26 août 2016

La rentrée : où est la sortie?!

Photo : Dans une école près de chez vous... (Source confidentielle, via R.-C.)



La rentrée

Le grain de poivre de Manal Drissi, auteur du blogue «Montée de lait» https://www.facebook.com/monteedelait/?fref=nf  

Gravel le matin, 26 août 2016 (ICI Radio-Canada Première)

Trop drôle. Transcription-maison : sans doute de petites erreurs, mais c'est fidèle.  

J’ai envie de vous parler de la rentrée. Ça sent la rentrée. J’adore cette fébrilité dans l’air. Cette odeur de cahiers Canada-vierge et de moisissures dans les écoles. Y’a quelque chose de poétique dans le fait qu’on vante aux enfants l’importance de l’éducation dans des écoles délabrées. Le nouveau pis le vieux qui s’entremêlent, c’est très tendance. Vous savez combien ça coûte éduquer un citoyen de la maternelle au secondaire 5? ... Ben, je l’sais pas non plus. Mais ça prend pas une calculatrice à Papineau pour savoir que l’éducation c’est une dépense. 
     Quand je vais à la banque et que je demande : «Monsieur le banquier, où pourrais-je faire fructifier mes maigres épargnes?» Il ne répond pas : dans la CSDM. L’argent, ça pousse pas dans les arbres, ça pousse dans les paradis fiscaux. On peut pas demander aux entreprises de supporter à la fois l’évasion fiscale, et ma foi elles le font avec une diligence exemplaire, et à la fois de financer les services publics. À un moment donné, faut partager le fardeau, on est dans une société socialiste, oui ou bouse? Excusez-moi, je me suis emportée, mais c’est un sujet qui me tient à cœur, vous comprenez. 
     Je suis d’avis que l’éducation se pose en victime alors qu’elle pourrait tirer profit des ressources à sa disposition. Pourquoi se casser la tête à développer des programmes, créer de la matière et renouveler le contenu, pourquoi toutes ces dépenses, quand l’actualité est une source intarissable de contenu pédagogique gratis? J’ai quelques exemples de mon cru, de comment on pourrait recycler l’actualité en contenu pédagogique. Par exemple en mathématique, une question pourrait être :
-- Un projet de pipeline prévoit transporter du pétrole à raison de 100 000 litres par minute dans nos sols et nos cours d’eau. Le projet controversé a été refusé à l’ouest du pays et au sud de la frontière. Sa dernière chance est à l’est. Suivez-moi bien, parce ça se complique. Deux des trois commissaires chargés d’étudier le projet sont en conflit d’intérêts. Ils auraient discuté du projet avec Jean Charest alors qu’il était consultant pour TransCanada. Or l’Office national de l’énergie refuse de les renvoyer même en sachant leur partialité. Et là, la question : en tenant compte de ces données, quel pourcentage du débat public doit être occupé par le burkini pour que le scandale Énergie Est passe inaperçu. C’est un exemple de questions qu’on pourrait poser à l’école. 
     On peut aussi utiliser l’actualité pour illustrer une définition, expliquer l’ironie à un gamin de six ans de façon simple comme ceci : l’ironie, c’est le ministre Barrette qui intimide les amis à l’Assemblée nationale et refuse de s’excuser, et qui dit ensuite aux amis de faire attention à ce qu’ils disent pour éviter de se faire tirer dans la face. On peut aussi expliquer l’incohérence. L’incohérence c’est la France, pays de liberté, d’égalité et de fraternité qui déshabille et met à l’amende des femmes musulmanes sur les plages. Et, le comble, si on veut pousser la note, ce serait l’adjoint du maire de Nice qui menace de poursuivre ceux qui diffusent des photos de sa burkini-police. 
     Donc voilà, l’école n’a pas besoin de coûter cher si on coupe aux bonnes places. Et en plus, on va dire les choses comme elles sont et arrêter d’épargner les sensibilités de tout un chacun. Une bonne éducation, c’est quoi? Une bonne éducation ça prépare une nouvelle génération à la vraie vie. Et qu’est que la vraie vie sinon des casse-têtes, des problèmes d’argent, des exigences de rendement, de la moisissure dans les murs, une guerre de ressources. C’est ça la vraie vie. C’est du monde sur le nerf et à bout de souffle qui font des burn-out à 37 ans. L’école, c’est l’entrée officielle des enfants dans la société. C’est ni plus ni moins un service qu’on leur rend en les préparant à la réalité. Et le plus beau là-dedans, c’est que tant qu’on convainc les profs qu’enseigner est une vocation on n’a pas besoin de les payer cher. Faire ce que t’aimes dans la vie, y’a-tu kekchose de plus gratifiant que ça? Anyway. En plus, entre vous et moi, si les profs sont à bout, ils organisent moins d’activités parascolaires, l’école en demande moins, et hop! moins de dépenses. Certes nos bibliothèques scolaires datent, les outils pédagogiques sont préhistoriques, or non seulement nos écoliers n’en mourront pas, mais j’ai un pif qui me trompe pas pour les bonnes affaires, et quelque chose me dit que bientôt, les musées vont se battre pour annexer nos écoles. Che-Ching. 
     Le monde sait qu’au Québec, la grosse argent est dans les arts et la culture, dans les poches des artistes du Plateau pis leurs projets d’enverdeure de gaugauche végétarienne bien pensante. Je vais vous le dire, je parie qu’on aurait encore Rona si on donnait pas tout notre argent à des subventions à Xavier Dolan pis à toute sa gang. Je suis pas le genre à nourrir le moulin à rumeurs vous le savez, mais y paraît que le ministre Daoust a autorisé la vente des actions de Rona parce qu’il a reçu une enveloppe brune de l’UDA. 
     Mais je digresse, je vous disais que ça sent bon la rentrée dans notre glorieux système d’éducation. Ça sent la soif d’apprendre, et le verre pas suffisamment plein qu’on se félicite d’avoir acheté à rabais. 
     Ça me rappelle une citation, la dernière de la saison, de Derek Bok, avocat et ancien président de l’université Harvard : “If you think education is expensive, try ignorance.” Traduction libre : «Si vous pensez que l’éducation est dispendieuse, essayez le PLQ.» 

