When enough
is enough justice comes.
«Quand des hommes brisent des vies, la moindre des choses est de briser le silence.»
~ Guillaume
Wagner (humoriste)
Bien trouvé ce slogan : ‘Pour que la honte change de camp’
Le mot-clic dit tout : #balancetonporc
~~~
Selon le code pénal français :
Se prétendre victime de propos tendancieux ne suffit pas toujours à obtenir réparation. Les juridictions du travail appréhendent désormais le contexte dans lequel les actes se sont déroulés. Sont considérées comme des situations de harcèlement sexuel :
– une «personne qui impose à plusieurs
reprises des propos ou des gestes sexistes, homophobes, ou obscènes»;
– une «personne qui importune quotidiennement
son collègue de travail en lui adressant des messages ou objets à connotation
sexuelle malgré sa demande de cesser»;
– le «propriétaire d'un logement, examinateur
d'un concours ou employeur qui exigent une relation sexuelle en échange de la
signature d'un contrat de bail, de la réussite d'un examen ou d'une embauche».
La
qualification de harcèlement sexuel ne nécessite pas la répétition
d'agissements : un fait unique peut suffire à qualifier un acte comme constituant
un harcèlement sexuel.
Toutefois,
un contexte de familiarité réciproque pourrait annihiler les faits de
harcèlement. Ainsi, si la personne accusée peut prouver que son accusateur a
également eu des comportements familiers, voire évocateurs, à son égard, le
harcèlement peut ne pas être reconnu. Exemple : on ne pouvait pas reprocher à
l'accusé, un employé, d'avoir embrassé sa collaboratrice, puisque ces
agissements «s'inscrivaient dans le cadre de relation de familiarité réciproque».
En effet, la personne ayant porté plainte envoyait à l'accusé des mails
ponctués de formules affectueuses.
Ainsi, lorsqu'on estime être victime de
harcèlement, il est primordial de ne donner à l'agresseur aucun signe pouvant
être interprété comme évocateur ou encourageant. La clarté du comportement de
la victime détermine la suite donnée à la plainte.
Joanne
Bagshaw Ph.D. https://www.psychologytoday.com/ :
Le mot-clic #metoo est devenu viral, et beaucoup de RSS
Facebook ont été inondés de messages de femmes pour la plupart bien accueillis,
mais souvent avec étonnement. Je trouve surprenant que les gens soient surpris
de voir le nombre de femmes qui subissent des agressions sexuelles. Est-ce
vraiment surprenant? Une femme sur cinq est agressée au cours de sa vie de tous
les jours, la plupart du temps par quelqu’un de son entourage, ce qui signifie
qu'au moins une femme de votre famille, plusieurs filles de votre classe et
plusieurs femmes de votre milieu de travail ont été agressées sexuellement. Comment
se fait-il que nous n’en savons pas plus sur la vie des femmes?
Le
harcèlement sexuel peut être plus difficile à prouver. De plus, les
femmes sont confrontées à une double contrainte : leurs histoires ne sont pas
crues, mais elles sont blâmées si elles ne les rapportent pas.
~~~
Alors que
les empires d’Éric Salvail et de Gibert Rozon implosent sous leurs yeux,
Rose-Aimée Automne T. Morin, une ancienne employée des deux géants, nous
explique pourquoi elle a choisi de se taire. Même si elle voyait bien ce qui se
passait. Comme tout le monde.
J’ai travaillé pour Éric Salvail et Gilbert Rozon. Voici pourquoi je n’ai rien dit.
Par Rose-Aimée Morin | URBANIA | 19
octobre 2017
Salut,
Je suis
ici pour présenter mes excuses.
J’ai
souvent souligné l’importance de la dénonciation. Je vous ai encouragés à
parler, j’ai maudit le backlash que subissent les victimes qui prennent parole
et je nous ai invités à collectivement nous fâcher contre la culture du viol et
ses acteurs. Pourtant, j’ai travaillé pour Éric Salvail pendant trois ans et,
alors que j’étais régulièrement témoin de scènes répréhensibles telles que
citées dans l’enquête de La Presse, je n’ai pas dit un mot.
Je n’ai
absolument pas été à la hauteur de ce que je prêche. J’ai failli à mes valeurs,
comme plusieurs personnalités du milieu médiatique.
[...]
