Je salue la sagesse du président Carles Puigdemont, qui a choisi de ne pas offrir ses concitoyens en pâture aux chars d’assaut des conquistadors espagnols, ni de les soumettre aux austérités des requins de la finance internationale. Il leur évite peut-être des austérités et des humiliations comme celles que la Grèce a connues...
Et je reprends la dernière phrase de la citation de Victor Hugo à la fin de cet article :
«Mon garçon, les carrosses existent. Le lord est dedans, le peuple est sous la roue, le sage se range. Mets-toi de côté et laisse passer.»
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L’autre jour, une dame d’origine catalane qui vit au Québec disait que la situation entre l’Espagne et la Catalogne ressemblait à un divorce. En effet. Beaucoup de gens utilisent cette comparaison.
«La
plupart de mes problèmes n’ont pas de solution, ou bien les solutions sont
pires que les problèmes eux-mêmes.» ~ Ashleigh Brilliant
Divorcer
à l’amiable requiert une bonne dose de maturité et de bonne volonté chez les
deux partenaires. Chacun est prêt à mettre de l’eau dans son vin. Les couples
qui choisissent l’option «divorce conjoint» entretiennent généralement d’excellents
rapports après le divorce.
Tristement, c’est la foire d’empoigne quand les
partenaires n’arrivent pas à s’entendre sur divers points de règlement. Si les
enjeux financiers sont importants, les conflits risquent de s’envenimer
dramatiquement. Certains conjoints refusent toute médiation et négociation. Même
si, au Canada, 90 % des causes de divorce finissent par se régler «à l’amiable»,
c’est au bout de longues et déchirantes négociations et de substantiels frais de
justice.
Est-ce que le divorce signifie
appauvrissement systématique? Il semble que non. Certaines personnes sont plus
à l’aise financièrement une fois divorcées d’un partenaire dépensier ou radin.
Poursuivons
la comparaison.
En droit
canadien, il existe deux formes de divorce à l’amiable.
Le divorce conjoint – Le
divorce conjoint est un divorce à deux. Les conjoint demandent le divorce
ensemble avec la même paperasse. Ils sont donc codemandeurs du divorce. Les conjoints doivent s'entendre sur
toutes les conséquences de leur divorce.
Il ne doit y avoir aucun point de discorde entre les conjoints. Le motif du
divorce doit être la séparation pour plus d'un an; l'adultère et la cruauté
physique et mentale ne peuvent pas être invoqués. L’avocat ou le notaire qui rédigera la paperasse doit conseiller
les deux conjoints et ne peut pas favoriser la position de l'un au détriment de
celle de l'autre.
– Option
impossible entre la Catalogne et l’Espagne.
Le divorce sur consentement – Les
conjoints ne sont pas obligés de demander le divorce ensemble, même s'ils
s'entendent. Autrement dit, les conjoint peuvent divorcer à l'amiable, mais ils
le font séparément. Un des conjoints peut invoquer l'adultère, ou la cruauté
physique ou mentale comme motif de divorce. Les conjoints peuvent consigner les
points sur lesquels ils sont d'accord dans une entente écrite qu'ils signeront.
Cette entente peut aussi s'appeler «projet d'accord» ou «consentement». L'entente
pourra faire partie du jugement de divorce.
– Aucun
projet d’accord puisque l’Espagne refuse toute médiation et négociation.
Toujours
selon la loi canadienne...
Les motifs du divorce – Les
motifs pour divorcer sont les mêmes pour les deux conjoints. Au Canada, les
conjoints sont égaux. Un conjoint n'a pas besoin d'obtenir l'accord de l'autre
pour divorcer. L'un ou l'autre peut invoquer un des trois motifs de divorce reconnus
par la loi : la séparation de fait depuis
un an, l'adultère, la cruauté physique ou mentale.
Motif de divorce #3 : La cruauté physique ou
mentale
On parle
de cruauté physique lorsqu'un des partenaires s'en prend physiquement à
l'autre. Par exemple : frapper ou blesser.
On parle de cruauté mentale lorsqu'un des partenaires
fait souffrir l'autre autrement que par des agressions physiques. Par exemple :
harceler, insulter, mépriser, humilier, menacer le partenaire ou sa famille.
Les actes de cruauté doivent rendre
intolérable la cohabitation avec l'autre. Seul le partenaire victime peut
utiliser le motif de cruauté physique ou mentale pour demander le divorce. Si
le partenaire victime a pardonné la cruauté de son conjoint, il ne pourra plus
s'en servir comme motif de divorce.
Le
gouvernement espagnol a utilisé la violence physique et psychologique et porté
atteinte aux droits fondamentaux de la personne, notamment celui de voter. Ces seuls
motifs seraient en soi suffisants pour demander le divorce. Au Canada, la
violence conjugale ne requiert pas la séparation de fait (légale) d’un an pour demander
le divorce.
Durant
l’ère franquiste, certaines classes sociales – les grands propriétaires
terriens, la haute bourgeoisie industrielle et financière et une partie des
classes moyennes – régnaient dans les coulisses. Rien n’a changé. La Catalogne
compte parmi les régions très prospères d’Espagne en raison de ses échanges
commerciaux avec le marché européen. Pensez-vous que Madrid la répudierait? Le
chantage local et international n’a pas tardé, les intérêts financiers étant
au-dessus de tout.
