Les
agneaux, apeurés, tètent souvent les doigts des ouvriers d'abattoir avant de se
faire trancher la gorge par ces mêmes mains. L'occasion de s'en rappeler en
avance, avant de préparer son repas «festif» de Pâques. ~ Libération
Animale@BoohVegan 12 mars 2019
La Pape
François s’écarte sensiblement de la théorie de l’animal-machine de Descartes. Il
nous surprend parfois...
Dans
les plus anciennes communautés chrétiennes, l'agneau était représenté sur les
épaules du Berger et symbolisait l'âme sauvée par le Christ.
«Ne
sacrifions pas d'agneaux à Pâques. Je ne mange pas d’agneau à Pâques! C'est un
rituel sanglant qui n'est pas nécessaire dans une société comme la nôtre, déjà
pétrie de violence et de mort, et qui ne sert qu'à satisfaire les intérêts de
l'industrie alimentaire.» ~ Pape
François, 19 avril 2014
Produits
d’origine animale consommés par l’humanité en une année (statistiques 2014
de Planetoscope) :
Porc : 115,5 millions de tonnes
Volaille : 108,7 millions de tonnes
Boeuf : 68 millions de tonnes
Mouton : 14 millions de tonnes
● 311 800 000 tonnes de viande =
60 000 000 000 animaux tués
Pêche et pisciculture : 154 millions de tonnes
Œufs : 62,4 millions de tonnes
Lait et dérivés : 728 millions de tonnes
La
commémoration de la Passion (vendredi saint) me semble appropriée pour
aborder les holocaustes annuels d’agneaux lors de différentes fêtes religieuses :
Pâque
chrétienne
Pâque
juive – Pessah
Fête
musulmane – Aïd al-Adha, qui ne coïncide pas avec les pâques juive et
chrétienne.
Toutes
ces fêtes religieuses occasionnent une production et un abattage
supplémentaires d’agneaux sans commune mesure :
– 100
millions d'agneaux sont sacrifiés en
moyenne chaque année seulement pour la fête de Pâques.
– au
Québec, s’ajoute le massacre de porcs – jambon de Pâques oblige! (voyez le
tableau de l’article ci-après ‘Jusqu’où
iront les véganes?’)
L’Aïd
al-Adha est un cas particulier. Cette fête est célébrée le dernier mois du
calendrier musulman et coïncide avec la fin du pèlerinage annuel à La Mecque.
La prochaine aura lieu le 11 août 2019. Traditionnellement,
chaque famille doit sacrifier un agneau
ou un mouton pour commémorer le sauvetage du fils
d'Abraham par Gabriel qui le remplaça par un animal au moment du sacrifice.
La pratique de ce sacrifice à domicile est
controversée dans certains pays occidentaux. Néanmoins certains pays européens
(Belgique, France...) essaient d'organiser le carnage dans des abattoirs conventionnels
ou mobiles afin d'assurer les meilleures conditions sanitaires possibles.
Au crédit de certaines branches modérées de l'islam :
De
l'avis de l'ancien mufti de Marseille, Soheib Bencheikh, depuis longtemps des
savants musulmans ont rappelé que l’on pouvait offrir l’équivalent du sacrifice
en don d’argent ou de nourriture pour les pauvres. «Étant donné que l'Aïd
al-Adha n’est ni un pilier de l'islam, ni une obligation comparable à la prière
ou au jeûne du Ramadan, et puisque le droit musulman permet de le remplacer par
un don fait dans un pays où les habitants ne mangent pas à leur faim, cela est
plus conforme à l'esprit de partage que comporte cette pratique.» En effet, des
musulmans soufis, comme Rabia al Adawiyya, Hassan al-Basri, le groupe des
philosophes chiites ismaéliens nommé les Ikhwan al-Safa («Frères Purs»), ainsi
que le poète à la fois hindou visnouite et soufi Sant Kabir, préconisèrent non
seulement la substitution de dons à tout rituel sanglant lors de l'Aïd al-Adha,
mais aussi le végétarisme dans la vie quotidienne. (Wikipédia)
Triste
jour pour les agneaux...
Un millier de moutons égorgés pour une
fête musulmane
Rédaction
et photos : Amélie St-Yves
Journal
de Montréal, 12 septembre 2016
Des centaines de moutons ont été
égorgés en plein air par des milliers de musulmans réunis sur une ferme du
Centre-du-Québec pour la fête la plus importante de leur calendrier religieux
célébrée.
L’esprit
était à la fête pour l’Aïd al-Adha, ou fête du Mouton, une célébration où un
agneau est sacrifié en guise d’offrande.
