La
perception des businessmen est tout autre aujourd’hui. Le Cap Diamant changera
peut-être de nom (ce nom fut donné par dérision à la falaise sur laquelle est située
la citadelle de Québec car les premiers explorateurs croyaient y avoir trouvé
des diamants). On le baptisera Cap d’Or
Bitcoin – on n’arrête pas le progrès.
En
complément aux deux derniers articles au sujet de la haute technologie et de
ses conséquences environnementales.
Qui veut une
mine Bitcoin qui, en 2013, coûtait au minimum 150 000 $ par jour en
électricité? Nous sommes d’une naïveté
déconcertante.
Un article du Soleil, Thetford, ‘terre d’accueil’ du bitcoin?, nous apprend que les promoteurs de cryptomonnaies convoitent
plusieurs régions du Québec pour installer de grands entrepôts où loger leurs
monstres hyper énergivores. Mais, notre bon gouvernement sera ravi de pomper
nos ressources d’or bleu pour les
alimenter en hydroélectricité, à rabais bien sûr. Les maires des municipalités
visées sont à genoux devant cet or virtuel. Le coût environnemental est absurde, mais encore une fois, pourvu que ça
rapporte de minces dividendes et quelques emplois temporaires (pour la
construction des infrastructures), eh bien, l’environnement on s’en balance! Pitoyable.
On a beau vouloir être «zen», il est
impossible d’adhérer à la logique paradoxale des élus, notamment Justin Trudeau
quand il déclare sans sourciller : «nous allons réduire nos émissions de
gaz à effet de serre en augmentant la production de sable bitumineux». On aimerait
en rire, mais ce n’est pas drôle du tout.
À lire :
Trudeau’s
Orwellian logic: We reduce emissions by increasing them
MARK JACCARD
Special to The Globe and Mail | Published February 20,
2018
Prime Minister Justin Trudeau and Alberta Premier
Rachel Notley accuse B.C. Premier John Horgan of sabotaging Canada's climate
plan, making him responsible for our continued planet-threatening
greenhouse-gas emissions. But what exactly is Mr. Horgan's climate crime? He is
resisting the Trans Mountain pipeline expansion, a GHG-increasing fossil-fuel
project. George Orwell would have fun unpacking this black-is-white logic.
Revenons
à l’industrie du Bitcoin. Pour mieux comprendre ce
que signifie être une «terre d’accueil» pour l’industrie du Bitcoin, je
reprends ce passage de l’article précédent :
Il n’y a pas si longtemps nous ignorions à
peu près tout des répercussions géophysiques de ces technologies. Nous ne
savions pas que la somme de nos petits courriels lancés sur internet coûtait énormément cher en énergies sales. Or
nos appareils de communication magique
dévorent du charbon, du nucléaire, décapitent des montagnes, creusent
d’immenses trous et polluent les océans (câblage web sous-marin). Il est
désormais impossible de se soustraire à la tyrannique cyber-technologie car on nous l’impose dans tous les services
essentiels (gouvernement, banques, commerce, etc.) et inessentiels. On ne peut
pas dire que c’est intelligent, en
fait, c’est complètement fou!
Par exemple, l’opération de minage du Bitcoin, qui consiste à assembler des
transactions en «blocs», est contestée en raison de son importante consommation
électrique estimée en 2017 entre 29,05 et 30,14 TWh (un térawatt-heure = un
million de mégawatt-heure). Cette
consommation d'électricité est supérieure à la consommation individuelle de 19 pays
de l'Union européenne. Avec une puissance électrique de 3,4 GW, les mineurs
de Bitcoin consomment cinq fois plus d'énergie que celle produite par la plus
grosse ferme éolienne d'Europe, la London Array dans l'estuaire de la Tamise,
qui a une capacité installée de 630 MW. (Wikipédia)
Mine Bitcoin. Imaginez la surchauffe.
L’orgie numérique donne le vertige :
«Les data centers pompent autant
d’électricité qu’une petite ville, et les
serveurs pourraient chauffer des quartiers entiers. Des millions de kilomètres de câbles en cuivre
ou en fibres optiques transportent nos mails et nos téléchargements. Un
courrier électronique parcourt en moyenne 15,000 km entre deux ordinateurs, car
la ligne droite n’est pas le plus court chemin.
En une heure, les Terriens expédient aujourd’hui dix milliards d’emails
[ndlr : c’était en 2013, imaginez cinq ans plus tard!]. La consommation électrique que ce transport
induit représente la production de
15 centrales nucléaires pendant une heure. En équivalent-pétrole, le calcul amène à 4000 tonnes. De Google à
Apple en passant par Microsoft et les fournisseurs d’accès à Internet, ces
centres de données sont devenus de véritables points névralgiques. Avec la
sécurité, la consommation électrique est leur principal problème. [...] Aux
États-Unis, dans les montagnes Appalaches de Virginie Occidentale, plusieurs
géants d’Internet, comme Facebook, ont établi leurs quartiers pour être au plus
près de centrales thermiques, lesquelles creusent les sommets pour en extraire
le charbon dans des mines à ciel ouvert.»
