“The problem
with the gene pool is that there is no lifeguard.” (Steven Wright)
Esprit, es-tu là?
L’humain
perdra-t-il son autonomie décisionnelle au profit du robot sympathique, un
spécimen humanisé d’intelligence
artificielle? Ces robots ont les caractéristiques du psychopathe, réputé pour
n’éprouver ni émotions ni sentiments mais capable de les imiter...
Ironiquement, on déshumanise les humains (par ex. avec les smartphones) et l'on humanise les robots! Les compagnons-robots sont programmés pour être polis et ils exigent des communications respectueuses! Alors, si un humain vous dit bonjour sans lever les yeux de son iMachin et continue à texter, ajoutez-le à votre liste de faux-amis...
Ironiquement, on déshumanise les humains (par ex. avec les smartphones) et l'on humanise les robots! Les compagnons-robots sont programmés pour être polis et ils exigent des communications respectueuses! Alors, si un humain vous dit bonjour sans lever les yeux de son iMachin et continue à texter, ajoutez-le à votre liste de faux-amis...
«Téléverser son cerveau dans le nuage
informatique afin de continuer à exister sous la forme d’un pur esprit jusqu’à
la fin des temps», voilà ce que propose l’ingénieur et futurologue Raymond
Kurzweil. À mon avis, nous le faisons déjà car tout ce que nous publions sur le
net s’immortalise dans le nuage
global!
Des machines et des hommes : l’ère du
transhumanisme
Les
ordinateurs font sentir leur présence dans presque toutes les sphères de nos
vies. Avec la montée des assistants vocaux personnels et l'arrivée inéluctable
des robots, est-ce qu'une douce soumission des êtres humains aux machines est
en train de s'installer? Jusqu'où cela ira-t-il si jamais l'homme et la machine
fusionnent, comme le prévoient les transhumanistes? Le reportage audio inclut
plus de commentaires, notamment du biologiste Jacques Testart :
Ces transhumanistes qui promettent
l'immortalité
Janic
Tremblay
Desautels le dimanche
Pour les transhumanistes, l'avenir d'Homo sapiens passe par une fusion avec les machines. L'homme-machine qu'ils envisagent transcendera sa condition et ses limites grâce aux ordinateurs. S'ils sont encore marginaux, les transhumanistes sont tout de même de plus en plus nombreux à s'affirmer, portés par un fort vent qui souffle depuis la Silicon Valley.
Un badge défie la gravité au bout de
l’annulaire de Dorian Kodelja. Comme dans tous les tours de magie, il y a une
explication logique. Celle-ci est tout de même un peu inattendue. Le badge,
loin d’échapper aux lois de la physique, est plutôt maintenu entre ciel et
terre grâce à un petit aimant que Dorian s’est fait implanter au bout du doigt.
Le jeune homme, doctorant en intelligence
artificielle, est un transhumaniste. Il croit que le corps de l’humain peut
passer outre à certaines limites, et il est prêt à expérimenter de nouvelles
sensations et fonctions avec son propre corps.
Cet aimant lui permet maintenant de
ressentir les champs électromagnétiques comme ceux émis par les fours à
micro-ondes.
«Cela me permet de comprendre ce que ça fait
que d’avoir un nouveau sens. Quand mon doigt vibre, je le ressens un peu comme
une odeur de brûlé. Mon cerveau s’est adapté à cette nouvelle sensation,
explique Dorian Kodelja. Je ne vois pas mon corps comme un sanctuaire. Je suis
prêt à y intégrer plein de choses, du moment qu’elles sont sécuritaires.»
Dorian dit qu’il ne voit donc aucun problème
à utiliser son corps de toutes les façons afin de tirer profit de la richesse
du monde. C’est une partie seulement de l’idéologie transhumaniste, qui va
beaucoup plus loin.
Téléverser son cerveau pour ne pas
mourir
Pawel
Kuczynski – satire politico-sociale
Le
pape du mouvement, l’ingénieur et futurologue Raymond Kurzweil, ambitionne
carrément d’en finir avec la mort. Il croit que dans quelques décennies, la
puissance informatique et les développements de la science permettront de ne
plus mourir… ou à tout le moins de téléverser son cerveau dans le nuage
informatique afin de continuer à exister sous la forme d’un pur esprit jusqu’à
la fin des temps.
Le spécialiste en intelligence artificielle
a cofondé l’université de la singularité et est maintenant l’un des directeurs
de Google. L'arrivée de ce théoricien du transhumanisme au sein du géant du web
a renouvelé l’intérêt pour le mouvement. L’un des porte-parole de l’Association
française transhumaniste, Florent Boissonnet, ne cache pas son enthousiasme.
«On commence à penser que ça peut être
possible. On va peut-être avoir une annonce de Google concernant un traitement
pour augmenter la longévité. Peut-être demain? Dans 5 ans? Peut-être jamais
aussi. On ne sait pas.»
