On pourra
éventuellement attribuer des Prix Darwin aux scientifiques des Laboratoires
nucléaires canadiens dans la catégorie «science
sans conscience».
Jusqu’où
ira la folie humaine? Diable, on veut nous irradier? On prétend qu’il y a un
côté positif à toute chose : en effet, nous n’aurons plus besoin de
radio/chimiothérapie pour guérir nos cancers causés par la pollution industrielle
et la radioactivité... Bonus : peut-être aurons-nous aussi l’occasion de
voir une compétition internationale de ping-pong
nucléaire – en direct – plusieurs joueurs participent déjà aux joutes de
qualification.
Sérieusement,
c’est dramatique de voir comment certains experts
scientifiques banalisent la
production et l’enfouissement des déchets toxiques nucléaires. Si nos gouvernements ne protègent pas nos cours d'eau, qui le fera?
L'héritage des laboratoires nucléaires de
Chalk River
Un texte
de Daniel Carrière
Découverte
| 23 mars 2018
La
construction d'un site pouvant stocker un million de mètres cubes de déchets
faiblement radioactifs à Chalk River, en Ontario, suscite des craintes
environnementales. Les opposants au projet signalent que l'emplacement choisi
est à moins d'un kilomètre de la rivière des Outaouais, la source d'eau potable
de millions de citoyens.
Les Laboratoires nucléaires canadiens, qui
sont gérés depuis 2016 par SNC-Lavalin et quatre multinationales
anglo-américaines, proposent d’aménager à proximité de la rivière un immense
monticule de déchets radioactifs.
Selon l’étude d’impact environnemental qui
détaille le projet, ces déchets radioactifs ne seraient pas enfouis
profondément sous terre. On les déposerait sur les flancs d’une colline dans
une installation de 18 mètres de haut et d’une superficie de 16 hectares. À
l’intérieur de ce monticule, on retrouve dix cellules pouvant accueillir
jusqu’à un million de déchets faiblement radioactifs.
Un
physicien nucléaire français qui a consulté le projet s'étonne que le monticule
soit entouré d’eau. En plus de la rivière des Outaouais, il y a le lac et le
ruisseau Perch, des marais et des marécages à proximité du futur centre de
stockage. Selon David Boilley, l’eau est l’ennemi numéro un des déchets
radioactifs.
Article
intégral :
Le
documentaire : https://ici.tou.tv/decouverte
Durée de vie des déchets :
CARBONE 14 : 5700
ans
AMÉRICIUM
243 : 7364 ans
PLUTONIUM
239 : 24 000 ans
CHLORE 36 : 300 000
ans
URANIUM 238 : 4,5
milliards d’années (peut être converti en plutonium)
Le Canada veut faciliter le développement de
«petits réacteurs nucléaires modulaires» pouvant être déployés de manière
autonome, par exemple dans des mines ou dans l’exploration spatiale, a annoncé
jeudi le gouvernement fédéral.
Ottawa a mandaté l’Association nucléaire
canadienne pour préparer d’ici l’automne une «feuille de route» devant
identifier «les priorités et les difficultés d’un développement et d’une utilisation
possibles de petits réacteurs modulaires au Canada», a indiqué le ministère des
Ressources naturelles dans un communiqué.
Ce lobby notait alors que ces petits
réacteurs pouvaient être déployés dans d’anciennes mines de charbon par
exemple, ou encore dans le transport maritime, dans des installations
militaires ou encore dans des missions spatiales.
Au Canada, des groupes miniers ont par le
passé fait part de leur intérêt pour cette technologie afin de remplacer les
générateurs à essence dans des mines isolées de l’Arctique. (Source :
Journal de Montréal | 23 février 2018)
~~~
Alors
revenons à ce que disait Henning Mankell sur le nucléaire. L'écrivain craignait
que l'instinct de destruction des humains ne les conduise à l'anéantissement. Disons
que c’est en bonne voie.
SABLE MOUVANT Fragments
de ma vie; Henning Mankell (traduit du suédois par
Anna Gibson; Éditions du Seuil, septembre 2015)
Chapitre L'avenir dissimulé sous la terre (p.
30-32) :
C'est à
bord du train entre Göteborg et Stockholm que je tombe par hasard sur un
article évoquant le projet d'ouvrir à la dynamite, dans la roche mère de
Finlande, des tunnels et salles souterraines afin d'y entreposer les déchets du
nucléaire pour une durée indéterminée. Qui ne doit pas être inférieure à cent
mille ans. Même si la radioactivité est
la plus intense (comprendre «mortelle») au cours des mille premières années, il faut malgré tout pouvoir
garantir un stockage hermétique sur une durée équivalente au passage sur Terre
de trois mille générations humaines.
J'ai connu le nucléaire toute ma vie. De mon
enfance, je garde le souvenir de manifestations hostiles, et de la peur que
nous inspiraient à la fois l'arme atomique et la perspective d'une terrible
guerre entre deux bêtes féroces, l'Union soviétique et les États-Unis. La paix
entre elles était toute relative, fragile et précaire, et il fallait à tout
prix empêcher leur affrontement. Après cela, il y a eu les grandes catastrophes
nucléaires –Three Mile Island, Tchernobyl et la dernière en date : Fukushima.