Extrait de «Le côté sale du nuage» au sujet du
documentaire «Internet, la pollution
cachée».
Ou bien allez direct au
documentaire (suggestion : envoyez ce lien aux élus)
Thetford, «terre d’accueil» du bitcoin?
Jean-Michel
Genois Gagnon
Le Soleil
| 2 mars 2018
La région
de Thetford souhaite redonner vie aux défuntes installations de ses mines grâce
à la cryptomonnaie. Elle aspire à devenir «une terre d’accueil» pour cette
nouvelle industrie.
Comme plusieurs autres municipalités à
travers la province, comme Matane et Baie-Comeau, des responsables et des gens
d’affaires de l’endroit ont été approchés par des promoteurs au cours des
dernières semaines afin de développer des projets reliés à la technologie
blockchain.
«Ces fabricants de cryptomonnaies
recherchent des grands espaces disponibles immédiatement. La capacité
électrique est également un facteur-clé», avance Vicky Lachance, commissaire au
développement économique à la Société de développement économique de la région
de Thetford (SDE). «La popularité du bitcoin et des autres monnaies virtuelles
engendre une réelle demande pour occuper des usines et des entrepôts désaffectés»,
poursuit-elle, refusant de dévoiler le nom et la provenance des entreprises et
des groupes ayant cogné à sa porte.
Mme Lachance confirme toutefois au Soleil
que des visites ont bel et bien été réalisées. En termes de sites miniers, le
territoire de la MRC des Appalaches compte près d’une dizaine d’espaces
vacants.
Selon la SDE, le parc immobilier disponible pour attirer ces nouveaux joueurs
représente «une superficie de 15 terrains de football». Et l’ampleur des terrains
disponibles est d’environ 3500 hectares.
L’organisation indique également avoir eu
des discussions avec des gens de chez Hydro-Québec afin de s’assurer de pouvoir
répondre aux besoins énergétiques nécessaires.
«Nous progressons dans ces dossiers avec une
grande prudence», note Mme Lachance, ajoutant rechercher des locataires ou de
futurs acheteurs désirant s’y installer pour longtemps. «Dans un monde connexe,
il faut également préciser que le potentiel géothermique des anciennes mines
offre un avantage concurrentiel important en ce qui a trait à l’implantation de
centre de données, le chauffage de serres et le process industriel»,
poursuit-elle.
Une bonne idée
Rappelons
que durant plusieurs années, l’économie de cette région, située en Chaudière-Appalaches,
était principalement supportée par l’industrie minière. D’ailleurs, la dernière
mine d’amiante de Thetford Mines a cessé ses activités en 2011. Les
installations des mines sont toujours la propriété d’entreprises privées.
«Nous sommes ouverts à quelque chose de
sérieux. Cela pourrait être une option intéressante pour nous et pour la région
de Thetford Mines. Cela aiderait l’économie», indique le président des sociétés
Asbestos et Mazarin, John LeBoutillier. Ce dernier détient plusieurs installations
de mines. «Nous sommes prêts à regarder des projets intéressants. Toutefois, il faut faire attention avec la
cryptomonnaie. Il y a déjà eu des bulles financières par le passé», ajoute
l’homme d’affaires.
Parmi les installations qui ont été visitées
par différents promoteurs au cours des dernières semaines, on retrouve celles
de la mine Bell (Thetford), de la mine Normandie (Saint-Joseph-de-Coleraine) et
de la mine British-Canadian (Black Lake).
Par ailleurs, afin de démontrer l’engouement
pour cette nouvelle industrie qui est moussée par la valeur du bitcoin, au
cours des derniers jours, le maire de
Matane, Jérôme Landry, a confié avoir été sollicité par cinq investisseurs
anonymes afin d’ouvrir une mine de bitcoins, qui consiste à un entrepôt d’ordinateurs,
sur son territoire. C’est d’ailleurs
grâce à ces ordinateurs que les échanges de monnaies virtuelles sont possibles
à travers le monde.
Du
côté de Baie-Comeau, l’entreprise Bitfarms, qui opère déjà quatre mines de
bitcoins au Québec, soit à Farnham, à Saint-Hyacinthe, à Cowansville et à
Notre-Dame-de-Stanbridge, a démontré de l’intérêt pour y installer ses pénates.
Actuellement, Hydro-Québec suit de près le
phénomène. La société d’État envisage entre autres d’imposer des tarifs plus
élevés aux promoteurs de mines de cryptomonnaie.
Jeudi, un bitcoin valait environ 10 800 $.
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