Il y a longtemps que je n’ai pas mis les
pieds aux États-Unis, et je n’ai pas l’intention d’y retourner de sitôt... pas
envie de me retrouver au mauvais resto au mauvais moment. Suggestion d’articles
sur la santé mentale de Donald Trump et les armes à feu (1).
Route 666
Par Serge
Bouchard
Cet été, je ne suis pas allé aux États-Unis. C’est pourtant chez moi une vieille habitude. Depuis 50 ans, j’ai tellement roulé ma bosse au sud de la frontière que j’ai fini par avoir la gueule d’un «chauffeur US», la silhouette de ces camionneurs québécois qui s’enivrent d’interstates et de truck stops, promenant leur belle machine entre Sainte-Foy et Santa Fe. Cent fois je suis parti, 100 fois je me suis plongé dans l’histoire de tous ces lieux, heureux comme un enfant qui en apprend toujours un peu plus, un site historique à la fois. Je crois bien avoir roulé dans tous les espaces américains, de la magnifique Chicago jusqu’à Flagstaff, de Tallahassee jusqu’à Anchorage, de El Paso à Omaha, de Charlottesville jusqu’à Bâton Rouge. À chacun de mes voyages, je me suis étonné de tous les paysages et me suis nourri à tous les récits. Mais à l’aube de ma vieillesse, force est d’admettre que l’Amérique de Trump sera venue à bout de mon émerveillement. Si j’ai évité les routes américaines cet été, ce n’est pas à cause de la valeur de notre dollar. C’est que, soudainement, elles avaient perdu de leur charme, comme si elles menaient toutes à des culs-de-sac.
L’élection
de cet étrange personnage qu’est Donald Trump nous apparaît encore et encore
telle une mauvaise surprise. Comment les Américains ont-ils pu tomber si bas ?
Depuis
des mois, nous allons de farces en étonnements divers. L’imbécile a pollué la
planète politique, déshonorant son pays, un jour après l’autre. Mais le pire,
ce sont les effets pervers de ses messages. Les paroles irresponsables de
Donald Trump ont fini par libérer la Bête. Elles ont laissé refleurir la
théorie d’un grand complot. Le reste coule de source. Néonazisme, suprématie
blanche, fascisme extrême, clan, Meute, chevalier de la patrie, le sol, le
sang, le mythe, la croisade; les mots veulent dire quelque chose et, à la fin,
ils en disent plus qu’ils ne le voudraient. C’est comme si la pensée et les
images s’emballaient, allant jusqu’à donner aux mots des résonnances que l’on
doit qualifier d’effrayantes. La croix de feu, la croix gammée, les emblèmes
mortifères; toutes ces expressions finissent par avoir un uniforme, une
couleur, le noir de l’intimidation, la tête de la mort.
Rien ne
se perd, tout se recycle, de la vieille photo d’Hitler jusqu’à son infâme
svastika, et jusqu’aux peurs qu’il n’a jamais cessé de créer. Il faut se pincer
pour réaliser que, aux États-Unis, le KKK enfile encore son costume pathétique,
qu’il recrute des membres et reprend du service. Ils ne sont peut-être pas
nombreux, ces misérables, ou peut-être le sont-ils; il n’empêche que ce poison
est si virulent qu’un seul scorpion est un scorpion de trop. Le mal n’était pas
mort, il était simplement tapi, comme une bactérie qui vit à la surface de
notre peau en attendant l’heure de pénétrer dans notre corps pour mieux
l’envahir en profondeur. Inflammation, douleur, prolifération, contagion, le
discours haineux du raciste ordinaire est comme du pus qui s’écoule de l’abcès.
Ce pus, c’est la bêtise pure; une bêtise qui suinte, qui fait son chemin en
suivant la pente des pires penchants humains.
Non, cet
été, j’ai évité les grandes routes américaines comme on se tient à distance
d’un foyer d’infection. Je n’aurais pas vu de la même manière ces camions
sudistes roulant sur les autoroutes, arborant fièrement le drapeau des
confédérés. J’aurais vu d’un mauvais œil ces monuments élevant sur un piédestal
des individus abjects. J’aurais été mal à l’aise de simplement séjourner dans
cet air empoisonné par tant d’insanités ordinaires.
Il a été
dit que la vraie démocratie repose sur une bonne éducation des citoyens. Or, il
est là l’échec; il est là, l’abcès. Le président des États-Unis personnifie
l’esprit simple; il glorifie l’ignorance. Donald Trump est un être mal élevé;
il est l’illustration parfaite de l’inculture. Il ne lit pas; il n’a jamais lu.
Ignare, il est le champion de tous ceux qui ne connaissent pas leur géographie,
leur propre histoire; des gens qui méprisent les principes élémentaires de la
morale, de la philosophie, de la science et qui ne savent rien de ce que cela
veut dire, être un humain.
