«Sacrifier la
terre au paradis, c’est lâcher la proie pour l’ombre», disait Victor Hugo
J’ai vu le
documentaire-fiction de François Ozon À
la grâce de Dieu. Mensonges par omission et hypocrisie, comme les trois
singes, les membres du haut clergé sont aveugles, sourds et muets. Et, beaucoup
de catholiques sont complices de l’omerta afin de protéger l’institution.
Le film raconte les démarches de l'association
des victimes de pédophilie «La Parole libérée». Neuf hommes, qui ont d'abord
accusé le père Bernard Preynat d'avoir abusé d'eux, ont décidé ensuite de
porter plainte contre ceux qui selon eux n'ont rien dit des agissements du
prêtre. Faute de poursuites, ils ont lancé en 2017 une procédure de citation
directe devant le tribunal, qui leur garantissait un procès pour la première
fois depuis la révélation de l'affaire fin 2015.
Le prédateur sexuel Bernard Preynat
Le cardinal Philippe Barbarin a été condamné
le 7 mars à six mois de prison avec sursis pour ne pas avoir dénoncé les
agressions sexuelles sur mineurs du père Bernard Preynat. Le jugement pointe la
responsabilité du cardinal et ses mauvaises décisions : «Il a fait le
choix en conscience, pour préserver l'institution à laquelle il appartient, de
ne pas les transmettre à la justice. [...] En voulant éviter le scandale, causé
par les faits d'abus sexuels multiples commis par un prêtre, mais sans doute
aussi par la mise à jour de décisions bien peu adéquates prises par les évêques
qui le précédaient, Philippe Barbarin a préféré prendre le risque d'empêcher la
découverte de très nombreuses victimes d'abus sexuels par la justice, et
d'interdire l'expression de leur douleur.»
Le cardinal s’est présenté au Vatican pour
remettre sa démission au pape. Invoquant «la présomption d’innocence», le Pape
François a refusé la démission du cardinal Barbarin en attendant son procès en
appel.
Pape François et Philippe Barbarin... des amis pour la vie
Cette annonce a provoqué l’indignation des
victimes de pédophilie dans le diocèse de Lyon, qui ont dénoncé «l’erreur de
trop». «Cela me paraissait improbable que [le pape] puisse faire une telle
erreur. C’est incroyable», a réagi François Devaux, cofondateur de
l’association de victimes La Parole libérée. «Je crois que cet homme-là va
réussir à tuer l’Église», a-t-il ajouté, tandis qu’un autre membre de
l’association, Pierre-Emmanuel Germain-Thill, fustigeait une décision «choquante»
et «un faux-pas de plus» de la part du pape. (Infos cueillies sur divers
médias)
Ironiquement,
les catholiques croient encore au dogme de l’infaillibilité papale!
Jérôme de
Wazée – L’abbé de la Morandais et la pédophilie (extrait) :
[...] Du pain, du vin et des bambins, tout est
bien. Maintenant, mettons-nous dans la peau des curés, ce serait bien à
leur tour, on pourrait peut-être expliquer leur déviance. Depuis des années ces
hommes d’église parlent d’un ami imaginaire qui a envoyé sur terre un illusionniste
juif qui marche sur l’eau, le fils d’un charpentier cocu d’un archange, et qui
ressuscite après s’être fait crucifier par des Romains. Vous admettrez que ça
n’excuse rien, mais au niveau psychiatricologique, les cierges ne sont pas
allumés dans toutes les chapelles. [...]
Histoire de la religion
– Rochers
magiques.
– Animaux
magiques.
– Animaux
magiques invisibles dans le ciel.
– Gens
invisibles dans le ciel.
– Moins de
gens invisibles dans le ciel.
– Gens prétendant
être venus du ciel.
– Gens
prétendant parler au nom des gens qui prétendaient être venus du ciel.
– Grandir.
En principe,
les humains devraient être dans la phase terminale de ce cancer qui ronge la
planète depuis trop longtemps. Mais «penser
est un travail exigeant, c’est pourquoi on voit peu de gens qui le font»,
disait Sue Grafton.
Au Québec, de
par notre expérience concrète, nous avons d’excellentes raisons de vouloir
séparer définitivement l’État et ses institutions de toute forme de pouvoir
religieux... Tout comme les géants industriels, les religions traditionnelles
ont de puissants lobbies.
Les athées, minorité oubliée
Benoit Léger,
retraité, Montréal
Le Devoir | Libre
opinion 3 juillet 2018
Ce texte est
hérétique. Il est presque séditieux. Il est en tout cas en marge de la
rectitude politique. Il se veut une réponse à ces juges qui protègent la
liberté de religion contre cette loi fort timide pourtant, qui réglementerait
le port de signes religieux. Il veut parler au nom d’une minorité invisible et
inaudible. Il prend le parti de tenter de mieux nommer les choses pour éviter,
comme le disait Camus, d’ajouter aux malheurs du monde. Il espère semer le
doute chez des gens qui ne vivent que dans des certitudes inattaquables,
protégées par toutes les chartes. De façon plus réaliste, il aimerait donner
envie à ceux et celles qui pensent au lieu de prier de le dire haut et fort.
J’en ai assez de devoir faire des génuflexions de complaisance devant la
sacro-sainte liberté de religion, exempte d’impôts, détentrice de tous les
droits, y compris celui de bafouer les femmes ou de priver les enfants d’une
véritable éducation. J’en ai assez de revendiquer qu’on cesse de m’imposer le
voile ou le crucifix alors que, soyons honnêtes, c’est carrément Dieu que je
veux enfin voir disparaître du décor.
