26 mars 2019

Nous naissons tous athées

«Le dieu qui préside le système de croyances judéo-chrétien présente une ressemblance inquiétante avec ces créations imparfaites connues sous le nom d'êtres humains. Cela suggère soit qu'il nous a vraiment façonnés à son image, soit qu'on l'a façonné à la nôtre.» ~ Michael Parenti


Si certains chrétiens ont adopté un rapport individualiste à la religion de sorte qu’il s’agit pour eux d’une affaire essentiellement privée, d’autres croyants, comme les sikhs, les juifs et les musulmans préservent toujours le rapport communautaire de leur religion; pour eux, les signes ostensibles extérieurs sont essentiels parce qu’ils marquent publiquement leur appartenance à cette communauté. En outre, pour ces croyants pratiquants, suivre les préceptes de leur religion n'est pas une décision (un choix) mais une obligation.

Arrêtons de dorloter l’intégrisme
Le Devoir | 5 octobre 2013

Nadia Alexan
Professeure retraitée d’origine égyptienne et fondatrice de Citizens in Action

Photo: Jacques Nadeau - Le Devoir Pour Nadia Alexan, le voile véhicule le prosélytisme d’un islam fanatique et totalitaire.

Pourquoi j’appuie la Charte des valeurs québécoises, que je préfère appeler Charte de la citoyenneté? Je suis d’origine égyptienne. Tout le temps que j’ai vécu en Égypte, où j’ai grandi et suis allée à l’école et à l’université dans les années soixante, je n’ai jamais vu une seule femme voilée. Qu’est-il arrivé depuis ce temps pour que le voile soit si répandu? L’islam politique propagé par les pétrodollars de l’Arabie saoudite, du Qatar et des Émirats arabes unis a envahi non seulement le Moyen-Orient, où il n’arrête pas de réclamer le retour strict de la charia, mais aussi l’Occident, où il mène une campagne très énergique pour conquérir la civilisation des Lumières et ramener la gloire du califat du VIe siècle.
   Ce courant salafiste mine les gains faits par des féministes courageuses, comme les Égyptiennes Hoda Sharaawi et Nawal el Saadawi, qui se sont battues pour faire avancer les droits des femmes et les sortir de l’emprise de la religion. Les musulmanes portant le voile qui se prétendent féministes trahissent le combat mené par ces femmes héroïques, qui se sont débarrassées du voile, symbole de la soumission au patriarcat.


«[...] les gens ont besoin d'un peu d'amour, et bon dieu que c'est triste, parfois, de voir toute la merde qu'il leur faut traverser pour en trouver.»
~ Richard Brautigan (La vengeance de la pelouse)

Un point de vue pondéré et lucide :

De la nécessité d’une charte de la laïcité
Le Devoir | 18 février 2017

Jocelyne St-Arnaud
Professeure associée au Département de médecine sociale et préventive de l’Université de Montréal, et chercheuse associée au Centre de recherche en éthique (CRE)

Il est évident que la charte des valeurs divise. Le principal argument invoqué par ses opposants consiste à dire qu’elle est discriminatoire. Le fait d’avoir lié politiquement les valeurs exposées dans la charte spécifiquement au Québec et à un parti nuit à la compréhension des valeurs qui y figurent et laisse croire que ces valeurs sont celles des Québécois de souche, qu’elles sont liées à son histoire et à sa culture. Pourtant, il n’en est rien. La valeur qui y est fortement affirmée est celle de l’égalité hommes-femmes. Cette valeur n’est pourtant pas spécifiquement québécoise, elle est mise de l’avant par toutes les sociétés qui ont brisé avec la tradition paternaliste qui prévalait au Québec jusqu’à la seconde moitié du XXe siècle sous la montée du féminisme. Le paternalisme sociétal a été étroitement lié et soutenu par les religions. La religion catholique, très présente dans l’histoire du Québec, est toujours très paternaliste, refusant aux femmes l’accès au sacerdoce et par là, à la hiérarchie institutionnelle. Le principe d’égalité entre les hommes et les femmes n’est donc pas lié à la tradition québécoise, pas plus qu’aux sociétés basées sur les valeurs traditionnelles qui renforcent leur pouvoir au moyen de la culture religieuse.
   L’égalité hommes-femmes peut se définir par un accès égal aux postes et aux emplois et par des salaires égaux pour une même tâche. Dans la charte des valeurs, elle est interprétée dans le but de promouvoir une société laïque qui apparaît comme le seul moyen de définir un espace civil et par le fait même de respecter toutes les religions. Le Québec a connu dans le passé l’union du politique et du religieux, mais la Révolution tranquille des années 1960 a clairement établi la distinction et la séparation entre la sphère privée, lieu où les individus peuvent pratiquer leur religion comme bon leur semble, et la sphère publique, lieu où s’exercent les rôles citoyens.
   Depuis les révolutions française et états-unienne qui sont à l’origine de la création des chartes, ce qui est promu dans l’espace public, c’est le principe d’égalité devant la loi. Ce principe garantit une égale protection de la loi pour tous les citoyens. La charte des valeurs vise à définir un espace laïque dans lequel tous les citoyens de toutes origines pourront évoluer sans une discrimination qui serait basée sur la culture ou la religion.

