18 avril 2019

Le sinistre massacre des agneaux

Les agneaux, apeurés, tètent souvent les doigts des ouvriers d'abattoir avant de se faire trancher la gorge par ces mêmes mains. L'occasion de s'en rappeler en avance, avant de préparer son repas «festif» de Pâques. ~ Libération Animale@BoohVegan 12 mars 2019

La Pape François s’écarte sensiblement de la théorie de l’animal-machine de Descartes. Il nous surprend parfois...  

Dans les plus anciennes communautés chrétiennes, l'agneau était représenté sur les épaules du Berger et symbolisait l'âme sauvée par le Christ.

«Ne sacrifions pas d'agneaux à Pâques. Je ne mange pas d’agneau à Pâques! C'est un rituel sanglant qui n'est pas nécessaire dans une société comme la nôtre, déjà pétrie de violence et de mort, et qui ne sert qu'à satisfaire les intérêts de l'industrie alimentaire.» ~ Pape François, 19 avril 2014

Produits d’origine animale consommés par l’humanité en une année (statistiques 2014 de Planetoscope) :

Porc : 115,5 millions de tonnes
Volaille : 108,7 millions de tonnes
Boeuf : 68 millions de tonnes
Mouton : 14 millions de tonnes
311 800 000 tonnes de viande = 60 000 000 000 animaux tués
Pêche et pisciculture : 154 millions de tonnes
Œufs : 62,4 millions de tonnes
Lait et dérivés : 728 millions de tonnes


La commémoration de la Passion (vendredi saint) me semble appropriée pour aborder les holocaustes annuels d’agneaux lors de différentes fêtes religieuses :
Pâque chrétienne  
Pâque juive – Pessah  
Fête musulmane – Aïd al-Adha, qui ne coïncide pas avec les pâques juive et chrétienne.

Toutes ces fêtes religieuses occasionnent une production et un abattage supplémentaires d’agneaux sans commune mesure :  
– 100 millions  d'agneaux sont sacrifiés en moyenne chaque année seulement pour la fête de Pâques.
– au Québec, s’ajoute le massacre de porcs – jambon de Pâques oblige! (voyez le tableau de l’article ci-après ‘Jusqu’où iront les véganes?’)

L’Aïd al-Adha est un cas particulier. Cette fête est célébrée le dernier mois du calendrier musulman et coïncide avec la fin du pèlerinage annuel à La Mecque. La prochaine aura lieu le 11 août 2019. Traditionnellement, chaque famille doit sacrifier un agneau ou un mouton pour commémorer le sauvetage du fils d'Abraham par Gabriel qui le remplaça par un animal au moment du sacrifice.
   La pratique de ce sacrifice à domicile est controversée dans certains pays occidentaux. Néanmoins certains pays européens (Belgique, France...) essaient d'organiser le carnage dans des abattoirs conventionnels ou mobiles afin d'assurer les meilleures conditions sanitaires possibles.
   Au crédit de certaines branches modérées de l'islam :
De l'avis de l'ancien mufti de Marseille, Soheib Bencheikh, depuis longtemps des savants musulmans ont rappelé que l’on pouvait offrir l’équivalent du sacrifice en don d’argent ou de nourriture pour les pauvres. «Étant donné que l'Aïd al-Adha n’est ni un pilier de l'islam, ni une obligation comparable à la prière ou au jeûne du Ramadan, et puisque le droit musulman permet de le remplacer par un don fait dans un pays où les habitants ne mangent pas à leur faim, cela est plus conforme à l'esprit de partage que comporte cette pratique.» En effet, des musulmans soufis, comme Rabia al Adawiyya, Hassan al-Basri, le groupe des philosophes chiites ismaéliens nommé les Ikhwan al-Safa («Frères Purs»), ainsi que le poète à la fois hindou visnouite et soufi Sant Kabir, préconisèrent non seulement la substitution de dons à tout rituel sanglant lors de l'Aïd al-Adha, mais aussi le végétarisme dans la vie quotidienne. (Wikipédia)

Triste jour pour les agneaux...

Un millier de moutons égorgés pour une fête musulmane

Rédaction et photos : Amélie St-Yves
Journal de Montréal, 12 septembre 2016  

Des centaines de moutons ont été égorgés en plein air par des milliers de musulmans réunis sur une ferme du Centre-du-Québec pour la fête la plus importante de leur calendrier religieux célébrée.


