J'ai l'impression que beaucoup de gens ne réalisent pas à quel point la situation de la terre-mer est tragique. À tous les jours, de vois encore des sacs de plastique voler et s'accrocher aux arbres, des bouteilles et des verres de plastique rouler partout dans les stationnements, les rues et les chemins de campagne. Pourtant on tente depuis des décennies de sensibiliser et d'éduquer la population.
Le directeur
de recherche au Centre national de recherche scientifique, en France, Jean-François Ghiglione le souligne : «La solution se trouve sur la terre ferme, et non dans la mer. Chaque
année, l’humanité produit plus de 300 millions de tonnes de plastique. Et à
l’heure actuelle, on estime que plus de
150 millions de tonnes se trouveraient déjà dans les océans de la planète, un
chiffre qui devrait doubler d’ici 2050.»
Ce matériau dérivé du pétrole est produit massivement depuis à peine plus de 60 ans.
Ce matériau dérivé du pétrole est produit massivement depuis à peine plus de 60 ans.
«Chaque jour, 8 millions de tonnes de déchets finissent dans l'océan. 80 % de la pollution qui touche nos mers est d'origine terrestre et issue de l'activité humaine, avec des répercussions terribles sur la biodiversité et l'ensemble de notre environnement», souligne le président de Surfrider Foundation Europe, Gilles Asenjo.
Le plastique constitue «plus de 80 %» des
déchets sur la plupart des cinq sites analysés, constate l'ONG. Sur la plage de
Burumendi, à Mutriku (Espagne) par exemple, 96,6 % des 5 866 déchets collectés
sont du plastique et du polystyrène. À Anglet (Pyrénées-Atlantiques), sur la
plage de La Barre, le plastique et le polystyrène représentent 94,5 % des
10 884 déchets collectés.
Du
plancton aux baleines, les animaux des écosystèmes océaniques ont été
contaminés par le plastique. On a trouvé du plastique dans 59 % des oiseaux de
mer comme les albatros et les pélicans, dans 100 % des espèces de tortues
marines et dans plus de 25 % des poissons échantillonnés dans les marchés de
fruits de mer du monde entier. (Ocean
Conservancy)
En 2017, lors d’un ménage de plages international, 789 000 participants ont ramassé :
– 2,4
millions de mégots de cigarettes
– 1,7
million d’emballages alimentaires
– 1,6
million de bouteilles de plastique
– 1,5
million de sacs de plastique
Ainsi que de gros objets tels que :
– un
toboggan au Canada
– un
golf kart aux Bermudes
–
des trottinettes en Norvège
–
des lumières d’arbre de Noël à Curaçao
– des
dentiers en Malaisie
Chaque clip a la même introduction, mais les thèmes sont différents
Le plastique menace toute vie aux Galápagos
Juste armés de gants, gardes du parc des Galápagos et bénévoles combattent un monstre créé par les humains : des tonnes de plastique que les courants marins poussent jusque dans les estomacs des animaux uniques de cet archipel de l'océan Pacifique.
À un millier de kilomètres des côtes
d'Équateur, s'est engagée une guerre inégale, mais décisive pour la protection
d'un éden qui a inspiré sa théorie de l'évolution à Charles Darwin, un
éco-système inédit sur la planète.
Les déchets des grandes métropoles
parviennent jusqu'aux îles, dégradés en micro-particules de plastique, une
menace majeure pour les iguanes, les tortues, les poissons et les oiseaux qui
n'existent nulle part ailleurs.
Ce microplastique «en arrive à pénétrer
l'organisme d'espèces dont nous nous alimentons ensuite», a expliqué en outre à
l'AFP la biologiste Jennifer Suarez, experte en écosystèmes marins du Parc
national des Galápagos (PNG).
Les radiations solaires et la salinité des
mers détériorent bouteilles, bouchons, emballages, filets de pêche, etc.
D'abord dur comme une pierre, le plastique se désintègre, au contact des
rochers et par la force de l'eau, en microparticules qu'ingère la faune.
Chaque année, sous un soleil implacable, des
«commandos» de nettoyage débarquent sur les plages et les zones rocheuses pour
tenter de limiter les dégâts.
Un inventaire de bazar
Des
ordures de plastique de toutes sortes se mêlent et s'accumulent face aux côtes,
s'infiltrent jusque dans les fissures des couches de lave volcanique pétrifiée
des Galápagos.