Après avoir coupé la gorge d’un millier de
moutons dans un champ de la municipalité de L’Avenir, près de Drummondville,
les musulmans ont préparé la viande, et ont fait brûler la tête et les pattes
avec une torche .
Pendant
que les hommes fraternisaient, les enfants jouaient au ballon ou avec des
moutons encore vivants. Les femmes discutaient entre elles.
Michel
Cloutier, le propriétaire de l’élevage de moutons du chemin Ployard, s’est
toutefois fait très discret. «Ça leur permet de garder leurs traditions, moi je
fais juste leur vendre les moutons», a-t-il dit brièvement. Les animaux étaient
vendus au poids vivant, pour une somme pouvant facilement atteindre 300 $ ou 400 $ par bête, selon les
participants. Les inspecteurs du ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et
de l’Alimentation (MAPAQ) et un vétérinaire sont passés, escortés de la Sûreté
du Québec en début d’après-midi, pour vérifier l’état des lieux. Il a été
impossible de savoir lundi si la ferme a été prise en défaut.
Couteaux bien aiguisés
Chouiter
Abdelkader, qui a pratiqué la médecine vétérinaire en Algérie pendant dix ans,
a tué son mouton en début d’après-midi. «Notre but, c’est de faire sortir le
maximum de sang», parce que ça rend la viande meilleure, dit-il, en surveillant
son mouton agonisant. Selon lui toutefois, les spasmes de l’animal ne sont pas
synonymes de souffrances. «On coupe les nerfs dans le cou pour moins de douleur.
Au bout de trente secondes, c’est la mort cérébrale. Les muscles, c’est normal
qu’ils bougent encore», explique-t-il.
Ahmed,
qui préfère taire son nom de famille, a quant à lui égorgé trois moutons dans
la journée. Un pour sa famille, et deux pour des propriétaires qui ont été
incapables de donner la mort à la bête. «Ça prend un couteau très bien affilé.
Il ne faut pas torturer la bête», dit-il. Il admet que la scène n’est pas
facile à voir pour tout le monde. «Mais
si on regarde la souffrance comme telle, on va tous être végétariens»,
poursuit-il.
Les
musulmans consomment ensuite la quasi-totalité de l’animal, mais le geste reste
avant tout religieux.
Qu’est-ce que l’Aïd al-Adha?
Le
jour du sacrifice, aussi appelé fête de l’Aïd, est la fête la plus importante
du calendrier musulman. Elle symbolise
la foi en Allah. La croyance religieuse raconte qu’Ibrahim a rêvé trois
nuits de suite qu’il allait égorger son fils Ismaël. Au moment où il s’est
rendu à la volonté d’Allah d’égorger son propre garçon, l’archange Gabriel a substitué l’enfant par un mouton, qui a été
sacrifié à sa place. Depuis, les musulmans égorgent des moutons pour symboliser
leur dévotion à leur Dieu.
Source
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Nous
fermons facilement les yeux sur la souffrance humaine causée par notre style de
vie, et encore plus facilement sur celle des animaux que plusieurs prennent encore pour
des objets.
Bibliosurf
Ces animaux que l’on «torture» avant
de les manger
Le
15-18, ICI Radio-Canada Première, 29 mars 2019
Photo iStock
Pour
Sébastien Arsac, cofondateur de l'association L24 [Ndlr : corrigé pour L214],
qui milite contre la maltraitance des animaux en France, les conditions de vie
de bien des animaux dans les fermes d'élevage et les procédés employés pour
mettre fin à leurs jours relèvent de la torture. Loin de baisser les bras dans
son combat qui dure depuis plusieurs années, L214 lance le livre La
face cachée de nos assiettes pour dénoncer les mauvais traitements
réservés aux animaux que l'on consomme.
«Je crois que tout le monde est à peu près
d’accord pour dire qu’on ne doit pas maltraiter ni tuer les animaux sans
nécessité, affirme Sébastien Arsac. Ce sont surtout nos habitudes de
consommation qui sont dures à remettre en cause.» Il rappelle que le gavage
pour la production de foie gras est toujours légal en France. Il soutient aussi
que plus de huit poulets sur dix sont élevés dans des bâtiments sans aucun
accès à l’extérieur.
Malgré tout, le militant se réjouit des
changements de comportement des utilisateurs. Il souligne que la consommation
de viande a diminué de 12 % en France depuis 10 ans. Il attribue cette baisse à
une plus grande conscience du bien-être animal, aux changements climatiques et
aux récentes études qui établissent un lien entre la viande rouge et le cancer.
