La maîtrise mentale n’a rien à voir avec la
morale ou un quelconque puritanisme mais avec le respect d’autrui; et ça
s’apprend. Le corps n’est pas un objet ni un sac de viande dont les autres
peuvent disposer à leur guise sans le consentement de son propriétaire.
Quant aux poursuites au civil ou au
criminel, le présumé coupable étant innocent jusqu’à preuve du contraire, en l’absence
de preuves bétonnées (témoins prêts à parler, photographies), c’est la parole
de l’un contre l’autre (1). Pour ajouter
à l’injure, la procédure est généralement plus humiliante pour la victime que
pour le présumé coupable, c’est le monde à l’envers.
Aux amateurs
d’inconduite sexuelle : maîtrisez
votre libido, gardez les mains dans vos poches, et vos génitaux dans le Ziplock
(zipper bag).
Selon
M. Angelo Dos Santos Soares, professeur titulaire au Département d’organisation et
ressources humaines de l’UQAM et spécialiste des questions de violence et de
harcèlement au travail, le milieu du cinéma est loin d’être le seul où le
harcèlement a cours. «Malheureusement, c’est beaucoup plus répandu [que cela]»,
dit-il.
Pour éviter que cela ne se produise, le
professeur est d'avis que toutes les organisations devraient adopter des
politiques pour chacune des formes de violence qui peuvent se manifester au
travail, que ce soit la violence psychologique, l’intimidation, le harcèlement
sexuel ou les agressions à proprement parler. «Il faut informer les gens pour
qu’ils comprennent que ce genre de geste n’est pas acceptable. Il faut les
informer dès qu’on a une politique pour qu’ils sachent qu’on ne va pas tolérer
[ces comportements]», explique-t-il. (ICI Radio Canada Info)
Il faudra
éduquer, jeunes et adultes, enseigner l’anatomie et les
fonctions des organes pour les remettre à leur juste place, et ajouter un cœur
entre les génitaux et le cerveau.
À la suite de l'affaire Weinstein, les
allégations et les dénonciations tombent comme au jeu de dominos. Il est temps
que le furoncle se vide, que les obscènes prédateurs sexuels et promoteurs de pornographie
débarquent du podium. "Si le prêt d'argent est le plus vieux métier du monde et la prostitution le deuxième, alors la pornographie est le troisième." (Roger Jon Ellory, Les Anges de New York)
Deux articles extrêmement intéressants au sujet des impacts de la pornographie sur la société. David Simon, dans sa série The Deuce, s’attarde au profil américain, mais le pattern est planétaire.
Deux articles extrêmement intéressants au sujet des impacts de la pornographie sur la société. David Simon, dans sa série The Deuce, s’attarde au profil américain, mais le pattern est planétaire.
David
Simon: ‘If you’re not consuming porn, you’re still consuming its logic’
Alongside longtime collaborator George Pelecanos, The
Wire’s creator talks about their new TV drama, The Deuce, which examines porn’s impact on US society
Simon is animated by the perpetual struggle between
capital and labour and believes that, after the ravages of Ronald Reagan,
Margaret Thatcher and globalisation, and the anti-establishment anger that
produced Donald Trump and Brexit, the argument for unions and collective
bargaining is as vital as ever. Which brought him to The Deuce, his ambitious new HBO series charting the rise of the
porn industry in 1970s New York. [...]
Simon
continues: “There was always a market for prostitution, and even pornography
existed below the counter in a brown paper bag, but there wasn’t an industry;
that had yet to find its full breadth in terms of the American culture and
economy, but we all know what was coming.
“It’s now a
multibillion dollar industry and it affects the way we sell everything from
beer to cars to blue jeans. The vernacular of pornography is now embedded in
our culture. Even if you’re not consuming pornography, you’re consuming its
logic. Madison Avenue has seen to that.”
“I think the
culture’s changed because of the way women are depicted in popular culture.
Pornography’s a big part of that. You can say nobody’s getting hurt, it’s just
a masturbation fantasy and all that stuff, but these women are trafficked,
man.” (George Pelecanos)
David Smith, Sunday 10 September 2017 | The Guardian
The new
normal: why television has chosen to humanize sex workers
Shows about gigolos, high-class escorts and porn stars
hint at a new wave of small-screen attempts to offer an introspective look at
the sex industry
The proliferation of pornography in the modern age has
normalized both the act of sex and the choice to make it one’s primary
profession. Almost all but the most conservative would agree that there is no
longer any shame in selling one’s body for money, presumably because there are
more opportunities than ever to do so. Sex is a hot (pun unfortunately intended)
commodity – a ceaseless supply must therefore exist in order to keep up with
demand.