Après
Salvail, j’ai travaillé pour Gilbert Rozon. La seule fois où je l’ai croisé sur
un plateau, il m’a chuchoté à l’oreille qu’il aimerait regarder sous ma jupe,
convaincu que ce qu’il y avait là était très beau. Je n’ai rien dit
publiquement, parce que rendue-là, j’avais l’impression que c’était normal,
pour un boss, d’être complètement déplacé. De mettre le sexe au cœur de ses
relations de travail.
Mais c’est terminé. La digue a lâché. Le
courage de celles et ceux qui parlent enclenche déjà une transformation. On ne
pourra plus rester de marbre devant le comportement de ceux que le pouvoir rend
malveillants de la sorte. J’imagine avec délectation certains décideurs
trembler devant la vague de dénonciations et de conscientisation qui happe
présentement l’Amérique.
[...]
~~~
Être victime ou non
Par Michelle Larivey, psychologue (1944-2004)
La lettre du psy* | Ressources en Développement | Mai 2003
Qu'est-ce qui fait que certaines personnes sont
une cible facile pour ceux qui veulent abuser d'elles? Quel est le jeu de
forces et l'interaction pernicieuse qui s'établissent entre le «souffre-douleur»
et son «bourreau»? Pourquoi ces personnes tolèrent-elles cette injustice et
sont-elles incapables de se défendre? Il est possible d'agir sur la situation
et même d'abandonner définitivement l’attitude de «victime consentante».
Tout le
monde peut se trouver en position de victime. On peut être victime d’un
accident, d’un acte terroriste, d’une erreur judiciaire, d’agression physique
ou psychologique... Essentiellement on appelle victime quelqu’un qui «subit» un
tourment infligé contre sa volonté.
Dans une
situation donnée, certaines personnes ont naturellement tendance à devenir des
victimes car elles n’ont pas les moyens
de se défendre contre l’agression qui leur est infligée. C’est le cas de
toute personne vulnérable physiquement ou psychiquement, comme les enfants, les
vieillards, les malades, les déficients mentaux. Mais c’est aussi le cas de
ceux qui, par leur attitude, prêtent le flanc aux abus.
On
pourrait dire que, par définition, la
victime n’est aucunement responsable de son sort. Elle pâtit d’un acte qui
lui vient de l’extérieur : l’action d’une autre personne ou un «acte de Dieu»
comme on désigne souvent les cataclysmes naturels. Dans beaucoup de cas, en
effet, la victime n’y est pour rien dans ce qui lui arrive. Mais il arrive
aussi assez souvent qu’elle participe à ce qu’on lui fait subir.
Il n’y a
pas matière à nous inquiéter s’il nous est déjà arrivé d’être la victime de
quelqu’un ou d’un système, surtout si nous avons compris comment cela a pu
arriver et si nous avons tiré les leçons de cette expérience. Mais si nous
sommes souvent dans une telle
situation, il est justifié de croire que nous avons un grave problème. Il est
alors urgent de comprendre comment nous contribuons au mauvais traitement qui
nous est infligé et d’apprendre à nous sortir de ce scénario autodestructeur.
Pourquoi
accepte-t-on d’être une victime?
La
situation actuelle
Parce qu’elles n’osent pas réagir ouvertement, les
«victimes» n’ont jamais l’occasion de
déceler la peur qui caractérise ceux qui s’acharnent sur les gens sans
défenses. Elles n’ont jamais l’occasion de voir que leurs «bourreaux»
tout-puissants sont trop timorés pour perpétrer leur agression ouvertement.
Cette ignorance contribue à les maintenir dans leur attitude passive et leur
position de victime.
Mais
même si elles pouvaient percevoir cette faiblesse chez leur agresseur, elles
resteraient souvent incapables de se défendre. Il leur manquerait encore le respect de soi; seul ingrédient
capable de les inciter à exiger le respect des autres. En effet, pour commander
le respect, il faut d’abord s’aimer soi-même, se considérer comme une «personne valable» qui mérite d’être
traitée comme telle. Et pour cela, il ne suffit pas de s’estimer au plan
professionnel. L’assurance de sa compétence ne donne pas nécessairement le
sentiment d’être valable en tant que personne. C’est d’une estime de soi
beaucoup plus vaste qu’il s’agit ici.
Il faut
souligner aussi que les victimes qui se laissent maltraiter sans réagir ont
tendance à s’imaginer que les autres fonctionnent à partir des mêmes principes
qu’elles. Comme il s’agit généralement de «bonnes personnes» qui accordent de
l’importance au respect de l’autre et qui évitent d’en abuser, elles
s’attendent à ce que leur agresseur se restreigne lui-même, au nom des mêmes
valeurs. Par peur de la confrontation qui en résulterait, elles refusent de
constater que ce sont d’autres règles du
jeu qui s’appliquent.
