10 mars 2019

Ce qu’on appelle «progrès»

À chaque nouvelle élection, la protection de l’environnement perd du terrain. Il est inutile de voter, nous gaspillons énergie, temps et argent. Tous les partis politiques sans exception n’ont qu’un but : nous passer sur le corps au nom du progrès économique (1).

Que de temps perdu en vains débats alors qu’il y a tant à faire pour freiner le saccage. Beaucoup de gens cherchent et proposent des «solutions» pour sauver ce qu’il reste d’une planète en décrépitude. Certains nous suggèrent de nous adapter aux perturbations. Mais, comme le disait Krishnamurti : «Ce n'est pas une bonne idée de bien s'adapter à une société profondément malade. Ce que la société nous a proposé comme but à atteindre est l’ennemi de cet organisme vivant qu’est la terre. Chacune de nos inventions, chacune de nos découvertes, nous pousse vers l’annihilation totale de l’espèce humaine. L’instinct biologique est très puissant, et ce serait peut-être la peur de l’extinction, non pas l’amour et la compassion, qui pourrait sauver l’humanité.»

J’ai souvent pensé que former un Comité International d'Évaluation Psychiatrique, ayant le pouvoir d'examiner les chefs d’État et leurs adjoints lobbytomisés et de les déloger s'ils sont jugés inaptes en raison de maladies mentales graves – psychopathie, mégalomanie, paranoïa, schizophrénie, psychose, bipolarité, violence caractérielle, instinct de destruction, perversion narcissique, obsession compulsive, etc. – permettrait de protéger l'intégrité des États.
   La plupart du temps notre ignorance est due à la désinformation, aux mensonges, au camouflage et au silence délibérés des entreprises dont les élus sont les complices. Le pétrole est visible et puant, mais le nucléaire est hypocrite – dans l’eau du robinet par exemple, il est invisible, inodore et incolore, de sorte qu’on le qualifie d’«énergie propre». Nos politiciens ont les mêmes caractéristiques que le nucléaire, alors, on les croit «propres».

Comble d’ironie, notre système de justice ressemble à un vieil élastique sur le point de péter parce qu’on l’étire trop.

L’essence de la corruption sociale, considérant les 47 mois de détention de Manafort : hier, mon client s'est vu offrir 36 à 72 mois de prison pour avoir volé 100 $ de pièces de monnaie dans une buanderie résidentielle. (Scott Hechinger, avocat américain)
   Résumé du cas Manafort – L’ancien lobbyiste de 69 ans écope d’une peine nettement inférieure aux recommandations du ministère de la Justice, qui avaient suggéré entre 19 et 24 ans de prison. Paul Manafort a «commis des délits graves», a déclaré le juge T.S. Ellis, qui a fixé la sentence de 47 mois dans un tribunal fédéral d’Alexandria, en banlieue de Washington. Prenant en compte la jurisprudence «remarquablement légère» dans les affaires de fraude fiscale, le magistrat a justifié son apparente clémence par son désir «d’éviter des disparités» avec d’autres dossiers similaires.
   Dans le cadre de son enquête, l’ancien chef du FBI a découvert que Paul Manafort avait, avant 2016, dissimulé au fisc plus de 55 millions de dollars sur une trentaine de comptes à l’étranger (pour éviter de payer des millions de dollars en impôt). Il a également établi que le consultant avait trompé des banques sur ses finances pour obtenir des prêts. Il risque plusieurs années d'emprisonnement dans une prison fédérale en Virginie. Il pourrait également être inculpé pour parjure ou obstruction à la justice. Sa sentence est fixée au 13 mars 2019.
   Mais... Donald Trump a fait savoir qu’il n’excluait pas de lui accorder une grâce présidentielle.

Dans le même ordre d’idée, le cas SNC-Lavalin – La GRC accuse la firme d'ingénierie de fraude et de corruption, c’est-à-dire, d'avoir «donné, offert ou convenu de donner ou d'offrir» à une société libyenne «un prêt, une récompense ou un avantage de quelque nature que ce soit d'une valeur de 47,7 millions de dollars ou plus» afin de la convaincre d'utiliser sa position pour favoriser l'entreprise québécoise. Elle aurait également «frustré» des sociétés libyennes d'une somme de 129,8 millions de dollars au cours de la même période. Les sommes litigieuses correspondent aux sommes versées par SNC-Lavalin à deux entreprises créées dans les îles vierges britanniques pour servir d'intermédiaire à l'étranger.

