compassion fait de l'univers un meilleur endroit pour vous et tout le monde.
   L’Église Pastafarienne s'efforce d'obtenir une reconnaissance populaire et gouvernementale à savoir que tous les êtres sensibles de la Nouvelle-Zélande et de l'univers entier ont droit aux mêmes niveaux de considération et de respect peu importe :
– la culture
– les croyances spirituelles
– le genre
– les préférences et l'orientation sexuelles
– l’espèce
– l’origine ethnique
– la race
– la modification génétique
– la constitution ou l'origine
– le patrimoine
– l’idéologie politique
– la date d'arrivée sur les côtes néo-zélandaises (nous sommes tous des immigrants)
– les capacités et incapacités
– les relations et le statut matrimonial
– la situation d'emploi.
   Nous croyons qu'il ne devrait y avoir aucune discrimination ni aucun privilège spécial pour les croyances religieuses, culturelles ou politiques.

Choix de fin de vie
L’Église Pastafarienne comprend et accepte que la douleur corporelle involontaire et implacable soit le contraire du bien-être et que cette condition doit être affrontée avec compassion et science. L'Église Pastafarienne s'engage donc à respecter le droit des êtres sensibles à une mort assistée dans la dignité lorsque leur douleur ne peut être soulagée sans perte de soi (c'est-à-dire droguée à l'oubli) et que leur qualité de vie est insupportable. Si vous euthanasiez un cheval, un chien, un chat, une baleine, etc., pour ce niveau de souffrance, pourquoi refuseriez-vous cela à un être humain?

Manger et se régaler en pleine conscience 
L’Église Pastafarienne encourage à s'adonner aux plaisirs sensuels, à la joie et au bonheur selon les traditions épicuriennes. Nous nous régalons sans culpabilité avec des pâtes, des sauces, des boissons savoureuses, tout ce que nous aimons, et nous le faisons consciencieusement – lentement, avec nos amis et notre famille, avec des étrangers, avec de la bonne musique ou non. Nous pratiquons une attitude de gratitude pour nos pâtes quotidiennes et aimons partager avec ceux qui n'ont pas autant de pâtes.

[...] Les FSM nous ont donné la science pour nous sortir de l'obscurité. L'Église Pastafarienne s'est engagée à fournir des preuves scientifiques solides pour contrer la superstition, le mysticisme et toutes les formes de dogme irrationnel et de prescription.
   Pas de dîme, pas d'appel à l'investissement financier pour acheter votre place dans les bonnes grâces des FSM
   L’Église Pastafarienne rejette le matérialisme. Nous ne soutenons pas les temples en or ou les bâtiments extravagants, les chandeliers de fantaisie, l’accumulation de richesse pour l'église et ses représentants; pas de salaires payés aux travailleurs de l'église – nous sommes bénévoles. Vous n'avez pas besoin de montrer que vous êtes dévoué en vidant vos poches dans les poches de l'église. Si vous voulez faire un don, génial.


Si vous êtes motivé, vous pouvez aider :
– en encourageant les êtres sensibles à atteindre leur plein potentiel (les défilés des FSM sont bons, les fêtes aussi);
– en travaillant en collaboration avec d'autres pour promouvoir une éthique constructive et une pensée rationnelle et critique (fêtes, activités de collecte de fonds, débats, œuvres d'art publiques);
– en maintenant les normes les plus élevées d'intégrité et de fiabilité;
– en résistant activement à la haine, à la violence, au gaspillage, à la fraude et aux torts causés à tous les êtres vivants; efforcez-vous d'abolir cette haine, cette violence, ce gaspillage et cette fraude (contestez les dénigrements et les «blagues» qui se moquent des êtres sensibles à cause de ce qu’ils sont);
– en réclamant à l’État un statut financier équivalent aux autres religions; toutes les religions et cultures devraient être traitées de la même façon que les autres organisations à but non lucratif, y compris en matière d'impôt sur le revenu; exigez respectueusement un temps égal alloué aux prières des Pastafariens, aux salutations des Pastafariens, aux conférences, exigez le droit de porter le couvre-chef Pastafarien (la passoire) sur toutes les photos et documents officiels ou non officiels au même titre que toute religion ou culture ayant obtenu ce droit;
– en soulageant la pauvreté et en faisant progresser l'éducation par la science et d'autres moyens d'influencer le public concernant les préoccupations sociales des Pastafariens, en faisant pression (lobbying) pour changer les lois et les pratiques lorsqu'elles sont contraires à l'un des Principes éthiques universels;
– en demandant respectueusement pour nos représentants du CFSM, que les symboles et les récits du FSM soient offerts, publiés et reconnus par le gouvernement néo-zélandais au même titre que toute autre religion dans le cadre d'activités appuyées par ce dernier (comme les fêtes, les fêtes religieuses, les services commandités par le gouvernement, les bâtiments, les cérémonies et les événements sportifs publics);
– en demandant le même traitement et le même respect que toutes les religions et cultures – le meilleur moyen d'y parvenir est de séparer complètement les activités et les croyances de toutes les religions et cultures de l'État et des manifestations publiques dont le but principal n'est pas le culte religieux (par exemple, les manifestations sportives, artistiques et culturelles, les expositions, les festivals, les concerts, l'ouverture du Parlement, etc.)

