7 avril 2019

À quand une planète laïque?

De combien de guerres et conflits sanglants les humains et les animaux auraient-ils été épargnés si les hommes n’avaient pas inventé dieux, religions, sectes, dogmes, croyances et superstitions?

«Sacrifier la terre au paradis, c’est lâcher la proie pour l’ombre», disait Victor Hugo

J’ai vu le documentaire-fiction de François Ozon À la grâce de Dieu. Mensonges par omission et hypocrisie, comme les trois singes, les membres du haut clergé sont aveugles, sourds et muets. Et, beaucoup de catholiques sont complices de l’omerta afin de protéger l’institution.
   Le film raconte les démarches de l'association des victimes de pédophilie «La Parole libérée». Neuf hommes, qui ont d'abord accusé le père Bernard Preynat d'avoir abusé d'eux, ont décidé ensuite de porter plainte contre ceux qui selon eux n'ont rien dit des agissements du prêtre. Faute de poursuites, ils ont lancé en 2017 une procédure de citation directe devant le tribunal, qui leur garantissait un procès pour la première fois depuis la révélation de l'affaire fin 2015.

Le prédateur sexuel Bernard Preynat  

Le cardinal Philippe Barbarin a été condamné le 7 mars à six mois de prison avec sursis pour ne pas avoir dénoncé les agressions sexuelles sur mineurs du père Bernard Preynat. Le jugement pointe la responsabilité du cardinal et ses mauvaises décisions : «Il a fait le choix en conscience, pour préserver l'institution à laquelle il appartient, de ne pas les transmettre à la justice. [...] En voulant éviter le scandale, causé par les faits d'abus sexuels multiples commis par un prêtre, mais sans doute aussi par la mise à jour de décisions bien peu adéquates prises par les évêques qui le précédaient, Philippe Barbarin a préféré prendre le risque d'empêcher la découverte de très nombreuses victimes d'abus sexuels par la justice, et d'interdire l'expression de leur douleur.»  
   Le cardinal s’est présenté au Vatican pour remettre sa démission au pape. Invoquant «la présomption d’innocence», le Pape François a refusé la démission du cardinal Barbarin en attendant son procès en appel.

Pape François et Philippe Barbarin... des amis pour la vie 

Cette annonce a provoqué l’indignation des victimes de pédophilie dans le diocèse de Lyon, qui ont dénoncé «l’erreur de trop». «Cela me paraissait improbable que [le pape] puisse faire une telle erreur. C’est incroyable», a réagi François Devaux, cofondateur de l’association de victimes La Parole libérée. «Je crois que cet homme-là va réussir à tuer l’Église», a-t-il ajouté, tandis qu’un autre membre de l’association, Pierre-Emmanuel Germain-Thill, fustigeait une décision «choquante» et «un faux-pas de plus» de la part du pape. (Infos cueillies sur divers médias)

Ironiquement, les catholiques croient encore au dogme de l’infaillibilité papale!  

Jérôme de Wazée – L’abbé de la Morandais et la pédophilie (extrait) :  
[...] Du pain, du vin et des bambins, tout est bien. Maintenant, mettons-nous dans la peau des curés, ce serait bien à leur tour, on pourrait peut-être expliquer leur déviance. Depuis des années ces hommes d’église parlent d’un ami imaginaire qui a envoyé sur terre un illusionniste juif qui marche sur l’eau, le fils d’un charpentier cocu d’un archange, et qui ressuscite après s’être fait crucifier par des Romains. Vous admettrez que ça n’excuse rien, mais au niveau psychiatricologique, les cierges ne sont pas allumés dans toutes les chapelles. [...]


Histoire de la religion
– Rochers magiques.
– Animaux magiques.
– Animaux magiques invisibles dans le ciel.
– Gens invisibles dans le ciel.
– Moins de gens invisibles dans le ciel.
– Gens prétendant être venus du ciel.
– Gens prétendant parler au nom des gens qui prétendaient être venus du ciel.
– Grandir.

En principe, les humains devraient être dans la phase terminale de ce cancer qui ronge la planète depuis trop longtemps. Mais «penser est un travail exigeant, c’est pourquoi on voit peu de gens qui le font», disait Sue Grafton.

Au Québec, de par notre expérience concrète, nous avons d’excellentes raisons de vouloir séparer définitivement l’État et ses institutions de toute forme de pouvoir religieux... Tout comme les géants industriels, les religions traditionnelles ont de puissants lobbies.