L’esprit était à la fête pour l’Aïd al-Adha, ou fête du Mouton, une célébration où un agneau est sacrifié en guise d’offrande.
   Après avoir coupé la gorge d’un millier de moutons dans un champ de la municipalité de L’Avenir, près de Drummondville, les musulmans ont préparé la viande, et ont fait brûler la tête et les pattes avec une torche .
   Pendant que les hommes fraternisaient, les enfants jouaient au ballon ou avec des moutons encore vivants. Les femmes discutaient entre elles.

Michel Cloutier, le propriétaire de l’élevage de moutons du chemin Ployard, s’est toutefois fait très discret. «Ça leur permet de garder leurs traditions, moi je fais juste leur vendre les moutons», a-t-il dit brièvement. Les animaux étaient vendus au poids vivant, pour une somme pouvant facilement atteindre 300 $ ou 400 $ par bête, selon les participants. Les inspecteurs du ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation (MAPAQ) et un vétérinaire sont passés, escortés de la Sûreté du Québec en début d’après-midi, pour vérifier l’état des lieux. Il a été impossible de savoir lundi si la ferme a été prise en défaut.

Couteaux bien aiguisés


Chouiter Abdelkader, qui a pratiqué la médecine vétérinaire en Algérie pendant dix ans, a tué son mouton en début d’après-midi. «Notre but, c’est de faire sortir le maximum de sang», parce que ça rend la viande meilleure, dit-il, en surveillant son mouton agonisant. Selon lui toutefois, les spasmes de l’animal ne sont pas synonymes de souffrances. «On coupe les nerfs dans le cou pour moins de douleur. Au bout de trente secondes, c’est la mort cérébrale. Les muscles, c’est normal qu’ils bougent encore», explique-t-il.

Ahmed, qui préfère taire son nom de famille, a quant à lui égorgé trois moutons dans la journée. Un pour sa famille, et deux pour des propriétaires qui ont été incapables de donner la mort à la bête. «Ça prend un couteau très bien affilé. Il ne faut pas torturer la bête», dit-il. Il admet que la scène n’est pas facile à voir pour tout le monde. «Mais si on regarde la souffrance comme telle, on va tous être végétariens», poursuit-il. 

Les musulmans consomment ensuite la quasi-totalité de l’animal, mais le geste reste avant tout religieux.

Qu’est-ce que l’Aïd al-Adha?


Le jour du sacrifice, aussi appelé fête de l’Aïd, est la fête la plus importante du calendrier musulman. Elle symbolise la foi en Allah. La croyance religieuse raconte qu’Ibrahim a rêvé trois nuits de suite qu’il allait égorger son fils Ismaël. Au moment où il s’est rendu à la volonté d’Allah d’égorger son propre garçon, l’archange Gabriel a substitué l’enfant par un mouton, qui a été sacrifié à sa place. Depuis, les musulmans égorgent des moutons pour symboliser leur dévotion à leur Dieu.

Source

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Nous fermons facilement les yeux sur la souffrance humaine causée par notre style de vie, et encore plus facilement sur celle des animaux que plusieurs prennent encore pour des objets.

Bibliosurf

Ces animaux que l’on «torture» avant de les manger

Le 15-18, ICI Radio-Canada Première, 29 mars 2019


Photo iStock

Pour Sébastien Arsac, cofondateur de l'association L24 [Ndlr : corrigé pour L214], qui milite contre la maltraitance des animaux en France, les conditions de vie de bien des animaux dans les fermes d'élevage et les procédés employés pour mettre fin à leurs jours relèvent de la torture. Loin de baisser les bras dans son combat qui dure depuis plusieurs années, L214 lance le livre La face cachée de nos assiettes pour dénoncer les mauvais traitements réservés aux animaux que l'on consomme.
   «Je crois que tout le monde est à peu près d’accord pour dire qu’on ne doit pas maltraiter ni tuer les animaux sans nécessité, affirme Sébastien Arsac. Ce sont surtout nos habitudes de consommation qui sont dures à remettre en cause.» Il rappelle que le gavage pour la production de foie gras est toujours légal en France. Il soutient aussi que plus de huit poulets sur dix sont élevés dans des bâtiments sans aucun accès à l’extérieur.
   Malgré tout, le militant se réjouit des changements de comportement des utilisateurs. Il souligne que la consommation de viande a diminué de 12 % en France depuis 10 ans. Il attribue cette baisse à une plus grande conscience du bien-être animal, aux changements climatiques et aux récentes études qui établissent un lien entre la viande rouge et le cancer. «On est un petit élément dans ce paysage-là», dit-il, en faisant référence à toutes les campagnes de sensibilisation menées par L214.