«J'attends avec impatience le jour où la raison n'aura plus besoin d'être justifiée pour prendre des décisions et où la mythologie surnaturelle sera réservée à la fiction.»
~ Grant Palmer, 2016


Jours fériés Pastafariens
– Ramendan : Un mois de sacrifice pendant lequel les Pastafariens ne mangent que des plats de pâtes et de nouilles ramen après le coucher du soleil, accompagnés de vin ou de bière. Les dates de début et de fin varient d'une année à l'autre.
– Pastover : Les Pastafariens se régalent de pâtes, s'habillent en pirates et participent à un rituel de passage avec un cache-œil. La date varie d'une année à l'autre, habituellement en mars ou en avril.
Talk Like a Pirate Day (19 septembre) : Les costumes de pirate sont recommandés mais pas obligatoires car rien n'est obligatoire, bien que le port d'une passoire ou d'un équipement de pirate soit un signe de respect et mérite un "Yarrrrrrrr" !
– Halloween (31 octobre) : Les Pastafariens sont obligés de s'habiller en pirates.
– «Holiday» : Les Pastafariens célèbrent un événement vaguement défini comme la Saint-Nicolas fin décembre (aucune date précise n'est donnée par l'église) comme ils l'entendent, mais surtout avec des pâtes, des pirates, du vin et de la bière. L'échange de cadeaux est facultatif – mais toujours amusant, surtout quand les cadeaux sont humoristiques.
– Tous les vendredis : Le vendredi est le jour férié hebdomadaire des Pastafariens. Les Pastafariens célèbrent habituellement la fête en partageant des pâtes, en rompant le pain, en trinquant, en se vantant et en racontant des histoires avec des boissons fermentées locales et en utilisant judicieusement la flore naturelle.
– 12 octobre Journée internationale du couvre-chef des Pastafariens en l'honneur de Niko Alm, un Autrichien qui fut le premier à obtenir son permis de conduire avec notre couvre-chef religieux.
– 25 mai Journée internationale de la serviette – en l'honneur de Douglas Adams, candidat à la béatification (avec Christopher Hitchens).



Dans un article intitulé «Is There a God?», écrit pour un numéro de l’Illustrated Magazine de 1952 (mais qui ne fut jamais publié), Bertrand Russell écrivait :
«De nombreuses personnes orthodoxes parlent comme si c'était le travail des sceptiques de réfuter les dogmes plutôt qu'à ceux qui les soutiennent de les prouver. Ceci est bien évidemment une erreur. Si je suggérais qu'entre la Terre et Mars se trouve une théière de porcelaine en orbite elliptique autour du Soleil, personne ne serait capable de prouver le contraire pour peu que j'aie pris la précaution de préciser que la théière est trop petite pour être détectée par nos plus puissants télescopes. Mais si j'affirmais que, comme ma proposition ne peut être réfutée, il n'est pas tolérable pour la raison humaine d'en douter, on me considérerait aussitôt comme un illuminé. Cependant, si l'existence de cette théière était décrite dans des livres anciens, enseignée comme une vérité sacrée tous les dimanches et inculquée aux enfants à l'école, alors toute hésitation à croire en son existence deviendrait un signe d'excentricité et vaudrait au sceptique les soins d'un psychiatre à une époque éclairée, ou de l'Inquisiteur en des temps plus anciens.»

 
Caricature cueillie sur The Thinking Atheist  https://twitter.com/thinkingatheist

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