1 août 2016

Traques de haute voltige

La traque Pokémon Go

En essayant de capturer et contrôler des bibittes virtuelles, les joueurs perdent tout contrôle de soi, toute capacité d’être «présents» et de faire des choix rationnels. Avez-vous vu des adeptes butter les uns contre les autres, contre des murs, des poteaux? Aille-oille. En plus, tous les trajets sont mémorisés par la machine à cash à l’autre bout de l’application – une autre sorte de traque et d’arnaque... Ainsi, les joueurs perdent encore un peu plus de leur intimité et de leur vie privée. George Orwell doit hocher la tête dans sa tombe.


À quoi bon craindre l’apocalypse zombie?
Nous sommes déjà des zombies.


SAN DIEGO – Un groupe d’individus jouant à Pokémon Go sur leurs téléphones intelligents ont failli être happés par un camion lors d’une chasse policière. Qui aurait été légalement responsable de l’accident : les joueurs «distraits» ou le conducteur du camion? En réalité, la technologie ne peut pas nous prémunir contre tous les accidents de la circulation; les gens risquent toujours d’en subir et d’être blessés. Le meilleur moyen de les éviter est d'être attentif, de garder les deux pieds sur terre. Même chose pour les voitures électriques téléguidées. Qui sera tenu responsable d’un accident : le «logiciel» ou le conducteur de la voiture autonome? Ridicule. Beaucoup de travail pour les avocats en perspective...

La traque automobile

Les voitures autonomes (électriques/téléguidées) ne règleront pas le problème du nombre croissant de véhicules en circulation, ni les embouteillages ni la pollution. Il faut de l’électricité pour nourrir les batteries qui requièrent des composants polluants. Leur durée de vie étant limitée, comment en disposerons-nous? Cercle vicieux. L’énergie solaire serait idéale, comme l’a démontré l’expérience formidable de Solar Impulse – zéro carburant et autonomie perpétuelle. Mais cette technologie, appliquée au mode de transport individuel, n’économisera ni temps ni énergie ni argent parce qu’il y aura encore des engorgements, en particulier en milieu urbain où l’auto individuelle devrait déjà avoir disparu. Il y a des gens qui perdent jusqu’à 60 minutes pour entrer / sortir des grandes villes aux heures de pointe. Infernal.

Et je n’ai pas hâte de voir les drones remplacer les oiseaux dans le ciel. Pouah.


«Si seulement ces idiots prenaient le bus, je serais déjà chez moi.»

Extrait d’un article de Rebecca Solnit (The Guardian) :

Les voitures autonomes

Nous n'avons pas besoin de voitures autonomes – nous avons besoin d’abandonner les voitures, totalement.

La voiture autonome peut sembler révolutionnaire et commode, mais les transports publics nous évitent déjà de conduire. Non seulement est-ce mieux pour la planète – mais en plus, ils nous épargnent les embouteillages.

... Trop de voitures c’est trop de voitures, et beaucoup d’endroits sont submergés de véhicules, encore aujourd'hui. Quant aux émissions de dioxyde de carbone, dans l’ensemble, il y a déjà trop de voitures sur terre.

Dans les milieux urbains de grande et moyenne densité, le transport en voiture individuelle mène aux embouteillages, à la rage au volant et à la perte de temps, ainsi qu'à un énorme gaspillage de combustibles fossiles dont les émissions atteignent les poumons de quiconque est coincé dans le trafic ou à proximité. Passer une heure à lire dans un train est très différent que de passer une heure à faire du surplace dans le trafic en jurant. Et si vous voulez lire (ou, OK, jouer avec votre téléphone) pendant votre trajet, vous devriez exiger de meilleurs transports en commun, non pas des voitures autonomes. Moins de véhicules individuels, moins d'embouteillages.


La promotion des voitures autonomes par Apple, Tesla, Uber, Google et divers fabricants d'automobiles, vise à préserver et peut-être même étendre l'utilisation du véhicule individuel. La multiplication des nouvelles technologies pour accéder au transport en taxi, et les problématiques sociétés Lyft et Uber ont fourni à la jeune génération plus d’options pour perpétuer le transport privé, et elles ont ajouté des flottes de véhicules neufs dans des villes déjà encombrées. À lui seul, Uber a ajouté quelque 11 000 chauffeurs dans les rues de San Francisco. Ce n'est pas ça l'avenir. C'est maquiller le passé. Nous avons besoin de gens prêts à utiliser des vélos, des autobus, des tramways, des trains et leurs jambes, prêts à trouver des moyens de se déplacer à l’aide de technologies qui réduiront au minimum l'impact des combustibles fossiles – ou même prêts à envisager de vivre là où ils n'auront pas besoin de parcourir de grandes distances fréquemment. Il existe de nouvelles applications pour connaître l'arrivée en temps réel des bus par exemple, ce qui aident davantage que les nouveaux moyens de gérer une chose obsolète : utiliser une voiture quand nous n’en avons pas besoin.



On dit que les voitures autonomes pourraient réduire le nombre d'accidents sur la route, mais, conduire moins souvent offre le même bénéfice (le fait que les voitures autonomes puissent être piratées ou que leurs logiciels puissent planter devrait nous préoccuper, parce que quand un ordinateur plante, il plante); et les accrochages avec les voitures autonomes de Google suggèrent que les machines ne comprendront peut-être jamais la nature humaine. À l'instar d’une grande part de la technologie, la voiture autonome est une solution qui se cherche un problème. Des solutions formidables existent déjà pour faciliter nos déplacements, plus efficaces en matière de sécurité, de réduction des émissions, et ainsi de suite.

Nous avons seulement besoin de volonté politique et d’imagination culturelle pour utiliser le bus. Ou le train. Ou le traversier. Ou le vélo.

Article intégral :  
https://www.theguardian.com/commentisfree/2016/apr/06/self-driving-cars-public-transportation

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