La liberté de critiquer les idées,
n'importe quelle idée – même si ce sont des croyances sincères – est l'une des
libertés fondamentales de la société. Une loi qui tente de dire qu'on peut
critiquer et ridiculiser des idées tant qu'il ne s'agit pas d'idées religieuses
est une loi vraiment très bizarre.»
~ Rowan
Atkinson (commentant en 2004 le projet de loi britannique sur la Haine Raciale
et Religieuse)
Une nouvelle manifestation contre le projet
de loi 21 sur la laïcité de l'État
du gouvernement Legault a débuté vers 11 h 30, dimanche (14.04.2019) à Côte
Saint-Luc. Une quinzaine de leaders, dont des représentants de la communauté
noire, musulmane et sikhe étaient invités à prendre parole pour dénoncer le
projet de loi. Les manifestants s'opposent à l'interdiction du port de signes
religieux par une multitude de fonctionnaires, prévue par le projet de loi
déposé par le ministre Simon Jolin-Barrette. Cette interdiction s'étend aux
enseignants du primaire et du secondaire, ainsi qu'aux agents de la paix et aux
procureurs du gouvernement.
Tandis
que les musulmanes québécoises revendiquent le droit de porter leur voile au
sein de la fonction publique, incluant le milieu scolaire, les femmes coincées dans des
dictatures islamiques pures et dures militent pour avoir le droit de ne pas porter
de voile. À vous d’élucider ce paradoxe...
Le
propre de plusieurs religions traditionnelles est de damner ou de condamner, de
restreindre au maximum les droits et libertés de leurs adeptes pour mieux les manipuler, voire de les emprisonner
et de les tuer s’ils dérogent de leurs dogmes.
Je
croyais naïvement que l’islam chiite était plus modéré que l’islam sunnite. Erreur.
Dans la République islamique d’Iran (dite chiite), on ne prend pas le port du voile
à la légère ni quoi que ce soit qui touche de près ou de loin la religion d’état.
Et je suis persuadée que, comme en Arabie saoudite ou en Égypte, il est défendu
de se déclarer athée sous peine de graves représailles – fouet, incarcération,
lapidation, etc.
Crédit
photo : Hossein Ronaghi. L'avocate iranienne Nasrin Sotoudeh chez elle, en 2012.
«Depuis que j’ai accepté de
représenter ces filles [les manifestantes contre le port du voile], il m’arrive
souvent dans la rue de rencontrer des gens qui me remercient pour mon travail
et me disent qu’ils soutiennent ces filles.» ~ Nasrin Sotoudeh
En
septembre 2018 le Prix international des
droits de l’homme Ludovic Tradieux, récompense remise à un avocat, lui a
été décerné (prix non encore accepté).
Qui est Nasrin Sotoudeh, la militante des droits
humains emprisonnée en Iran?
L’avocate de 55 ans, récipiendaire du
prix Sakharov pour la liberté de l’esprit du Parlement européen, vient d’être
condamnée à 33 ans de prison et à 148 coups de fouet. Cette militante féministe
et des droits humains est incarcérée à la prison d’Evin, à Téhéran.
«Une
injustice sans nom.» Voilà la réaction de l’ONG Amnesty international
concernant la nouvelle peine de prison de l’avocate iranienne Nasrin Sotoudeh.
Cette femme de 55 ans est déjà incarcérée depuis juin 2018 à la tristement
célèbre prison d’Evin, à Téhéran (Iran) où la photographe irano-canadienne
Zahra Kazemi y est décédée il y a quinze ans à la suite d’actes de torture.
En cause : ses différents combats, que ce
soit pour les droits humains, pour
les droits des femmes ou encore sa lutte contre la peine de mort. «Je sais
qu’ils m’ont arrêtée parce que je défends les droits de l’homme, les militantes
féministes et que je lutte contre la peine de mort. Mais je ne les laisserai
pas m’empêcher de parler», expliquait Nasrin Sotoudeh en août 2018, alors
qu’elle commençait une grève de la faim en prison, comme le rapporte Courrier
international.
Peine maximale
Peine maximale
Le
12 mars, la justice la condamne à dix années de prison supplémentaires et 148 coups
de fouet, notamment pour «incitation à la débauche» [une peine finalement
alourdie à 12 ans de prison]. Selon son mari, Reza Khandan, la défenseuse des
droits humains était poursuivie pour sept chefs d’accusation et a été condamnée
au total à 38 années de prison, mais seule la peine la plus lourde s’applique,
en l’occurrence celle de 10 ans de prison.
Celle qui avait déjà été incarcérée entre
2010 et 2013 a été condamnée, en juin dernier, à cinq ans de détention pour «rassemblement
et collusion contre le régime» et à deux ans pour «insulte au Guide suprême».
Seulement, selon les dires de son mari lundi 11 mars, des chefs d’accusation et
a fortiori des peines de prison supplémentaires ont été requis à l’encontre de
son épouse. Laquelle est donc à présent condamnée à 33 ans de détention – ce
total représentant la peine maximale cumulée pour chacun de ses sept chefs
d’accusation – et à subir 148 coups de fouet.
Comme le rappelle Amnesty international, «c’est
la condamnation la plus sévère recensée contre un défenseur des droits humains
en Iran ces dernières années, ce qui laisse à penser que les autorités
encouragées par l’impunité généralisée en matière de violations de droits humains,
durcissent leur répression». D’autant que les juges en charge de son dossier
ont usé de leur pouvoir discrétionnaire permis par le Code pénal iranien, qui
les autorise à imposer une peine plus sévère que la peine maximale obligatoire,
et ce, dès lors que l’accusé.e est visé.e par plus de trois chefs d’accusation.