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Le mythe du progrès
Charles Baudelaire


Il est encore une erreur fort à la mode, de laquelle je veux me garder comme de l’enfer. – Je veux parler de l’idée du progrès. Ce fanal obscur, invention du philosophisme actuel, breveté sans garantie de la Nature ou de la Divinité, cette lanterne moderne jette des ténèbres sur tous les objets de la connaissance; la liberté s’évanouit, le châtiment disparaît. Qui veut y voir clair dans l’histoire doit avant tout éteindre ce fanal perfide. Cette idée grotesque, qui a fleuri sur le terrain pourri de la fatuité moderne, a déchargé chacun de son devoir, délivré toute âme de sa responsabilité, dégagé la volonté de tous les liens que lui imposait l’amour du beau : et les races amoindries, si cette navrante folie dure longtemps, s’endormiront sur l’oreiller de la fatalité dans le sommeil radoteur de la décrépitude. Cette infatuation est le diagnostic d’une décadence déjà trop visible.

Demandez à tout bon Français qui lit tous les jours son journal dans son estaminet ce qu’il entend par progrès, il répondra que c’est la vapeur, l’électricité et l’éclairage au gaz, miracles inconnus aux Romains, et que ces découvertes témoignent pleinement de notre supériorité sur les anciens; tant il s’est fait de ténèbres dans ce malheureux cerveau et tant les choses de l’ordre matériel et de l’ordre spirituel s’y sont si bizarrement confondues! Le pauvre homme est tellement américanisé par ses philosophes zoocrates et industriels qu’il a perdu la notion des différences qui caractérisent les phénomènes du monde physique et du monde moral, du naturel et du surnaturel.

Si une nation entend aujourd’hui la question morale dans un sens plus délicat qu’on ne l’entendait dans le siècle précédent, il y a progrès; cela est clair. Si un artiste produit cette année une œuvre qui témoigne de plus de savoir ou de force imaginative qu’il n’en a montré l’année dernière, il est certain qu’il a progressé. Si les denrées sont aujourd’hui de meilleure qualité et à meilleur marché qu’elles n’étaient hier, c’est dans l’ordre matériel un progrès incontestable. Mais où est, je vous prie, la garantie du progrès pour le lendemain? Car les disciples des philosophes de la vapeur et des allumettes chimiques l’entendent ainsi : le progrès ne leur apparaît que sous la forme d’une série indéfinie. Où est cette garantie? Elle n’existe, dis-je, que dans votre crédulité et votre fatuité.

Je laisse de côté la question de savoir si, délicatisant l’humanité en proportion des jouissances nouvelles qu’il lui apporte, le progrès indéfini ne serait pas sa plus ingénieuse et sa plus cruelle torture; si, procédant par une opiniâtre négation de lui-même, il ne serait pas un mode de suicide incessamment renouvelé, et si, enfermé dans le cercle de feu de la logique divine, il ne ressemblerait pas au scorpion qui se perce lui-même avec sa terrible queue, cet éternel desideratum qui fait son éternel désespoir? 

Curiosités esthétiques, Exposition universelle de 1855

Photoquote et texte de Baudelaire : www.partage-le.com 

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(1) Production de masse, tourisme de masse, divertissement de masse, voilà ce à quoi se résume la vie depuis les Trente Glorieuses.

Les mégalomanes progressent et continuent de varloper notre environnement urbain et rural. Pour ce faire, il leur suffit de trouver de bons investisseurs et de bons banquiers. «L’ambition est l’essence de la vie; le business c’est la guerre», disait l’initiateur de l’empire de malbouffe McDonald’s. On connaît les maladies corrélées à la consommation de hamburgers. Ainsi que la pollution environnementale due à l’élevage bovin – 453 millions de kilos de viande de boeuf /an soit 1,8 million de bœufs tués pour les hamburgers McDo, uniquement aux USA (statistiques de 2013). McDonald's vend 58 hamburgers chaque seconde dans le monde soit quelque 1,85 milliards de hamburgers par année. Le nombre moyen de clients se rendant au McDo par jour est de 706 par seconde, ce qui représente plus de 22 milliards de clients par an dans 118 pays. Et, tout a commencé par l’acquisition de terrains...


Au chapitre du capitalisme sauvage, c’est confirmé, l’horrible projet Royalmount sera réalisé! Le promoteur, Carbonleo, une entreprise de l’homme d’affaires montréalais Andrew Lutfy, bénéficie d’un important partenariat avec la firme internationale L. Catterton Real Estate (LCRE), bras immobilier de L. Catterton, une société de placements privés axés sur les biens de consommation. Parmi les investisseurs de LCRE on retrouve la prestigieuse entreprise LVMH Moët Hennessy-Louis Vuitton.
   Ce monstre d’architecture tape-à-l’œil, dépourvu de cachet, ni accueillant ni chaleureux – que du béton-verre-métal anonyme et froid – trônera en plein smog urbain. Ce complexe énergivore (ah mais, le Québec offre son électricité à rabais), sera lui-même grand producteur de pollution lumineuse et de GES. Montréal devient une hideuse métropole de camelote et de faux prestige pour les parvenus, accros au magasinage de luxe et aux divertissements. Les promoteurs n’attendent pas moins que 30 millions de visiteurs par année! L’unique but est le profit, peu importe les coûts environnementaux et la non-acceptabilité sociale.
   Au Québec, ce sont les promoteurs qui décident où et quand s’érigeront les parcs immobiliers et industriels...


