2 mai 2019

Catch verbal sur le «voile»

Une  joute animée entre deux musulmanes dont la notion de laïcité diffère à Médium large hier. À un moment, Catherine Perrin aurait eu besoin d’une cloche comme lors d’un match de boxe pour calmer le jeu. Contrariée par les propos de son «adversaire», Mme Battou a troqué son ton doucereux pour un ton plus vigoureux. Elle semble totalement dans le déni par rapport aux conséquences des codes islamiques fondamentaux (dont fait partie le port des différents voiles) qui asservissent les femmes et les réduisent au statut d’esclaves.

«Un argument se discute, une superstition ne se discute pas.» ~ Amin Maalouf

Islam signifie «soumission». La soumission à Dieu et aux codes religieux créés par des hommes, fidèlement suivis par les croyant.e.s, sont au-dessus de toutes les lois civiles. D’où l’incompatibilité évidente avec démocratie et respect d’une société laïque.

Voile et laïcité : féroce débat entre deux enseignantes musulmanes

Médium large | 1 mai 2019

Chahira Battou et Djamila Addar. Photo : Olivier Lalonde / Radio-Canada

Chahira Battou est née au Québec de parents marocains, et elle quittera le Québec avant de retirer son voile en public afin de respecter ce qu'elle considère être son devoir de musulmane. Djamila Addar est originaire d'Algérie et elle estime que les choix religieux doivent avoir lieu exclusivement en privé. Les deux enseignantes débattent des effets du projet de loi 21 du gouvernement Legault sur leur métier.

«On a des enseignants qui ont le bras complètement tatoué, ce qu’on ne voyait pas dans les années 1970, clame Chahira Battou. On a des enseignants [ouvertement] homosexuels, ce qu’on ne voyait pas dans les années 1970. On a des enseignantes qui sont voilées, ce qu’on ne voyait pas dans les années 1970. On est en train de [dire] à nos élèves : «Vous pouvez faire ce que vous voulez! Sois toi-même, ne te bloque pas pour suivre tes passions».
   «Le projet de loi 21 enlève encore une fois des droits fondamentaux aux femmes d’être libres de s’habiller [comme elles veulent], de choisir et de faire ce qu’elles veulent. Mon voile ne dérange personne.» Chahira Battou

Garder la foi pour soi

«Les règles [de l’islam] reviennent à la personne qui a la foi, et l’islam n’a pas à imposer ses règles à la cité, plaide Djamila Addar. Il y a une diversité de croyants et de non-croyants [dans la société]. Une religion n’a pas à dicter ses règles. C’est la séparation du religieux du politique. Je veux que l’islam reste à sa place.»
   «Le voile, c’est le drapeau des Frères musulmans. Ce n’est pas le drapeau des musulmans. C’est le drapeau des intégristes musulmans. […] Vous portez sur votre tête un projet politique, idéologique qui a assassiné des milliers de personnes.» Djamila Addar

Audiofil :

Je ne peux même plus lire ou entendre le mot «Dieu» sans l’associer à : luttes de pouvoir politico-religieuses, guerres civiles, assassinats, terrorisme, génocides, vengeance, cruauté, barbarie, esclavage, sectarisme, patriarcat, sexisme, intolérance, etc. Alors, pour la bonté, la bienveillance, la charité et la compassion, il faut aller chercher ailleurs que dans les religions... En réalité, au Québec, nous ne sommes pas islamophobes ni racistes, nous sommes plutôt prosélytismophobes et chariaphobes, de par une sorte d’instinct de survie. Nous ne voulons pas nous faire enfoncer dans la gorge (ou le cerveau) des valeurs soi-disant morales appartenant à des codes religieux passés date, et encore pires que ceux que nous avons endurés pendant notre ère catholique.
   «Rappelons-nous qu’un bon nombre de Québécois, âgés aujourd’hui de plus de 60 ans, ont été éduqués dans des écoles truffées de crucifix, par des enseignants religieux portant ostensiblement d’immenses croix pendantes à leur cou et faisant souvent preuve d’un prosélytisme de tout instant. Rappelons-nous également que ces Québécois ont été soignés dans des hôpitaux où la croix et la prière avaient presque autant d’importance, sinon davantage, que le médicament et la compétence des soignants. Pourtant, cela n’a pas empêché beaucoup d’entre nous de nous éloigner de l’Église et, dans beaucoup de cas, de devenir athées.
~ Pierre Rivard (ex-conseiller en immigration au ministère de l’immigration, de la diversité et de l’inclusion; Accueillir la différence avec confiance)
Source : La laïcité en débat Opinions, La Presse+ le 7 avril 2019

