~ Albert Camus (La crise de l'homme)
Dans son ouvrage, Ce que l’argent ne saurait acheter, le philosophe américain Michael Sandel réfléchit sur notre société hyper mercantile. L’entreprise qui achète le droit de polluer, se dédouane-t-elle d'une faute morale envers l'environnement? Peut-on vendre un enfant à l'encan au plus offrant ou faire le commerce d'organes humains? Selon lui, la vie, l'eau et l'air ne devraient jamais être des valeurs marchandes.
“When money governs access to education, political voice, and influence, inequality matters a great deal.” (Michael Sandel)
Si tous les membres de la secte «Économie marchande» et les politiciens lisaient cet ouvrage, peut-être que la manière de gouverner pourrait s’améliorer. Camus disait aussi : «Quand nous serons tous coupables, ce sera la démocratie.»
Ce que l'argent ne saurait acheter
Les limites morales du marché
Michael J. Sandel
Traduit par Christian Cler
Sciences humaines (H.C.)
Seuil (02/10/2014)
Résumé des éditeurs :
Nous savons bien que l’argent ne saurait tout acheter. Et pourtant, la marchandisation des biens et des valeurs progresse sans cesse. Mais c’est en Amérique que cela se passe, pensons-nous. Là-bas, les écoles en sont à payer les enfants s’ils ont de bonnes notes; les entreprises paient les travailleurs qui font des efforts pour améliorer leur santé… Serions-nous à l’abri de ces dérives?
Nous sommes en réalité déjà contaminés. Il est mal de vendre le droit de faire du tort aux autres. Pourquoi alors acceptons-nous l’une des mesures phares sur le changement climatique, à savoir le marché des droits à polluer, qui permet à certains d’aller au-delà de leur permis d’émission en payant ceux qui se restreignent davantage?
Nous ne confondons pas l’amour vénal et l’amour tout court. Pourquoi alors acceptons-nous que l’INSEE inclue dans la richesse nationale le temps que les parents passent à s’occuper des enfants au tarif de la baby-sitter?
Nous n’avons pas encore réfléchi à ce que devrait être la place du marché dans une société démocratique et juste. Ce livre, déjà un best-seller mondial, nous y aide puissamment.
Michael J. Sandel est l’un des plus importants philosophes américains. Il est professeur de philosophie politique à l’université Harvard. Il est l’auteur de Le Libéralisme et les limites de la justice (Seuil, 1999), une des critiques les plus incisives de la Théorie de la justice de John Rawls (Seuil, 1987).
La préface de Jean-Pierre Dupuy
«Voulons-nous d’une société où tout soit à vendre? Ou y a-t-il certains biens moraux et civiques auxquels les marchés ne font pas honneur et que l’argent ne saurait acheter?»
S’appuyant sur une multitude de cas concrets, Michael Sandel montre comment les marchés sont devenus une composante omniprésente de notre vie : qu’il soit question de voies rapides payantes des autoroutes, des marchés noirs chinois de tickets de rendez-vous médicaux, d’achats de bébés, de rachats par des spéculateurs d’assurances sur la vie prises par les malades atteints du SIDA..., il est évident qu’une seule et même tendance est à l’œuvre.
S’opposant aux économistes pour qui l’argent ne serait qu’un instrument de transaction moralement neutre et aussi avantageux pour le vendeur que pour l’acheteur, Sandel prouve qu’il affecte au contraire, et parfois corrompt, tout ce qu’il touche.
Si le marché n’est pas un mal en soi, la marchandisation effrénée de certains biens auparavant non soumis à ses lois est d’autant plus dommageable que nous nous abstenons le plus souvent de nous demander quelles valeurs devraient être sauvegardées et pourquoi : s’il est acceptable ou non que les élèves soient rémunérés pour apprendre à lire, que les pays riches puissent acheter les «droits de pollution» des pays pauvres, que des chasses payantes au rhinocéros noir ou au morse soient organisées pour préserver ces espèces de l’extinction, etc.
Professeur de sciences politiques à l’université d’Harvard, Michael J. Sandel a récemment été classé par le Nouvel Observateur parmi les «25 penseurs qui comptent», il s’est fait remarquer dès 1982 en commentant les thèses de Rawls dans Le Libéralisme et les limites de la justice (Seuil, 1999). Plus de 15 000 étudiants ont suivi son cours intitulé «Justice», premier de ceux de Harvard à avoir été mis en ligne sur Internet et diffusé à la télévision.
