22 avril 2019

Journée de la Terre les pieds dans l’eau


Avant d’entrer dans le vif du sujet – les inondations –, mentionnons que le Canada bat des records en matière d’émissions de GES. Parions que Jason Kenney fera sauter la barre.

Caricature : Serge Chapleau. La Presse, 18 avril 2019

Alberta : Jason Kenney promet de s'en prendre aux écolos
Bob Weber
La Presse Canadienne Edmonton | 17 avril 2019

Le premier ministre désigné de l'Alberta promet de s'attaquer aux organismes de bienfaisance du secteur de l'environnement qui bloquent selon lui les exportations de pétrole – mais ces groupes pourraient en fait profiter de ces batailles, qui attisent la générosité des donateurs.
   Dans son discours de la victoire, mardi soir, le chef du Parti conservateur uni, Jason Kenney, a réitéré sa promesse de lutter contre les groupes écologistes canadiens qui acceptent de l'argent de fondations américaines avec le secret dessein de saboter l'économie d'ici en empêchant l'Alberta d'exporter du pétrole ailleurs que vers le sud.


Le pétrole albertain plus polluant que tout le Québec
Martin Croteau
La Presse | 17 avril 2019

Pétrole bitumineux

La production de pétrole bitumineux en Alberta a bondi de 158 % entre 2005 et 2017. Pendant cette période, les émissions de GES de cette activité sont passées de 36 à 81 millions de tonnes. À elle seule, cette industrie pollue donc davantage que le Québec au complet, dont les émissions s'élevaient à 78 millions de tonnes. La production de ce pétrole est plus polluante que les sources conventionnelles, car pour séparer le bitume du sable, il faut y injecter de la vapeur. Ce procédé nécessite la combustion de grandes quantités de gaz naturel. En tout, la production de pétrole et de gaz équivaut à 27 % des émissions canadiennes de GES.
   Les émissions de GES du secteur des transports sont restées stables entre 2016 et 2017, mais elles avaient grimpé de manière soutenue au cours des années précédentes. Elles constituent le quart (24 %) des émissions totales du pays. La raison est simple : les pick-up et les véhicules utilitaires sport (VUS) sont de plus en plus populaires. On comptait 3,3 millions de camions légers au Canada en 1990. En 2017, il y en avait 12,3 millions.
   Les camions légers – pick-up, VUS, minifourgonnettes – émettent 31 % plus de GES par kilomètre parcouru qu'une voiture conventionnelle.

Inondations et affaissement urbain

Pour ceux qui croient encore que les activités de l’homme ont peu ou pas d’impact sur le climat, la nature et conséquemment sur nous : le documentaire Inondations : une menace planétaire (ce n’est pas Nostradamus qui parle!). Un documentaire que tous nos élus municipaux devraient voir. Peut-être qu’ils céderaient moins aux pressions des promoteurs, développeurs et investisseurs orientés uniquement sur le profit.

Plus de 136 métropoles côtières sont menacées d’affaissement Montréal fait partie de la liste.

Principales causes? 
Urbanisation frénétique et continuelle malgré les menaces
Multiplication des gratte-ciels (toujours plus nombreux et plus hauts)
Bétonisation des métropoles
Constructions sur des zones artificielles (fonds sablonneux)
Liquéfaction des sols
Barrages, détournements de cours d’eau
Pompage dans la nappe phréatique
Disparition des mangroves
Piscicultures
Surpopulation urbaine
Changements climatiques

À voir ou revoir (documentaire complet, 2 :34)

Le promoteur
Jean-Louis Fournier

   Un jour sans vent, le promoteur a regardé la mer.
   Elle était basse, elle découvrait des kilomètres carrés de sable. C’était la grande marée.
   Il a pensé à toute cette surface inutilisée. Cette place perdue.
   Il a pensé à tout ce qu’il pourrait gagner sur la mer.
   Il a imaginé des rocades, des tours, des résidences pieds dans l’eau, des avenues à perte de vue, des marinas.
   On a perdu la vue sur mer. Les crevettes se sont tirées et les coquillages ont été murés vivants dans le béton.
   Quand je suis sur le petit morceau de plage qui reste, je vois encore, entre les voitures, un peu de mer. Je ne l’entends plus, j’entends les scooters de mers. Dans le mot «promoteur», il y a «moteur».
   Le promoteur à explosion, il n’est plus là. Il est parti très loin, rechercher la solitude et le silence dans des pays magiques où la mer s’étale sur des plages infinies.
   Il regarde la mer, il pense à toute cette surface inutilisée, cette place perdue, à tout ce qu’il pourrait gagner sur la mer...
   À force de vouloir gagner sur la mer, on perd la mer.

Source : Ça m’agace! Éditions Anne Carrière; 2012

Le développement urbain le long des grands cours d’eau et de la mer se retourne contre nous. 

«L’ennemi avance lentement, mais sûrement. Il ronge le rocher, il monte de quelques millimètres par année, il repousse de plus en plus les limites, il avance doucement. Il avance... rapidement dans les faits.»
~ Gérald Filion, Blogue économique, ICI Radio-Canada

France 2018. Photo : Sylvain Desjardins, correspondant pour Radio-Canada à Paris.

Beauceville, Québec 2019. Photo : Jacques Boissinot, La Presse canadienne

En 2017, les inondations ont causé pas mal de dégâts au Québec.
Bilan partiel du 9 mai 2017 :
171 villes et municipalités sinistrées;
10 municipalités en état d’urgence;
2733 résidences inondées par la crue des eaux;
1940 personnes ont évacué leur résidence;
486 routes touchées par la crue des eaux au Québec.