«Si on avait supprimé la peine de mort contre ceux qui quittent l'islam, l'islam n'existerait plus aujourd'hui.  L'islam aurait disparu dès la mort du prophète, paix sur lui. Condamner l'apostasie, c'est ce qui a permis de garder l'islam jusqu'à nos jours.»
~ Yusuf Al-Qaradawi (chef des Frères Musulmans)  

Déclaré persona non grata dans de nombreux pays, pour, notamment, apologie du terrorisme et appel aux meurtres, le prédicateur égyptien de 91 ans Qaradawi vit des jours tranquilles et luxueux au Qatar où il s’est réfugié.
   Les Frères musulmans réussissent à radicaliser des populations et à faire taire toute critique grâce aux accusations de xénophobie, de racisme, de persécution religieuse, avec leur cortège de poursuites judiciaires très coûteuses. Les ressources financières semblent inépuisables. Qaradawi présente toujours les Frères musulmans comme des «modérés» ou des «réformateurs»...

«L’islam, c’est la polygamie, la séquestration des femmes, l’absence de toute vie publique, un gouvernement tyrannique et ombrageux qui force de cacher sa vie et rejette toutes les affections du cœur du côté de l’intérieur de la famille.»
~ Alexis de Tocqueville.

«Il y a des musulmans modérés, mais l’islam lui-même n’est pas modéré. L’islam est une idéologie fasciste. Il n’y a aucune différence entre l’islam et le fondamentalisme islamique, il y a tout au plus une différence de degré mais pas de nature.»
~ Ibn Warraq

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En conclusion, quelques sages citations de l’écrivain franco-libanais Amin Maalouf (1949-)



• Le maître mot, ici encore, est réciprocité : si j’adhère à mon pays d’adoption, si je le considère mien, si j’estime qu’il fait désormais partie de moi et que je fais partie de lui, et si j’agis en conséquence, alors je suis en droit de critiquer chacun de ses aspects; parallèlement, si ce pays me respecte, s’il reconnaît mon apport, s’il me considère, avec mes particularités, comme faisant désormais partie de lui, alors il est en droit de refuser certains aspects de ma culture qui pourraient être incompatibles avec son mode de vie ou avec l’esprit de ses institutions.
Le droit de critiquer l’autre se gagne, se mérite.
(Les Identités meurtrières)

• Lorsque la foi devient haineuse, bénis soient ceux qui doutent!
• Cette recommandation [Aime ton prochain comme toi-même] paraît, à première vue, irréprochable [mais] à voir ce que la plupart des gens font de leur vie, à voir ce qu'ils font de leur intelligence, je n'ai pas envie qu'ils m'aiment comme eux-mêmes.
(Le Périple de Baldassare)

• Pour moi, toute cause qui tue cesse de me séduire. Elle s'enlaidit à mes yeux, se dégrade et s'avilit, aussi belle qu'elle ait pu être. Aucune cause n'est juste quand elle s'allie à la mort.
(Samarcande)