Extraits d’un article de Jean-Pierre Dupuy :
- «Le temps, c’est de l’argent» : on ne croit pas si bien dire. Sur les autoroutes californiennes, aux heures de pointe, il faut être au moins deux dans sa voiture pour pouvoir emprunter la file de gauche. Il arrive que 90 % des automobiles ne véhiculent que leur seul conducteur. On est bloqué pare-chocs contre pare-chocs, la voie rapide est vide, la tentation de tricher est trop forte. Il serait risqué de placer une poupée gonflable sur le siège du passager. Pour remplir la même fonction, certains ont déjà recours aux services de prostituées sur le retour. La boucle est bouclée.
- On ne s’étonne pas que le moyen le plus apprécié par les économistes soit celui qui fait d’eux des correcteurs à la marge du marché. Le prix d’une ressource ne reflète-t-il pas suffisamment sa raréfaction croissante ou les dommages que son utilisation cause à la nature? On la taxe, incitant ainsi les consommateurs à tenir compte dans leurs calculs de ce que les économistes appellent ses «externalités» – c’est-à-dire les coûts pour la collectivité non pris en compte par le marché. [...] Avec le protocole de Tokyo sur le changement climatique en particulier, les économistes ont trouvé dans le marché une méthode encore plus éloignée de tout ce qui pourrait ressembler à une mesure vexatoire. Chaque agent pollueur est tenu de rester dans les limites d’un plafonnement décidé à priori mais il peut acheter le droit de dépasser ces limites en payant un autre agent qui, lui, restera en deçà de celles qui lui ont été affectées.
- C’est précisément l’avantage que les économistes attribuent au marché qui pose problème : il ne ferait pas de morale. En réalité, il recouvre ce qui est un mal et devrait être perçu comme tel – la destruction de l’environnement – par un bien – le droit de polluer – que l’on peut acheter.
http://iphilo.fr/2015/04/27/michael-sandel-ce-que-largent-ne-saurait-acheter-jean-pierre-dupuy/
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L’automne dernier, j’ai écouté les classes interactives de Sandel sur Youtube (en anglais). Des débats moraux extrêmement difficiles à résoudre. Il faut essayer soi-même de répondre aux questions pour le réaliser. Captivant, dérangeant et révélateur – que de préjugés derrière notre raisonnement moral vis-à-vis de nos valeurs sociales, collectives et individuelles. Beaucoup de déni et d’ignorance... et de conditionnement socioculturel bien enraciné.
«Une fois que le familier devient étrange, rien n’est jamais pareil ensuite. La connaissance de soi est similaire à la perte de l'innocence. Même si vous êtes extrêmement troublé, vous ne pouvez pas désapprendre ou ignorer. La philosophie nous éloigne des conventions, des hypothèses et des croyances établies. Voilà les risques encourus.» (Michel Sandel)
Justice with Michael Sandel
Harvard University
Justice: What's The Right Thing To Do?
PART ONE: THE MORAL SIDE OF MURDER
If you had to choose between killing one person to save the lives of five others and doing nothing even though you knew that five people would die right before your eyes if you did nothing — what would you do? What would be the right thing to do? That’s the hypothetical scenario Professor Michael Sandel uses to launch his course on moral reasoning. After the majority of students votes for killing the one person in order to save the lives of five others, Sandel presents three similar moral conundrums — each one artfully designed to make the decision more difficult. As students stand up to defend their conflicting choices, it becomes clear that the assumptions behind our moral reasoning are often contradictory, and the question of what is right and what is wrong is not always black and white.
PART TWO: THE CASE FOR CANNIBALISM
Sandel introduces the principles of utilitarian philosopher, Jeremy Bentham, with a famous nineteenth century legal case involving a shipwrecked crew of four. After nineteen days lost at sea, the captain decides to kill the weakest amongst them, the young cabin boy, so that the rest can feed on his blood and body to survive. The case sets up a classroom debate about the moral validity of utilitarianism — and its doctrine that the right thing to do is whatever produces "the greatest good for the greatest number."
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