En résumé
on peut donc dire que chacun put devenir victime par accident mais qu’il faut
un comportement particulier pour le demeurer. Il faut un aveuglement nourri par
la peur de réagir ouvertement, un manque important dans l’estime de soi et une
naïveté volontaire sur les motifs des autres. Et comme la position de victime
entretient le manque d’estime de soi en nous maintenant dans une passivité
humiliante devant les affronts, il est plus difficile d’en sortir si on y est
resté plus longtemps.
Les
origines de la faible estime de soi
Pour que le rôle de victime devienne une situation
durable, il faut donc un terrain
favorable : il faut une faiblesse importante dans le respect de la personne
pour elle-même. C’est cette déficience qui ouvre la porte aux abus répétés.
Examinons plus précisément les deux principaux facteurs qui sont à l’origine de
cette vulnérabilité.
La famille
Au départ, le respect de soi s’appuie avant tout
sur le respect que nos parents ont
manifesté pour l’être que nous sommes, avec notre personnalité, nos
qualités propres et nos aspirations particulières. Si nos parents nous ont
considéré et traité comme un être valable, nous avons tendance à adopter la
même attitude envers nous-mêmes.
La femme battue a appris, au contact de ses
parents, qu’elle méritait d’être traitée avec brutalité. Depuis cette époque,
elle n’a pas développé suffisamment son estime d’elle-même pour considérer
comme insupportable d’être ainsi traitée par son mari et mettre fin à ces abus.
La
personne qui se laisse aujourd’hui dénigrer sans se révolter a
vraisemblablement été traitée de façon analogue dans sa famille. C’est là
qu’elle a appris qu’il était «normal» qu’on lui fasse cela. C’est sa perception
d’elle-même qu’elle devra changer pour cesser de tolérer ce type de mépris.
Le manque
d’estime de soi
Mais l’influence de la famille est loin de tout
expliquer. En effet, chacun de nous est
responsable de continuer son développement psychique tout au long de sa
vie. C’est une loi de la nature qui s’applique à tous les êtres vivants. Chez
les humains, grâce à des fonctions mentales et psychiques plus évoluées, cette
responsabilité inclut la possibilité de
corriger la plupart des «mauvais plis» acquis pendant la première
éducation. Quelque soit le rapport que nos parents ont entretenu avec nous il
nous faut «mériter» notre propre respect.
Au-delà
du respect dû à un être humain comme créature vivante, il y a celui qui découle
de sa valeur comme personne. Or chacun d’entre nous faisons continuellement une
«évaluation» de notre valeur «en tant que personne». Nos critères d’évaluation
sont individuels; ils sont les reflets de notre propre échelle de valeurs.
C’est le résultat de cette évaluation qu’on désigne en parlant de «l’estime de
soi». Celle-ci varie continuellement selon la façon dont nous respectons nos
propres valeurs.
Le
respect de soi est proportionnel à cette estime de soi. C’est parce que nous
nous estimons que nous tenons à nous respecter. Tout comme l’amour qu’on porte
à un autre est empreint de l’estime qu’on lui porte, l’estime de soi est un des
ingrédients importants de l’amour de soi.
L’estime
de soi se gagne essentiellement en étant «fidèle»
à ce qui est important pour nous, c’est à dire en vivant selon nos valeurs
et en prenant les risques nécessaires pour réaliser nos aspirations. L’estime
de soi est donc la fierté particulière que nous tirons de ces façons d’agir.
C’est pour cette raison que l’estime de soi ne peut être transmise à quelqu’un
d’autre; elle doit absolument être gagnée par chacun pour lui-même.
Comment
sortir du rôle de victime consentante?
On pourrait dire, en simplifiant beaucoup, qu’il
suffit, pour en sortir, de cesser de
consentir. C’est en partie vrai parce que la situation commence à changer
dès que la victime n’accepte plus de se laisser utiliser ainsi. Mais, comme
pour tous les changements importants dans notre comportement, celui-ci s’appuie
sur nos attitudes. Et, nous le savons bien, il n’est jamais facile de changer nos attitudes.
[...]
La
conviction d’un abus
Bien souvent, la victime est incapable d’affirmer que son attaquant dépasse vraiment les bornes.
