La
démocratie bafouée
En juin dernier, j’ai publié quelques extraits d’un
article de Danielle Beaudoin :
De plus en plus de citoyens bâillonnés dans le monde. Je cite : «Il y a des prisonniers d’opinion dans une soixantaine de pays. Parmi les États les plus répressifs figurent notamment la Chine, la Syrie, l’Arabie saoudite, la Russie et la Corée du Nord.» (1)
De plus en plus de citoyens bâillonnés dans le monde. Je cite : «Il y a des prisonniers d’opinion dans une soixantaine de pays. Parmi les États les plus répressifs figurent notamment la Chine, la Syrie, l’Arabie saoudite, la Russie et la Corée du Nord.» (1)
Les grandes puissances et les dictatures ne sont
pas les seules à bafouer la démocratie et les populations civiles.
Voilà que l’Espagne se joint au peloton : 14 responsables du gouvernement indépendantiste catalan ont été arrêtés...
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«Le problème au moment où nous sommes, c’est qu’il y a une répression de la part de l’État, contre des gens qui demandent légitimement et pacifiquement la nécessité, le besoin de faire un référendum. En ce moment, la question n’est pas de savoir si les gens sont favorables ou non à faire de la Catalogne un État indépendant, mais de constater qu'un État de droit tente d’empêcher la tenue d’un débat politique à ce sujet. Nous avons des gens qui ont dormi en prison ce soir pour avoir demandé, pour avoir organisé, pour avoir répondu à la demande majoritaire de tenir un référendum», déplore M. Raul Romeva, ministre des Affaires étrangères de la Catalogne.
Voilà que l’Espagne se joint au peloton : 14 responsables du gouvernement indépendantiste catalan ont été arrêtés...
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Mise à jour |
24/09/2017 – Les autorités catalanes ont limogé vendredi le secrétaire général
de la vice-présidence régionale, Josep Maria Jove, très impliqué dans
l'organisation du scrutin, mais cela dans l'unique but de lui éviter de lourdes
amendes. Il fait partie d'une vingtaine de personnes qui ont été condamnées à
payer quotidiennement de 6000 à 12 000 euros jusqu'à ce qu'elles se soumettent
à la décision de la Cour constitutionnelle.
L’un des
manifestants, Josep Esteve, 60 ans, a qualifié l’arrestation des fonctionnaires
de «violation des droits de la personne». «Nous sommes revenus au temps de
Franco», a-t-il déploré.
Les
autorités catalanes ont limogé vendredi le secrétaire général de la
vice-présidence régionale, Josep Maria Jove, très impliqué dans l'organisation
du scrutin, mais cela dans l'unique but de lui éviter de lourdes amendes. Il
fait partie d'une vingtaine de personnes qui ont été condamnées à payer
quotidiennement de 6000 à 12 000 euros jusqu'à ce qu'elles se soumettent à la
décision de la Cour constitutionnelle.
L’un des
manifestants, Josep Esteve, 60 ans, a qualifié l’arrestation des fonctionnaires
de «violation des droits de la personne». «Nous sommes revenus au temps de
Franco», a-t-il déploré. (Jean-François Bélanger, correspondant à Barcelone pour
Radio-Canada)
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«Le problème au moment où nous sommes, c’est qu’il y a une répression de la part de l’État, contre des gens qui demandent légitimement et pacifiquement la nécessité, le besoin de faire un référendum. En ce moment, la question n’est pas de savoir si les gens sont favorables ou non à faire de la Catalogne un État indépendant, mais de constater qu'un État de droit tente d’empêcher la tenue d’un débat politique à ce sujet. Nous avons des gens qui ont dormi en prison ce soir pour avoir demandé, pour avoir organisé, pour avoir répondu à la demande majoritaire de tenir un référendum», déplore M. Raul Romeva, ministre des Affaires étrangères de la Catalogne.
Comment se
porte la démocratie dans le monde?
La réponse en carte (à voir!!)
La réponse en carte (à voir!!)
Moins de la
moitié de la population mondiale vit dans une démocratie. Les libertés
individuelles sont en recul depuis 10 ans et la Corée du Nord et la Russie n'en
sont pas les seules responsables. De nombreux régimes autoritaires passent
complètement inaperçus. État des lieux.
Selon l’ONG américaine Freedom House, 50 pays sont encore gouvernés sous des régimes autoritaires, alors que 56 autres sont seulement «en partie libres». Réunis, ces États, qui offrent très peu de liberté à leur population, surpassent les 86 où l’organisme estime que les institutions démocratiques permettent à leurs résidents de jouir de droits politiques et civiques. [...] Constat alarmant : la démocratie périclite depuis 10 ans, pendant que moins de pays parviennent à faire des gains pour rompre avec les régimes politiques autoritaires. [...]
«Ce qu’on
observe, c’est le retour des hommes forts, comme Vladimir Poutine en Russie ou
Recep Tayyip Erdogan en Turquie. Même les États-Unis ont élu Donald Trump,
qui a tout le caractère d’un politicien populiste. Le concept de dictature, où
tout le pouvoir politique est concentré entre les mains d’un seul individu – ou
d’un petit groupe d’individus – a beau avoir évolué, plusieurs pays présentent
encore des caractéristiques qui collent à la peau des régimes autoritaires. ...
