4 octobre 2017

Intègres, ouverts et transparents...

À l’émission Plus on est de fous, plus on lit, l’écrivain Patrick Senécal se disait choqué de l’attitude arrogante des politiciens (prenant en exemple la position de la ministre du Patrimoine canadien Mélanie Joly dans l’affaire Netflix. «On dit souvent que les politiciens sont des imbéciles, euh... je dirais plutôt qu’ils nous prennent pour des imbéciles; ils nous méprisent.»

Netflix dispose sûrement de lobbyistes extrêmement efficaces puisque Mme Joly, en dépit de sa formation en communication et en droit, a privilégié cette plateforme au détriment de nos propres chaînes de diffusion. Un méchant straight punch. Rien contre les échanges internationaux, mais à la condition qu’ils soient équitables; et c’est rarement le cas.

Un de mes amis, lui-même avocat, disait de la profession : «Pourquoi appelle-t-on ça le Droit? Il n’y a rien de plus croche que le milieu juridique!»

Bref, je ne suis plus capable d’entendre nos élus se déclarer intègres, ouverts et transparents... On pourrait se moquer de leurs mystifications (on n’a même pas besoin de détecteur de mensonges!) si les conséquences n’étaient pas graves sinon catastrophiques.

«Je crois que tout politicien qui arrive au pouvoir en partie grâce à son talent d’orateur et de polémiste, qui sait gérer les questions dans les conférences de presse et jouit d’une image télé et radio impeccable, a des atouts pour être un menteur-né. Que les politiciens choisissent ou non de mentir, ils ont les capacités pour le faire. Bien sûr, il y a d’autres voies pour parvenir au pouvoir. Les talents impliqués dans la tromperie ne sont pas indispensables à un dirigeant qui parvient au pouvoir grâce à ses talents de bureaucrate, ou par héritage, ou en battant ses rivaux par des manœuvres privées.
   Le talent oratoire – la faculté de dissimuler ou feindre les paroles avec les expressions et les gestes appropriés – n’est pas nécessaire tant que le menteur n’a pas à discuter avec sa cible ni à se trouver en face d’elle. Les cibles peuvent être trompées par écrit*, par des intermédiaires, des communiqués de presse, etc. Cependant, toute forme de mensonge échoue si le menteur ne possède pas des compétences de stratège et est incapable de planifier ses actions et celles de sa cible. Je présume que tous les dirigeants politiques doivent être des stratèges rusés et réfléchis, mais que seuls certains possèdent les talents oratoires qui leur permettent de mentir au nez de leurs proies.» ~ Paul Ekman (Je sais que vous mentez)

* Ah Twitter, quel merveilleux outil...

 Donald Trump et Justin Trudeau. On sent une belle complicité...  

L’Accolade 
Esther Granek

Ne s’aimant pas,
pourtant voyez :
Par-devant toute l’assemblée
attentive et si éduquée,
l’accolade ils vont se donner,
en chaleureux gestes de bras,
en face-à-face de coeurs glacés,
en relents de hargnes rentrées.
Applaudissez!

Réflexions à ma façon, 1978

Image : Christina Bernazzani. Un homme plongé dans un dépotoir se bouche le nez avec de l'argent.

Les Courtisans
Esther Granek

Ça se faufile à pas glissants,
Les courtisans.
Ça vous parle si humblement.
Ça s’interpose à tout moment.
À tout moment, les courtisans,
Ça se faufile à pas glissants.

Ça sourit d’un air compassé,
Les courtisans.
Tête penchée, le cou rentré
Et la bouche en cul-de-poulet.
Cul-de-poulet, les courtisans.
Ça rit d’un ton acidulé.

Ils ont la face du moment,
Les courtisans.
Quand face est noire, pile sera blanc
Ou le contraire, commodément.
Commodément, les courtisans,
Ils ont la face du moment.

C’est si pur et c’est si décent,
Les courtisans.
C’est bien parfois un peu changeant.
Côté jardin, ça fait manant.
Ça fait manant, les courtisans.
Mais côté cour, c’est l’adjudant.

Car ça sait aussi péter sec,
Les courtisans.
Ça change de manières en cinq sec.
De cette façon, y’a pas d’échec.
Y’a pas d’échec, les courtisans.
Car ça sait aussi péter sec.

Ça se faufile à pas glissants...

Portraits et chansons sans retouches, 1976


Parlant de courtisans :
PL56 – loi sur la transparence et l’éthique en matière de lobbyisme, en 3 minutes (2015)
Via : AmiEs de la Terre de Québec http://atquebec.org/ 



Nous ne pouvons pas compter sur les décideurs politiques / législatifs à la merci des grandes industries qui refusent tout changement de cap. Nous subissons leurs dictats depuis des décennies. Ce qui nous renvoie donc à nos choix individuels en tant que consommateurs. Nous sommes de plus en plus nombreux à modifier notre style de vie et notre mode de consommation, sachant que c’est la seule façon de limiter le gaspillage, le remplissage des dépotoirs de déchets industriels et résidentiels. Le gouvernement canadien a repoussé l’atteinte de ses objectifs en matière de réduction des gaz à effet de serre à 2030... Chic!  
  
90 entreprises sont responsables de 50 % du réchauffement climatique
8 septembre 2017

L’ONG américaine Union of Concerned Scientists (UCS) a publié jeudi 7 septembre au soir dans le journal scientifique Climatic Change une nouvelle étude montrant que 90 entreprises sont responsables de près de 50 % de la hausse des températures et d’environ 30 % de l’élévation du niveau des mers observées depuis l’ère préindustrielle.
Ainsi, selon UCS, les 90 principales entreprises productrices de pétrole, gaz, charbon et ciment sont responsables de 57 % de la hausse de la concentration atmosphérique en CO2, de près de 50 % de la hausse de la température moyenne mondiale, et d’autour de 30 % de la hausse du niveau moyen des mers observées depuis 1880. Parmi ces 90 entreprises, les 50 entreprises privées, dont Exxon, Chevron, Shell BP et Total, sont responsables de 16 % de la hausse de la température et 11 % de la montée des mers.
Cette étude prolonge celle publiée en 2014 par Richard Heede du Climate Accountability Institute, qui avait montré que ces mêmes 90 entreprises étaient responsables d’environ 63 % des émissions cumulées de CO2 entre 1854 et 2010.
   «Nous savions depuis longtemps que les énergies fossiles sont le principal contributeur au changement climatique. Maintenant, nous savons aussi dans quelle mesure les produits de telle ou telle compagnie ont fait monter les températures et le niveau des mers», souligne Brenda Ekwurzel, auteure principale du rapport et directrice des sciences du climat de Union of Concerned Scientists. L’UCS estime que ces compagnies devraient prendre en charge une partie des coûts gigantesques liés aux impacts du changement climatique et aux investissements nécessaires pour l’adaptation au réchauffement à venir.

Source : courriel de l’European Climate Foundation à Reporterre

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