Pompe, apparat et divertissement au-dessus du pain et du
beurre!
Le Brésil est au cœur d’une grave crise politique
et socioéconomique, et les Jeux Olympiques sont un divertissement patriotique
désastreux en ces conditions. En outre, des fonds de l’État réservés à la
santé, à l’éducation et aux programmes sociaux, ont été détournés au profit des
Jeux pour en assurer la présentation. Quand on songe à la corruption derrière l’organisation
de ce type d’événement, on peut comprendre la grogne généralisée.
Ce sont des «exercices de gymnastique financière» loin d’être démocratiques.
Collage : Joe Webb http://www.joewebbart.com/
Dans un article intitulé Les Jeux Olympiques de Rio assombris par la crise sociale, Rafael
Azul dresse un bilan. (05/08/2016)
Article intégral (en anglais) :
http://www.countercurrents.org/2016/08/05/rio-olympics-overshadowed-by-social-crisis/
Quelques extraits :
... Le nouveau président, un chouchou de Wall
Street et du secteur financier, a imposé des politiques d’austérité qui
restreignent le niveau de vie et les avantages sociaux des travailleurs
brésiliens, de sorte qu’ils ne pourront pas se permettre d'assister aux
cérémonies d'ouverture ni aux compétitions. Les favelas, les quartiers pauvres
sur les collines de la ville, dont plusieurs sont sous occupation policière,
ont été attaquées depuis que la ville a obtenu les Jeux Olympiques. Des murs
ont été construits pour empêcher les pauvres d’accéder aux lieux touristiques,
des maisons ont été démolies et les gens déplacés pour suivre les plans de
construction du parc olympique, touchant ainsi quelque 30 000 personnes. Un
nombre supplémentaire de 6 000 sans-abri ont été chassés du centre-ville de
Rio.
Samedi dernier, des manifestants de la ville
côtière Angra dos Reis, à 100 milles au sud de Rio de Janeiro, ont éteint la
flamme olympique lors de son parcours vers le stade Maracaná, pour protester
contre les politiques d'austérité de Temer et le détournement de fonds destinés
à rémunérer des enseignants, des fonctionnaires et des employés, au profit des
Jeux Olympiques. Angra dos Reis est une réserve côtière de résidences et
d’hôtels de luxe pour les riches du Brésil et du monde entier. C’est aussi le
site d’une raffinerie pétrolière et d’une centrale nucléaire de Petrobras. La
majorité des habitants sont des pauvres de la classe ouvrière qui vivent dans
des logements précaires sur les collines et subissent des coulées de boue
catastrophiques à répétition. Des manifestations semblables ont eu lieu dans
pratiquement chaque ville le long du parcours de la flamme. En juin dernier, les
élus de la ville Rio de Janeiro ont réclamé une aide financière d'urgence à l'État
pour éviter un effondrement économique.
Rio a l’apparence d’une ville assiégée. Plus de 98
000 agents de sécurité occupent la ville sous prétexte d'assurer la sécurité
des athlètes et des touristes; cela comprend 47 000 soldats et policiers
militaires. 1 200 agents de sécurité supplémentaires ont été affectés à la zone
aéroportuaire de Rio. Les services de sécurité disposent de 60 navires, 70
véhicules blindés et 34 hélicoptères.
Durant les Jeux, les touristes et les riches
brésiliens photographieront les anneaux olympiques et prendront des selfies le
long de la plage de Copacabana. Ils ne verront pas qu’il y a deux Brésils. Cent
millions de Brésiliens (sur environ 204 millions) vivent dans la pauvreté, avec
un revenu mensuel (par habitant) inférieur à 300 $, ce qui en fait la société la
plus inégalitaire du monde. En 2012, les statistiques économiques indiquaient
que les gens de la classe moyenne inférieure (juste au-dessus du seuil de pauvreté),
avaient uniquement le revenu nécessaire pour subvenir à leurs besoins de base.
Les tensions entre les classes sociales sont à un
point de rupture. Tout ce que les autorités brésiliennes peuvent espérer, c'est
qu’il y ait une brève période de paix sociale pendant les Jeux Olympiques, une
«trêve», dans l'esprit de la Grèce antique. Cette accalmie, si elle se produit,
ne sera que temporaire car le Brésil entre dans une période de guerre des
classes.
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Commentaire
Y aura-t-il des retombées économiques et, si oui,
qui les empochera? Au départ, les retombées économiques de ces manifestations
mégalomaniaques ne couvrent jamais les déboursés. L’entretien des infrastructures,
souvent difficiles à rentabiliser après les jeux, deviennent des gouffres à
argent.
Après 40 ans, nous n’avons pas encore rentabilisé (avec
nos impôts) l’horrible stade de Roger Taillibert qui trône, tel un prototype
d’OVNI, dans l’Est de Montréal (JO d’été 1976.) La tour inclinée – si énorme qu'on la voit de partout – représente une
masse de 8 000 tonnes maintenue en place par une masse de béton de 145 000
tonnes, enfoncée à une dizaine de mètres de profondeur. Et puis, l'on se demande encore s’il faudrait installer un quatrième toit
rétractable puisque les trois premiers se sont effondrés; le coût pourrait atteindre
les 300 millions $. Formidable, non?
Ah mais, le bon Maire Jean Drapeau était un mégalomane
qui s’assumait totalement...
J'aime beaucoup le Vermont, pour sa beauté, sa tranquillité, sa propreté, ses espaces verdoyants, son urbanisation intelligente et sa politique orientée vers la protection de l'environnement et la sauvegarde des services sociaux. Et, il n'y a pas de Grand Prix Formule 1, ni de Piknik Électronik hystérique, etc. Néanmoins, je suis certaine que le Vermont bat des records en visites touristiques et retombées économiques.
Citations du
jour :
«Les
dirigeants des grosses entreprises ne sont pas des gens comme nous. Ils paient
beaucoup moins d'impôts.» ~ Jean
Yanne (1933-2003)
«Quand les gens juchés sur des échasses viennent à
choir, un sourire accompagne la pitié que leur chute inspire.» ~ Anne
Barratin (1845-1911)
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