Megan Koester, Monday 14 November 2016 | The Guardian
Pour
éclairer notre lanterne : quelques extraits tirés du livre Femmes sous emprise de la psychiatre Marie-France Hirigoyen.
La violence sexuelle
C’est la
forme de violence dont les femmes ont le plus de mal à parler et pourtant elle
est très souvent présente. La violence sexuelle comprend un spectre très large
allant du harcèlement sexuel à l’exploitation sexuelle, en passant par le viol.
Ce peut être obliger quelqu’un à des
activités sexuelles dangereuses ou dégradantes, à des mises en scène
déplaisantes, mais le plus souvent il s’agit simplement d’obliger une personne
à une relation sexuelle non désirée, soit par la suggestion (tu es bien pudibonde!),
soit par la menace. [...] Les violences sexuelles peuvent être à l’origine de
traumatismes pelviens ou de transmission de maladies sexuellement
transmissibles; dans un tel contexte, les femmes ne sont pas en position
d’exiger un préservatif.
Beaucoup
de femmes acceptent des rapports sexuels qu’elles ne désirent pas, simplement
pour cesser d’être harcelée.
Il n’est pas toujours facile de distinguer
ce qui est un rapport sexuel consenti de ce qui est un rapport sexuel sous la
contrainte. Combien de femmes disent : «J’ai
fini par céder parce qu’il m’a d’abord suppliée, puis il s’est moqué, puis il
m’a menacée!»
La
violence sexuelle a deux manières de se manifester, par l’humiliation et/ou la
domination. Presque tous les hommes violents, dans leurs moments d’énervement,
utilisent un vocabulaire grossier, des injures avilissantes, assimilant la
femme à une prostituée : «Sale pute, tout juste bonne à sucer des b…!»
Mais
la violence sexuelle est avant tout un moyen de dominer l’autre. Cela n’a rien
à voir avec le désir, c’est simplement, pour un homme, une façon de dire : «Tu
m’appartiens». Il faut dire que beaucoup d’hommes alimentent leurs fantasmes
sexuels de pratiques véhiculées par la pornographie, où la domination masculine
est mise en scène de façon caricaturale.
Toute violence sexuelle constitue un
traumatisme majeur. Il peut se faire qu’une personne à qui l’on a imposé une
violence sexuelle vive désormais avec la conviction qu’elle est méprisable … (p.
53/60)
Les hommes violents
On peut
se demander pourquoi les comportements violents sont incontestablement plus
fréquents chez les hommes que chez les femmes. [...]
Les premières études sur la violence
domestique ont tenté d'établir un fondement neurologique aux comportements
violents, et on cherché, en vain une localisation cérébrale spécifique de la
violence. [...]
Selon
les tenants de la sociologie, la violence à l’égard des femmes ne serait qu’une
stratégie de domination inscrite dans les gènes de l’homme, afin de lui
garantir l’exclusivité des rapports sexuels et de la reproduction. Si l’on suit
cette théorie farfelue, on ne comprend pas pourquoi tous les hommes ne sont pas
violents.
Les féministes se sont attachées à analyser
le contexte social permettant la maltraitance des femmes. Selon elles, la
société prépare les hommes à occuper un rôle dominant et, s’ils n’y parviennent
pas naturellement, ils tendent à le faire par la force. La violence serait pour
eux un moyen parmi d’autres de contrôler la femme. Au départ, le petit garçon
n’est pas plus agressif qu’une petite fille, mais sa socialisation à l’école,
dans les activités sportives, s’accompagnent d’une initiation à la violence.
Tandis que la violence des garçons est acceptée et même valorisée :
«Défends-toi si tu es un homme!», on apprend aux filles à l’éviter. Quand elles
sont bagarreuses, on dit que ce sont des garçons manqués. La socialisation fondée
sur l’apprentissage des rôles sexués octroie aux hommes une position de pouvoir
et d’autorité. Aux femmes, on attribue des comportements typiquement
«féminins», tels que la douceur, la passivité, l’abnégation, alors que les
hommes seraient forts, dominateurs, et n’exprimeraient pas leurs émotions.
Comme le montre Pierre Bourdieu, tout ce qui est valeureux, respectable, digne
d’admiration est du domaine masculin, alors que ce qui est faible, méprisable
ou indigne est du registre féminin.
Cependant,
l’explication sociologique n’est pas non plus suffisante car la majorité des
hommes ne sont pas violents.
Il apparaît en revanche, qu’un pourcentage
important d’hommes poursuivis en justice pour violence à l’encontre de leur
partenaire auraient souffert de maltraitance dans leur enfance. [...] Certains
spécialistes associent d’ailleurs la personnalité borderline à la violence
conjugale.