Gadgets
sexuels, sandales, briquets, stylos, brosses à dents, bouées, mais aussi canettes en aluminium polluent les
zones de repos des animaux, dont certains sont en danger d'extinction.
Dans des parties inhabitées, comme Punta
Albemarle, à l'extrême nord de l'île Isabela où est parvenue l'AFP, les
nettoyeurs ramassent des déchets issus d'ailleurs, parfois de l'autre côté de
la planète.
L'archipel équatorien, qui compte environ 25
000 habitants, a restreint ces dernières années l'entrée du plastique sur son
territoire et son usage.
«Plus
de 90 % des résidus que nous collectons ne proviennent pas d'activités
productives aux Galápagos, mais d'Amérique du Sud, d'Amérique centrale, et même
une grande quantité de déchets sont de marques asiatiques», précise Jorge
Carrion, directeur du PNG.
Ces résidus viennent «probablement de
flottes de pêche originaires d'Asie qui opèrent autour de la zone économique
exclusive des Galápagos», ajoute-t-il, debout sur le quai du parc à Puerto
Ayora, chef-lieu de l'île Santa Cruz.
Depuis 1996, des artisans pêcheurs nettoient
aussi les îles les plus éloignées et depuis trois ans, les déchets collectés sont notés dans un registre.
«Cela nous sert à identifier l'origine des
ordures qui arrive sur les côtes non peuplées. Il a été répertorié que la plus grande quantité de marques sont
péruviennes et chinoises», précise Jennifer Suarez.
Bien qu'il n'existe encore aucune
législation, l'idée est que ce recensement permette un jour de réclamer des
compensations pour dégâts environnementaux.
Au cours du premier trimestre de 2019, huit tonnes de déchets ont été ramassés,
24,23 tonnes pour toute l'année 2018 et 6,47 tonnes en 2017.
Des sacs pris pour des méduses
Les
gardes font un autre inventaire,
plus affligeant, des animaux affectés,
tels les cormorans, qui édifient leurs nids avec des couches-culottes, ou le
cadavre d'un fou à pattes rouge enfoui dans des ordures.
Indignés, les nettoyeurs trouvent des sacs
de plastique marqués de morsures de tortues marine, qui les confondent avec les
méduses dont elles s'alimentent.
«Nous jetons tant d'ordures à la mer et
elles arrivent sur des côtes où il n'y a même pas de gens!», déplore Sharlyn
Zuñiga, 24 ans, bénévole.
Cette étudiante de la région amazonienne de
Pastaza a découvert aux Galápagos des plages vierges, au sable blanc jonché de
déchets.
«C'est très dur! Nous ne voyons jamais que
la face la plus belle des Galápagos, en photos, en cartes postales»,
s'indigne-t-elle.
Bien que les vagues ne cessent de déverser
des résidus, les nettoyeurs s'acharnent et défendent leur tâche, qui semble
sans fin sur ces îles classés au Patrimoine naturel de l'humanité par l'UNESCO.
En fin de mission, d'énormes sacs de déchets de plastique sont chargés à bord d'un bateau
qui met le cap sur Puerto Ayora, d'où ils seront expédiés sur le continent pour
y être incinérés.
«Nous éliminons les ordures qui s'accumulent
sur ces sites, évitant ainsi qu'elles continuent à se dégrader en microparticules»,
ajoute la biologiste Jennifer Suarez.
«Nous
devons aller plus loin que le seul ramassage des résidus. Nous devons en
appeler aux consciences à l'échelle mondiale afin d'arrêter de jeter des
ordures en milieu marin», estime le directeur du PNG.
Source :
Rodrigo Buendia, Paola Lopez | Agence France-Presse
Galápagos
| 22 mars 2019
Pourra-t-on un jour venir à bout des
«continents» de plastique des océans?
L’appétit de l’humanité pour le
plastique, mais surtout sa propension à s’en débarrasser de façon négligente, a
mené à la création de véritables «continents de plastique» dans les océans de
la planète.
Une telle soupe de plastique, située grosso
modo entre Hawaï et la Californie, a atteint aujourd’hui une superficie de plus
de 1,6 million de kilomètres carrés. Pas moins de 2000 milliards de morceaux de
plastique flotteraient dans ce vortex, pour un poids dépassant les 80 000
tonnes.
