La traque
Pokémon Go
En essayant de capturer et contrôler des bibittes
virtuelles, les joueurs perdent tout contrôle de soi, toute capacité d’être
«présents» et de faire des choix rationnels. Avez-vous vu des adeptes butter
les uns contre les autres, contre des murs, des poteaux? Aille-oille. En plus,
tous les trajets sont mémorisés par la machine à cash à l’autre bout de l’application
– une autre sorte de traque et d’arnaque... Ainsi, les joueurs perdent encore
un peu plus de leur intimité et de leur vie privée. George Orwell doit hocher
la tête dans sa tombe.
À quoi bon craindre l’apocalypse zombie?
Nous sommes
déjà des zombies.
SAN DIEGO – Un groupe d’individus jouant à Pokémon
Go sur leurs téléphones intelligents ont failli être happés par un camion lors d’une
chasse policière. Qui aurait été légalement responsable de l’accident : les joueurs «distraits» ou le conducteur du camion? En réalité, la technologie ne peut pas nous prémunir contre tous les accidents de la circulation; les gens risquent toujours d’en subir et d’être blessés. Le meilleur moyen de les éviter est d'être attentif, de garder les deux pieds sur terre. Même chose pour les voitures électriques téléguidées. Qui sera tenu responsable d’un accident : le «logiciel» ou le conducteur de la voiture autonome? Ridicule. Beaucoup de travail pour les avocats en perspective...
La traque
automobile
Les voitures autonomes (électriques/téléguidées) ne
règleront pas le problème du nombre croissant de véhicules en circulation, ni les
embouteillages ni la pollution. Il faut de l’électricité pour nourrir les batteries
qui requièrent des composants polluants. Leur durée de vie étant limitée,
comment en disposerons-nous? Cercle vicieux. L’énergie solaire serait idéale,
comme l’a démontré l’expérience formidable de Solar Impulse – zéro carburant et autonomie perpétuelle. Mais cette
technologie, appliquée au mode de transport individuel, n’économisera ni temps
ni énergie ni argent parce qu’il y aura encore des engorgements, en particulier
en milieu urbain où l’auto individuelle devrait déjà avoir disparu. Il y a des
gens qui perdent jusqu’à 60 minutes pour entrer / sortir des grandes villes aux
heures de pointe. Infernal.
Et je n’ai pas hâte de voir les drones remplacer
les oiseaux dans le ciel. Pouah.
«Si seulement ces idiots prenaient le bus, je
serais déjà chez moi.»
Extrait d’un article de Rebecca Solnit (The Guardian) :
Les
voitures autonomes
Nous n'avons pas besoin de voitures autonomes –
nous avons besoin d’abandonner les voitures, totalement.
La voiture autonome peut sembler révolutionnaire
et commode, mais les transports publics nous évitent déjà de conduire. Non
seulement est-ce mieux pour la planète – mais en plus, ils nous épargnent les
embouteillages.
... Trop de voitures c’est trop de voitures, et beaucoup
d’endroits sont submergés de véhicules, encore aujourd'hui. Quant aux émissions
de dioxyde de carbone, dans l’ensemble, il y a déjà trop de voitures sur terre.
Dans les milieux urbains de grande et moyenne
densité, le transport en voiture individuelle mène aux embouteillages, à la rage
au volant et à la perte de temps, ainsi qu'à un énorme gaspillage de
combustibles fossiles dont les émissions atteignent les poumons de quiconque est
coincé dans le trafic ou à proximité. Passer une heure à lire dans un train est
très différent que de passer une heure à faire du surplace dans le trafic en jurant.
Et si vous voulez lire (ou, OK, jouer avec votre téléphone) pendant votre
trajet, vous devriez exiger de meilleurs transports en commun, non pas des
voitures autonomes. Moins de véhicules individuels, moins d'embouteillages.
La promotion des voitures autonomes par Apple,
Tesla, Uber, Google et divers fabricants d'automobiles, vise à préserver et
peut-être même étendre l'utilisation du véhicule individuel. La multiplication
des nouvelles technologies pour accéder au transport en taxi, et les problématiques
sociétés Lyft et Uber ont fourni à la jeune génération plus d’options pour perpétuer
le transport privé, et elles ont ajouté des flottes de véhicules neufs dans des
villes déjà encombrées. À lui seul, Uber a ajouté quelque 11 000 chauffeurs dans
les rues de San Francisco. Ce n'est pas ça l'avenir. C'est maquiller le passé.
Nous avons besoin de gens prêts à utiliser des vélos, des autobus, des
tramways, des trains et leurs jambes, prêts à trouver des moyens de se déplacer
à l’aide de technologies qui réduiront au minimum l'impact des combustibles
fossiles – ou même prêts à envisager de vivre là où ils n'auront pas besoin de
parcourir de grandes distances fréquemment. Il existe de nouvelles applications
pour connaître l'arrivée en temps réel des bus par exemple, ce qui aident
davantage que les nouveaux moyens de gérer une chose obsolète : utiliser une
voiture quand nous n’en avons pas besoin.
On dit que les voitures autonomes pourraient
réduire le nombre d'accidents sur la route, mais, conduire moins souvent offre
le même bénéfice (le fait que les voitures autonomes puissent être piratées ou que
leurs logiciels puissent planter devrait nous préoccuper, parce que quand un
ordinateur plante, il plante); et les accrochages avec les voitures autonomes
de Google suggèrent que les machines ne comprendront peut-être jamais la nature
humaine. À l'instar d’une grande part de la technologie, la voiture autonome est
une solution qui se cherche un problème. Des solutions formidables existent
déjà pour faciliter nos déplacements, plus efficaces en matière de sécurité, de
réduction des émissions, et ainsi de suite.
Nous avons seulement besoin de volonté politique
et d’imagination culturelle pour utiliser le bus. Ou le train. Ou le traversier.
Ou le vélo.
Article intégral :
https://www.theguardian.com/commentisfree/2016/apr/06/self-driving-cars-public-transportation
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