Les athées, minorité oubliée

Benoit Léger, retraité, Montréal
Le Devoir | Libre opinion 3 juillet 2018


Ce texte est hérétique. Il est presque séditieux. Il est en tout cas en marge de la rectitude politique. Il se veut une réponse à ces juges qui protègent la liberté de religion contre cette loi fort timide pourtant, qui réglementerait le port de signes religieux. Il veut parler au nom d’une minorité invisible et inaudible. Il prend le parti de tenter de mieux nommer les choses pour éviter, comme le disait Camus, d’ajouter aux malheurs du monde. Il espère semer le doute chez des gens qui ne vivent que dans des certitudes inattaquables, protégées par toutes les chartes. De façon plus réaliste, il aimerait donner envie à ceux et celles qui pensent au lieu de prier de le dire haut et fort. J’en ai assez de devoir faire des génuflexions de complaisance devant la sacro-sainte liberté de religion, exempte d’impôts, détentrice de tous les droits, y compris celui de bafouer les femmes ou de priver les enfants d’une véritable éducation. J’en ai assez de revendiquer qu’on cesse de m’imposer le voile ou le crucifix alors que, soyons honnêtes, c’est carrément Dieu que je veux enfin voir disparaître du décor.
   Je devais avoir sept ou huit ans lorsqu’en m’amusant avec les jouets que le père Noël venait de m’apporter, j’ai découvert ses habits dans le fond du placard. Un monde venait de s’écrouler. Des années plus tard, ce sont les livres qui ont à nouveau fait basculer ma vie. Dieu ne serait donc que la version pour adultes du père Noël ? Conduis-toi bien et tu seras récompensé.
   Malraux aurait dit il y a longtemps : «Le XXIe siècle sera religieux ou ne sera pas.» Il reconnaissait ce besoin universel de réprimer ses peurs et ses angoisses derrière le mur de la certitude, que d’autres appellent aussi la foi. Il avait peut-être compris que, dans une société où l’éducation et la pensée scientifique prennent de plus en plus d’importance, il était inévitable que ceux et celles qui n’ont accès ni à l’une ni à l’autre sentent leurs certitudes menacées et ripostent par tous les moyens.
   Dans notre monde post 11 septembre 2001, il est devenu impossible de confronter voire de seulement questionner ces individus pour qui le doute est l’ennemi à abattre.
   Je ne m’en prends pas ici à une croyance en particulier ni aux croyants de pacotille qui ne vont à l’église ou à la mosquée que pour se marier ou pour mourir. Je parle de ceux et celles qui croient fermement à l’un ou l’autre de ces livres sacrés qui exigent de nous la mise en veilleuse de la raison et du sens critique.
   Comment réconcilier leur monde et le mien autrement qu’en me taisant au nom du respect de leurs croyances?
   Je ne parviens pas à discuter avec des gens qui disent savoir qu’un créateur est à l’origine de tout, que ce créateur se préoccupe d’eux personnellement et qui prétendent surtout savoir qu’ils le rencontreront une fois morts, dans un paradis quelconque.
   Comment font-ils pour en être si sûrs? Quel pouvoir extrasensoriel que je n’ai pas possèdent-ils?

Pensée magique

En ce qui me concerne, et jusqu’à preuve du contraire, j’ai mis la création de l’existence à partir de rien et la vie éternelle au rang des possibilités improbables. Dieu, lui, appartient à la catégorie de la pensée magique. Je suis athée, comme des milliers d’autres au Québec. Je fais partie d’une minorité qui croit que ceux et celles qui pratiquent sérieusement une religion au point où elle régule toute leur vie souffrent d’un délire collectif. Je les tolère au nom d’une société que je veux libre et égalitaire, mais je revendique mon droit de dire le dégoût que m’inspirent des siècles d’obscurantisme religieux que ces gens s’évertuent à perpétuer.
   Pour ma part, je n’impose mon choix à personne, je ne demande aucun accommodement, raisonnable ou autre, j’invite la critique vigoureuse et intelligente de ceux et celles qui sont en désaccord avec moi, et je doute chaque jour de ma vie. Oh! Et merci à mon oncle Henri qui a mal caché son déguisement dans le placard. Sans le vouloir, il a contribué à faire de moi un être pensant.
   La seule angoisse aujourd’hui que je ne parvienne pas à calmer grâce à l’amour de mes proches, à l’art, à la beauté des lieux et des mots, ou à la bonté et au génie humains, est celle de voir un jour ce monde retomber sous le joug des adultes qui, par ignorance ou manque d’imagination, croient encore au père Noël. Cette peur est alimentée par l’omniprésence de la religion dans nos débats publics.
   J’en ai assez qu’il n’y en ait, certains jours, que pour les signes religieux, les accommodements, les cours d’éthique, les errances identitaires et les braises de l’intolérance.
   Alors qu’on gaspille tout ce temps à vouloir protéger les droits de ces fabulateurs moyenâgeux, la souffrance humaine, bien réelle, se répand sans que jamais aucune intervention divine vienne la soulager.

Note de la rédaction (Le Devoir) – La paternité de la citation «Le XXIe siècle sera religieux ou ne sera pas» (et ses variantes : «Le XXIe siècle sera spirituel ou ne sera pas», «Le XXIe siècle sera mystique ou ne sera pas»), attribuée par l'auteur de ce texte à André Malraux, est sujet à controverse.

En effet, dans une interview pour Le Point du 10 décembre 1975 Malraux déclarait : «On m’a fait dire que le XXIe siècle sera religieux. Je n’ai jamais dit cela, bien entendu, car je n’en sais rien. Ce que je dis est plus incertain. Je n’exclus pas la possibilité d’un événement spirituel à l’échelle planétaire.»

~~~
Extrait du commentaire de Jean-François Trottier | Le Devoir – 4 juillet 2018

[...] Aucune religion ne répond à la question du sens de la vie, sinon elle engloberait non seulement tous les êtres vivants mais AUSSI le non-vivant. Les théologiens ont dès le départ compris cette nécessité et c'est pourquoi toutes les religions ont créé leur cosmologie, propre aux croyances ambiantes. Toutes ces cosmologies ont été démontrées fausses.
   Les religions restent des codifications très humaines d'un élan intérieur, réaction de nos angoisses existentielles, mais jamais de façon définitive. Elles apportent des «réponses», les plus courtes possibles, pour rassurer. [...]

Les religions sont par essence élitistes : certains sont sauvés et d'autres pas.
Les religions sont hégémoniques.
Toutes les religions, les monothéistes du moins, posent leurs propres lois comme supérieures aux lois humaines.
Toutes, aussi, se placent au-dessus des frontières, reniant tout esprit écologique.
Toutes affichent un total mépris envers la vie, humaine ou pas.

Aucun commentaire:

Publier un commentaire