24 septembre 2017

À la merci de chimpanzés dominants

L’agresseur tout-puissant Donald Trump continue de fanfaronner, la main près du bouton rouge, et de multiplier les sinistres menaces, les propos grossiers, orduriers et vulgaires (les synonymes manquent) sur Twitter ou en ondes. D’une façon, l’homme est imprévisible et aussi dangereux que les actes terroristes et les catastrophes naturelles.

L’analyse des attitudes du président américain par le psychologue Dan P McAdams (Northwestern University) est fort pertinente. On a tendance à oublier nos origines... Il compare le leadership de Donald Trump à celui du mâle alpha dans un groupe de chimpanzés. Selon lui, d’ordinaire, un président combine le leadership de prestige (plus récent et apparu avec l’évolution de la culture chez notre espèce) et le leadership de domination (remontant à 4-5 millions d’années chez nos ancêtres). Visiblement, conclut-il, Donald Trump préfère les stratégies de domination du primate.

[C'est une affaire de mâle alpha : ce que les chimpanzés dominants et Donald Trump ont en commun]  

It's an alpha male thing: what dominant chimpanzees and Donald Trump have in common

When it comes to US presidents, we expect to see a combination of prestige and dominance. Donald Trump’s Twitter tirades and demands for fealty show he prefers the latter – an ape-like strategy for success

Dan P McAdams
The Guardian | 14 September 2017

A Trumpanzee. Composite: Getty Images

From early 1974 through most of 1976, a male chimpanzee named Yeroen held the position of alpha leader in the large, open-air chimpanzee colony at Burgers zoo in Arnhem in the Netherlands. ... Yeroen became famous (among Homo sapiens) when the Dutch primatologist Frans de Waal showcased his leadership style in a classic 1982 book, Chimpanzee Politics. In their Machiavellian machinations and power games, De Waal argued, chimps turn out to be a lot like human beings.
   The curious case of Donald Trump, however, now shows that human beings turn out to be a lot like chimps.
   In the wild and in captivity, chimpanzee colonies organize themselves into tightly structured hierarchies. Power is vested in the biggest, strongest, and most outgoing males in the group, with the alpha male on top. The alpha leader dominates all others through tactics of threat, intimidation, bluffing, and outright aggression – and importantly, by forming short-term, pragmatic coalitions (let us call them “deals”) with other high-status males.
[...]
   An especially effective dominance mechanism for the alpha chimp is the charging display. The top male essentially goes berserk and starts screaming, hooting, and gesticulating wildly as he charges toward other males nearby. Pandemonium ensues as rival males cower in fear and females grab their little ones and run for cover.
   Once the chaos ends, there is a period of peace and order, wherein rival males pay homage to the alpha, visiting him, grooming him, expressing various forms of submission.
   Trump’s incendiary tweets are the human equivalent of a charging display. Designed to intimidate his foes and rally his submissive base, these verbal outbursts reinforce the president’s dominance by reminding everybody of his wrath and his force. When the alpha chimp charges, you cannot help but take note – with your ears and with your eyes.
   Look at Mr Trump. What do you see? He is physically big and dynamic. His face gives the impression of a volcano about to explode. And explode he does, with regularity. Trump is more overtly aggressive than any political figure in the United States today, so aggressive, so insulting, so egregiously denigrating that you thought he might not be bluffing when, for example, he threatened to “lock Hillary up”, or when he warned North Korea that it “will be met with fire and fury like the world has never seen”.
   Throughout primate evolution, bluffing appears prominently on every syllabus ever written for dominance psychology 101 (including The Art of the Deal). It was a standard tactic for Yeroen. But is Trump bluffing? What if he isn’t?
   One of the most bizarre (and psychologically telling) events in the Trump administration so far was the president’s first full cabinet meeting, on 12 June 2017.
   With the cameras rolling, each cabinet official in turn proclaimed how honored or blessed he (or she) was to serve the primal leader. [...] And on it went, around the room, one obsequious gesture after another. Similarly, chimps show a wide range of deference displays in the presence of the alpha, including grooming, stroking, bowing, and other variations on the theme of sucking up.
[...]

Ne ratez pas la vidéo des membres du cabinet se confondant en éloges  

À lire aussi : Les sept visages de Donald Trump

Alpha face. Alex Wong / Getty Images

“If they decided to hang all the war profiteers, there wouldn’t be enough rope to go round. Then we’d have to hang the rope profiteers.” Same old story...

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Un survol des inventions se rattachant, par exemple, au contrôle climatique, aux modifications du comportement, à la surveillance de masse, ou à d’autres objectifs de «contrôle», donne tout son sens à ces citations d’Albert Einstein :
– Il faut prévenir les hommes qu’ils sont en danger de mort, la science devient criminelle.  
– Le progrès technique est comme une hache qu'on aurait mise dans les mains d'un psychopathe.  

Lettre d’Albert Einstein au président Franklin D. Roosevelt

Albert Einstein (14 mars 1879 – 18 avril 1955) est probablement le plus grand scientifique du XXe siècle. Son nom même est synonyme d’intelligence et d’autorité. En 1939, trois physiciens nucléaires – Leó Szilárd, Edward Teller et Eugene Wigner, trois Juifs hongrois exilés pour fuir les persécutions nazies – l’invitent à signer une lettre d’avertissement au président des États-Unis. En effet, connaissant les avancées scientifiques de l’époque, ils craignent que l’Allemagne nazie soit en train d’enrichir de l’uranium pour fabriquer des bombes d’un genre inédit. Dans la course contre le temps et à l’armement, Einstein signe donc cette lettre. Elle serait l’un des éléments déclencheurs du projet Manhattan. Il annonce ainsi au président américain une grande nouvelle pour la science mais bien triste pour l’humanité : la fabrication de la bombe nucléaire est devenue possible.

