15 mars 2019

Les mensonges qu’on a pris pour des vérités

Je ne commenterai pas ici les attaques en Nouvelle-Zélande, mais j’ai ajouté un mot à la fin de l’article «En lambeaux, mais vivant pour raconter» :


«On nous chante sans cesse qu'il faut se responsabiliser si on veut sauver la planète, comme si les individus sans cesse bombardés par l'hégémonie culturelle les obligeant à consommer toujours plus en des termes toujours plus courts avaient le choix de leur mode de vie quand tout un chacun est évalué en terme de possessions et de dépense, quand les banques vous exhortent à utiliser le plus de crédit possible pour vous accuser ensuite de n'être pas raisonnable dans votre budget. Quand la seule façon d'exister aux yeux de l'œil hégémonique est de consommer.
   On vient de découvrir tout à coup qu'on dépense beaucoup trop d'argent dans les vêtements et que les dépenses dans ce secteur sont bien plus élevées qu'autrefois. Et les curés de la consommation responsable de nous enjoindre : «Avant de vous acheter des vêtements, regardez ce que vous avez dans votre garde-robe!» Comme si les bourgeois se posaient ces questions! Comme si c'était monsieur et madame Panet de la rue Panet qui avaient inventé l'effet de mode.
   De la même manière qu'on a prétendu responsabiliser les pauvres avec la proposition de modulation des tarifs d'Hydro-Québec (et la réponse stupide d'Hydro-Québec à l'effet que les gens ont le choix n'a aucune valeur puisque, justement, ce choix n'existe que pour les mieux nantis), on prétend reporter sur les épaules des consommateurs démunis enchaînés à leurs besoins nécessaires de base (logement, chauffage, nourriture, vêtement) le fardeau de protéger l'environnement que les minières, l'industrie agro-alimentaire, les pétrolières et autres producteurs se plaisent à défuntiser allègrement.
   Encore une fois, ce sont les méchants pauvres qui s'habillent chez Winners qui sont responsables du gaspillage orchestré par les ploutocrates du vêtement. Les pauvres s'habillent chez Walmart, Costco et Winners parce que leurs salaires sont toujours plus bas et que ces bannières se vantent d'avoir les prix les plus bas. Et comme elles vendent des cochonneries qui sont complètement déglinguées après trois mois, ben les pauvres y retournent de plus en plus souvent. Après, on les accuse d'être responsables du gaspillage auquel ils sont obligés.
   Si on est de classe inférieure ou moyenne inférieure, non seulement on est totalement absent des médias sur lesquels on n'a absolument rien à dire, mais en plus on est responsable de tous les maux de la planète!
   Les pseudo-écolos verts et autres capitalistes déguisés sont passés maîtres dans l'art de culpabiliser les individus pour les catastrophes causées par le système capitaliste. Même si tout le monde se mettait à recycler demain matin et même si tout le monde se mettait à composter demain matin, ce qui n'est guère possible, la planète serait autant en danger qu'aujourd'hui. Cela ne signifie pas qu'il ne faille pas recycler ni composter, cela signifie simplement que les actions individuelles ne suffiront jamais à compenser les effets d'un système de production basé sur la destruction, la prédation et la consommation à outrance. Les bourgeois excellent dans l'art de rendre les pauvres responsables de leur gabegie. Pas parce qu'ils sont plus méchants que la moyenne des ours, mais parce qu'ils sont les rouages d'un système dont ils sont incapables d'imaginer le dépassement.
   Que tout le monde composte et recycle ne mettra pas fin à l'obsolescence programmée, ne mettra pas fin à l'utilisation du glyphosate et autres pesticides dans l'agriculture, ne mettra pas fin au suremballage, à l'abondance excessive de sucre dans les aliments, à l'utilisation de l'huile de palme dans les produits transformés et donc à la destruction des forêts, à la publicité pour les automobiles consommatrices de pétrole, à la vente sous pression des VUS, à la généralisation des concours, lesquels surstimulent la consommation et produisent l'effet de mode, à l'extraction minière des terres rares nécessaires pour la production des téléphones et tablettes stupides présentées comme intelligentes, au tourisme destructeur dans les habitats fragiles, à l'utilisation des hydrocarbures, à la surpêche des ressources halieutiques, à la compétitivité entre les États pour attirer les entreprises les plus polluantes et les plus destructrices, à l'utilisation des plastiques dans toutes les productions, à la surexploitation des sources d'eau, etc. La liste est infinie.
   Aucune mesure individuelle ne remplacera des lois et règlements gouvernementaux qui obligeront les industries à restituer l'environnement dans son état premier et à inclure ces coûts dans les coûts fixes d'opération. Aucune mesure individuelle ne remplacera la transformation des processus de production en processus respectueux de l'environnement et l'obligation de la production agricole écosociale. Rien de tout cela ne peut se faire sans intervention étatique.    
   Et cela exige une pression sociale importante. Contrairement à ce que prétendent les fondations philanthrocapitalistes, il n'est pas toujours vrai que tout seul ça va plus vite et qu'ensemble on va plus loin, il arrive qu'ensemble, on aille mauditement plus vite parce que la responsabilité individuelle ne sera jamais aussi efficace que des obligations législatives. Il faut savoir penser collectif et systémique.»