Campagnes-chocs ou simple réalité?
L214 est réputée pour ses campagnes-chocs, mais Sébastien Arsac estime qu’elles ne font que montrer la réalité dans les abattoirs et les fermes d’élevage. «Évidemment, ces images sont très choc, elles nous mettent mal à l'aise en tant que consommateurs, mais ce que l’on montre, c’est simplement la réalité», dit-il. Une vidéo de L214 montrant la mort de porcs par gaz avait particulièrement frappé le public : «On voit les cochons qui réagissent, qui se jettent sur les parois, qui crient, qui suffoquent.»
   «Quand vous regardez la réglementation sur l’abattage, vous avez l’impression de lire un petit guide de torture : on peut disloquer le cou des animaux, les gazer, les étourdir à coup de décharges électriques, etc.» ~ Sébastien Arsac 

Solution in vitro
Selon Sébastien Arsac, tout le monde doit y mettre du sien pour garantir le bien-être des animaux : les citoyens doivent consommer moins de viande ou choisir des produits d’entreprises qui respectent les animaux, les gouvernements doivent interdire certaines pratiques et le milieu agroalimentaire doit être plus sensible à l’égard des conditions de vie et de mort des animaux. Il ajoute que la viande produite in vitro pourrait être une avenue intéressante pour ceux qui ne peuvent se passer de viande, mais qui veulent éviter la souffrance animale. 

Audiofil

Site de l’association

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Jusqu’où iront les véganes?

Catherine Dubé | L’actualité, 9 janvier 2019

Arrêter de consommer des produits d’origine animale semblait une hérésie il y a peu d’années. Aujourd’hui, on trouve des livres de recettes véganes à l’épicerie. Les jours de la viande sont-ils comptés?

Passer de chasseur à végane : c’est le virage à 180 degrés fait par Jean Bissonnette il y a six ans. Cet ex-amateur de gibier de 51 ans a vendu ses armes et n’a plus avalé une bouchée de viande, de fromage ou d’œuf ni mangé de miel. Il a aussi cessé de porter son manteau de cuir. Du jour au lendemain.
   Ce n’est pas l’entourage de ce résidant de Chambly, gestionnaire d’Hydro-Québec, qui l’a influencé : à peu près personne autour de lui ne se souciait alors du sort des animaux d’élevage. C’est à force de se renseigner sur les conditions de vie et de mort des bovins de boucherie, des vaches laitières et des poules pondeuses que sa conjointe, Lucie Goyette, et lui ont commencé à se poser des questions. «Un soir, après avoir vu le documentaire La face cachée de la viande, on s’est regardés et on s’est dit : on ne peut plus encourager ça», relate-t-il. «Ça», c’est la surconsommation de viande et ses conséquences sur la santé, l’environnement, l’éthique, des thèmes abordés par Érik Cimon dans son film en 2012. Le lendemain, le couple était végane.
   Jean Bissonnette voit maintenant les porcs et les vaches d’un autre œil. Et il visite régulièrement le Sanctuaire pour animaux de ferme de l’Estrie (SAFE), niché dans un vallon de Mansonville, pour donner un coup de main à la propriétaire. C’est dans cette sorte de SPCA pour animaux de ferme que je l’ai rencontré, devant l’enclos de Calvin, un jeune bœuf à la robe blanche tachetée de noir, qui aurait fini dans une assiette si un voisin de l’éleveur n’avait pas convaincu ce dernier d’en épargner «au moins un». En ce frisquet après-midi de novembre, l’animal se délecte plutôt des pommes et des carottes que lui tendent des visiteurs. En ouvrant son refuge au public plusieurs fois par an, la propriétaire, Catherine Gagnieux, espère changer les perceptions. [...]

