En
avril 1994, un tsunami de haine s’abattait sur le Rwanda. En trois mois, le
génocide fera 800 000 morts, pour la majorité des Tutsis et quelques Hutus
modérés, à coups de machette et d’inhumanité devenue virale. Un quart de siècle
plus tard, un certain apaisement souffle sur le Pays aux mille collines où le
«Je suis Rwandais» (Ndi Umunyarwanda) du président Kagamé semble vouloir faire
son nid. Une paix fragile que sonde délicatement le journaliste, éditeur et
écrivain Alain Stanké dans Rwanda, après
le sang, l’espoir.
Avec
beaucoup d’empathie, celui qui a connu les camps de concentration a fait le
voyage au Rwanda pour essayer de comprendre comment se reconstruit un pays
ravagé par un élan sanguinaire aussi féroce. Survivants et spécialistes de
toutes sortes s’ouvrent à lui avec confiance, dignes, certains solaires,
d’autres moins, tous avec encore un exigeant travail de mémoire à faire. Comme
Pacifique Bonheur, gardien du mémorial du génocide, dont le nom même l’appelle
vers la lumière; la réconciliation en cours est un miracle qu’il protège et
nourrit tous les jours.
On
dit que la faim est une sensation intransmissible, cette horreur-là est du même
ordre, elle est impartageable, confie un autre intervenant. Cela se sent dans les
transitions maladroites de ce documentaire qui hésite entre devoir de mémoire
et exercice de réparation, entre récit factuel et confession. Cela ne l’empêche
nullement de faire oeuvre utile, un peu à la manière du peuple rwandais, qui
neutralise avec l’art l’angoisse d’un silence qui autrement pourrait être
funeste.
Louise-Maude
Rioux Soucy
Le
Devoir, 6 avril 2019
À
voir sur DOC HUMANITÉ
Le
déclencheur du génocide a été l'assassinat au soir du 6 avril 1994 du président
rwandais Juvénal Habyarimana, un Hutu. Le lendemain, les Forces armées
rwandaises (FAR) et les miliciens extrémistes hutus Interahamwe ont donné le
signal des massacres.
Encouragée
par les autorités et les «médias de la haine», dont la fameuse radio des Mille
collines, une partie de la population, de toutes les couches sociales, a prêté
son concours à l'extermination, à coups de gourdin ou de machette,
d'hommes, de femmes et d'enfants partout dans le pays.
Des Hutus ayant refusé de s'associer aux
tueries ou soupçonnés de sympathie envers les Tutsis ont aussi été tués. Le
carnage n'a pris fin que grâce à l'entrée le 4 juillet à Kigali de la rébellion
tutsi du Front patriotique rwandais (FPR), avec à sa tête un jeune chef
militaire de 36 ans, Paul Kagame.
Source :
ICI Radio-Canada Info
Parmi
les complices de l’horreur : l’Église catholique. Ce qui ne m’étonne pas –
elle est toujours derrière les gens au pouvoir, sinon ouvertement à leurs côtés. Le clergé prônait donc
la séparation des ethnies et encourageait les Hutus à massacrer les Tutsis. Les lieux
de culte servirent d’abattoirs : une orgie de victimes et de sang offerte en
sacrifice à Dieu!
«La population avait perdu toute pensée
humaine en raison de l’épidémie de croyances dépouillées de tout jugement
critique. La religion ne garantit aucune décence.» ~ Boris Cyrulnik
Rwanda : la réconciliation après
la barbarie
Désautels
le dimanche, 7 avril 2019
Des
photos de victimes au mémorial du génocide, à Kigali, au Rwanda. Photo:
Radio-Canada / Janic Tremblay
Il y a 25 ans, le Rwanda sombrait dans la
fureur et le sang avec le début du génocide des Tutsis par les Hutus. Une
extermination planifiée, qui a fait de huit cent mille à un million de morts en
un peu plus de trois mois. Des victimes tuées à coups de machette, pour la
plupart. Une folie meurtrière où des voisins et même des époux se sont
retournés les uns contre les autres, sans compter les enfants qui n'ont pas été
épargnés. Aujourd'hui, les tueurs et les victimes vivent désormais côte à côte.
Pour souligner l'un des événements les plus
sombres du siècle dernier, nous avons délibérément choisi de vous parler de
réconciliation. Le reportage de Janic Tremblay, réalisé à Kigali l'an dernier à
l'occasion de notre série Rêver l'Afrique.
Audiofil :
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