Le rôle de la charte de la laïcité

Proposer la laïcité comme fondement du pluralisme permet d’éviter l’arbitraire du cas par cas, utilisé jusqu’à maintenant par les tribunaux pour juger de la pertinence des accommodements dits raisonnables. En effet, les tribunaux canadiens ont donné raison aux revendications basées sur des motifs religieux, que ce soit le kirpan à l’école ou le niqab (voile intégral) au tribunal. Ces jugements entraînent de l’iniquité envers les autres citoyens. Pourquoi un jeune homme porterait-il le kirpan à l’école alors que les armes blanches y sont prohibées? Pourquoi une musulmane porterait-elle le voile intégral pour témoigner contre son agresseur? Toutes les victimes ne souhaiteraient-elles pas en faire autant? En faisant des exceptions aux règles établies pour des motifs religieux, les juges introduisent une inégalité devant la loi (ou devant la règle institutionnelle) et de la discrimination envers les autres citoyens. En effet, les cas qui font jurisprudence créent de nouvelles catégories institutionnelles qui autorisent un traitement différent pour des personnes sur la base d’un critère religieux. Si la nouvelle règle institutionnelle est appliquée de manière impartiale, tous les jeunes sikhs qui veulent porter le kirpan à l’école peuvent maintenant le faire; de la même manière, toutes les musulmanes portant le niqab peuvent témoigner devant le tribunal en ayant le visage couvert.
   La religion ne saurait redevenir un critère fondant une règle institutionnelle, parce que les critères qui servent à la création d’une classe institutionnelle doivent être pertinents au regard du but poursuivi. Si la raison de ne pas porter d’arme à l’école concerne la sécurité, cette raison est bafouée par le jugement qui utilise le motif religieux pour apporter une exception à la règle; la religion n’est pas un critère pertinent au regard d’une nouvelle règle ou même d’une exception à la règle institutionnelle. La même réflexion vaut pour le port du niqab. Si chacun demandait des modifications aux règles institutionnelles en fonction de sa religion, voire de sa culture, les institutions deviendraient ingérables.
   La charte de la laïcité a donc pour but d’affirmer le caractère laïque des institutions de l’État, parce que c’est la seule façon de créer un espace civil où chacun peut évoluer sans brimer les autres et sans être brimé lui-même. Si ce qui précède se justifie rationnellement et éthiquement, la laïcité en matière de règles institutionnelles peut permettre le respect du pluralisme des valeurs, alors que le respect du pluralisme ne peut en soi constituer un principe intégrateur ni fonder des règles institutionnelles sur des caractéristiques communes comme condition d’un vivre-ensemble harmonieux.

Article intégral :


Voici un exemple illustrant les propos de l’article «Prévenir la violence antimusulmane» (ci-après); ironiquement, les femmes musulmanes ont le droit de refuser de se faire examiner par des hommes médecins :  
   La Presse – La mairesse Valérie Plante demande au conseiller à l'éthique de se pencher sur les écrits controversés de la conseillère Lynne Shand. Elle estime que les élus doivent faire preuve de retenue, surtout à la suite de l'attentat de Christchurch, en Nouvelle-Zélande.
   Un citoyen a profité de la période des questions lors du conseil municipal pour dénoncer les écrits qu'il juge islamophobes de la conseillère d'arrondissement. Dans une publication cette fin de semaine, elle déplorait avoir été traitée par une médecin portant le voile, y voyant un signe de «l'islamisation du Québec». Le citoyen a réclamé une enquête en éthique, estimant qu'«elle est incapable de représenter une partie non négligeable de la population et qu'elle représente une menace à la vie sociale».
   Invitée à se rétracter, Lynne Shand a présenté officiellement ses excuses dans un autre message diffusé sur les réseaux sociaux. «Je tiens profondément à m'excuser des propos qui auraient pu blesser ou offusquer certaines personnes», a-t-elle écrit.

«Les convictions religieuses peuvent compliquer l’impératif de soins de l’hôpital : par exemple le cas de patientes refusant qu’un personnel masculin entre dans leur chambre pour des questions de pudeur, celui de femmes musulmanes souhaitant accoucher en burqa en dépit de règles d’hygiène de base, celui de femmes juives refusant de tirer leur lait pendant le jour du shabbat, celui des femmes (ou de leur mari) refusant qu’elle soient examinées par un médecin homme, etc.»