https://www.facebook.com/gravelmatin/

À voir ou revoir :
The Lie We Live (sous-titrage français) Le mensonge dans lequel nous vivons



Une coalition d'acteurs patronaux et syndicaux en faveur d'Énergie Est 

La coalition formée, entre autres, de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain, du Conseil du patronat du Québec et de la FTQ-Construction, a qualifié le projet d'oléoduc de « structurant, à la fois pour le développement économique et l'avenir énergétique du Québec ». Cet appui survient à quelques jours du début des audiences de l'Office nationale de l'énergie sur le projet d'Énergie Est. 
     J’écoutais maître Hélène Lauzon, présidente du Conseil patronal de l’environnement du Québec et pro Énergie Est / sables bitumineux. Comment peut-on promouvoir simultanément l’exploitation des sables bitumineux et la réduction des émissions de gaz à effet de serre? Madame Lauzon maîtrise la double contrainte avec une impassibilité remarquable. Elle prétend que le projet rendrait le Québec autonome en matière d’hydrocarbures. (Vous pouvez l’écouter à Midi info, 25 août 2016, à 12 h 47, ICI Radio-Canada Première)
     Or, tout le monde sait que cette merde brune est destinée à des pays étrangers.
Le Mamba noir du Canada (pipeline) :
http://artdanstout.blogspot.ca/2015/12/le-mamba-noir-du-canada.html


Pour une idée globale de la situation lisez Alexandre Shields, rubrique «Environnement», notamment le dossier Énergie Est, quotidien Le Devoir :
http://www.ledevoir.com/environnement

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Située sur la côte orientale de l'Île de Baffin, face au Groenland et à 2000 km du Pôle Nord, la localité de Clyde River doit assister au débarquement de navires de prospection pétrolière dès l'année prochaine grâce au feu vert accordé fin juin par l'Office national de l'Énergie du Canada (ONÉ).
     Lors de consultations publiques préalables, les Inuits s'étaient inquiétés des dangers que feraient peser sur l'environnement ces relevés sismiques réalisés à coups de canons à air comprimé et, le cas échéant, la production pétrolière elle-même. L'ONÉ avait d'ailleurs reconnu que ces tests très bruyants devant permettre de cartographier en deux dimensions le sous-sol océanique «pourraient avoir des répercussions sur la baleine boréale».
     Cela n'a toutefois pas suffi pour bloquer la demande de relevés sismiques déposée par trois sociétés: TGS-NOPEC Geophysical Company ASA (TGS), Petroleum GeoServices (PGS) et Multi Klient Invest AS (MKI). 
     Les eaux convoitées par les groupes pétroliers sont riches en narvals, baleines boréales, morses et phoques. ...  
     L'Arctique contiendrait 22% des réserves d'hydrocarbures restant à découvrir sur la planète selon des estimations américaines datant de 2008, mais les promesses énergétiques nées du recul de la banquise tardent à se concrétiser : le géant norvégien Statoil a notamment renoncé à deux forages dans le Grand Nord depuis juin, car pas assez viables commercialement. (Source : La Presse)

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Changements à la direction de Pétrolia 

Alexandre Gagnon quitte son poste de président-directeur-général de la société Pétrolia pour se joindre à Pratt & Whitney Canada. Dans un communiqué, Pétrolia a souligné son «énorme héritage», notant entre autres que pendant son mandat, il a joué un rôle actif dans la négociation et la signature de l'entente qui a conduit à la création d'Hydrocarbures Anticosti. Martin Bélanger, un membre du conseil d'administration, assurera l'intérim en attendant de trouver un successeur à M. Gagnon. (PC)

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Compte tenu de tous ces projets alarmants, je demande que le Québec au complet soit inscrit sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO pour ses richesses naturelles (on parle de la nature ici), culturelles, et ses réserves d’eau potable. Terminée l’exploitation gazière à Anticosti, Baie des Chaleurs, Gaspé, Forillon, Old Harry, dans la vallée du Saint-Laurent et le Grand Nord, etc. Point final.

Tant qu’à y être, je suggère que tous les prospecteurs/producteurs aillent fracturer sur la planète Mars, comme ça nous aurons la paix. Mais, peut-être que les Martiens protesteraient aussi...  

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