14 avril 2019

Damnées religions

«Critiquer une personne pour sa race est manifestement irrationnel et ridicule, mais critiquer sa religion, est correct. C'est une liberté.

La liberté de critiquer les idées, n'importe quelle idée – même si ce sont des croyances sincères – est l'une des libertés fondamentales de la société. Une loi qui tente de dire qu'on peut critiquer et ridiculiser des idées tant qu'il ne s'agit pas d'idées religieuses est une loi vraiment très bizarre.»  

~ Rowan Atkinson (commentant en 2004 le projet de loi britannique sur la Haine Raciale et Religieuse)

Une nouvelle manifestation contre le projet de loi 21 sur la laïcité de l'État du gouvernement Legault a débuté vers 11 h 30, dimanche (14.04.2019) à Côte Saint-Luc. Une quinzaine de leaders, dont des représentants de la communauté noire, musulmane et sikhe étaient invités à prendre parole pour dénoncer le projet de loi. Les manifestants s'opposent à l'interdiction du port de signes religieux par une multitude de fonctionnaires, prévue par le projet de loi déposé par le ministre Simon Jolin-Barrette. Cette interdiction s'étend aux enseignants du primaire et du secondaire, ainsi qu'aux agents de la paix et aux procureurs du gouvernement.

Tandis que les musulmanes québécoises revendiquent le droit de porter leur voile au sein de la fonction publique, incluant le milieu scolaire, les femmes coincées dans des dictatures islamiques pures et dures militent pour avoir le droit de ne pas porter de voile. À vous d’élucider ce paradoxe...

Le propre de plusieurs religions traditionnelles est de damner ou de condamner, de restreindre au maximum les droits et libertés de leurs adeptes pour mieux les manipuler, voire de les emprisonner et de les tuer s’ils dérogent de leurs dogmes.

Je croyais naïvement que l’islam chiite était plus modéré que l’islam sunnite. Erreur. Dans la République islamique d’Iran (dite chiite), on ne prend pas le port du voile à la légère ni quoi que ce soit qui touche de près ou de loin la religion d’état. Et je suis persuadée que, comme en Arabie saoudite ou en Égypte, il est défendu de se déclarer athée sous peine de graves représailles – fouet, incarcération, lapidation, etc.

Crédit photo : Hossein Ronaghi. L'avocate iranienne Nasrin Sotoudeh chez elle, en 2012. «Depuis que j’ai accepté de représenter ces filles [les manifestantes contre le port du voile], il m’arrive souvent dans la rue de rencontrer des gens qui me remercient pour mon travail et me disent qu’ils soutiennent ces filles.» ~ Nasrin Sotoudeh

En septembre 2018 le Prix international des droits de l’homme Ludovic Tradieux, récompense remise à un avocat, lui a été décerné (prix non encore accepté).

Qui est Nasrin Sotoudeh, la militante des droits humains emprisonnée en Iran? 

L’avocate de 55 ans, récipiendaire du prix Sakharov pour la liberté de l’esprit du Parlement européen, vient d’être condamnée à 33 ans de prison et à 148 coups de fouet. Cette militante féministe et des droits humains est incarcérée à la prison d’Evin, à Téhéran.

«Une injustice sans nom.» Voilà la réaction de l’ONG Amnesty international concernant la nouvelle peine de prison de l’avocate iranienne Nasrin Sotoudeh. Cette femme de 55 ans est déjà incarcérée depuis juin 2018 à la tristement célèbre prison d’Evin, à Téhéran (Iran) où la photographe irano-canadienne Zahra Kazemi y est décédée il y a quinze ans à la suite d’actes de torture.
   En cause : ses différents combats, que ce soit pour les droits humains, pour les droits des femmes ou encore sa lutte contre la peine de mort. «Je sais qu’ils m’ont arrêtée parce que je défends les droits de l’homme, les militantes féministes et que je lutte contre la peine de mort. Mais je ne les laisserai pas m’empêcher de parler», expliquait Nasrin Sotoudeh en août 2018, alors qu’elle commençait une grève de la faim en prison, comme le rapporte Courrier international. 

Peine maximale
Le 12 mars, la justice la condamne à dix années de prison supplémentaires et 148 coups de fouet, notamment pour «incitation à la débauche» [une peine finalement alourdie à 12 ans de prison]. Selon son mari, Reza Khandan, la défenseuse des droits humains était poursuivie pour sept chefs d’accusation et a été condamnée au total à 38 années de prison, mais seule la peine la plus lourde s’applique, en l’occurrence celle de 10 ans de prison.
   Celle qui avait déjà été incarcérée entre 2010 et 2013 a été condamnée, en juin dernier, à cinq ans de détention pour «rassemblement et collusion contre le régime» et à deux ans pour «insulte au Guide suprême». Seulement, selon les dires de son mari lundi 11 mars, des chefs d’accusation et a fortiori des peines de prison supplémentaires ont été requis à l’encontre de son épouse. Laquelle est donc à présent condamnée à 33 ans de détention – ce total représentant la peine maximale cumulée pour chacun de ses sept chefs d’accusation – et à subir 148 coups de fouet.
   Comme le rappelle Amnesty international, «c’est la condamnation la plus sévère recensée contre un défenseur des droits humains en Iran ces dernières années, ce qui laisse à penser que les autorités encouragées par l’impunité généralisée en matière de violations de droits humains, durcissent leur répression». D’autant que les juges en charge de son dossier ont usé de leur pouvoir discrétionnaire permis par le Code pénal iranien, qui les autorise à imposer une peine plus sévère que la peine maximale obligatoire, et ce, dès lors que l’accusé.e est visé.e par plus de trois chefs d’accusation.