«On est un petit élément dans ce paysage-là», dit-il, en faisant référence à
toutes les campagnes de sensibilisation menées par L214.
Campagnes-chocs ou simple réalité?
L214
est réputée pour ses campagnes-chocs, mais Sébastien Arsac estime qu’elles ne font
que montrer la réalité dans les abattoirs et les fermes d’élevage. «Évidemment,
ces images sont très choc, elles nous mettent mal à l'aise en tant que
consommateurs, mais ce que l’on montre, c’est simplement la réalité», dit-il.
Une vidéo de L214 montrant la mort de porcs par gaz avait particulièrement
frappé le public : «On voit les cochons qui réagissent, qui se jettent sur les
parois, qui crient, qui suffoquent.»
«Quand vous regardez la réglementation sur
l’abattage, vous avez l’impression de lire un petit guide de torture : on peut
disloquer le cou des animaux, les gazer, les étourdir à coup de décharges
électriques, etc.» ~ Sébastien Arsac
Solution in vitro
Selon
Sébastien Arsac, tout le monde doit y mettre du sien pour garantir le bien-être
des animaux : les citoyens doivent consommer moins de viande ou choisir des
produits d’entreprises qui respectent les animaux, les gouvernements doivent
interdire certaines pratiques et le milieu agroalimentaire doit être plus
sensible à l’égard des conditions de vie et de mort des animaux. Il ajoute que
la viande produite in vitro pourrait être une avenue intéressante pour ceux qui
ne peuvent se passer de viande, mais qui veulent éviter la souffrance animale.
Audiofil
Audiofil
Site
de l’association
~~~
Jusqu’où iront les véganes?
Catherine
Dubé | L’actualité, 9 janvier 2019
Arrêter de consommer des produits
d’origine animale semblait une hérésie il y a peu d’années. Aujourd’hui, on
trouve des livres de recettes véganes à l’épicerie. Les jours de la viande
sont-ils comptés?
Passer
de chasseur à végane : c’est le virage à 180 degrés fait par Jean Bissonnette
il y a six ans. Cet ex-amateur de gibier de 51 ans a vendu ses armes et n’a
plus avalé une bouchée de viande, de fromage ou d’œuf ni mangé de miel. Il a
aussi cessé de porter son manteau de cuir. Du jour au lendemain.
Ce n’est pas l’entourage de ce résidant de
Chambly, gestionnaire d’Hydro-Québec, qui l’a influencé : à peu près personne
autour de lui ne se souciait alors du sort des animaux d’élevage. C’est à force
de se renseigner sur les conditions de vie et de mort des bovins de boucherie,
des vaches laitières et des poules pondeuses que sa conjointe, Lucie Goyette,
et lui ont commencé à se poser des questions. «Un soir, après avoir vu le
documentaire La face cachée de la viande,
on s’est regardés et on s’est dit : on ne peut plus encourager ça»,
relate-t-il. «Ça», c’est la surconsommation de viande et ses conséquences sur
la santé, l’environnement, l’éthique, des thèmes abordés par Érik Cimon dans
son film en 2012. Le lendemain, le couple était végane.
Jean Bissonnette voit maintenant les porcs
et les vaches d’un autre œil. Et il visite régulièrement le Sanctuaire pour
animaux de ferme de l’Estrie (SAFE), niché dans un vallon de Mansonville, pour
donner un coup de main à la propriétaire. C’est dans cette sorte de SPCA pour
animaux de ferme que je l’ai rencontré, devant l’enclos de Calvin, un jeune
bœuf à la robe blanche tachetée de noir, qui aurait fini dans une assiette si
un voisin de l’éleveur n’avait pas convaincu ce dernier d’en épargner «au moins
un». En ce frisquet après-midi de novembre, l’animal se délecte plutôt des
pommes et des carottes que lui tendent des visiteurs. En ouvrant son refuge au
public plusieurs fois par an, la propriétaire, Catherine Gagnieux, espère
changer les perceptions. [...]
Consommation au Québec
La
crise environnementale convainc beaucoup de personnes de prendre le virage,
surtout des jeunes. «Adopter un régime végane est probablement la meilleure
façon de réduire votre impact sur la planète», déclarait récemment le
scientifique britannique Joseph Poore à un journaliste du Guardian. Ce
chercheur de l’École de géographie et d’environnement de l’Université d’Oxford
publiait en juin dernier dans la prestigieuse revue Science une des études les
plus complètes à ce jour concernant les conséquences alarmantes de l’élevage
sur l’environnement à l’échelle mondiale, non seulement en matière d’émissions
de gaz à effet de serre (GES), mais aussi d’utilisation massive d’eau douce et
de pollution de l’air et de l’eau. [...]