Son respect pour elle-même est trop déficient pour en arriver à porter un tel
jugement. Elle sait bien qu’elle souffre de la situation, mais n’a pas la
sécurité nécessaire pour décider qu’on abuse de sa patience, de sa tolérance,
de sa passivité ou de sa faiblesse. Il lui semble presque normal d’être ainsi
traitée.
Pour
cette raison, il est important qu’elle obtienne de l’aide. Il lui faut le support et le jugement de quelqu’un
d’autre pour évaluer correctement la situation et pour trouver les moyens
de se défendre.
Les
organismes d’entraide jouent souvent ces rôles auprès des victimes qui
s’adressent à eux. Ils sont en mesure de porter un jugement plus objectif sur
la situation (en compensant pour l’aveuglement de la victime) et connaissent
bien les ressources disponibles et les moyens à utiliser. Un psychothérapeute
peut aussi être utile à cet égard, mais l’essentiel de sa contribution se situe
plutôt dans le secteur de l’estime de soi et de la peur de s’affirmer.
Cesser de
vouloir éviter le pire
Typiquement, les personnes qui sont choisies comme
victimes ont tendance à rechercher la
sécurité avant tout de peur que la situation s’envenime. C’est une des
raisons principales qui amènent leur bourreau à les «adopter» comme
souffre-douleur, comme bouc émissaire ou comme faire-valoir.
– Je ne vais pas essayer de l’arrêter de me
bousculer, il va me tabasser encore plus fort.
– Si je dénonce son traitement, si je
proteste, si j’argumente... ce sera pire.
– Si j’informe le supérieur de mon patron, je
risque de perdre ma place.
Tout «harceleur» connaît bien ce scénario et peut
le prévoir assez facilement. Il sait reconnaître les personnes qui choisissent
ce mutisme comme méthode de protection et sait s’en servir pour asseoir son
pouvoir. Il sait qu’il peut toujours compter sur cette inhibition pour aller
aussi loin qu’il le désire dans son attaque abusive, qu’il ne rencontrera aucune résistance réelle. Pour des
raisons morbides qui lui sont propres, il accueille à bras ouvert cette
opportunité que lui présente sa victime.
Cette
dernière s’illusionne en croyant avoir adopté la meilleure stratégie pour se
protéger. La victime se met elle-même gravement en danger en croyant éviter le
pire. Elle invite à tous les abus,
elle pousse son «bourreau» à vérifier dans l’action jusqu’où il peut aller
impunément. Mais, pire encore, elle se
condamne à se mépriser elle-même de ses compromis et de sa lâcheté devant
les gestes qu’elle désapprouve parce qu’ils sont contraires à ses valeurs.
C’est sa survie psychique qui devient alors le principal enjeu. Quelques
ecchymoses de plus, quelques reproches supplémentaires, quelques mois de plus
dans un emploi où on est misérable valent-ils un tel sacrifice? Il est bien
rare que la vraie réponse soit affirmative; seule la peur d’une victime
consentante peut faire croire qu’il s’agit d’un prix raisonnable à payer.
Conclusion
Pour sortir du rôle de victime consentante, il
faut entreprendre un cheminement qui touche plusieurs de nos attitudes
profondes. Mais pour que cette démarche soit efficace, il faut aussi passer à
l’action, poser des gestes concrets qui
changent la situation et brisent le cercle vicieux dans lequel la relation
avec le bourreau s’est développée.
Essentiellement,
ces actions consistent à se défendre.
Il s’agit de prendre position
ouvertement pour refuser les traitements abusifs et d’aller jusqu’au bout de
cette défense, même si on n’obtient pas tous les résultats désirés. S’il
arrive qu’on choisisse de renoncer en cours de route, il est important de le
faire en sachant que ce recul aura des conséquences néfastes et qu’il faudra y
pallier par une aide psychothérapique. Autrement, il ne resterait alors aucune
autre solution que de chercher à oublier, en se condamnant à l’angoisse
permanente qui accompagne toujours cette solution et aux complications
supplémentaires qui viennent s’y ajouter tôt ou tard.
Et
lorsqu’on parvient à en sortir, il ne faut pas oublier de travailler à
rehausser son estime de soi et son amour de soi. C’est seulement grâce aux
résultats de ce travail qu’on pourra éviter de retomber dans ce piège
destructeur. Il faut souvent une aide extérieure pour compléter cet important
travail de reconstruction personnelle.
* Article intégral incluant exemples de cas http://www.redpsy.com/infopsy/victime.html
Aucun commentaire:
Publier un commentaire