Défense des femmes souhaitant ne pas
porter de voile
L’ONG
rappelle que c’est «en représailles de son travail pacifique en faveur des
droits humains», pour «incitation à la corruption et à la prostitution», pour
«trouble à l’ordre public» et pour «acte immoral en apparaissant en public sans
porter le hijab» que Nasrin Sotoudeh devrait passer plus de temps que prévu
derrière les barreaux.
L’avocate s’était en effet récemment
distinguée, en 2018, en prenant la
défense de femmes revendiquant le droit de ne pas porter de voile, celui-ci
étant obligatoire en Iran depuis la révolution islamique de 1979. Ces
Iraniennes postaient alors des photos d’elles tête nue, dans la rue, sur les
réseaux sociaux, comme le raconte France culture.
[...]
Les
Inrockuptibles, 13 mars 2019
Iran. Libérez Nasrin Sotoudeh
immédiatement
Pétition Amnistie Internationale :
La nouvelle
condamnation à 33 ans de réclusion porte à 38 ans la durée cumulée des peines
prononcées à l’encontre de Nasrin, à l’issue de deux procès manifestement
iniques. Nasrin a consacré sa vie à la défense pacifique des droits humains,
notamment des femmes qui manifestent pacifiquement contre la législation
dégradante qui impose le port du hijab en Iran.
Dans ce pays, les femmes et les jeunes
filles ne sont autorisées à sortir de chez elles que si elles se couvrent la
tête d’un foulard et les membres de vêtements amples. Nasrin voulait faire
changer les choses et c’est pour cela qu’elle a été emprisonnée.
Sa peine est la plus lourde prononcée à
l’égard d’un•e défenseur•e des droits humains en Iran ces dernières années, ce
qui laisse à penser que les autorités renforcent la répression. Nasrin est
séparée de son mari et de ses deux enfants et ne peut plus mener ses activités
importantes en tant qu’avocate spécialiste des droits humains.
Appelez le guide suprême de l’Iran à faire
libérer Nasrin Sotoudeh immédiatement et sans condition et annuler ses
condamnations sans délai.
~~~
L’ex-pape
Benoît XVI (Joseph Aloisius Ratzinger) s’est prononcé en 6000 mots sur
les scandales de prêtres pédophiles. Complètement à côté de ses pompes, comme
on dit.
La pédophilie, symptôme d’un monde
sans Dieu?
Alain Crevier
ICI
Radio-Canada Nouvelles | 11 avril 2019
Article
intégral
Pour Benoît
XVI, c’est clair : une partie des origines de tous ces scandales de
pédophilie dans l’Église se trouve quelque part autour des années 60. Plus
précisément, dans la mouvance de la révolution sexuelle où, pour ce pape
émérite, tout était permis, preuve irréfutable de l’effondrement de la
moralité. Et même que nous aurions en quelque sorte normalisé la pédophilie.
Une thèse qui ne fera pas consensus.
Il se souvient que dans ces années-là, lors
d’un voyage à Ratisbonne, le jeune théologien qu’il était a vu placardées en
ville des affiches sur lesquelles un homme et une femme enlacés s’embrassaient…
nus!
Ce qui était caché jusque-là devenait chose
publique et admise. On comprendra que les premiers cours d’éducation sexuelle
de l’époque allaient bouleverser les hommes de l’Église.
Certains diraient aujourd’hui que ces images
pourraient être utiles dans un cours d’éducation sexuelle, non?
Caricature :
Serge Chapleau. La Presse 12 janvier 2019
Mais tout ça
au fond, pour Benoît XVI, ne sont que les symptômes d’une maladie bien plus
grave : un monde qui se passe de Dieu!
«Un monde sans Dieu ne peut être qu’un monde
vide de sens», écrit l’ancien préfet de la Congrégation pour la doctrine de la
foi, autrefois surnommé le Saint Office. Comme si, sans Dieu, il n’est plus
possible de déterminer ce qui est bien, ce qui est mal.
Ces horreurs de la pédophilie ne peuvent se
produire que lorsque la foi est absente, insiste Benoît XVI. Certains auront
envie de lui demander si cette foi n’a pas déserté l’Église.
Un peu plus, et l’ancien patron de la
discipline de l’Église déclarait immoraux les athées et même quelques
bouddhistes qui n’ont pas de Dieu pour les guider. La pédophilie en est
l’illustration, dit cet ancien pape qui aura bientôt 92 ans.
Mais
alors, que faire? Inutile, vous dira Benoît XVI, de créer une nouvelle Église
pour repartir à zéro. «Oui, le mal existe dans l’Église. Mais même aujourd’hui,
il y a cette Sainte Église et elle est indestructible».
Voilà qui nous fait penser à cette idée
typiquement Ratzinger selon laquelle dans ce monde obscur, ceux qui ont
vraiment la foi seront moins nombreux, mais ils seront plus lumineux. Autrement
dit, hors de l’Église (catholique)… point de salut.
D’un côté, ce pape émérite qui explique la
criminalité dans l’Église par l’immoralité de la société occidentale en
particulier. Le monde est perdu et corrompu, et contamine cette Sainte Église
qui, faite d’hommes, n’a pu résister à la dépravation émanant de la révolution
sexuelle et, faut-il le rappeler, de l’émancipation des femmes.
De l’autre côté, ce pape François qui ne
cesse d’accuser le cléricalisme de sa propre institution, blâmant au passage
une culture qui justifie ses excès et sa complicité dans les pires crimes
contre des enfants.
Deux
Églises semblent se confronter. Quant à savoir laquelle l’emportera, seul Dieu
le sait et le Diable s’en doute.
Lettre
intégrale (si vous avez du temps) :
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