Sur le seul plan des GES, l’élevage (et la
déforestation qu’il entraîne) représente 14,5 % des émissions mondiales, soit
autant que l’ensemble des transports, selon l’Organisation des Nations unies
pour l’alimentation et l’agriculture (FAO). On arrivera donc difficilement
à freiner les changements climatiques sans modifier le contenu de nos
assiettes : c’est le constat du respecté Groupe d’experts intergouvernemental
sur l’évolution du climat (GIEC) dans son plus récent rapport, publié en octobre
dernier. [...]
N’empêche, l’empreinte écologique des
Nord-Américains étant parmi les plus grandes au monde, il faut agir sur tous
les plans, estiment les véganes.
D’autres adhèrent au mouvement parce qu’ils
se soucient du sort des bêtes. Sans doute la motivation la plus difficile à
comprendre pour les carnivores convaincus.
Jusqu’en 2015, au Québec, les animaux
n’avaient pas tellement plus de droits qu’un meuble. La cruauté à leur endroit
était interdite par le Code criminel fédéral, mais c’était à peu près tout. «On
pouvait s’en occuper ou pas, comme une chaise qu’on peut laisser dehors jusqu’à
ce que le bois pourrisse», explique l’avocat montréalais Nicolas Morello.
Un manifeste, Les animaux ne sont pas des
choses, a changé la donne. Lancé en 2014 par l’auteure Élise Desaulniers,
l’éthicien Martin Gibert et l’avocate Sophie Gaillard, il a été appuyé par plus
de 50 000 signataires.
L’année suivante, le Québec adoptait la Loi
sur le bien-être et la sécurité de l’animal, qui reconnaît que les animaux sont
des êtres doués de sensibilité « ayant des impératifs biologiques ». En clair,
on reconnaît que l’animal a non seulement des besoins essentiels sur le plan
physique, mais aussi des besoins comportementaux, comme celui de pouvoir « se
mouvoir suffisamment ». Sauf que les animaux d’élevage et ceux destinés à
l’expérimentation en sont en partie exclus. Les 2 millions de chats et de
chiens québécois sont bien protégés, mais pas les 45 millions de bovins,
poulets, cochons, moutons et visons, qui peuvent encore être soumis à «un
traitement qui leur cause des douleurs aiguës ou une anxiété excessive», lit-on
dans la Loi. [...]
Déjà 18 % de la population canadienne
se dit opposée à l’idée de manger des animaux. De quoi laisser songeur, puisque
c’est deux fois plus que la proportion de végétariens et végétaliens au pays.
Article
intégral :
Protection mondiale des animaux :
Bibliosurf
Les liens du sang
Errol Henrot
Éditeur :
Le Dilettante
Août
2017 192 pages
«Il
savait que l'animal serait étourdi, après avoir reçu à la tête le coup de
pistolet à cheville percutante ou à tige d'acier. Mais dans les stages qu'il
avait effectués, il avait compris que cette méthode fonctionnait une fois sur
dix, et que neuf fois sur dix, l'animal pendu au treuil se débattait et
hurlait, de douleur mais aussi avec la volonté d'échapper à ce cauchemar.» (p.
73)
La
couverture (L’étal de la boucherie de Pieter Aertsen, 1551) donne le ton du
premier roman d’Errol Henrot : il est question de viande. De cette viande que
vous mangez tous les jours et dont vous préférez oublier la provenance. Cette
viande faite de souffrance et de cris. François mettra dix ans à comprendre
cette souffrance, c’est son lent parcours qui est conté dans Les liens du sang. [...]
On a caché les abattoirs hors des villes, on
a mis des cochons souriants sur les emballages de rillettes et on a même réussi
à faire croire aux plus scrupuleux que la viande issue de l’agriculture bio
était mieux traitée que les autres. Mensonges. Erreur sur toute la ligne. Il
faut dire que cette poudre aux yeux n’aveugle que les enfants mais vous avez
tellement envie d’y croire : grâce à elle, vous gardez bonne conscience et vous
restez sourds et aveugles à la souffrance, c’est plus facile. [...]
La sale
réalité passe par le regard de François qui essaie de s’extraire du marasme
comme il s’absente du monde au quotidien. Rester loin, ne pas s’impliquer, ne
surtout pas
s’émouvoir. Mais la narration se fait de plus en plus pressante,
les questions s’accumulent quand surgit le doute. Quand la prise de conscience
devient inévitable, il faut agir, s’inscrire dans l’urgence, rattraper le temps
perdu. Rupture (de tous les liens) et révolution (retour au primordial).
