21 septembre 2017

Une nouvelle forme de maltraitance ignoble dans les foyers d’hébergement

Être inapte, atteint d’Alzheimer ou de sénilité, signifie qu’on est à la merci du personnel soignant pour tous ses besoins de base. Ce qui est en soi déjà rabaissant. Eh bien, figurez-vous que certains préposés ajoutent méchanceté et horreur à cette condition en publiant des photos humiliantes pour les résidents, sur les réseaux sociaux.

Ouais, ce qu’on raconte dans l’article ci-après se passe aux États-Unis. Mais, qui peut nous assurer que cette pratique n’existe pas dans nos merveilleux CHSLD?! À mon avis, on devrait interdire les smartphones aux préposés, quitte à les mettre sous clé durant leurs quarts de travail.

Ce qui ramène aussi le débat sur le consentement anticipé au droit de mourir dans la dignité, en cas d’Alzheimer et de sénilité. L’option a été approuvée par la Cour suprême, mais qui n’a pas pris effet à cause d’un groupe de médecins récalcitrants. Le Québec a produit une espèce de simulacre remplis de restrictions, qu’il ne garantit rien.

Plus je vieillis, plus j’ai envie de déménager aux Pays-Bas où si l’on a le droit de naître, on a aussi le droit de mourir (1).    

Voulez-vous finir vos jours dans un CHSLD?
Si la réponse est NON, joignez le mouvement, signez les pétitions, battez-vous pour vos droits, exigez l’inclusion du consentement anticipé, devenez membre de l’une ou l’autre de ces associations :
Association québécoise pour le droit de mourir dans la dignité (AQDMD)
Dying With Dignity Canada (DWDC)

Voyez aussi le libellé «Euthanasie»; j’ai abondamment couvert le sujet étant donné le vécu de ma mère. 

«Qu'est-ce donc que la vie humaine sinon un collier de blessures que l'on passe autour de son cou? À quoi sert d'aller ainsi dans les jours, les mois, les années, toujours plus faible, toujours meurtri? Pourquoi faut-il que les lendemains soient toujours plus amers que les jours passés qui le sont déjà trop?» ~ Philippe Claudel (La petite fille de Monsieur Linh)

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Une nouvelle forme de maltraitance scandaleuse dans les foyers d’hébergement

Safer America | Care2

Quand on parle de maltraitance reliée aux centres d’hébergement de soins de longue durée pour les personnes âgées ou physiquement inaptes, on pense à négligence, violence (psychologique et physique), isolement et exploitation financière. Mais il y a une forme de maltraitance que plusieurs parmi nous ignorent, et qui, malheureusement, est en croissance.
   Dans certains centres d’hébergement, les employés pratiquent ce qu’on appelle maintenant «maltraitance via les médias sociaux». Cela consiste à prendre des photos ou des vidéos inappropriées de patients âgés durant leurs soins et à les afficher sur Snapchat, Instagram et Facebook.
   Selon ProPublica, qui traque ce genre de publications depuis 2015, 65 cas ont été dument documentés entre 2012 et 2015. Mais l’on présume que ce n’est qu’une fraction de tous les messages explicites de cette nature. L'un des cas les plus odieux, était une photo publiée sur Snapchat montrant les fesses souillées d'un patient et la main gantée d'un préposé tenant des matières fécales, et qu’il avait titré ainsi : «Voilà ce que je fais comme job». Un autre message incluait des photos des organes génitaux de patients, tandis qu’un autre montrait une relation sexuelle entre résidents.
   La nature extrêmement choquante et explicite de ces messages constitue une violation du droit à la vie privée des patients. Ces messages représentent non seulement une atteinte à la dignité de la personne, mais ils sont carrément illégaux; et, ils ont parfois mené à des accusations criminelles.
   La plupart des 65 cas identifiés par ProPublica impliquait le réseau Snapchat, où les photos et vidéos sont montrées l'espace de quelques secondes puis disparaissent. La violence psychologique associée à ce genre de publications sur les réseaux sociaux dure malheureusement beaucoup plus longtemps pour la victime et ses proches.
   L'été dernier, dans le but de freiner cette tendance inquiétante chez les travailleurs des établissements, les Centers for Medicare and Medicaid Services ont demandé l’instauration de politiques interdisant la prise et la publication de photos ou de vidéos avilissantes pour les patients. La nécessité de politiques strictes a été reconnue en 2016, après qu’un infirmier auxiliaire en Iowa ait diffusé une photo particulièrement humiliante d'un patient âgé avec son pantalon baissé couvert d’excréments; à l’époque aucune politique ne permettait d’incriminer le préposé.
   L’analyse de ces cas de maltraitance a de quoi faire frémir. Ces messages blessants ridiculisent des patients extrêmement vulnérables, dont plusieurs souffrent de démence ou d'Alzheimer. L’on s’attend à ce que les employés des centres d’hébergement respectent la vie privée de leurs patients, et ces messages indécents démontrent un flagrant mésusage de leur position.
   Considérant toutes les formes de maltraitance envers les personnes âgées ou atteintes d’une maladie dégénérative, on estime que sur 14 cas, un seul est rapporté aux autorités; cela laisse supposer que le nombre de messages violents publiés sur les médias sociaux est beaucoup plus élevé que les 65 retrouvés par ProPublica. Même si quelques centres d’hébergement de soins de longue durée ont adopté des politiques exigeant la dénonciation de ces cas de maltraitance, la plupart des rapports d’inspection gouvernementale indiquent que les normes standards ne sont pas maintenues.
   Le blâme ne repose pas seulement sur les établissements. Le sénateur de l'Iowa, Charles Grassley (l’état compilait les pires cas) tient les propriétaires de plateformes numériques responsables de l’augmentation des cas de cette nature. En ce moment, si quelqu’un rapporte un abus sur le site d’un réseau, il reçoit un message indiquant que la plateforme n'est pas en mesure de faire quoi que ce soit; ce qui laisse de nombreuses victimes de maltraitance incapables de se défendre elles-mêmes. Confrontés à cette question, Facebook et Snapchat ont déclaré publiquement qu'ils s'employaient à freiner la diffusion de ce genre de photos et vidéos sur leurs sites.
   Plus il y aura de cas dénoncés et d’établissements vigilants et punitifs envers de tels comportements, plus nous aurons des politiques strictes et une meilleure surveillance des médias sociaux. La maltraitance des personnes âgées sur les médias sociaux est un autre moyen pour les gens de s'attaquer à nos citoyens les plus vulnérables, et en tant que société, il est de notre devoir de protéger ceux qui ont besoin de protection.