L'illusion responsable | Francis Lagacé, 8 mars 2019 

Voilà ce que les jeunes ont compris. J’avoue que les vidéos m’ont émue aux larmes. Il y avait même des enfants de l’école primaire qui avaient demandé à leurs parents de les accompagner. Un adolescent disait «nous n’avons pas le droit de voter, mais nous voulons être entendus». Comme je l’espère! Car même avec le droit de parole et de vote, on se fait passer des sapins (et des pipelines) dans notre fausse démocratie.

Photo : Radio-Canada / Stéphane Lamontagne. Des jeunes ont manifesté à Québec. «La grève démontre que nous, les étudiants, on est prêts à se mobiliser pour exiger une responsabilisation des institutions et des gouvernements face à l’urgence climatique et que c’est quelque chose qui nous tient à cœur.» ~ Andréane Moreau, co-porte-parole du collectif La planète s’invite à l’Université du Québec

Photo : Getty Images/AFP / Martin Ouellet-Diotte. Les étudiants ont marché par dizaines de milliers dans les rues de Montréal.

«Nous déclarons une urgence environnementale», a lancé une voix, vendredi après-midi, tandis que des dizaines de milliers d'écoliers et d'étudiants des niveaux secondaire, collégial et universitaire venaient d'entreprendre leur marche dans les rues de Montréal. Une manifestation pour le climat s'inscrivant dans le mouvement planétaire inspiré par les actions de la jeune Suédoise Greta Thunberg.
   «On va finir par avoir une hécatombe à cause de l’inaction gouvernementale, parce qu’on met les profits des multinationales devant les droits de la personne et devant les droits de l’environnement», s'est indigné une jeune femme.
   «Les décisions qui vont être prises aujourd’hui vont influencer notre avenir, a plaidé Sophie Montpetit, élève de l’école Robert-Gravel. Si on ne prend pas [les bonnes] aujourd’hui, tout l’avenir qu’on est censé bâtir, innover et rêver ne sera plus accessible pour moi ou pour les générations qui vont suivre. Beaucoup de gens nous pointent en disant qu’on a tout, qu’on n’a pas de raison de se plaindre, mais on se bat pour notre avenir et pour celui de tout le monde», a-t-elle lancé avec beaucoup d'émotion. «C’est le temps de changer, c'est le temps de s’unir et de faire le changement. Il ne faut plus l’attendre. C’est nous, le changement.»

Photo : Radio-Canada. La marche pour le climat a pris son départ au pied du Monument à George-Étienne Cartier, en face du parc Jeanne-Mance. Une véritable marée humaine s'étendait sur l'avenue du Parc.

Photo : Radio-Canada / Alexandre Touchette. Les étudiants ont marché par milliers dans les rues de Montréal.

Un seul mensonge découvert suffit pour créer le doute sur chaque vérité exprimée  

Il est parfaitement normal d'en avoir marre des jeux  et de la bêtise de notre monde. Beaucoup de gens commencent à reconnaître la manipulation omniprésente dans le milieu des affaires, en politique, dans les religions, les relations interpersonnelles, etc. Les jeux naissent toujours de concepts de séparation qui justifient la manipulation des personnes et des circonstances par la publicité, les discours, les nouvelles, la prédication, etc., comme étant parfaitement acceptables pour obtenir ce dont on a «besoin».
   Jusqu'à maintenant, nous nous sommes laissés berner, hypnotiser, par les croyances des autres, surtout quand les paroles, présentées dans de beaux et dispendieux emballages, venaient des autorités. Nous ne savions pas que notre acceptation aveugle, par ignorance, ne servait qu’à remplir les coffres des égoïstes.
   Mais de plus en plus de gens se réveillent et découvrent que «l'Empereur est nu». Le conte de Hans Christian Andersen Les habits neufs de l’empereur fut publié en 1837, mais le parallèle avec nos premiers ministres actuels est éclatant : Un empereur, qui aimait par-dessus tout être bien habillé, se laissa convaincre de se faire confectionner un nouvel habit par deux charlatans. Ces escrocs prétendaient savoir tisser une étoffe que seules les personnes sottes ou incapables de remplir leurs fonctions ne pouvaient voir. Un jour de fête, l’empereur se revêt de ce nouvel habit et ainsi, vêtu de rien, se promène nu devant la foule. Par peur de paraître sotte ou incapable de remplir ses fonctions, la foule ne dit rien, jusqu’au moment où un petit garçon s’écrie «L’empereur est nu!».   
   Nous comprenons maintenant que les croyances que nous prenions pour des vérités étaient en réalité des mensonges, et nous nous demandons comment nous avons pu y croire. Dès lors, nous ne devrions pas nous décourager si nous ne sommes plus en résonance avec certaines personnes, certains aliments ou certaines activités.
   Notre système de croyances était basé sur des concepts qui prônent le droit de faire n’importe quoi pour atteindre l’ultime but de la vie : être heureux, riches, beaux, et se procurer un maximum d’objets de luxe inutiles. Lorsque les gens constatent qu'ils sont incapables d'atteindre ces objectifs, ils se tournent souvent vers les drogues ou l'alcool. Le sentiment d’échec ne fait que renforcer le manque, la limitation et la souffrance dont ils voulaient se débarrasser. En général, ces expériences sont des «appels au réveil» destinés à développer un esprit plus critique, à s'ouvrir à des valeurs différentes et à une plus grande perspicacité.

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