ICI Radio-Canada Info – Un étudiant de 19 ans
a abattu ses parents vendredi matin [2
mars] sur le campus de
l'université de Central Michigan dans le nord des États-Unis. On ignorait dans
un premier temps comment l'étudiant s'était procuré l'arme qu'il a utilisée. La législation du Michigan permet d'avoir
une arme sur soi à condition qu'elle ne soit pas visible, mais l'Université
interdisait tout port d'arme sur son campus. Les fusillades sont fréquentes aux
États-Unis, où il y a autant d'armes à feu en circulation que d'habitants. Le
débat sur la législation entourant le droit
constitutionnel d'être armé dans ce pays a été relancé par les jeunes
rescapés de la tuerie ayant coûté la vie à 17 personnes le 14 février à l'école
secondaire Marjory Stoneman Douglas en Floride.
Culture des
armes et délire paranoïaque
Le discours des promoteurs de la National Rifle Association
tient du délire paranoïaque, un syndrome caractérisé par «des convictions et des
jugements dogmatiques, des comportements et des attitudes gouvernés par des
croyances irréductibles qui forment une sorte de vérité et d’idéal qui ne
s'accordent ni avec la réalité ni avec la coexistence avec autrui».
Fanatisme,
moralisme et cléricalisme, principes rigides, radicalisme, autoritarisme, orgueil,
sentiment de supériorité, méfiance, agressivité et mépris font partie des
symptômes. Le terme «pensée unique» convient parfaitement à la façon de
penser parano : «c’est la seule qui peut exister et tout le monde doit y
adhérer. Le dogme s’appuie sur des arguments et des raisonnements assertifs au service
des postulats de départ dont les thèmes sont idéologiques, politiques et
sociaux (revendication sociale, racisme, peine de mort). Les faits sont
interprétés et distordus pour rendre la démonstration plausible et convaincante».
Un ancien porte-parole de la NRA, Pat Aqualino, a déjà
déclaré : «Wayne LaPierre a été décrit
comme le Darth Vader de la politique des armes à feu, mais il est plus comme
Mère Teresa.» (!!)
«Si quelque chose m'a toujours profondément
écoeuré chez l'homme, c'est bien de voir comment sa cruauté, sa bassesse et son
esprit borné parviennent à revêtir le masque du lyrisme.» ~ Milan Kundera
À la suite de la fusillade de Parkland, LaPierre a
répété son crédo : armer le plus de gens possible, dont les professeurs.
Pourquoi pas les enfants un coup parti?! Ainsi que son argument de base qui s’adresse
à la multitude de chrétiens : «Le droit constitutionnel de garder et de
porter des armes n'est pas conféré par l'homme, mais accordé par Dieu à tous les Américains, c’est un droit de naissance.»
Wayne
LaPierre et la NRA en chiffres
Selon une estimation du site Celebrity Net Worth,
Wayne LaPierre a une valeur nette de 10 millions $. L'estimation est basée sur
ses revenus de la NRA, en moyenne 1 million $ par année (revenu qui a atteint 5
millions $ en 2015 avec les bénéfices marginaux), ainsi que ses redevances (vente
de ses livres) et ses conférences rémunérées.
Selon
OpenSecrets.org, la NRA a dépensé 5,1 millions $ en 2017 en lobbying auprès des
sénateurs et représentants, alors qu’au début des années 2000 c’était environ
1,5 millions $. Mais cela ne reflète pas toute l'influence de la NRA. Le total
des dépenses de la NRA aurait atteint 419 millions $ en 2016, y compris le 30
millions $ en appui à la campagne présidentielle de Donald Trump, contre 312
millions $ en 2015. «Trump est le candidat le plus pro-Deuxième amendement de
l'histoire», a déclaré LaPierre.
La
production d'armes et les ventes d'armes à feu ont fortement augmenté avec
Wayne LaPierre. En 1980, les fabricants américains ont produit 5,6 millions d’armes
à feu aux États-Unis; la production a atteint 11 millions en 2013. Le nombre de
vérifications sur les antécédents par le
FBI est passé de 9 millions en 1999 à 27,5 millions en 2016; ce qui donne une
approximation des ventes.