Il s’en
faudrait de peu pour que la route 66, légendaire et inspirante, soit rebaptisée
la route 666 – eh oui, le chiffre du diable. Bien goudronnée, sulfureuse, elle
deviendrait officiellement la grande avenue des défilés fascistes. Imaginez
l’effet, monsieur Trump : les casques de fer, le bruit des bottes, la boucane
noire des moteurs brûlants… Comme quoi les temps changent rapidement; le climat
aussi qui échauffe jusqu’aux mauvais esprits.
Notes de
terrain | 05/10/2017 http://quebecscience.qc.ca/accueil
Serge
Bouchard est anthropologue, écrivain et animateur à la radio; il anime avec
Jean-Philippe Pleau (sociologue) l’émission C’est
fou... diffusée sur ICI Radio-Canada Première. http://ici.radio-canada.ca/premiere/emissions/C-est-fou
Citation du jour
«La réalité est prise d'assaut. La confusion verbale règne. La vérité et l'illusion ont fusionné. Ce chaos mental nous empêche de comprendre ce qui se passe. Nous nous sentons piégés dans une galerie de miroirs. On répond aux mensonges par d'autres mensonges. On riposte au rationnel par l'irrationnel. La dissonance cognitive prévaut. Nous ressentons une honte inquiétante et même de la culpabilité.
Des
dizaines de millions d'Américains, en particulier les femmes, les travailleurs
sans papiers, les musulmans et les afro-américains, vivent l'anxiété aiguë d’être
poursuivis par un prédateur. Tout ceci est une tactique. Les démagogues
infectent toujours les gouvernés avec leur propre psychose.»
~ Chris Hedges (‘American Psychosis’, January
30, 2017)
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(1) Compléments.
(1) Compléments.
Worried
About Trump’s Mental Stability? The Worst Is Yet to Come.
Mehdi Hasan
The Intercept | October 7, 2017
Is Donald
Trump psychologically unstable and unfit for office? Does the president of
the United States have a dangerous mental illness of some shape or form?
Ask the
experts.
In a new book published this week, “The Dangerous Case of Donald Trump,” a
group of 27 psychiatrists and mental health experts warn that “anyone as
mentally unstable as this man should not be entrusted with the
life-and-death-powers of the presidency.” Seemingly in defiance of the American
Psychiatric Association’s “Goldwater rule,” which states “it is unethical for a
psychiatrist to offer a professional opinion [on a public figure] unless he or
she has conducted an examination and has been granted proper authorization for
such a statement,” the various and very eminent contributors paint a picture of
a president who has “proven himself unfit for duty.”
“The Dangerous Case Of Donald Trump” was conceived of
and edited by Professor Bandy Lee, a forensic psychiatrist on the faculty of
Yale School of Medicine, who writes of her profession’s moral and civic “duty
to warn” the American public about the threat posed by their volatile, erratic
and thin-skinned president.
A Sick Country Filled With Guns
Jeremy Scahill
The Intercept | October 7, 2017
We live
in a sick country. A country where it’s legal for someone to purchase
30 assault weapons and unlimited ammunition, weapons that really only have one
purpose: to hunt and kill other human beings. A country where a cabal of
high-powered lobbyists, bought-off politicians, and gun manufacturers profits
off of massacres, where the meaning of the Second Amendment has been twisted so
intensely that it no longer matters why it was written or what it was actually
intended for.
None of what most politicians and TV pundits offer up
in the aftermath of these killings is going to do anything to solve the real
issue: We are a nation filled to the brim with guns, including assault weapons
that are actually meant for assaulting people. Not for hunting. Not for sport,
unless your sport is murder.
Las Vegas Terrorist Attack: Every Outing Is A Roll Of The Dice
Linda Sharp
Don’t Get Me Started | October 2, 2017
These days, we have seen repeatedly that no place
is safe, no outing is less of a gamble than another. Concert, movie night, company party, school
classroom, boring day at the office, worshipping in church – guns, and the
creatures firing them, have stolen innocent lives everywhere.
Yes, this country and all her cheerleaders who have their asses in knots about sports players kneeling during the anthem; all the Bible huggers and churchgoers who insist we are a Christian nation; all those patriots who cry about disrespecting the flag; all the idiots I see defending the overt bigotry and negligence of the man they installed in the White House – have empty souls. There is rhetoric aplenty, but no real humanity attached to it. We have "patriots" who have no idea what is even contained in the Constitution. And we have gun owners who willingly ignore the body counts, rationalizing them away just so no one comes near their personal cache of weapons.
‘We will
keep coming back:’ Richard Spencer leads another torchlight march in
Charlottesville
Susan Svrluga
Washington Post | October 7, 2016
Richard Spencer, who in August led white nationalists
and white supremacists in a torchlight march across the University of Virginia
campus that touched off a weekend of deadly clashes, returned Saturday night to
Charlottesville.
Spencer, a white nationalist, posted video on social
media of followers carrying torches to the statue of Robert E. Lee, which the
city has sought to remove.
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