Défense des femmes souhaitant ne pas porter de voile
L’ONG rappelle que c’est «en représailles de son travail pacifique en faveur des droits humains», pour «incitation à la corruption et à la prostitution», pour «trouble à l’ordre public» et pour «acte immoral en apparaissant en public sans porter le hijab» que Nasrin Sotoudeh devrait passer plus de temps que prévu derrière les barreaux.
   L’avocate s’était en effet récemment distinguée, en 2018, en prenant la défense de femmes revendiquant le droit de ne pas porter de voile, celui-ci étant obligatoire en Iran depuis la révolution islamique de 1979. Ces Iraniennes postaient alors des photos d’elles tête nue, dans la rue, sur les réseaux sociaux, comme le raconte France culture.
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Les Inrockuptibles, 13 mars 2019

Iran. Libérez Nasrin Sotoudeh immédiatement
Pétition Amnistie Internationale :

La nouvelle condamnation à 33 ans de réclusion porte à 38 ans la durée cumulée des peines prononcées à l’encontre de Nasrin, à l’issue de deux procès manifestement iniques. Nasrin a consacré sa vie à la défense pacifique des droits humains, notamment des femmes qui manifestent pacifiquement contre la législation dégradante qui impose le port du hijab en Iran.
   Dans ce pays, les femmes et les jeunes filles ne sont autorisées à sortir de chez elles que si elles se couvrent la tête d’un foulard et les membres de vêtements amples. Nasrin voulait faire changer les choses et c’est pour cela qu’elle a été emprisonnée.
   Sa peine est la plus lourde prononcée à l’égard d’un•e défenseur•e des droits humains en Iran ces dernières années, ce qui laisse à penser que les autorités renforcent la répression. Nasrin est séparée de son mari et de ses deux enfants et ne peut plus mener ses activités importantes en tant qu’avocate spécialiste des droits humains.
   Appelez le guide suprême de l’Iran à faire libérer Nasrin Sotoudeh immédiatement et sans condition et annuler ses condamnations sans délai.

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L’ex-pape Benoît XVI (Joseph Aloisius Ratzinger) s’est prononcé en 6000 mots sur les scandales de prêtres pédophiles. Complètement à côté de ses pompes, comme on dit.

La pédophilie, symptôme d’un monde sans Dieu?

Alain Crevier
ICI Radio-Canada Nouvelles | 11 avril 2019

Article intégral

Pour Benoît XVI, c’est clair : une partie des origines de tous ces scandales de pédophilie dans l’Église se trouve quelque part autour des années 60. Plus précisément, dans la mouvance de la révolution sexuelle où, pour ce pape émérite, tout était permis, preuve irréfutable de l’effondrement de la moralité. Et même que nous aurions en quelque sorte normalisé la pédophilie. Une thèse qui ne fera pas consensus.
   Il se souvient que dans ces années-là, lors d’un voyage à Ratisbonne, le jeune théologien qu’il était a vu placardées en ville des affiches sur lesquelles un homme et une femme enlacés s’embrassaient… nus!
   Ce qui était caché jusque-là devenait chose publique et admise. On comprendra que les premiers cours d’éducation sexuelle de l’époque allaient bouleverser les hommes de l’Église.
   Certains diraient aujourd’hui que ces images pourraient être utiles dans un cours d’éducation sexuelle, non?

Caricature : Serge Chapleau. La Presse 12 janvier 2019

Mais tout ça au fond, pour Benoît XVI, ne sont que les symptômes d’une maladie bien plus grave : un monde qui se passe de Dieu!
   «Un monde sans Dieu ne peut être qu’un monde vide de sens», écrit l’ancien préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi, autrefois surnommé le Saint Office. Comme si, sans Dieu, il n’est plus possible de déterminer ce qui est bien, ce qui est mal.
   Ces horreurs de la pédophilie ne peuvent se produire que lorsque la foi est absente, insiste Benoît XVI. Certains auront envie de lui demander si cette foi n’a pas déserté l’Église.
   Un peu plus, et l’ancien patron de la discipline de l’Église déclarait immoraux les athées et même quelques bouddhistes qui n’ont pas de Dieu pour les guider. La pédophilie en est l’illustration, dit cet ancien pape qui aura bientôt 92 ans.
   Mais alors, que faire? Inutile, vous dira Benoît XVI, de créer une nouvelle Église pour repartir à zéro. «Oui, le mal existe dans l’Église. Mais même aujourd’hui, il y a cette Sainte Église et elle est indestructible».
   Voilà qui nous fait penser à cette idée typiquement Ratzinger selon laquelle dans ce monde obscur, ceux qui ont vraiment la foi seront moins nombreux, mais ils seront plus lumineux. Autrement dit, hors de l’Église (catholique)… point de salut.
   D’un côté, ce pape émérite qui explique la criminalité dans l’Église par l’immoralité de la société occidentale en particulier. Le monde est perdu et corrompu, et contamine cette Sainte Église qui, faite d’hommes, n’a pu résister à la dépravation émanant de la révolution sexuelle et, faut-il le rappeler, de l’émancipation des femmes.
   De l’autre côté, ce pape François qui ne cesse d’accuser le cléricalisme de sa propre institution, blâmant au passage une culture qui justifie ses excès et sa complicité dans les pires crimes contre des enfants.
   Deux Églises semblent se confronter. Quant à savoir laquelle l’emportera, seul Dieu le sait et le Diable s’en doute.

Lettre intégrale (si vous avez du temps) :

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