Près de la moitié de cette masse de détritus
est constituée de morceaux bien visibles, donc des déchets qui risquent de se
dégrader au fil du temps. Ils formeront alors des particules de microplastique
qui pourraient s’immiscer dans la chaîne alimentaire et représenter un risque
pour toute la vie marine.
Stopper l’hémorragie
Océanographe
et chercheuse à l’Université d’Hawaï,
Sarah-Jeanne Royer connaît très bien cette pollution par le plastique qui
contamine le vaste océan Pacifique. Elle la voit venir s’échouer constamment
sur les plages d’Hawaï, et plus particulièrement dans le secteur de Kamilo Point, dans le sud de l’île. Ce
secteur, littéralement jonché de détritus, est devenu un symbole international de la pollution par le plastique.
«On fait des opérations de nettoyage tous
les mois, mais ce ne sera jamais suffisant pour éliminer tout le plastique.
Pourtant, chaque fois, on ramasse des tonnes de plastique. Mais on a tellement
de plastique sur nos plages. Et il y a énormément de débris d’engins de pêche.
On a même retrouvé cette année un amas de filets de plusieurs tonnes», explique-t-elle.
«C’est très séduisant de vouloir nettoyer
les océans, mais il faudrait agir à la source et stopper la pollution des
océans par le plastique. Il faudrait d’abord arrêter l’hémorragie. Pour cela,
il faut aider les pays d’Asie à réduire leurs problèmes de gestion du
plastique. Et il faudrait nettoyer leurs plages.»
Les données scientifiques lui donnent
d’ailleurs raison. Selon une étude publiée l’an dernier dans Nature
Communications, les fleuves du monde déversent entre 1,15 et 2,41 millions de
tonnes de plastique chaque année dans les océans, soit un rythme d’environ 50
kilos par seconde. Et 86 % de l’ensemble des détritus de plastique sont issus
de cours d’eau asiatiques.
Plastique omniprésent
Directeur
de recherche au Centre national de recherche scientifique, en France, Jean-François Ghiglione souligne lui aussi
que «la solution se trouve sur la terre ferme, et non dans la mer». Selon
lui, il importe d’abord de «réduire notre consommation de plastique», dont une
bonne partie sert à fabriquer des emballages dits «à usage unique». Il faudrait
aussi bonifier de façon substantielle le recyclage des produits de plastique,
qui demeure relativement faible à l’échelle de planète.
Chaque
année, l’humanité produit plus de 300 millions de tonnes de plastique. Et à
l’heure actuelle, on estime que plus de
150 millions de tonnes se trouveraient déjà dans les océans de la planète, un
chiffre qui devrait doubler d’ici 2050.
M. Ghiglione souligne par ailleurs que les
continents de plastique, s’ils font image, ne constituent qu’une partie du
problème. «Le plastique est présent partout, dans tous les océans, jusque dans
les glaces de l’Arctique.» Et ce matériau est produit massivement depuis à
peine plus de 60 ans.
Source :
Alexandre
Shields | Le Devoir / Environnement | 8 septembre 2018
Les gaz à effets de serre proviennent
aussi du plastique dans les océans
Le
problème de pollution par le plastique dans les océans est un phénomène bien
connu. Des détritus qui flottent en pleine mer ou qui échouent sur des plages
ont souvent été rapportés.
Une chercheuse québécoise qui travaille à
l’Université d’Hawaï, Sarah-Jeanne Royer, vient de mettre en lumière avec son
équipe que le plastique qui pollue les
océans émet aussi des gaz à effets de serre (GES).
Le type de plastique qui se dégrade est le polyéthylène de basse densité. Il est
présent dans les sacs de plastique,
les emballages de sandwich ou d’autres
aliments ainsi que dans les attaches
qui retiennent ensemble les canettes de boissons gazeuses ou de bières.
Sous l’effet du soleil, ces amas se
dégradent en microparticules qui émettent alors des GES.
Mme Royer a été à même de constater que 90 %
de ces débris découverts sur les côtes hawaïennes sont surtout issus de l’Asie
et de l’industrie de la pêche.
Lorsque l’océanographe
a voulu partager les conclusions de son étude avec des fabricants de produits
plastiques, elle a essuyé une fin de non-recevoir.
La recherche que Sarah-Jeanne Boyer a menée
avec son équipe a été publiée dans la revue scientifique américaine Plos One. Elle
a fait une partie de ses études à l’Université Laval à Québec.
Source :
Source :
Maryse
Jobin, avec La Presse canadienne | 6 août 2018 www.rcinet.ca
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