20 mars 2018

La crasse sous les tapis rouges de la politique

Choquant, révoltant. Scandaleux n’est même pas à la hauteur.

Mais ce n’est pas du tout étonnant : 
«Et en effet, le bon sens vient aisément prouver
Et les faits confirmer sans conteste que les hommes
Ne sont pas tous menteurs; il en est qui sont morts.»
~ Ambrose Bierce (Le dictionnaire du Diable)

Sur la voie royale de la corruption.

SARKOZY

Sarkozy (lors d’une exposition sur le génocide rwandais)

Financement libyen de la campagne de 2007 : Nicolas Sarkozy en garde à vue

L’ancien président de la République est actuellement entendu dans les locaux de la police judiciaire à Nanterre sur les soupçons de financement illicite qui pèsent sur sa campagne victorieuse de 2007.
   En novembre 2016, en pleine primaire du parti Les Républicains, l’intermédiaire Ziad Takieddine avait affirmé avoir transporté 5 millions d’euros en liquide de Tripoli à Paris entre fin 2006 et début 2007 avant de les remettre à Claude Guéant puis à Nicolas Sarkozy, alors ministre de l’intérieur. Mis en examen depuis pour «complicité de corruption d’agent public étranger» et pour «complicité de détournements de fonds publics en Libye», ces propos venaient confirmer ceux tenus le 20 septembre 2012 par Abdallah Senoussi, l’ancien directeur du renseignement militaire du régime libyen devant le procureur général du Conseil national de transition libyen. (Le Monde)

TRUMP

“Smile ...as you go under”
Summit in Brussels, Belgium, May 25, 2017. REUTERS / Christian Hartmann

La Trump Organization sous le radar 

[...] Dans une interview au New York Times, en juillet 2017, Donald Trump avait estimé que l'élargissement de l'enquête de Robert Mueller à ses «finances familiales, sans rapport avec la Russie» constituerait une ligne rouge. «Je ne gagne pas d'argent avec la Russie», avait-il alors déclaré.
   Inculpations Robert Mueller a déjà porté des accusations contre plusieurs associés de Donald Trump ainsi que contre des ressortissants russes.
   Par exemple, l'ancien président de l'équipe de campagne, Paul Manafort, a été inculpé de blanchiment d'argent, fraude ou encore faux témoignages pour ses anciennes activités de lobbyiste international.
   Son associé et partenaire d’affaires de longue date, Rick Gates, a aussi été inculpé. Ils sont également accusés d'avoir dirigé une campagne secrète de lobbyisme à Washington au nom d'intérêts ukrainiens prorusses. Les deux hommes ont plaidé non coupables après les premières accusations déposées en octobre.
   La famille – L'enquête se rapproche donc inexorablement du milliardaire, après avoir déjà investi son premier cercle à la Maison-Blanche et ailleurs, notamment en s'intéressant aux affaires de son gendre et conseiller, Jared Kushner.
   Le nom de M. Kushner est apparu dans l'enquête du FBI sur une éventuelle coordination entre des membres de l'équipe de campagne de Donald Trump et la Russie. Jared Kushner a repris les rênes de l'entreprise familiale d'immobilier, dont certaines transactions se sont révélées hasardeuses, à l'image du rachat à un prix extravagant de la tour du 666 Cinquième Avenue à New York, en 2007. [...] (ICI Radio-Canada/nouvelles) 

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Triple bravo aux journalistes qui ont réalisé cette enquête – pratiquement des héros   puisqu’ils risquaient leur vie – voyez la note 1 et 2 de cet article :
https://situationplanetaire.blogspot.ca/2018/03/un-crime-politique-repugnant.html  

CAMBRIDGE ANALYTICA

Cambridge Analytica CEO filmed talking about using bribes, sex workers in political work | By Luis Sanchez - 03/19/18 03:28 PM EDT