Prévenir la violence antimusulmane

David Rand
Athéologie | 20 mars 2019

Nous sommes toujours sous le choc de cet horrible attentat terroriste qui a eu lieu à Christchurch en Nouvelle Zélande, le vendredi 15 mars, et qui a fait une cinquantaine de morts et autant de blessés. Même si la période de deuil est loin d’être achevée, il est essentiel de réfléchir à la façon de prévenir des attaques semblables à l’avenir.
   Des similitudes avec le massacre de la mosquée de Québec, le 29 janvier 2017, ont été évoquées. Mis à part le fait que le nombre de victimes de la récente attaque est beaucoup plus élevé, il y a tout de même des différences importantes.
   Le tueur de Christchurch a eu des motifs manifestement idéologiques. Je n’ai pas eu l’occasion de lire son long manifeste, mais il semble y exprimer un désir de vengeance envers des attaques islamistes, ainsi qu’un fort racisme de type suprémacisme blanc. Deux observations sautent immédiatement aux yeux. Primo, il met bêtement tous les musulmans dans le même panier, les associant tous à la frange la plus violente et extrémiste. Secundo, il considère que cette catégorie de gens se distingue des soi-disant «blancs», comme si l’appartenance religieuse constituait une race. Où a-t-il pu aller piger une telle idée saugrenue? Peut-être chez les multiculturalistes, c’est-à-dire les communautaristes, qui s’allient si allègrement avec les religions et défendent si farouchement les privilèges religieux.
   Mais le tueur de Québec, par contre, n’avait pas de mobiles racistes et était motivé surtout par la peur. Il n’était pas motivé par le suprémacisme blanc, malgré les allégations tendancieuses d’une certaine «gauche» qui racialise tout et voit du racisme partout. C’était un jeune homme, psychologiquement instable, qui avait été la cible d’intimidation durant toute sa courte vie et qui craignait le terrorisme islamiste.
   Ces distinctions étant précisées, les deux attaques ont toutefois plusieurs aspects en commun. Chacune des deux tueries était antimusulmane, chacune a fauché de nombreuses vies et en a laissé meurtries plusieurs autres, des victimes innocentes tuées et blessées. Et chacune a été, malheureusement mais évidemment, un immense cadeau pour l’islam politique, qui mène une campagne sans relâche contre la laïcité, contre les valeurs des Lumières et contre toute critique de la religion que ce mouvement d’extrême droite instrumentalise. [...]  
   Nous l’avons vu en 2017 avec, entre autres, la motion M-103, qui a suivi de près la tuerie de Québec, dont le but était de mettre une chape de plomb sur toute critique de l’islam en condamnant la soi-disant «islamophobie», tandis que le vrai problème est la violence antimusulmane. Et nous le voyons encore aujourd’hui, dans la foulée de l’attentat de Christchurch. Les néozélandaises [étaient] invitées à porter le hijab le vendredi 22 mars; cette absurde idée est extrêmement irresponsable, car cela montrera une solidarité avec l’islamisme, non pas avec les Musulmanes. La stratégie des islamistes est toujours : (1) amalgamer critique de la religion et violence contre les croyants et (2) confondre race et religion, les deux afin de salir toute opposition à leur programme.