À la naissance, le cerveau n’est pas
construit une fois pour toutes. Des expériences traumatiques précoces peuvent
altérer l’équilibre cérébral. C’est ainsi que les mauvais traitements et les
abus subis dans l’enfance ou bien un choc intense ayant entraîné un stress
post-traumatique peuvent modifier l’équilibre du système nerveux.
On constate le même phénomène chez les
femmes, mais beaucoup moins fréquemment que chez les hommes. Quand elles ont
subi des mauvais traitements ou des abus sexuels dans l’enfance, il leur arrive
d’avoir recours à la violence, mais le plus souvent, à la suite de tels
traumatismes, elles ont perdu leurs limites et elles sont plus vulnérables face
à une agression. On peut donc avancer que les traumatismes de l’enfance, en
fragilisant la personne et en modifiant sa personnalité, entraînent une plus
grande perméabilité à la pression sociale.
Il ne faut pourtant pas en conclure trop
vite que les hommes sont violents uniquement en réaction à une violence subie
dans l’enfance, on doit se méfier d’une telle simplification; tous les hommes
violents n’ont pas subi de traumatismes dans l’enfance. Lorsque c’est le cas,
il est important de reconnaître chez eux les séquelles et les marques qu’a pu
laisser une enfance douloureuse, mais cela ne les transforme pas ipso facto en
malades ou en monstres et ne les dégage en rien de la responsabilité de leurs
actes. Certes, une enfance difficile ou des manques affectifs sont souvent le
lot des hommes violents; néanmoins, leur mal-être ne doit pas être une excuse
pour détruire leur partenaire.
Un
autre angle d’approche se fonde sur la théorie de l’apprentissage social.
Selon cette théorie, les comportements violents s’acquièrent par l’observation
des autres et se maintiennent s’ils sont valorisés socialement. Lorsqu’un homme
a été élevé par un père violent, son organisation intrapsychique a été changée,
jusqu’à ce que le recours à la violence fasse partie de son mode de
fonctionnement. Il prendra l’habitude de réagir par la violence chaque fois
qu’il aura besoin de soulager ses tensions internes ou de se valoriser. Par la
suite, si ses actes violents ne sont pas sanctionnés, il n’y a pas de raison
qu’ils ne se reproduisent pas et c’est naturellement ce qui arrive. Il suffit de laisser faire une fois pour
que l’habitude se maintienne.
Si
on suit ce modèle, on ne peut que s’inquiéter de l’importance de la
pornographie dans l’éducation des jeunes. La pornographie pousse à l’extrême
les rôles masculins et féminins. L’homme y est nécessairement agressif, la
femme passive et soumise, et on y banalise l’agression sexuelle et le viol. Le
sexe y est sexisme. Or, une enquête récente a montré qu’une grande majorité de
jeunes garçons faisaient leur apprentissage sexuel à travers les films
pornographiques.
Il m’apparaît que ces différentes approches
ne sont pas antagonistes, mais complémentaires, et toutes sont à prendre en
compte.
Aucun facteur pris isolément ne suffit à
expliquer pourquoi un individu est violent. Un traumatisme de l’enfance peut
certes créer, par le biais du stress post-traumatique, une prédisposition à la
violence, qui sera ou non renforcée par le contexte social et culturel de la
personne.
De façon générale, en dehors même des
traumatismes, la personnalité d’un individu est influencée par son éducation et
son environnement social. C’est ainsi qu’actuellement, dans notre société
occidentale, nous rencontrons peu de pathologies névrotiques et beaucoup de pathologies
narcissiques [...]. (p. 144/148)
La fragilité des hommes
La
déresponsabilisation
Tous les hommes violents ont tendance à
minimiser leurs gestes, à se trouver des causes externes [...].
Les causes extérieures qu’ils invoquent
sont très stéréotypées. Ce peut être le stress, une provocation [...]. Une excuse
invoquée peut être le respect de règles religieuses ou d’habitudes culturelles
: l’homme est le chef et la femme doit obéir. Une autre excuse enfin,
fréquemment mise en avant par les hommes, mais également par les intervenants
extérieurs, est l’alcool. Certes, les conduites agressives liées à l’alcool
sont très courantes puisque, dans la population générale, les actes violents
commis sous l’emprise de l’alcool concernent la moitié des homicides. Les
qualités désinhibitrices de l’alcool ont fait dire à des psychanalystes que «le
surmoi était soluble dans l’alcool». Or ce n’est pas l’alcool qui provoque
directement la violence, il permet seulement la libéralisation de la tension
interne jusque-là contenue, en créant un sentiment de toute-puissance. L’alcoolisation
ne doit pas être synonyme de déresponsabilisation. Il faut d’ailleurs préciser
que tous les alcooliques ne sont pas violents et que des alcooliques sevrés
peuvent le rester.