Après la guerre et Hiroshima, Einstein exprimera des regrets d’avoir signé cette lettre et militera jusqu’à sa mort pour le désarmement atomique mondial. Leó Szilárd aussi, même s’il a été l’un des premiers à envisager les applications militaires de l’énergie nucléaire, passera sa vie à promouvoir le désarmement.

Photos : Albert Einstein en 1947 par Orren Jack Turner / Franklin D. Roosevelt en 1933 par Elias Goldensky; Library of Congress © domaine public.

2 août 1939

Monsieur,

Un travail récent d’E. Fermi et L. Szilard, dont on m’a communiqué le manuscrit, me conduit à penser que l’uranium va pouvoir être converti en une nouvelle et importante source d’énergie dans un futur proche. Certains aspects de cette situation nouvelle demandent une grande vigilance et, si nécessaire, une action rapide du gouvernement. Je considère qu’il est donc de mon devoir d’attirer votre attention sur les faits et recommandations suivantes.
   Au cours des quatre derniers mois, grâce aux travaux de Joliot en France et ceux de Fermi et Szilard en Amérique, il est devenu possible d’envisager une réaction nucléaire en chaîne dans une grande quantité d’uranium, laquelle permettrait de générer beaucoup d’énergie et de très nombreux nouveaux éléments de type radium. Aujourd’hui, il est pratiquement certain que cela peut être obtenu dans un futur proche.
   Ce fait nouveau pourrait aussi conduire à la réalisation de bombes, et l’on peut concevoir — même si ici il y a moins de certitudes — que des bombes d’un genre nouveau et d’une extrême puissance pourraient être construites. Une seule bombe de ce type, transportée par un navire et explosant dans un port, pourrait en détruire toutes les installations ainsi qu’une partie du territoire environnant. On estime néanmoins que des bombes de cette nature seraient trop pesantes pour être transportées par avion.
   Les États-Unis n’ont que de faibles ressources en uranium. Le Canada est assez bien pourvu, ainsi que l’ancienne Tchécoslovaquie, mais les principaux gisements sont au Congo belge.
   Devant cette situation, vous souhaiterez peut-être disposer d’un contact permanent entre le gouvernement et le groupe des physiciens qui travaillent en Amérique sur la réaction en chaîne. Une des possibilités serait de donner cette tâche à une personne qui a votre confiance et pourrait le faire à titre officieux. Cette personne devrait être chargée des missions suivantes.
   a) Prendre l’attache des différents ministères, les tenir informés des développements à venir, faire des propositions d’action au gouvernement, en accordant une attention particulière à la question de l’approvisionnement américain en uranium.
   b) Accélérer les travaux expérimentaux qui sont actuellement menés sur des budgets universitaires limités, en leur apportant un financement complémentaire, si besoin est, grâce à des contacts avec des personnes privées désireuses d’aider cette cause et en obtenant peut-être la collaboration de laboratoires industriels disposant des équipements requis.
   J’ai appris que l’Allemagne vient d’arrêter toute vente d’uranium extrait des mines de Tchécoslovaquie dont elle s’est emparée. Le fils du vice-ministre des Affaires étrangères allemand, von Weizsäcker, travaille à l’Institut Kaiser Wilhelm de Berlin, où l’on a entrepris de répéter des expériences américaines sur l’uranium. Voilà ce qui explique peut-être la rapidité de cette décision.

Sincèrement vôtre.

Source : Des lettres

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Photomontage interactif : 1944 / 2014
Cliquez sur la photo de 1944 pour voir le même endroit en 2014.

Un bouleversant voyage virtuel dans le temps. «On croyait que les humains apprendraient – mais non!», m’écrivait un ami en voyant ce montage. En effet. On efface, et puis on recommence, en boucle.

Sauf que les armes nucléaires ont un caractère irréversible : on ne peut pas revenir en arrière.  
   «J'ai connu le nucléaire toute ma vie. De mon enfance, je garde le souvenir de manifestations hostiles, et de la peur que nous inspiraient à la fois l'arme atomique et la perspective d'une terrible guerre entre deux bêtes féroces, l'Union soviétique et les États-Unis. La paix entre elles était toute relative, fragile et précaire, et il fallait à tout prix empêcher leur affrontement. Après cela, il y a eu les grandes catastrophes nucléaires -- Three Mile Island, Tchernobyl et la dernière en date : Fukushima.
   J'ai la conviction, bien naturelle, que le compte à rebours nous séparant de la prochaine a déjà commencé. Je suis un opposant à l'énergie nucléaire. Chaque accident avéré -- et chaque incident où le pire a été évité de justesse -- renforce ma défiance. Je savais que le temps nécessaire pour neutraliser la radioactivité était long, et connaissais le danger de ces déchets avec lesquels il allait falloir cohabiter pendant des millénaires.» ~ Henning Mankell (SABLE MOUVANT; Éditions du Seuil 2015)


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