La violence religieuse antireligieuse

L’idée que la critique des dogmes d’une religion soit la cause de la violence contre les adhérents de cette religion ne tient tout simplement pas la route.
   La critique du christianisme n’est pas la cause des attentats contre les chrétiens et contre les Églises – p.ex. au Moyen-Orient ou au Nigeria. Au contraire, ces actes antichrétiens ont surtout été motivés par l’islam politique. La critique du judaïsme ne se trouve pas parmi les diverses causes de gestes anti-juifs. Au contraire, les causes principales sont plutôt l’antisémitisme classique du genre nazi qui s’inspire grandement du christianisme luthérien, auquel il faut ajouter les dogmes anti-juifs de l’islam ainsi que la confusion avec l’antisionisme pratiquée par une certaine gauche.
   Il est évident qu’une cause majeure de la violence contre des communautés religieuses, peut-être la cause principale, c’est la religion elle-même, c’est-à-dire la concurrence religieuse. Cette concurrence ne s’opère pas au niveau des croyances, mais plutôt au niveau de l’appartenance : c’est-à-dire que les personnes sont visées, non pas les dogmes. Les chrétiens de droite n’aiment pas les musulmans et les juifs, les juifs intégristes n’aiment pas les musulmans et les chrétiens, les islamistes en veulent aux juifs et aux chrétiens – et, en passant, tous les trois détestent les incroyants qui, eux, se taisent et ne font rien.
   Depuis plusieurs années et pour diverses raisons, la plupart de nos politiciens et grands médias véhiculent une idée fixe, une pensée unique à l’égard de l’islam : quiconque ose émettre la moindre inquiétude à l’égard de cette religion ou qui ose suggérer des liens entre cette dernière et sa variante politique islamiste est immédiatement la cible d’intimidation, subit un flot d’accusations calomnieuses de racisme, d’«islamophobie», d’intolérance, de xénophobie, d’affinité avec l’extrême droite et une pléthore d’autres infamies.
   Lorsque le peuple n’a plus le droit d’exprimer ses inquiétudes légitimes ouvertement, sans violence, lorsque tout espoir d’un débat sain de ces questions est étouffé, alors ces inquiétudes finiront par s’exprimer de façon explosive, avec un risque accru de violence perpétrée par les gens les plus instables ou radicalisés. Ce n’est pas pour rien que le tueur de Québec est passé à l’acte durant la gouvernance du PLQ, ce parti qui s’est opposé férocement à la Charte de la laïcité en diffamant tous ceux et celles qui l’appuyaient.
   Une mesure nécessaire pour favoriser la paix sociale et réduire les risques d’extrémisme est justement la laïcité, c’est-à-dire une nette séparation entre les religions et l’État. D’abord, c’est la bonne chose à faire pour protéger les citoyens contre les visées politiques des religions. De plus, en poursuivant la laïcisation de l’État, le public voit que les autorités d’État prennent au sérieux leurs inquiétudes légitimes à l’égard de l’ingérence religieuse dans les institutions d’État.
   Pour résumer, rien ne justifie la thèse selon laquelle la violence antimusulmane serait causée par la critique de l’islam. Au contraire, c’est plutôt la censure sociale et légale de cette critique qui en est responsable. Cette violence fait le jeu des deux mouvements d’extrême droite mutuellement opposés : l’extrême droite islamiste et l’extrême droite classique qui s’apparente au christianisme. Ces deux extrêmes se nourrissent mutuellement et sont tous les deux nourris par le communautarisme qui nous empoisonne la vie avec ses obsessions racialistes.
   Voici, donc, quelques suggestions pour réduire les risques de violence causée par cette concurrence religieuse malsaine :
– Contrôle des armes à feu.
– Arrêter de stigmatiser la critique des religions en général et de l’islam en particulier.
– Arrêter la racialisation de la religion (p.ex. l’imposture des accusations d’islamophobie).
– Être solidaires des apostats – ceux de l’islam en particulier, car cette religion nie la liberté de conscience.
– Séparer les religions de l’État, y compris l’interdiction des signes religieux dans la fonction publique.
– Promouvoir l’universalisme au lieu du communautarisme.

Source : Libres penseurs athées

Seth Andrews a retweeté Armin Navabi
“When universities are unwilling (or afraid) to allow controversial ideas, they're no longer institutions for learning. They're protectorates for anyone/everyone who declares a claim to be ‘sacred’.” (The Thinking Atheist, 21 mars)

L'UMR annule la rencontre avec un ex-musulman devenu athée à cause de l'attaque terroriste néo-zélandaise

CBC News | 21 mars 2019

Un ex-musulman, maintenant athée et militant laïque, dit que l'Université Mount Royal a réagi de façon excessive en annulant sa conférence qui était prévue sur le campus.


Armin Navabi, qui vit en Colombie-Britannique, avait été invité par la Société Athée de Calgary (Atheist Society of Calgary) pour partager son cheminement et discuter des raisons pour lesquelles il ne croit pas que la foi islamique puisse être réformée.
   Il se dit déçu de ne pas avoir la chance de participer à des discussions passionnées avec le personnel et les étudiants, y compris ceux qui pratiquent encore l'islam, à cause de la décision de dernière minute de l'UMR.
   «Que veulent-ils? Moins d’échanges? Moins de communication est exactement ce qui conduit les gens à avoir des positions radicales extrêmes», a déclaré Navabi. «Ce que je veux dire, c’est que moins il y aura de dialogues entre nous, plus il y aura de coups de poing et de balles échangés. «Dialoguer est exactement ce dont nous avons besoin face à une tragédie comme celle-là.»
   La Société Athée de Calgary espérait offrir un espace sécuritaire pour une communication ouverte et une occasion pour les gens d'en apprendre davantage sur l’athéisme selon le point de vue de Navabi. Le groupe disait que c'était aussi une occasion de faire savoir à certaines personnes qu'elles ne sont pas seules.
   «Il y a des gens qui en veulent vraiment aux ex-musulmans qui ont rejeté leur religion, et ils sont dans une position vraiment difficile. Nous voulions simplement donner aux étudiants qui pourraient être dans la même position, une occasion de communiquer et d'expliquer aux gens comment et pourquoi ils en sont arrivés là», a dit Lois Edwards, qui est membre du conseil de la Société Athée de Calgary, et un contact athée au centre interconfessionnel de l’université.

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