• Je ne juge pas? Si, je juge, je passe mon temps à juger. Ils m'irritent profondément ceux qui vous demandent, les yeux faussement horrifiés : «Ne seriez-vous pas en train de me juger?» Si, bien sûr, je vous juge, je n'arrête pas de vous juger. Tout être doté d'une conscience à l'obligation de juger. Mais les sentences que je prononce n'affectent pas l'existence des «prévenus». J'accorde mon estime ou je la retire, je dose mon affabilité, je suspends mon amitié en attendant un complément de preuves, je m'éloigne, je me rapproche, je me détourne, j'accorde un sursis, je passe l'éponge – ou je fais semblant. La plupart des intéressés ne s'en rendent même pas compte. Je ne communique pas mes jugements, je ne suis pas un donneur de leçons, l'observation du monde ne suscite chez moi qu'un dialogue intérieur, un interminable dialogue avec moi-même.
(Les désorientés)

• Contrairement à l'idée reçue, la faute séculaire des puissances européennes n'est pas d'avoir voulu imposer leurs valeurs au reste du monde, mais très exactement l'inverse : d'avoir constamment renoncé à respecter leurs propres valeurs dans leurs rapports avec les peuples dominés. Tant qu'on n'aura pas levé cette équivoque, on courra le risque de retomber dans les mêmes travers.
   La première de ces valeurs, c'est l'universalité, à savoir que l'humanité est une. Diverse, mais une. De ce fait, c'est une faute impardonnable que de transiger sur les principes fondamentaux sous l'éternel prétexte que les autres ne seraient pas prêts à les adopter. Il n'y a pas des droits de l'homme pour l'Europe, et d'autres droits de l'homme pour l'Afrique, l'Asie, ou pour le monde musulman. Aucun peuple sur terre n'est fait pour l'esclavage, pour la tyrannie, pour l'arbitraire, pour l'ignorance, pour l'obscurantisme, ni pour l'asservissement des femmes. Chaque fois que l'on néglige cette vérité de base, on trahit l'humanité, et on se trahit soi-même.
(Le dérèglement du monde : Quand nos civilisations s'épuisent)

• Lorsque l'esprit des hommes te paraîtra étroit, dis-toi que la terre est vaste. N'hésite jamais à t'éloigner, au-delà de toutes les mers, au-delà de toutes les frontières, de toutes les patries, de toutes les croyances.
(Léon l’Africain)

• J'appartiens à cette frange médiane qui, n'ayant ni la myopie des nantis ni l'aveuglement des affamés, peut se permettre de poser sur le monde un regard lucide.
(Les désorientés)

• Chacun d'entre nous doit se frayer un chemin entre les voies où on le pousse, et celles qu'on lui interdit ou qu'on sème d'embûches sous ses pieds; il n'est pas d'emblée lui-même, il ne se contente pas de «prendre conscience» de ce qu'il est, il devient ce qu'il est; il ne se contente pas de «prendre conscience» de son identité, il l'acquiert pas à pas.
(Les Identités meurtrières)

• – Je ne l'ai pas inventé. Ibn-Batouta, le grand voyageur, dit textuellement que les pyramides «sont d'une forme circulaire».
– C'est qu'il ne les as jamais vues. Ou alors de très loin, et de nuit, Dieu lui pardonne! Mais ne le blâme pas. Quand un voyageur raconte ses exploits, il devient prisonnier des gloussements admiratifs de ceux qui l'écoutent. Il n'ose plus dire «je ne sais pas» ou «je n'ai pas vu», de peur de perdre la face. Il est des mensonges pour lesquels les oreilles sont plus fautives que la bouche.
(Léon l'Africain)  

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Je vis dans un pays musulman où il est plus grave de perdre sa virginité que de perdre la vie.
Je vis dans un pays où l’achat d’un test de grossesse est plus scandaleux que l’achat de voix lors des élections.
Je vis dans un pays où il est plus facile de regarder une gamine de 3 ans fouiller dans les poubelles que de regarder un couple s’embrasser.
Je vis dans un pays où la culture s’arrête à la première syllabe du mot.
Je vis dans un pays qui n’est plus le mien.  

Waleed Al-Husseini (essayiste et écrivain, fondateur du Conseil des ex-musulmans de France)


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