ProPublica:

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COMMENTAIRE : Au lieu d’augmenter le salaire des médecins, notre gouvernement devrait mieux payer les préposés qui font le sale boulot (à salaire de crève-faim). Peut-être y aurait-il moins de grossières indécences ou de violence envers les patients. Ah oui, notre généreux ministère de la santé a délié les cordons de sa bourse afin que les patients aient deux bains par semaine. Wow!

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(1) Le gros bon sens d’Hector Berlioz (1803-1869)

L'inutile torture

Les choses et les hommes changent cependant, il est vrai, mais si lentement que ce n’est pas dans le court espace de temps embrassé par une existence humaine que ce changement peut être perceptible. Il me faudrait vivre deux cents ans pour en ressentir le bienfait.
   J’ai perdu ma sœur aînée, Nanci. Elle est morte d’un cancer au sein, après six mois d’horribles souffrances qui lui arrachaient nuit et jour des cris déchirants. Mon autre sœur, ma chère Adèle, qui s’était rendue à Grenoble pour la soigner et qui ne l’a pas quittée jusqu’à sa dernière heure, a failli succomber aux fatigues et aux cruelles impressions que lui a causées cette lente agonie.
   Et pas un médecin n’a osé avoir l’humanité de mettre fin à ce martyre, en faisant respirer à ma sœur un flacon de chloroforme. On fait cela pour éviter à un patient la douleur d’une opération chirurgicale qui dure un quart de minute, et on s’abstient d’y recourir pour le délivrer d’une torture de six mois. Quand il est prouvé, certain, que nul remède, rien, pas même le temps, ne peut guérir un mal affreux; quand la mort est évidemment le bien suprême, la délivrance, la joie, le bonheur!...
   Mais les lois sont là qui le défendent, et les idées religieuses qui s’y opposent non moins formellement.
   Et ma sœur, sans doute, n’eût pas consenti à se délivrer ainsi si on le lui eût proposé. «Il faut que la volonté de Dieu soit faite.» Comme si tout ce qui arrive n’arrivait pas par la volonté de Dieu... et comme si la délivrance de la patiente, par une mort douce et prompte, n’eût pas été aussi bien le résultat de la volonté de Dieu que son exécrable et inutile torture...
   Quels non-sens que ces questions de fatalité, de divinité, de libre arbitre, etc.!! c’est l’absurde infini; l’entendement humain y tournoie et ne peut que s’y perdre.
   En tout cas, la plus horrible chose de ce monde, pour nous, êtres vivants et sensibles, c’est la souffrance inexorable, ce sont les douleurs sans compensation possible arrivées à ce degré d’intensité; et il faut être ou barbare ou stupide, ou l’un et l’autre à la fois, pour ne pas employer le moyen sûr et doux dont on dispose aujourd’hui pour y mettre un terme. Les sauvages sont plus intelligents et plus humains.

Mémoires de Hector Berlioz; chap. LIX

Deux cents ans plus tard on n’est guère plus avancé...

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