L’écriture d’Errol Henrot traduit tout ça : l’apathie première, l’affolement,
la possible sérénité.
«Tu ne pourras pas, à toi seul, faire fermer
les abattoirs. Tu ne pourras pas empêcher que des sadiques se défoulent sur
plus faibles qu’eux. Non, je le sais, tu ne pourras pas changer le monde à toi
tout seul. Mais ce qu’on peut faire, c’est l’améliorer. Si toi + toi + toi +
toi décidez de ne plus manger de viande, la demande baissera, c’est économique.
Et si la demande baisse, l’offre suit le même chemin. Encore plus d’humains sur
Terre signifie encore plus de souffrance animale. Mais tu détiens un moyen
d’inverser la tendance, il faut pour ça ouvrir les yeux, rompre les liens du
sang.»
Tête
de lecture :
Commentaires sur Bebelio :
...
La vie de François est toute tracée, tueur professionnel jusqu'à la retraite,
quelle belle perspective de vie!! «C'était donc ainsi que sa vie se
déroulerait. Toutes les quatre-vingt-dix secondes, il saignerait un corps
suspendu par les pattes arrière, chaque jour, durant les quarante prochaines
années. Il regarderait, durant quarante années, des animaux pris au piège
hurler, se balancer, chercher à fuir, à échapper à la douleur, un mal qu'ils ne
pouvaient pas comprendre parce qu'ils ne pouvaient le comparer à rien de ce
dont ils avaient fait l'expérience. Partout il y avait les odeurs de leurs
semblables. Chacun d'entre eux entendait les cris de l'animal qui l'avait
précédé, suspendu lui aussi.»
Chaque jour, il doit tuer son lot de bêtes,
François ne peut s'y faire. L'attitude des collègues qui, pour se défouler, s'en
prennent à un animal et lui infligent des tortures, j'ose le mot, avant de le
laisser mourir sur le ciment, le révulse. Est-ce le boulot inhumain qui rend
les ouvriers de l'abattoir sadiques? «Il faut bien que l'on s'amuse, parce que
autrement, on se tirerait une balle en sortant d'ici.» ...
Le rendement, la compétitivité règnent ici
aussi «Et moi, qui ne suis qu'un pauvre travailleur, je ne suis pas plus respecté
que l'animal que je tue. Le combat est perdu d'avance, n'est-ce pas? Les
descriptions de sévices prolifèrent, elles sont consultables partout. La
connaissance, surtout aujourd'hui, n'a pas de limites. Des lois existent, bien
sûr. Le directeur les connait. Des associations sur le pied de guerre. Mais
pour que les lois, les associations soient efficaces, il leur faut, non pas
l'adhésion, mais la confiance absolue de la société tout entière. Et il faut
que cette confiance soit entretenue, de manière constante». Un pamphlet contre
le gain à tout prix qui absout beaucoup de dérives. ...
Errol Henrot décrit l'ambiance, les odeurs
d'urine, de sang, de peur, de mort qui montent à la gorge dès l'entrée dans
l'abattoir industriel. Ses mots justes, forts, brutaux m'ont fait ressentir ces
odeurs de sanies, j'en ai pris plein la gueule, sans jamais avoir envie de
fermer le livre tant j'ai été subjuguée par l'écriture de Errol Henrot. ...
Errol Henrot a commis là un superbe premier
livre militant, à l'écriture quasi clinique avec des envolées poétiques. Un
livre qui a du coffre, de la tripe. Un coup de coeur. ~ Zazy
Oui,
il se peut qu'après avoir lu ce livre l'idée même de manger de la viande vous
devienne insupportable. Oui, le sujet de ce roman est dérangeant, le verbe
parfois violent et certaines pages à la limite du soutenable. Mais... Mais c'est
bien la littérature qui l'emporte, le style qui captive, la phrase qui touche.
Ce premier roman, je l'ai dévoré (sans mauvais jeu de mots), séduite par la
forme comme par le fond, assez abasourdie par la maîtrise de l'auteur qui,
malgré la passion qui l'habite n'oublie jamais qu'il écrit un roman et parvient
à sublimer son propos. ... Le lecteur sort de ce livre totalement ébouriffé par
un voyage bien plus percutant que quelques bribes d'informations glanées dans
les journaux télévisés lorsqu'un abattoir est parfois pointé du doigt pour ses
méthodes. Errol Henrot réussit un roman très fort, qui secoue, révolte mais
permet surtout de mettre les hommes face à leurs actes. Une littérature engagée
qui n'en oublie pas d'être belle. ~ Mots pour mots
En route vers le camp d'extermination
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