Je devais avoir sept ou huit ans lorsqu’en
m’amusant avec les jouets que le père Noël venait de m’apporter, j’ai découvert
ses habits dans le fond du placard. Un monde venait de s’écrouler. Des années
plus tard, ce sont les livres qui ont à nouveau fait basculer ma vie. Dieu ne
serait donc que la version pour adultes du père Noël ? Conduis-toi bien et tu
seras récompensé.
Malraux aurait dit il y a longtemps : «Le
XXIe siècle sera religieux ou ne sera pas.» Il reconnaissait ce besoin
universel de réprimer ses peurs et ses angoisses derrière le mur de la
certitude, que d’autres appellent aussi la foi. Il avait peut-être compris que,
dans une société où l’éducation et la pensée scientifique prennent de plus en
plus d’importance, il était inévitable que ceux et celles qui n’ont accès ni à
l’une ni à l’autre sentent leurs certitudes menacées et ripostent par tous les
moyens.
Dans notre monde post 11 septembre 2001, il
est devenu impossible de confronter voire de seulement questionner ces
individus pour qui le doute est l’ennemi à abattre.
Je ne m’en prends pas ici à une croyance en
particulier ni aux croyants de pacotille qui ne vont à l’église ou à la mosquée
que pour se marier ou pour mourir. Je parle de ceux et celles qui croient
fermement à l’un ou l’autre de ces livres sacrés qui exigent de nous la mise en
veilleuse de la raison et du sens critique.
Comment réconcilier leur monde et le mien
autrement qu’en me taisant au nom du respect de leurs croyances?
Je ne parviens pas à discuter avec des gens
qui disent savoir qu’un créateur est à l’origine de tout, que ce créateur se
préoccupe d’eux personnellement et qui prétendent surtout savoir qu’ils le
rencontreront une fois morts, dans un paradis quelconque.
Comment font-ils pour en être si sûrs? Quel
pouvoir extrasensoriel que je n’ai pas possèdent-ils?
Pensée magique
En ce qui me
concerne, et jusqu’à preuve du contraire, j’ai mis la création de l’existence à
partir de rien et la vie éternelle au rang des possibilités improbables. Dieu,
lui, appartient à la catégorie de la pensée magique. Je suis athée, comme des
milliers d’autres au Québec. Je fais partie d’une minorité qui croit que ceux
et celles qui pratiquent sérieusement une religion au point où elle régule
toute leur vie souffrent d’un délire collectif. Je les tolère au nom d’une
société que je veux libre et égalitaire, mais je revendique mon droit de dire
le dégoût que m’inspirent des siècles d’obscurantisme religieux que ces gens
s’évertuent à perpétuer.
Pour ma part, je n’impose mon choix à
personne, je ne demande aucun accommodement, raisonnable ou autre, j’invite la
critique vigoureuse et intelligente de ceux et celles qui sont en désaccord
avec moi, et je doute chaque jour de ma vie. Oh! Et merci à mon oncle Henri qui
a mal caché son déguisement dans le placard. Sans le vouloir, il a contribué à
faire de moi un être pensant.
La seule angoisse aujourd’hui que je ne
parvienne pas à calmer grâce à l’amour de mes proches, à l’art, à la beauté des
lieux et des mots, ou à la bonté et au génie humains, est celle de voir un jour
ce monde retomber sous le joug des adultes qui, par ignorance ou manque
d’imagination, croient encore au père Noël. Cette peur est alimentée par
l’omniprésence de la religion dans nos débats publics.
J’en ai assez qu’il n’y en ait, certains
jours, que pour les signes religieux, les accommodements, les cours d’éthique,
les errances identitaires et les braises de l’intolérance.
Alors qu’on gaspille tout ce temps à vouloir
protéger les droits de ces fabulateurs moyenâgeux, la souffrance humaine, bien
réelle, se répand sans que jamais aucune intervention divine vienne la
soulager.
Note de la rédaction (Le Devoir) – La paternité de la citation «Le XXIe siècle sera religieux ou ne
sera pas» (et ses variantes : «Le XXIe siècle sera spirituel ou ne sera pas»,
«Le XXIe siècle sera mystique ou ne sera pas»), attribuée par l'auteur de ce
texte à André Malraux, est sujet à controverse.
En effet, dans
une interview pour Le Point du 10
décembre 1975 Malraux déclarait : «On m’a fait dire que le XXIe siècle sera
religieux. Je n’ai jamais dit cela, bien entendu, car je n’en sais rien. Ce que
je dis est plus incertain. Je n’exclus pas la possibilité d’un événement spirituel
à l’échelle planétaire.»
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Extrait du commentaire
de Jean-François Trottier | Le Devoir – 4 juillet 2018
[...] Aucune
religion ne répond à la question du sens de la vie, sinon elle engloberait non
seulement tous les êtres vivants mais AUSSI le non-vivant. Les théologiens ont
dès le départ compris cette nécessité et c'est pourquoi toutes les religions
ont créé leur cosmologie, propre aux croyances ambiantes. Toutes ces
cosmologies ont été démontrées fausses.
Les religions restent des codifications très
humaines d'un élan intérieur, réaction de nos angoisses existentielles, mais
jamais de façon définitive. Elles apportent des «réponses», les plus courtes
possibles, pour rassurer. [...]
– Les religions sont par essence élitistes :
certains sont sauvés et d'autres pas.
– Les religions sont hégémoniques.
– Toutes les religions, les monothéistes du
moins, posent leurs propres lois comme supérieures aux lois humaines.
– Toutes, aussi, se placent au-dessus des
frontières, reniant tout esprit écologique.
– Toutes affichent un total mépris envers la
vie, humaine ou pas.
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