L’opinion d’un urbaniste – Le projet Royalmount, largement considéré comme un développement inadapté à une grande ville telle que Montréal, est la goutte qui fait déborder le vase pour la métropole, qui peine à attirer les jeunes familles et perd des citoyens au profit des banlieues. «C'est un problème vécu à l'échelle du continent nord-américain», analyse Gérard Beaudet, urbaniste émérite et professeur titulaire à l’École d’urbanisme et d’architecture de paysage de l’Université de Montréal. «Le projet Royalmount est un bon exemple du peu de souci urbanistique du Québec. Difficile de comprendre qu’un endroit aussi stratégique ait été à ce point laissé au bon vouloir de promoteurs, entrepreneurs et constructeurs. La communauté métropolitaine a été négligente. Il est aussi inconcevable qu’un arrondissement comme Ville Mont-Royal, de 20 000 habitants, ait pu décider d’un développement aussi majeur pour Montréal, qui, elle, compte près de 2 millions d’habitants. Bien sûr, les urbanistes s’indignent, mais leur voix n’est pas entendue par les politiciens. Le meilleur exemple est le premier ministre caquiste qui est sourd aux propos de tous les experts lui disant que le troisième lien n’est pas une bonne solution pour Québec.»

Samedi et rien d’autre, ICI Radio-Canada Première | 9 mars 2019 

L’autre jour, un bulletin de nouvelles annonçait  que la circulation de paquebots de croisière allait augmenter sur le Saint-Laurent afin de favoriser la croissance touristico-économique. On remplace désormais les baleines par des sous-marins nucléaires, les chalutiers et les voiliers par des porte-conteneurs et des cargos pétroliers ainsi que des mastodontes de croisière hyper polluants.
  
Port de Québec

Si le sujet vous intéresse voyez Le tourisme de masse (l’article inclut un reportage de Thalassa; on voit des Vénitiens regarder le paquebot géant quitter la lagune en saluant les passagers avec des doigts d’honneur) :

Menacée par le tourisme de masse, Venise interdit l'entrée des paquebots dans la lagune

Agathe Muller AFP agence | 08/11/2017 (inclut une vidéo)


Venise reçoit 30 millions de touristes par an – soit quatre visiteurs par jour pour un résident –, la moitié de la population italienne. Classée Patrimoine mondial de l'Unesco depuis 1987, la cité bâtie sur pilotis est menacée par ce tourisme de masse. Chaque année, près de 1,4 et 1,8 millions de voyageurs sont déposés par des monstres des mers de plus de 100 000 tonnes qui remontent le canal de la Giudecca, en passant entre Saint Marc et San Giorgio. Les remous provoqués par ces paquebots, ajoutés à ceux des vaporettos, bateaux à moteur, taxis et gondoles fragilisent sévèrement les fondations des monuments.

Le paquebot MSC Divina dans la lagune. Crédits : REUTERS/Stefano Rellandini. Qu’ils sont ridicules ces touristes (inconscients des dommages qu’ils causent ou qui s’en fichent) qui défilent à la queue-leu-leu place Saint Marc avec leurs perches à selfie.

«Un grand résultat pour les Vénitiens»
L'Italie a adopté un plan de développement de la lagune de Venise pour soutenir le lucratif tourisme de croisière sans laisser les grands paquebots s'approcher de la place Saint Marc. À partir de 2019, les navires de croisière quitteront peu à peu le large canal de la Giudecca, qui traverse Venise et longe place Saint Marc, pour aller accoster au coûteux terminal prévu pour eux au bord de la cité des Doges. Ils entreront désormais dans la lagune plus au sud, par la voie actuellement empruntée par les porte-conteneurs et les pétroliers. Les plus gros s'arrêteront à Marghera, une zone industrielle en face de Venise où un terminal passagers sera installé, et les autres poursuivront leur route vers le terminal actuel via un canal qui devra être approfondi de quelques mètres pour permettre leur passage.

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La stupidité est la seule énergie fossile durable (inépuisable!) qui ne disparaîtra qu’avec l’extinction de l’espèce humaine.

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