Des élections ne riment pas nécessairement avec la démocratie.» André
Laliberté, professeur titulaire à l’École d’études politiques de l’Université
d’Ottawa
«Le
développement économique se fait au nom du musellement de la liberté
d’expression. Ça n’empêche pas les pays d’évoluer économiquement parlant, mais
sous le joug d’une liberté d’expression complètement muselée», déplore Béatrice
Vaugrante, DG d’Amnistie internationale pour le Canada francophone. Le bilan en matière de droits de la personne
– la liberté d’expression, de religion, d’association et de circulation – est
donc très peu reluisant dans les pays où sont établis des régimes autoritaires.
Ces droits ne sont tout simplement pas respectés dans une longue liste dressée
par l’organisme. «C’est la misère. Il y a
des inégalités assez flagrantes dans ces pays», se désole Mme Vaugrante,
alors que les populations y vivent dans un climat de peur.
Un texte de Daniel Blanchette Pelletier
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(1) Extraits complémentaires de l’article de
Danielle Beaudoin (17 juin 2017)
Quels
outils pour bâillonner les citoyens?
– Des législations aux termes généraux,
qui donnent aux autorités une grande latitude pour faire ce qu’elles veulent.
– Le renforcement des lois antiterroristes,
qui permettent à certains gouvernements de cautionner des mesures répressives.
– Coupures d’Internet, au nom de la sécurité
nationale, avant des élections ou lors de manifestations, comme en Turquie
ou en Ouganda.
– Surveillance des communications
personnelles en ligne au nom de la sécurité nationale, notamment en Russie,
en France, en Royaume-Uni et au Brésil.
– Manque de transparence de nombreux États
qui restreignent l’accès à l’information d’intérêt public au nom de la sécurité
nationale.
– Criminalisation de la critique, comme
au Vietnam, en Iran, en Azerbaïdjan et en Thaïlande, où des personnes sont
détenues et poursuivies pour avoir critiqué les autorités.
– Des lois sur l’apostasie et le blasphème
dans de nombreux États.
– Des lois qui restreignent la liberté
d’expression des femmes, des LGBT et des artistes.
Source : Rapporteur
spécial des Nations unies sur la promotion et la protection du droit à la
liberté d’expression et d’opinion
Risquer sa
vie pour défendre les droits de la personne
Les défenseurs des droits de la personne sont de
plus en plus persécutés, qu’ils soient avocats, journalistes, syndicalistes,
lanceurs d’alerte ou encore paysans. En 2016, 281 militants ont été tués pour
avoir défendu pacifiquement les droits de la personne, comparativement à 156 en
2015, selon les données de l’ONG Front Line Defenders.
En 2016,
les trois quarts de ces meurtres ont été commis dans les Amériques. Le Honduras
et le Guatemala sont parmi les pays les plus dangereux du monde pour les
militants des droits liés à la terre et à l’environnement. Ces derniers sont
souvent l’objet de menaces, de fausses accusations, de diffamation ou de
meurtres. [...]
Elles
brûlaient pendant que nous marchions – Le
8 mars 2017, 56 jeunes filles brûlaient vives dans un foyer pour mineurs géré
par l’État du Guatemala sous les yeux et l’indifférence de la police nationale.
La veille, elles avaient voulu s’échapper à cause des violences psychologiques,
physiques et sexuelles qu’elles subissaient. Contre tous les féminicides. Ni
oubli, ni pardon. Exigeons justice et vérité.
Trump et la
désinformation
L’élection du président américain Donald Trump
représente une menace à la liberté d’expression, selon Louis-Philippe Lampron,
professeur en droits et libertés de la personne à l’Université Laval. «Avec l’arrivée de Donald Trump au pouvoir,
la frontière se brouille de plus en plus entre le mensonge, la propagande et la
réalité. Il est plus difficile d’avoir accès à une information factuelle et
crédible. Sans compter la campagne de Donald Trump et ses ‘sbires’ contre les
médias américains. En lançant des mensonges encore et encore, en envoyant le
message que les faits n’ont plus d’importance, on revient presque à une
situation où c’est : “crois ou meurs”. Je vous dirais que c’est le principal enjeu
sur la liberté d’expression.»
Surtout ne
pas se taire
L’année 2017 a besoin de héros des droits de la
personne, déclare Amnistie dans son rapport. L’organisation y vante la ténacité
des citoyens, qui malgré tous les dangers, manifestent, prennent la parole et
s’affirment. «Si on veut regarder un côté
plus positif, plus lumineux, c’est que, plus que jamais aujourd’hui, la société
civile peut s’organiser et a les moyens de s’organiser. Les gens sont de plus
en plus au courant de leurs droits, et l’information circule mieux qu’avant
grâce aux réseaux sociaux», observe Mireille Elchacar, d’Amnistie
internationale.
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Dans la même veine : L’érosion de nos droits
et libertés
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