J'ai la conviction, bien naturelle, que le compte à rebours nous séparant de la
prochaine a déjà commencé. Je suis un
opposant à l'énergie nucléaire. Chaque accident avéré – et chaque incident où
le pire a été évité de justesse – renforce ma défiance. Je savais que le temps
nécessaire pour neutraliser la radioactivité était long, et connaissais le
danger de ces déchets avec lesquels il allait falloir cohabiter pendant des
millénaires. [...]
L'article est relégué au bas d'une page
intérieure. D'autres informations ont une priorité bien supérieure : les amours
d'une rock star, les astuces pour payer moins d'impôts et pour maigrir de dix
kilos en quinze jours.
C'est compréhensible. La vie, après tout, se
déroule au présent.
Peu de gens ont la capacité d'étendre leur
curiosité au-delà des jours ou des mois à venir. Au-delà du prochain tirage du
Loto, disons, grâce auquel on espère se délivrer de toute contrainte et partir
s'installer aux Caraïbes.
Aujourd'hui, les habitants de notre partie
du monde ne croient pas en Dieu, mais ils croient au tirage et au grattage. Ils
sont accros aux jeux de hasard. Si on a la chance de gagner, c'est merveilleux
: plus besoin de travailler, plus besoin de se préoccuper de quoi que ce soit,
dorénavant on pourra considérer le reste de la société avec arrogance et
mépris. La nouvelle façon de désigner le gros lot l'indique on ne peut plus
clairement : «Vingt-cinq ans de salaire!» Exonéré d'impôts, bien entendu.
En bas de la page du journal, donc, voilà
cet article sur le projet de cachette géante enfouie au coeur de la roche mère
finlandaise afin d'y stocker jusqu'à la fin des temps d'énormes quantités de
déchets nucléaires.
[...]
Comment est-il possible de garantir la
conservation pendant cent mille ans de déchets mortellement toxiques, alors
qu'aucun des plus anciens édifices humains que nous connaissons n'excède cinq
ou six mille ans d'âge?
Chapitre Testament (p. 39/42) :
Les
civilisations ne laissent pas de testament. Seuls les individus le font. Rome,
l'Égypte des pharaons, la civilisation inca ou maya n'ont pas disparu à la
suite d'un événement unique, comme un accident ou une éruption volcanique. Le
déclin s'est fait progressivement, et il a été nié jusqu'au bout. Une
civilisation aussi aboutie que la leur ne pouvait tout simplement pas
disparaître. Les dieux s'en portaient garants. [...]
C'est là un dénominateur commun de toutes
les grandes civilisations : le fait qu'elles semblent avoir été immortelles aux
yeux de leurs représentants. [...]
Deux notions résument tout ce qui a été, et
sans doute aussi tout ce qui sera.
Survie et disparition.
Un simple regard en arrière nous permet
d'anticiper se qui nous attend, nous aussi. Rien ne se répète à l'identique.
L'histoire n'est pas une suite d'imitations.
Mais
en ce qui nous concerne, on peut dire que nous avons d'ores et déjà décidé quel
sera le témoignage ultime de ce que nous fûmes.
Pas Rubens, Rembrandt, Raphaël. Pas
Shakespeare, Botticelli, Beethoven, Bach ou les Beatles. Rien de tout cela.
Quand
notre civilisation aura disparu, il restera deux choses. La sonde spatiale Voyager lancée dans sa course à
travers l'espace interstellaire. Et les
déchets nucléaires enfouis au coeur de la roche mère.
[Ndlr :
Les sondes Voyager I et II ont déjà emporté des générateurs nucléaires pour
alimenter leur système électronique.]
Rappel : Le fleuve
Saint-Laurent situé au nord-est de l'Amérique du Nord relie les Grands Lacs à
l'océan Atlantique. Il est le seul émissaire du bassin des Grands Lacs. Au
Canada, il borde une partie de la province de l'Ontario puis traverse la
province du Québec en entier. D'une longueur d'environ 1 197 km, son estuaire est le plus grand sur Terre
avec une longueur de 370 km et une largeur de 48 km. Grand fleuve des latitudes
moyennes de l'Amérique du Nord, le Saint-Laurent possède un bassin de drainage
de 1 610 000 km2, soit près
de 25 % des réserves mondiales d’eau douce, comprenant les Grands Lacs ainsi
qu'une bonne portion du réseau hydrographique du continent, qu'il draine vers
l'océan Atlantique par un parcours d'environ 3 058 km jusqu’à l’extrémité
supérieure de la rivière St. Louis, (1 197 km si on ne tient pas compte des
Grands Lacs), il est l’un des plus longs fleuves du monde. La santé du fleuve
reste fragile et d'importants efforts restent à accomplir notamment pour les
métaux lourds rejetés dans le fleuve.
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