Il cite la compagnie Calico qui veut
allonger la vie humaine. Ou encore Neuralink, compagnie du milliardaire Elon
Musk, dont les travaux portent sur les interfaces cerveaux-machines. Et des tas
d’applications qui sont aujourd’hui réservées à des personnes handicapées ou
atteintes de certains problèmes médicaux, mais qui pourraient bien devenir
accessibles au commun des mortels d’ici quelques années.
Le rêve d’augmenter l’humain
Un
point en commun entre ces projets : il s’agit toujours d’augmenter l'humain.
Des chantres du projet transhumaniste comme l’Américain Tim Cannon refusent les
limites biologiques de notre espèce. Pendant quelques mois, il s’est même fait
insérer, directement sous la peau, un dispositif de la taille d’un iPhone afin
de transmettre ses données biométriques directement à son téléphone.
Le scientifique anglais Kevin Warwick va
même plus loin en affirmant que, dans l’avenir, ceux qui refuseront de
s’augmenter seront handicapés par rapport au reste de la population qui
choisira la voie transhumaniste.
En France, l’un des plus influents
porte-parole du transhumanisme est probablement le médecin et entrepreneur du
web Laurent Alexandre.
Auteur d’un livre intitulé La mort de la mort, il est persuadé que
les enfants qui naissent aujourd’hui vivront beaucoup plus longtemps. Il croit
qu’ils profiteront d’avancées techniques et biomédicales que l’on n’imagine pas
encore, mais qui commenceront à faire leur apparition dans une trentaine
d’années, soit quand l’intelligence artificielle dépassera celle des humains,
prévoit-il.
Cela pourrait signifier des puces dans le
cerveau ou d’autres types d’augmentation. Qu’en sera-t-il alors de
l’inviolabilité du corps ou de la dignité humaine? Il croit que ces principes
vont fluctuer pour s’adapter à un nouveau contexte. «La plupart des gens
accepteront les propositions des transhumanistes. Pour moins souffrir et moins
mourir. Nous ne nous verrons pas de la même façon dans le futur. Les
modifications dont nous parlons aujourd'hui paraîtront naturelles à nos
descendants.»
Le transhumanisme, une utopie?
Le
projet transhumaniste est loin de faire l’unanimité et reçoit de virulentes
critiques dans le monde de la science et de l’éthique. Jacques Testart est
justement au confluent de ces deux mondes.
Le biologiste, connu comme le père du
premier bébé-éprouvette français, est un scientifique, mais aussi un
bioéthicien de renom. Il a publié il y a quelques mois un livre intitulé Au péril de l'humain - Les promesses
suicidaires des transhumanistes. Pour lui, rien dans l’état actuel de la
science ne valide les idées et les projections des transhumanistes.
«Ils vous disent qu’on va mettre le contenu
de nos cerveaux sur un disque dur. Cela ébahit les gens. Mais la vérité c’est
qu’on n’a strictement aucune idée comment faire ça! Il n’y a aucune base
scientifique!»
Il rappelle que l’on ne sait presque rien du
génome et du fonctionnement du cerveau. Partisan d’une science lente et
précautionneuse, il est persuadé qu’il faudra encore de très nombreuses années
avant de voir certains volets du projet des transhumanistes devenir possibles.
Mais, de toute façon, il rejette en bloc à peu près tout ce qu’ils proposent. «Pour
moi le transhumanisme, c’est le nouveau nom de l’eugénisme. Fabriquer des
individus identiques et hyperperformants, moi, j’appelle cela du clonage
social.»
Ses reproches ne s’arrêtent pas là. Pour
Jacques Testart, le transhumanisme n’est pas un projet de société, mais plutôt
un amalgame d’aspirations individuelles et égoïstes. Il cherche sans les
trouver les valeurs collectives et citoyennes dans ce mouvement. «Ce sont des
libertariens qui créent de nouveaux mythes en promettant l’immortalité. Il y a
même une forme de violence contre ceux qui ne se soumettraient pas à ce nouvel
idéal.»
«Cela ne fonctionnera pas, mais ça fait
quand même du mal à notre espèce, car cela isole les gens. Où est l’empathie?
Où est la solidarité dans tout ça? Il ne faudrait pas oublier que si Homo
sapiens a réussi à s’imposer, c’est surtout grâce à la coopération qui
caractérise notre espèce», observe Jacques Testart.
Publié
le vendredi 15 février 2019 à 14 h 42
Mis
à jour le dimanche 17 février 2019 à 5 h 20
Archives
D’HOMO SAPIENS À HOMO NUMERICUS :
Cela
dit, concrètement, le génie humain combiné aux capacités de l’intelligence artificielle en bionique peut certes améliorer la vie des humains :
Hugh Herr, l’homme «bionique»
– FUTUREMAG – ARTE
Après un grave accident de montagne,
l’ingénieur américain Hugh Herr s’est vu amputé des deux jambes. Depuis ce
jour, il n’a qu’une seule idée en tête : rendre leur mobilité aux personnes
handicapées. Fondateur du Centre de Bionique Extrême et professeur de
biophysique, il travaille à la création de prothèses personnalisées munies de
capteurs permettant d’adapter le mouvement à l’environnement du patient.
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