Au lieu de prévenir, nous mettons des poches de sable sur le bobo.

L’asphalte et le béton n’absorbent pas l’eau; elle bifurque, contourne, dévie. On le sait. Autrefois, les villes incluaient des cours d’eau (zones naturelles de ruissellement) à ciel ouvert, des chemins de terre, des terres arables cultivées et des espaces de verdure pouvant absorber l’eau. Libérer les rivières souterraines enfouies sous nos déserts de béton citadins, serait un projet révolutionnaire en matière d’environnement.
   Si les glaciers continuent de fondre aussi rapidement, ce serait un moyen de composer avec les changements géophysiques qui se produiront inévitablement. On a beau essayer de contrôler et d’enclaver l’eau, quand vient la fonte des neiges ou lors de pluies torrentielles (plus fréquentes et abondantes) les égouts refoulent. Alors, il faudrait modifier nos orientations mégalomanes, avant que l’île de Montréal ne s’effondre. En outre, il y aurait beaucoup d’emplois en perspective, notamment pour les entreprises d’ingénierie et de construction.
   Mais, que voyons-nous aujourd’hui? De plus en plus de gratte-ciels cordés les uns contre les autres, des parcs de condos et de résidences cossues (faux châteaux), des méga complexes commerciaux, des îles créées de toute pièce pour le divertissement (courses automobiles, spectacles à grand déploiement, jeux, etc.), et l’on multiplie les infrastructures autoroutières au mépris des écosystèmes.

Au sujet du documentaire Main basse sur la ville :

À VOIR : Rivières perdues 

Quand les dolines s’ajoutent aux ornières

En mars 2016, un effondrement majeur s’est produit au cœur du Plateau-Mont-Royal. Une conduite d'aqueduc vieille de 125 ans a cédé et entrainé l’effondrement. Sous la pression de l'eau, la terre sous la chaussée s’est liquéfiée si bien que plus rien ne soutenait la rue.

Lorsque le sol s’ouvre sous nos pieds et nous plonge dans l'abîme on peut s’attendre à ce que gens commencent à parler de Bible, de fin du monde ou de phénomènes cosmiques comme on le voit sur le web. En fait, les dolines (sinkholes)  sont des phénomènes géologiques, non pas des «actes de Dieu», et ils résultent très souvent des «activités humaines».

Les dolines sont généralement corrélées aux pratiques d'utilisation des sols, en particulier au pompage de l'eau souterraine, et aux pratiques de développement et de construction.  Elles peuvent aussi se former lorsque les structures naturelles de drainage de l'eau sont modifiées et que de nouveaux systèmes de déviation sont créés. D’autres se forment quand le sol est modifié, comme lorsque l'industrie crée des bassins de stockage/ruissellement. Le poids considérable du nouveau matériel peut déclencher un effondrement souterrain des supports. Tout ce que l’homme construit est éphémère et voué à la destruction ou à l’effondrement, surtout quand on construit sur du remblaiement de sable parce que ça coûte moins cher...
   Mais, comme le faisait remarquer un géologue, le climat joue un rôle – avec les longues périodes de sécheresse suivies de pluies torrentielles et persistantes, on peut facilement prédire que de tels incidents seront de plus en plus fréquents dans le futur à mesure que le climat de la terre change.
   À tous ces facteurs, on peut ajouter les secousses sismiques provoquées par la fracturation hydraulique en exploitation des sables bitumineux.
   Les dolines peuvent se former partout où il y a des roches solubles dans le sous-sol. C’est ce qu’on appelle un «terrain karstique», selon Randall Orndorff, directeur de l’Eastern Geology and Paleoclimate Science CenterUnited States Geological Survey.
   Les roches solubles qui peuvent former des dolines contiennent du calcaire, du gypse et du sel. Les précipitations abondantes sont un ingrédient clé pour l’ouverture d’un gouffre. Une fois infiltrée dans le souterrain, l'eau devient acide et, sans un drainage adéquat, elle peut créer une sorte de piscine propice aux dolines. (...)
   Les dolines peuvent également être artificielles, c’est-à-dire sans que des roches solubles soient présentes sous terre. Selon l'USGS, une tuyauterie qui fuit, de vieux puits miniers et un dysfonctionnement dans le traitement des eaux usées sont trois exemples attribuables à la négligence humaine.
   Les dolines survenant dans les zones urbaines sont dangereuses car tandis que la roche se dissout dans l'eau, des trous et des cavernes se forment sous la terre. À un certain moment ils deviennent suffisamment énormes pour provoquer des effondrements. La canalisation des aqueducs et des égouts est déjà présente dans le sous-sol. Selon Orndorff, au fur et à mesure que l'eau infiltre le souterrain, les infrastructures (conduites d'eaux usées et tuyaux d'aqueduc) s’érodent avec le temps et créent des cavernes qui contribuent à la formation de dolines.
   Des dolines naturelles peuvent aussi se former en raison de sécheresses et de pluies abondantes. Dans le cas d'une période de sécheresse, la nappe phréatique peut chuter et perdre la stabilité qu'elle avait auparavant. En outre, lorsque le calcaire se dissout, il forme un sol argileux qui retient beaucoup d'eau. Quand le sol argileux sèche, il perd son lien cohésif, et peut potentiellement causer un affaissement du sol.

Source :

Des explications logiques, scientifiques à propos des dolines (sinkholes) : 

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