Consommation au Québec

La crise environnementale convainc beaucoup de personnes de prendre le virage, surtout des jeunes. «Adopter un régime végane est probablement la meilleure façon de réduire votre impact sur la planète», déclarait récemment le scientifique britannique Joseph Poore à un journaliste du Guardian. Ce chercheur de l’École de géographie et d’environnement de l’Université d’Oxford publiait en juin dernier dans la prestigieuse revue Science une des études les plus complètes à ce jour concernant les conséquences alarmantes de l’élevage sur l’environnement à l’échelle mondiale, non seulement en matière d’émissions de gaz à effet de serre (GES), mais aussi d’utilisation massive d’eau douce et de pollution de l’air et de l’eau. [...]
   Sur le seul plan des GES, l’élevage (et la déforestation qu’il entraîne) représente 14,5 % des émissions mondiales, soit autant que l’ensemble des transports, selon l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO). On arrivera donc difficilement à freiner les changements climatiques sans modifier le contenu de nos assiettes : c’est le constat du respecté Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) dans son plus récent rapport, publié en octobre dernier. [...]
   N’empêche, l’empreinte écologique des Nord-Américains étant parmi les plus grandes au monde, il faut agir sur tous les plans, estiment les véganes.
   D’autres adhèrent au mouvement parce qu’ils se soucient du sort des bêtes. Sans doute la motivation la plus difficile à comprendre pour les carnivores convaincus.
   Jusqu’en 2015, au Québec, les animaux n’avaient pas tellement plus de droits qu’un meuble. La cruauté à leur endroit était interdite par le Code criminel fédéral, mais c’était à peu près tout. «On pouvait s’en occuper ou pas, comme une chaise qu’on peut laisser dehors jusqu’à ce que le bois pourrisse», explique l’avocat montréalais Nicolas Morello.
   Un manifeste, Les animaux ne sont pas des choses, a changé la donne. Lancé en 2014 par l’auteure Élise Desaulniers, l’éthicien Martin Gibert et l’avocate Sophie Gaillard, il a été appuyé par plus de 50 000 signataires.
   L’année suivante, le Québec adoptait la Loi sur le bien-être et la sécurité de l’animal, qui reconnaît que les animaux sont des êtres doués de sensibilité « ayant des impératifs biologiques ». En clair, on reconnaît que l’animal a non seulement des besoins essentiels sur le plan physique, mais aussi des besoins comportementaux, comme celui de pouvoir « se mouvoir suffisamment ». Sauf que les animaux d’élevage et ceux destinés à l’expérimentation en sont en partie exclus. Les 2 millions de chats et de chiens québécois sont bien protégés, mais pas les 45 millions de bovins, poulets, cochons, moutons et visons, qui peuvent encore être soumis à «un traitement qui leur cause des douleurs aiguës ou une anxiété excessive», lit-on dans la Loi. [...]  

Déjà 18 % de la population canadienne se dit opposée à l’idée de manger des animaux. De quoi laisser songeur, puisque c’est deux fois plus que la proportion de végétariens et végétaliens au pays.

Article intégral :

Protection mondiale des animaux :

Bibliosurf

Les liens du sang
Errol Henrot
Éditeur : Le Dilettante
Août 2017 192 pages

«Il savait que l'animal serait étourdi, après avoir reçu à la tête le coup de pistolet à cheville percutante ou à tige d'acier. Mais dans les stages qu'il avait effectués, il avait compris que cette méthode fonctionnait une fois sur dix, et que neuf fois sur dix, l'animal pendu au treuil se débattait et hurlait, de douleur mais aussi avec la volonté d'échapper à ce cauchemar.» (p. 73)


La couverture (L’étal de la boucherie de Pieter Aertsen, 1551) donne le ton du premier roman d’Errol Henrot : il est question de viande. De cette viande que vous mangez tous les jours et dont vous préférez oublier la provenance. Cette viande faite de souffrance et de cris. François mettra dix ans à comprendre cette souffrance, c’est son lent parcours qui est conté dans Les liens du sang. [...]  
   On a caché les abattoirs hors des villes, on a mis des cochons souriants sur les emballages de rillettes et on a même réussi à faire croire aux plus scrupuleux que la viande issue de l’agriculture bio était mieux traitée que les autres. Mensonges. Erreur sur toute la ligne. Il faut dire que cette poudre aux yeux n’aveugle que les enfants mais vous avez tellement envie d’y croire : grâce à elle, vous gardez bonne conscience et vous restez sourds et aveugles à la souffrance, c’est plus facile. [...]