The CEO of the British data firm Cambridge Analytica was filmed saying that his firm used bribes and sex workers to trap politicians in compromising situations, an undercover investigation by Channel 4 News in London reported Monday.
   Channel 4 reports that over a four-month undercover investigation, it discovered that Cambridge Analytica has secretly worked to influence more than 200 elections all over the world, sometimes using sub-contractors or a web of secretive front companies.
   Alexander Nix, the company's chief executive, in one exchange talks about sending "some girls around to the candidate's house" in order to dig up dirt on political opponents.
   Nix did not appear to know he was being filmed when he made the statements at what Channel 4 said were a series of hotel meetings. The news organization said its reporter posed as the representative of a client hoping to get candidates elected in Sri Lanka.
   In another exchange, he speaks of how "we'll offer a large amount of money to the candidate, to finance his campaign in exchange for land for instance, we’ll have the whole thing recorded, we’ll blank out the face of our guy and we post it on the internet.”



 
LES PARADIS FISCAUX EXPLIQUÉS À TRAVERS LA FICTION CINÉMATOGRAPHIQUE 

Paradis fiscaux: «On ne se rend pas au bordel pour y lire la Bible» ~ Alain Denault

En faisant transiter des profits vers des sociétés basées à l’étranger, comme aux Bermudes, aux îles Caïmans ou dans d’autres paradis fiscaux, les multinationales parviennent à réduire leurs impôts dans les pays où elles font des affaires.
(Paradise Papers, Enquête)

Le court-métrage fait allusion à Sarkozy, mais aussi à nos élus «locaux» : Brian Mulroney (des avoirs en liquide reçus de Karl Schreiber via une banque Suisse, Mulroney était aussi membre du conseil d’administration de Said Holdings incorporé aux Bermudes et il a servi d’intermédiaire dans un contrat militaire controversé entre la Grande-Bretagne et l’Arabie saoudite); Philippe Couillard (tentait de conjuguer transparence et secrets bancaires – il a longtemps possédé un compte dans un paradis fiscal de l’île de Jersey ouvert lorsqu’il travaillait en Arabie saoudite); Paul Martin (enquête de la GRC sur l’entreprise Canada Steamship Lines dont il était l’unique actionnaire), Arthur Porter (retracé à Nassau, l’ancien directeur du centre universitaire de santé de l’université McGill était soupçonné d'avoir reçu 22 millions de dollars de SNC Lavalin qui voulait obtenir le contrat de construction de l’établissement)...  

Paradis Fiscaux : «Je ne savais pas que je savais»

Un film de 23 minutes réalisé par Alexandre Gingras en collaboration avec Alain Deneault (d’après son essai Offshore, Paradis fiscaux et souveraineté criminelle)

Un appel à une mobilisation publique contre les législations de complaisance.

Présentation :

C'est l'histoire d'un signe qui ne trompe pas : depuis des décennies, les fictions cinématographiques produites à Hollywood, tout comme de nombreuses bandes dessinées belges ou les romans de gare publiés à New York ou à Paris, sans parler de productions autres, inscrivent les paradis fiscaux dans leurs intrigues.

Pourquoi? Rarement pour informer le public de leur réalité et encore moins pour le mobiliser politiquement sur cette question, mais parce que ceux et celles à qui sont destinées ces oeuvres sont eux-mêmes intuitivement conscients du phénomène et requièrent qu’il en soit fait état dans les intrigues. Par souci de vraisemblance, il faut faire état de l'existence des paradis fiscaux dans les scenarii, sans quoi les spectateurs, à raison, ne les prendraient pas au sérieux ou perdraient tout simplement le fil.
   Comment croire en la pertinence d’une histoire qui relate les tribulations d’un responsable politique corrompu, d’un baron de la drogue, d’une trafiquante de matières dangereuses ou d’un vendeur d’armes si ces personnages ne recourent pas aux paradis fiscaux et autres législations de complaisance?
   Ces productions esthétiques de qualité diverses sont le révélateur d’un état de conscience. "Paradis fiscaux : Je ne savais pas que je savais" se présente comme une invitation à en tenir compte afin que soit engagée sans ambages, mais cette fois sur un mode critique et politique, une mobilisation publique contre les législations de complaisance et les nombreux torts qu'elles occasionnent.


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