La liberté est un oiseau
«Faisant fi du verdict des urnes, [en 2015] la «nouvelle Rome», le triumvirat constitué du Fonds monétaire international, de la Commission européenne et de la Banque de la commission européenne, n’a pas hésité à imposer aux Grecs sa loi à coups de pied au cul. Un an et demi plus tard, devant une situation beaucoup plus troublante, l’écho des bottes de la guardia civil rappelant les heures sombres du fascisme espagnol, pas de semonces, pas d’ultimatum, pas d’obligation de redresser la barre. Une admonestation du bout des lèvres de la part de la Commission européenne encourageant «tous les acteurs à passer de la confrontation au dialogue». Un point c’est tout. [...]
«Faisant fi du verdict des urnes, [en 2015] la «nouvelle Rome», le triumvirat constitué du Fonds monétaire international, de la Commission européenne et de la Banque de la commission européenne, n’a pas hésité à imposer aux Grecs sa loi à coups de pied au cul. Un an et demi plus tard, devant une situation beaucoup plus troublante, l’écho des bottes de la guardia civil rappelant les heures sombres du fascisme espagnol, pas de semonces, pas d’ultimatum, pas d’obligation de redresser la barre. Une admonestation du bout des lèvres de la part de la Commission européenne encourageant «tous les acteurs à passer de la confrontation au dialogue». Un point c’est tout. [...]
L’histoire des 40 dernières années est
l’histoire du ratatinement de l’espace politique au profit de l’espace
économique. L’ère n’est plus aux grandes idéologies, que ce soit les utopies de
gauche ou les projets totalitaires de droite. Les problèmes de l’heure sont
presque tous des questions d’argent : la corruption, les inégalités sociales
(huit hommes possèdent aujourd’hui autant que la moitié de la population
mondiale), le culte des ressources énergétiques massacrant toujours un peu plus
l’environnement. Un autocrate comme Donald Trump, un dirigeant qui tous les
jours piétine les principes démocratiques, ne serait jamais parvenu au pouvoir
sans cette déification du monde des affaires dont il est la pathétique
incarnation.
Le temps serait-il venu d’inverser nos
valeurs? Comme nous le rappelle le drame catalan, la liberté est chose bien
plus fragile que le prix de l’or. Sans une vigilance de chaque instant, sans
réitérer que c’est la capacité de chacun d’entre nous de contrôler son destin qui
rend la vie belle, et une société forte, elle aussi peut s’envoler.»
~ Francine
Pelletier, chroniqueuse hebdomadaire au journal Le Devoir
«Mais à quoi et à qui profite la croissance? Aux gens qui gèrent ou possèdent les banques, aux fonds spéculatifs, aux compagnies minières, aux sociétés de publicité, aux lobbies d’entreprises, aux fabricants d'armes, aux agences immobilières, aux gérants de portefeuilles et de paradis fiscaux. Un marketing très intense et omniprésent, équivalant au lavage de cerveau, veut nous amener à considérer le système comme nécessaire et souhaitable. Un système qui menace notre sécurité, nous rétrécit et nous appauvrit, mais qu’on nous présente comme la seule solution possible à tous nos problèmes. Il n'y a pas d'alternative – nous devons gravir la falaise. Quiconque remet le système en question est ignoré ou vilipendé.
Qui sont les bénéficiaires? Eh bien, ce sont
aussi les plus grands consommateurs dont la façon d’utiliser leur spectaculaire
fortune a des impacts des milliers de fois plus grands que celui de la plupart
des gens. Une grande partie du monde naturel est détruit afin que les très
riches puissent monter sur leurs yachts en bois d'acajou, manger des sushi au
thon rouge, saupoudrer de la corne de rhinocéros sur leurs plats, atterrir en
jets privés dans des aérodromes construits sur des terres de grande valeur; ils
consomment en un jour la quantité de carburant fossile que les citoyens moyens consomment
globalement en un an.
Voilà comment le Grand Sablage Mondial fait
son chemin, détruisant les réserves de la Terre, dérobant tout ce qui est
distinct et inusité (tant dans les cultures humaines que dans la nature), faisant
de nous des automates remplaçables au sein d’une main-d’oeuvre globale homogène,
transformant inexorablement les richesses du monde naturel en une monoculture indifférenciée.
N'est-il pas temps de crier STOP? D’utiliser
notre extraordinaire savoir-faire et notre expertise pour changer la façon dont
nous nous organisons? N’est-il pas temps de contester et d’inverser les
tendances qui ont gouverné notre relation à cette planète vivante depuis des
milliers d’années, et dont nous sommes en train de détruire les dernières caractéristiques
à une vitesse ahurissante? N'est-il pas temps de contester la croissance illimitée
sur une planète limitée? Si ce n'est pas maintenant, ce sera quand?
~ George
Monbiot
The Kink
in the Human Brain, The Guardian | October 2, 2014
www.monbiot.com
Citation du jour
Citation du jour
«J'ai vu
un jour un hippopotame marcher sur une taupinière; il écrasait tout; il était
innocent. Il ne savait pas qu'il y eut des taupes, ce gros bonasse de
mastodonte.
Mon cher, les taupes qu'on écrase, c'est le genre humain.
L’écrasement
est une loi. Et crois-tu que la taupe elle-même n'écrase rien? Elle est le
mastodonte du ciron, qui est le mastodonte du volvoce.
Mon
garçon, les carrosses existent. Le lord est dedans, le peuple est sous la roue,
le sage se range. Mets-toi de côté et laisse passer.»
~ Victor
Hugo
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