La sale réalité passe par le regard de François qui essaie de s’extraire du marasme comme il s’absente du monde au quotidien. Rester loin, ne pas s’impliquer, ne surtout pas 
s’émouvoir. Mais la narration se fait de plus en plus pressante, les questions s’accumulent quand surgit le doute. Quand la prise de conscience devient inévitable, il faut agir, s’inscrire dans l’urgence, rattraper le temps perdu. Rupture (de tous les liens) et révolution (retour au primordial). L’écriture d’Errol Henrot traduit tout ça : l’apathie première, l’affolement, la possible sérénité.  
   «Tu ne pourras pas, à toi seul, faire fermer les abattoirs. Tu ne pourras pas empêcher que des sadiques se défoulent sur plus faibles qu’eux. Non, je le sais, tu ne pourras pas changer le monde à toi tout seul. Mais ce qu’on peut faire, c’est l’améliorer. Si toi + toi + toi + toi décidez de ne plus manger de viande, la demande baissera, c’est économique. Et si la demande baisse, l’offre suit le même chemin. Encore plus d’humains sur Terre signifie encore plus de souffrance animale. Mais tu détiens un moyen d’inverser la tendance, il faut pour ça ouvrir les yeux, rompre les liens du sang.»
Tête de lecture :

Commentaires sur Bebelio :
... La vie de François est toute tracée, tueur professionnel jusqu'à la retraite, quelle belle perspective de vie!! «C'était donc ainsi que sa vie se déroulerait. Toutes les quatre-vingt-dix secondes, il saignerait un corps suspendu par les pattes arrière, chaque jour, durant les quarante prochaines années. Il regarderait, durant quarante années, des animaux pris au piège hurler, se balancer, chercher à fuir, à échapper à la douleur, un mal qu'ils ne pouvaient pas comprendre parce qu'ils ne pouvaient le comparer à rien de ce dont ils avaient fait l'expérience. Partout il y avait les odeurs de leurs semblables. Chacun d'entre eux entendait les cris de l'animal qui l'avait précédé, suspendu lui aussi.»
   Chaque jour, il doit tuer son lot de bêtes, François ne peut s'y faire. L'attitude des collègues qui, pour se défouler, s'en prennent à un animal et lui infligent des tortures, j'ose le mot, avant de le laisser mourir sur le ciment, le révulse. Est-ce le boulot inhumain qui rend les ouvriers de l'abattoir sadiques? «Il faut bien que l'on s'amuse, parce que autrement, on se tirerait une balle en sortant d'ici.» ...
   Le rendement, la compétitivité règnent ici aussi «Et moi, qui ne suis qu'un pauvre travailleur, je ne suis pas plus respecté que l'animal que je tue. Le combat est perdu d'avance, n'est-ce pas? Les descriptions de sévices prolifèrent, elles sont consultables partout. La connaissance, surtout aujourd'hui, n'a pas de limites. Des lois existent, bien sûr. Le directeur les connait. Des associations sur le pied de guerre. Mais pour que les lois, les associations soient efficaces, il leur faut, non pas l'adhésion, mais la confiance absolue de la société tout entière. Et il faut que cette confiance soit entretenue, de manière constante». Un pamphlet contre le gain à tout prix qui absout beaucoup de dérives. ...
   Errol Henrot décrit l'ambiance, les odeurs d'urine, de sang, de peur, de mort qui montent à la gorge dès l'entrée dans l'abattoir industriel. Ses mots justes, forts, brutaux m'ont fait ressentir ces odeurs de sanies, j'en ai pris plein la gueule, sans jamais avoir envie de fermer le livre tant j'ai été subjuguée par l'écriture de Errol Henrot. ...
   Errol Henrot a commis là un superbe premier livre militant, à l'écriture quasi clinique avec des envolées poétiques. Un livre qui a du coffre, de la tripe. Un coup de coeur. ~ Zazy

Oui, il se peut qu'après avoir lu ce livre l'idée même de manger de la viande vous devienne insupportable. Oui, le sujet de ce roman est dérangeant, le verbe parfois violent et certaines pages à la limite du soutenable. Mais... Mais c'est bien la littérature qui l'emporte, le style qui captive, la phrase qui touche. Ce premier roman, je l'ai dévoré (sans mauvais jeu de mots), séduite par la forme comme par le fond, assez abasourdie par la maîtrise de l'auteur qui, malgré la passion qui l'habite n'oublie jamais qu'il écrit un roman et parvient à sublimer son propos. ... Le lecteur sort de ce livre totalement ébouriffé par un voyage bien plus percutant que quelques bribes d'informations glanées dans les journaux télévisés lorsqu'un abattoir est parfois pointé du doigt pour ses méthodes. Errol Henrot réussit un roman très fort, qui secoue, révolte mais permet surtout de mettre les hommes face à leurs actes. Une littérature engagée qui n'en oublie pas d'être belle. ~ Mots pour mots 

En route vers le camp d'extermination 

 


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