Tous ces hommes qui justifient leur
comportement par une perte de contrôle savent le modérer en société ou sur leur
lieu de travail. [...]
La société continue à attendre des hommes
qu’ils occupent un rôle dominant, or, s’ils se sentent incompétents ou
impuissants, ils peuvent chercher à compenser cette faiblesse qu’ils ressentent
en eux par des comportements tyranniques, manipulateurs et violents en privé.
Bien évidemment, ils ne l’avoueront pas ouvertement; le déni est pour eux un
moyen d’échapper à la honte et à la culpabilité, mais c’est aussi un moyen de
ne pas voir leur fragilité interne. Il leur faut se maintenir dans la
toute-puissance, au besoin par la manipulation et le mensonge. Comme ils ne
veulent pas être responsables, c’est forcément la faute d’un autre; ils se
tirent d’affaire et retournent le problème en se posant en victimes. À défaut
d’excuses extérieures crédibles, ils savent alors apitoyer l’autre en racontant
leur enfance malheureuse, comme on l’a vu.
Cette déresponsabilisation est mal acceptée
par les femmes, car dénier leur souffrance à elles constitue une attaque
supplémentaire.
Des
hommes fragiles psychologiquement
Ce sont leurs failles narcissiques (une
faible estime d’eux-mêmes) qui constituent le soubassement du comportement des
hommes violents. Ce sont leur fragilité et leur sentiment d’impuissance
intérieure qui les ramènent à vouloir contrôler et dominer. ... Le contrôle sur
l’autre, à l’extérieur, vient suppléer leur manque de contrôle interne.
La violence est pour ces hommes un
palliatif pour échapper à l’angoisse, ainsi qu’à leur peur, peur d’affronter
les affects de l’autre, peur d’affronter les leurs. (p. 148/151)
Femmes
sous emprise, les ressorts de la violence dans le couple; MARIE-FRANCE HIRIGOYEN; Pocket; Coll. «Oh!
Éditions», 2005
Parmi ses
ouvrages :
Le harcèlement moral, Le
harcèlement moral dans la vie professionnelle
(1) «Ce que je pense, c’est que tout le monde peut
être mauvais. [...] Peut-être
les gens sont-ils naturellement destructeurs, et peut-être que certains ont la
capacité de se maîtriser et d’autres pas. Je crois que la psychiatrie et la
psychologie ne sont guère plus que des conjectures. Je crois qu’elles estompent
les frontières. Merde, avant, c’était facile de faire la différence entre les
criminels et les victimes. Et puis ces gens, ces gens qui sont censés être des
autorités sur le sujet, débarquent et commencent à nous raconter que ces
connards sont eux aussi des victimes. Victimes de la société, victimes de
violence parentale, victimes de négligence. Bon Dieu! si toutes les personnes qui
ont subi des mauvais traitements pendant leur enfance devenaient des tueurs en
série, alors il n’y aurait plus un pékin sur terre. Alors d’après moi, ces
autorités ont réussi une chose. Elles nous ont convaincus que les connards qui
font chier les autres ne le font pas parce que ce sont des connards, mais à
cause des saloperies qu’on leur a fait subir pendant leur enfance. Elles nous
disent que ce n’est pas de leur faute, qu’ils sont un produit de la société que
nous avons créée. Et tous les avocats suivent le mouvement. Les procureurs
deviennent des avocats de la défense. Les experts ajustent leurs conclusions
pour faire plaisir à celui qui rédige le plus gros chèque. Ils vont même
contredire leurs propres témoignages en invoquant de nouvelles recherches, et
vous découvrirez que c’est uniquement parce que les avocats de la défense ont
ajouté un zéro à leur chèque. Au bout du compte, il n’est plus question que
d’argent. Il ne s’agit plus de culpabilité ou d’innocence, il s’agit uniquement
du talent qu’ont les avocats pour manipuler les jurys. [...] C’est une
bataille perdue d’avance. Plus nous nous escrimons à ramener la justice à la
loi, plus la loi s’échine à placer la vraie justice hors de portée de la
plupart des gens.
Il y a
des fois où on connaît la vérité mais où on ne peut rien faire. Les charges
sont abandonnées, les coupables concluent des accords avec le bureau du
procureur, des enquêtes capotent à cause de vices de procédure, des criminels
sont remis en liberté et peuvent remettre ça.» (Les Anges de New
York; ROGER JON ELLORY; Sonatines Éditions, 2012)
Si le
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