TÉMOIGNAGE
Les adolescents
de Parkland incitent un propriétaire d'armes à feu à se défaire de son AR-15
Source : vidéo MIC Opinion
Source : vidéo MIC Opinion
Policier :
«Qu’est-ce qui vous pousse à vous débarrasser de votre arme? Les fusillades?»
Réponse :
«Honnêtement, j'ai deux enfants qui sont à l'école primaire, et je n'ai pas
besoin de ça. Je ne vais pas les utiliser pour protéger ma maison. Et j'en ai
assez de voir des gens mourir. J'ai acheté cet AR-15 d'un gars dans le
stationnement d'un Cracker Barrel. Je l'avais rencontré par l'intermédiaire
d'un forum en ligne, et à ma grande surprise, le tout était parfaitement légal.
Ça me semblait trop facile, vous savez... le gars ne me connaissait pas. Il ne connaissait
pas mon passé, il ne savait pas qui j'étais. C’était vraiment fou.»
Commentaires
de l’homme pendant le tournage : «Mon avis sur l'AR-15 en ce moment
est que si notre pays n’a pas de lois adéquates sur le contrôle des armes à feu,
alors nous ne devrions pas y avoir accès. ... Nous devons faire des changements
majeurs, et c'est pourquoi je rends mon arme. Même si mon geste est purement symbolique,
et ne fera pas grand différence dans l'ordre des choses, je le vois comme un vote.
Un vote c’est une personne qui essaye de faire ce qu'elle pense juste, et c'est
ma façon de voter maintenant – pour
davantage de contrôle sur les armes à feu. Je n'ai pas bien dormi la nuit
dernière. J’étais un peu préoccupé... je sais que je vais perdre quelques amis,
mais, je viens de faire ce que je pense être juste, je suppose. C'est seulement
une possession. Je n'aime pas les armes; j'aime ma famille. Et dans cet esprit,
je peux m’en passer. Je tiens à dire aux enfants de Parkland que les gens sont
à l'écoute. J'ai vu leur message et entendu leurs voix. Cela a eu un impact sur
moi, et je sais qu'ils vont toucher un grand nombre de personnes, et qu’ils
créent déjà un changement. J'espère que si mes enfants regardent en arrière un
jour, ils comprendront que j'ai fait ça parce que je veux qu'ils se sentent en
sécurité à l'école. Je ne veux pas qu'ils passent par ce qu'un si grand nombre
d’élèves ont vécu. J'espère qu'ils seront fiers et qu'ils comprendront.»
Ndlr : L’homme porte une casquette libellée
«Trump». Alors, je me dis qu’il y a de l’espoir. Peut-être qu’une partie de
l’électorat qui a voté pour Trump va changer son fusil d’épaule d’ici les
élections de mi-mandat en novembre 2018.
À l’exception du bébé armé, j’ai trouvé les images,
ainsi que le témoignage, sur le site de Josh Fox https://twitter.com/joshfoxfilm
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En 1948, George Orwell écrivait : «La guerre,
le fascisme, les camps de concentration, les matraques en caoutchouc, les
bombes atomiques, etc., sont des choses auxquelles nous pensons à tous les
jours… Nous n’y pouvons rien. Quand vous êtes sur un navire qui coule, vos pensées
se concentrent sur le navire qui coule.»
En 2018, les mêmes obsessions nous tourmentent, notamment,
les infernales bombes nucléaires. «La guerre, c'est la guerre. L'homme n'est à
prendre en considération que changé en cadavre», disait encore Orwell (1984).
«Si tout homme avait la possibilité d'assassiner
clandestinement et à distance, l'humanité disparaîtrait en quelques minutes.» ~ Milan Kundera
«Le but est de pousser les gens à se haïr mutuellement
et à ne penser qu'à eux-mêmes. Une société extrêmement égoïste, uniquement intéressée
par le gain personnel, ne peut conduire qu’à une destruction massive.» (– ?)
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